Après-Midi Jour 13 J'étais resté longtemps comme cela, la tête ensevelie sous une immensité de sable et de terre.
Ces petites choses brûlaient mes joues, ils me faisaient suer, mais malgré cela, je me résignais à ne pas quitter mon cocon, ma protection; ma torpeur. La notion du temps m'était inconnue. Jour, nuit ? Comment savoir. À vrai dire, je m'en foutais. Cela ne m'aiderait pas à résister à la mort et ses caprices. J'étais lâche, faible et trouillard. La honte me collait à la peau.
Néanmoins, je ne désirais pas mourir tête dans la poussière. Je méritais une mort décente après tous mes efforts. Je-le-méritais, et personne ne pourrait dire le contraire. En un soupire, je levais péniblement ma tête vers l’horizon, et je ne vis rien. Ma vue était floue, et mes gestes lents.
Je toussais un peu et un nuage de poussière s'échappa de ma bouche. À sa suite, un rire nerveux secoua ma gorge. Bien que la voix ait arrêté de me parler, la folie, elle, ne m'avait pas quitté.
Je me redressais, étouffant quelques gémissements de douleur. Je passais une main sur mon visage afin de dégager ma vue. E-... et je vis enfin un espoir. Une
petite forêt trônait fièrement au milieu de la plaine, à quelques centaines de pas de moi. En respirant comme un chien en chaleur, je m’élançais en direction du boisé, ou du moins j'essayais.
Après une course interminable, je m’écroulais au pied d'un arbre, fatigué mais
heureux. Quitter mon lieu de réveil fut une grave erreur. Une action inconsciente et stupide, mais j'étais vivant et en... santé. C'est tout ce qui comptait.
Je restais de nombreuses heures au pied de l'arbre, étendu comme un mort. Je regardais fixement le ciel et les cimes des arbres. La force me revenait lentement, en contrepartie, mon ventre gargouillait de faim. Je devais rapidement trouver des vivres, et surtout de quoi étancher ma soif. Je ne savais pas chasser, ce qui m'obligerait à me contenter de baies et autres petits fruit qui parsemaient les buissons. Pour l'heure, la nuit approchait, je devais me trouver un abri au plus vite.
En fouillant un peu les alentours, je tombais sur un arbre avec des racines suffisamment écartées de l'une des autres pour pouvoir m'y glisser sans trop de mal. Je ramassais le seul objet en ma possession, - c'est-à-dire un bâton - et pénétrais dans mon nouvel abri. Je me fis un peu de place en écartant les pierres et les feuilles mortes d'un geste lasse, et je me roulais ensuite en boule. Je déposais ma tête sur le sol et fermais lentement les yeux, au moment même où le soleil disparaissait à l'horizon.
Finalement, ma vie n'était pas si
éculé que cela...
Mâtiné Jour 14Le réveil fut particulièrement difficile.
Je restais pendant une demi-heure, coincer entre les racines, déterminé à y rester. C'était la première nuit où j'avais bien dormi, et j'espère, pas la dernière. Conscient que je ne n'accomplirai pas grand-chose dans ce trou, je sortis de ma cachette, boudeur et maussade. Il fallait tout d’abord chercher de quoi manger. Je fis donc le tour des lieux, espérant y trouver de quoi me rassasier.
Tout ce que la nature daigna à me donner fut une poignée de champignons douteux. N'étant pas prêt à mourir d'empoisonnement, je les jetais par-dessus mon épaule et m’enfonçais à l'intérieur de la forêt, désireux de trouver des aliments plus comestibles.
À travers les bois, les rayons du soleil venaient se planter sur mon chemin, tel un guide aidant un voyageur perdu. Remerciant intérieurement
l'orbe incandescente pour son aide, je continuais à marcher sans réel but, si ce n'est trouver de quoi subsister.
Suite bientôt