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Silences et réflexions. [Important | Libre | J19][CLOS]
AuteurMessage
Abh
Membre
Abh
Messages : 17

Jour d'éveil : 15
Race : Racine
Métier : //
Groupe : Terre Rouge
Silences et réflexions. [Important | Libre | J19][CLOS] Empty
Lun 22 Mai 2017 - 0:08

Le chauve contemple l'arbre majestueux, assis sur le sol froid. Il écoute d'une oreille distraite les conversations légères qui lui proviennent de ses congénères, dans son dos. Ils ne sont pas encore tous éveillés, et ceux qui ont déjà ouvert les yeux discutent à voix basses, la bouche encore pâteuse de leur sommeil. Il sait que Dula dort encore, blottie dans l'abri, auprès d'autres dormeurs. Leur arrivée au camp, la veille, les avaient surprit. Ses yeux continuaient de lécher l'écorce du pommier, pendant que son cerveau se remémorait la journée précédente.

Jey et Sevin les avaient menés jusqu'à la clairière abritant leur campement. Le premier n'avait cessé de faire des blagues, le second de rire doucement et de le relancer, Dula de grogner de temps à autres, lui d'écouter patiemment, surveillant les alentours, observant leurs guides. Grelottant dans les plaques de neiges éparses qui jonchaient ça et la le sol de la forêt. Il avait été curieux de découvrir leur groupe, d'être accueilli avec bonté et de pouvoir se réchauffer près du feu, savourant la douce chaleur qui l'envahissait. C'était la seconde fois qu'il la ressentait de cette manière : bien-être physique dû aux flammes crépitantes, et chaleur sourde due aux regards doux, aux sourires, à l'hospitalité d'inconnus. La seule qui avait observé leur arrivée avec circonspection et doute était Galline, mais ses regards froids n'avaient pas duré éternellement. Abh avait relâché la tension qui enserrait ses muscles depuis la mort de Fërt, et s'était laissé aller, souriant souvent, hochant la tête aux quelques questions posées. Dula s'était détendue, elle aussi, mais gardait son ton piquant et son regard fier.

Et maintenant qu'un nouveau jour s'était levé, il se demandait de quoi il serait fait. Telod lui avait fait grande impression, avec son calme et ses gestes précis. Il l'avait longtemps observé, lorsqu'il taillait des lances pour le reste du groupe. C'est vers lui qu'il marcha, après s'être levé et avoir longuement soupiré. Le racine n'était pas levé depuis très longtemps, mais était entouré de Sevin, Galline et Andorah. Abh avait une mémoire des noms plutôt bonne, au final. Le grand s'assit avec le groupe et écouta la discussion qui les animait doucement.

« … Falloir chercher de la nourriture ailleurs. On risque de vite être à court vu notre nombre et... Oh, salut, Abh ! »

L’intéressé grogna doucement, et lança un signe de tête à la petite assemblée, qui lui répondit d'un léger salut général. Galline soupira lentement avant de répondre à Sevin.

« Ouais, on peut pas se permettre de manquer de bouffe. Mais bon, aujourd'hui la température est plus clémente, et puis on a de nouveaux bras pour nous aider. »

Abh hocha la tête lentement, pour marquer son approbation. Il était hors de question qu'il se la coule douce alors qu'ils l'avaient tous accueilli avec gentillesse. Il aurait aimé pouvoir parler, pour leur signifier sa gratitude et son souhait d'implication. Il ne demandait qu'à aider, et apprendre.

« On devrait faire deux groupes, un qui part trouver de la nourriture pendant que l'autre reste ici et s'occupe du camp. Tu en dis quoi, Telod ? »

Alors qu'Andorah finissait sa phrase, du bruit leurs parvint à la lisière de la clairière, et tous tournèrent la tête pour apercevoir deux femmes débouler en courant, comme poursuivies par quelque chose. Pendant que l'une tombait au sol, le petit groupe s'était levé, et tous se tendirent en apercevant la silhouette d'un guetteur, s'arrêtant brusquement derrière les fuyardes. Il observait le groupe qui s'avançait doucement dans sa direction, et hésitait – si tenté qu'on puisse attribuer une réflexion à un être aussi immonde. Abh avança d'un pas le menton levé, le dos droit, se rendant plus imposant qu'il ne l'était. La chose était seule, et devant la supériorité numérique des humains, prit la fuite sans demander son reste.

Abh l'observa et resta a sonder les profondeurs de la forêt, tandis que les autres s'étaient avancés vers la femme à terre et sa compagne d'infortune, qui avait une apparence singulière, penchant entre humaine et bête. Elle les fixait avec un air impénétrable sur le visage, ses longs cheveux d'ébène dégringolant sur ses épaules. L'autre femme était blessée, mais semblait plus forte et massive que la brune. Abh ne l'avait cependant pas bien vue. Un corbeau croassa, perché sur une branche non loin d'eux, et le chauve lui lança un regard noir, pas sûr d'apprécier sa compagnie funèbre.


Couleurs :
Vera
Membre
Vera
Messages : 21

Jour d'éveil : Jour Dix-Neuf
Race : Echouée
Métier : Aucun
Groupe : Errants
Fiche de présentation : φ
Journal : φ
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Lun 22 Mai 2017 - 21:41

La créature aux formes noires était rejointe par deux autres, toute aussi moches, laides, immondes. Les mots qu’elles murmuraient faisaient bourdonner les oreilles en agaçant chaque fois plus encore les tympans, emplissaient le silence morbide de la futaie. Les plantes se recroquevillaient sur leur passage dévastateur, et le sol vibrait alors que ceux-qui-guettent le martelaient de leurs pattes griffues. Même les feuillages semblaient prendre peur de ces choses difformes, qui courraient et criaient à tout va. Ce n’était toutefois qu’une impression ; les arbres étaient toujours aussi austères, détachés de ce qu’il advenait de ces pauvres mortels qui effleuraient leurs tronc centenaires. Non, la nature se fichait complètement de leur sort en dépit de ce qu’on pouvait croire : avec ou sans ces deux misérables insignifiantes humaines, elle resterait là. Elle, n’était éphémère.

    Vera sentait derrière elle la chasseresse presser l’allure. Egoïstement, elle espérait qu’elle change de direction en attirant le guetteur. La fille du lac n’avait voulu rencontrer cette humaine ; le monstre encore moins. Elle présumait qu’il était en partie de sa faute si la monstruosité avait bondit vers le duo singulier qu’elles formaient : trop de bruit, qu’elle faisait ! Elle aurait pu réveiller un sourd avec tout le vacarme qu’elle avait engendré avec sa seule voix. Non, elle ne s’était nullement préoccupée de savoir si on les épiait, si elles étaient en sécurité ; ce qui ne risquait d’arriver. Et voilà, voilà ce qui se passait maintenant ! Le fil de leur vie glissait sur la lame tranchante d’un coutelas, et risquait de se trancher.

    L’Echouée entendit son acolyte non-désirée lâcher un cri de peur peut-être mêlée à de la colère, de la rage. Deux des trois monstres l’avaient prise en chasse, elle. Pas Vera. Pas Seule. Elle s’en sortirait peut-être mieux que la chasseresse. Mais la chose qui la talonnait ne semblait que trop peu disposée à la laisser s’en tirer où à se détourner d’elle pour aller arracher la peau à d’autres ; la stupide humaine, par exemple, même si elle était déjà accablée par deux être qui la prenaient en tenaille. Vera n’était véritablement pas préoccupée par autre chose qu’elle-même. N’était-ce pas compréhensible, pourtant ? C’était un monde aux allures de désolation peuplé par des silhouettes assez effrayantes pour empêcher le sommeil de venir en provoquant une angoisse violente qui saisissait et puis ne lâchait plus. C’étaient des monstres qui déchiquetaient les corps. La nourriture semblait fort bien rare ; Vera n’avait encore croisé d’arbuste à baies ni d’animal. Comment ne pas comprendre que sa survie était déjà bien assez dure à assurer, alors s’occuper d’autres semblait impensable ?

    Les griffes de celui-qui-guette déchiraient l’humus qui tapissait le sol froid, glacial, de la forêt. Seule entendait presque son souffle malsain derrière elle. Il n’était pas loin : juste à une petite poignée de mètres. Elle ne tiendrait pas longtemps à un rythme aussi effréné et ce serait pour la plus grande joie de la chose noire. Ses yeux verts étaient écarquillés, cherchaient quelque issue à ce cauchemar qui n’en était qu’à son début. Et un buisson de ronces lui barrait la route. Ces plantes épineuses ne furent qu’une barrière sous laquelle elle se glissa. Vera sentit les épines frôler sa peau, mais sans qu’elle ne sache par quel miracle, ne se plantèrent jamais dans son épiderme. Au lieu de cela elles agrippèrent sa crinière noire qui s’emmêlait le long de son dos, où l’on voyait nettement ses vertèbres danser.

    La monstruosité fut peut-être ralentie par le bosquet épineux ; Vera n’en eut pas l’impression. Lorsqu’elle s’extirpa de l’amas de filaments piquants, la naufragée crut que ses mèches resteraient coincées. Elle tira sèchement sur sa chevelure aux allures de rivière pour l’arracher aux bras végétaux sans se soucier de sentir quelques épines érafler la paume affreusement pâle de ses mains. Le principal n’était pas d’en sortir sans plaie, mais vivante.

    La fille des flots s’était déjà remise en route, l’allure aussi rapide que possible, et la monstruosité la suivait toujours. Ce guetteur filait entre les arbres sans jamais se heurter à quelconque obstacle ; comment avait-il franchit les ronces sans paraître s’y empêtrer ? C’est à cet instant que l’humaine à la peau mate revint dans son champ de vision, le visage en sang. Vera n’y prêta pas attention, même pas pour une question comme la manière dont elle s’était débarrassée de ses agresseurs. Non, la chasseresse aurait très bien pu ne jamais revenir que l’Echouée aurait été tout aussi impassible. Ce qui la travaillait vraiment ce n’était pas cette humaine qui avait décidé de lui coller à la peau, après tout.

    Le chemin qu’elles se frayèrent au travers des fûts les mena à une clairière, dont le sol tapissé de rouge détonnait fortement avec le vert grisâtre et morne du reste des sous-bois. De là, on voyait les cieux, jamais plus obstrués par les feuillages des arbres. Les nuages déchiraient la voûte bleue, laissant apercevoir çà et là, quelques morceaux aux nuances changeantes. Le soleil jouait à se cacher puis réapparaitre, restant plus ou moins longtemps dans la plaine cotonneuse qu’aucun ne pouvait effleurer autrement que par la pensée. Sous ces cieux se tenaient les deux femmes. Et en même temps que l’une des deux tombait à terre, les visages des premiers occupants se tournaient, surpris.

    Vera avait freiné sa course alors qu’elle remarquait que d’autres se tenaient là. D’autres Hommes. Sa peur palpable était néanmoins plus difficile à sonder dans ce regard vert qui détaillait avec une profondeur impénétrable. Elle ne bougeait plus. Le monstre non plus d’ailleurs. Elle le devinait arrêté dans les ombres de la forêt, comme hésitant à franchir les quelques mètres qui le séparait d’un repas certain. Finalement il reculait en même temps que le groupe s’approchait, et sa silhouette finit par s’évanouir, libérant l’atmosphère d’une tension malsaine. Pendant ce temps, Seule n’avait détourné la tête du groupe qui s’avançait vers elles, pas même pour observer la chasseresse étendue sur le parterre.

    Les membres de la compagnie qui semblait s’établir ici s’étaient avancés assez près de Vera pour qu’elle esquisse un premier mouvement de recul. Elle n’était pas confiante. La monstruosité avait bien pu partir en raison d’un danger émanant de ces gens ; pour quel motif se serait-elle enfuie, sinon ? « Qui c’est ? », que la femme entre l’animal et l’humain entendit dans un murmure. « L’autre est blessée. » que dit ensuite une voix d’homme ; laquelle, Vera ne sut l’identifier. Son regard était ancré sur un colosse, resté en retrait. En dehors de la masse que représentait le groupe, cet humain-là était à lui seul un véritable guerrier, si imposant qu’on aurait dit un mur. Ses cicatrices faisaient peur. Son visage faisait peur. Son air aussi méfiant que celui de Vera était hostile faisait peur.

    Les entrailles de celle qui s’était éveillée quelques temps plus tôt étaient tordues par cette inquiétude omniprésente. Qu’allait-on lui faire maintenant ? Elle était essoufflée, pas en mesure de s’échapper encore une fois. Pas en mesure de se glisser entre les griffes de quelconque opposant. Mais pas non plus prête à se laisser toucher.

    Seule recula vivement lorsqu’on tenta de s’approcher d’elle. Son regard se défit de la silhouette massive de celui au visage balafré pour se poser sur l’homme qui avait amorcé un geste vers elle. Ses lèvres s’étaient doucement retroussées pour dévoiler le bas de ses dents. « Arrière » que cela semblait dire. Hélas ! elle ne semblait pas bien convaincante avec sa carrure plus que menue –famélique-, et la faiblesse physique qui semblait être gravée dans sa peau au point que chacun puisse le voir.



HRP - Couleur des dialogues:
Telod
Administrateur
Telod
Messages : 213

Jour d'éveil : Jour 1
Race : Racine
Métier : Sculpteur (3)
Groupe : Terre Rouge
Fiche de présentation :
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Lun 29 Mai 2017 - 16:26

HRP:

Au soir de mon dix-huitième jour depuis mon éveil, deux nouvelles têtes s'étaient jointes à nous. Une jeune femme au physique curieux, dont je supposais qu'elle venait du lac mais je ne parvenais pas à en être sûr, et un homme muet massif à l'apparence encore bien plus singulière. Les deux individus avaient l'air d'avoir déjà de l'expérience, et leur apparente force physique me faisait plaisir à voir, étant donné les travaux que nous avions à entreprendre.

Suite à cela, nous nous entraînâmes comme prévu jusqu'au repas du soir. Ce dernier fut peu convainquant, il ne restait que quelques morceaux de pommes et d'animaux chassés. Après manger, nous n'avions plus aucune ration de nourriture, et nombre de membres avaient encore très faim.

Pour détendre l'atmosphère, Jey décida de raconter quelque chose. Etant donné qu'il ne l'avait jamais fait longuement, il entreprit de conter son premier jour à Terre Rouge. A part moi, Jey était le membre le plus ancien du campement.

- J'étais perdu, je ne comprenais rien à ce qu'il m'arrivait, vous savez comme vous êtes au matin. L'esprit totalement embrumé, complètement paumé, je voulais des réponses, je voulais comprendre où j'étais, pourquoi je venais de me réveiller sans mémoire, qu'est-ce que je faisais là, est-ce que tout cela était normal, finalement ! J'arrive directement dans cette clairière, qui je vois ? Telod !

Il m'avait désigné du doigt tout en disant cela. Je levais les yeux au ciel.

- Telod, assis tranquillement, comme d'habitude, en train de tailler un bout de bois. Vous savez ce qu'il a fait ? Oui, bon, vous vous en doutez tous. Il a levé les yeux vers moi...

Les membres du groupe, assis autour du feu, le regardaient en fronçant les sourcils, se demandant ce qu'il allait dire.

- Et puis... Il a continué de tailler son bout de bois, parce qu'il en avait rien à foutre finalement.

Plusieurs rires se firent entendre. Jey poursuivit :

- Alors moi... Paumé, perdu, embrumé, sans savoir où j'allais, qui j'étais, en pleine détresse, j'ai posé des questions. J'ai dit que je venais de me réveiller, que je ne comprenais rien à rien, que c'était étrange, ce genre de chose. Et face à moi j'avais une sorte de mur, j'avais une encore plus grosse impression d'étrangeté, je commençais à me demander si j'existais, en tant que personne humaine. Je me demandais, franchement, si Telod m'entendait parler, en fait.

Galline était pliée de rire, elle me jetait un regard de temps. Je crois qu'elle me reconnaissait bien dans la description.

- J'ai hésité, à un moment donné, à demander s'il m'entendait parler. Mais plutôt que de faire ça, j'ai attendu, et, par miracle, il m'a répondu. En fait, il ne m'a pas exactement répondu, il m'a plutôt posé, lui-même, une question. Il m'a dit, très exactement : "T'as faim ?". Et j'ai compris que je devais pas chercher spécialement plus loin, en fait. C'est comme ça que je suis arrivé à Terre Rouge.

L'histoire continua pendant un long moment, les rires s'élevaient autour du feu, rassemblant cette petite communauté qui ne demandait qu'à se rapprocher par ce temps glacial.


***


Pendant la nuit je pris la deuxième moitié de la garde de nuit avec Galline. La discussion du soir avait fait remonter mes souvenirs passés, et alors que Galline, exténuée, tombait de sommeil et avait fini par s'endormir contre mon épaule, je gardais les yeux dans la fumée du feu. Je me souvenais de ce que mon amie Miosselle avait été capable de faire, des formes qu'elle faisait prendre à la fumée. Je me souvenais de son rire, ses yeux pétillants, sa voix gaie et gentille, son air digne et respectueux lorsqu'elle me vouvoyait. Et alors, à travers la fumée, au loin, je vis des guetteurs me regarder, visages blancs entre les troncs noirs.
Au même moment que je les surveillais dans le présent, mes yeux déterminés, ma mémoire me rappelait le son de la mastication, le son de ces bêtes qui dévoraient Miosselle sous mes yeux.

Elles s'attaquaient à la faiblesse apparente. Elles fuyaient la force visible. Ces choses étaient lâches.

- La pourriture coule. Dit l'un des visages blancs, au loin, avant de disparaître.


***


Le lendemain matin, le soleil était revenu sur la clairière, et nous pouvions voir les fleurs rouges éclore à nouveau. Le soleil donnait une impression de chaleur nouvelle. En réalité je doutais qu'il fasse vraiment plus chaud. En se réveillant, Galline s'excusa platement de s'être endormie, et me frappa l'épaule de ne pas l'avoir réveillée.

Sevin, Andorah et le muet balafré du nom de Abh ne tardèrent pas à se lever à leur tour. Ils parlèrent de nourriture, en effet, nous en manquions. Et alors que nous commencions à proposer des idées, nous fûmes interrompus par l'irruption de deux jeunes femmes, poursuivies par un guetteur. Ce dernier s'enfuit en voyant la masse des membres de terre rouge, je me levai pour m'approcher des deux arrivantes.

L'une d'elle était tombée au sol, visiblement évanouie, dans un sale état. L'autre, maigre et faible d'apparence, montrait une certaine agressivité. Au loin, je vis deux autres guetteurs qui ne s'étaient pas encore enfui, sans doute d'autres poursuivants des jeunes femmes, nous regarder avec intérêt.

J'avais le visage de Miosselle en tête. Et le bruit des mastications, je l'avais entendu toute la nuit, dans ma tête.

Alors, face au deux guetteurs, je m'avançai. Une profonde colère dans les pupilles, mes molaires s'écrasaient les unes contre les autres. J'avais ma lance en main, ma peau d'ours sur les épaules, et sans y faire attention je passai à côté de l'arrivante qui feulait pour me ruer vers les guetteurs. Ces derniers reculèrent de quelques pas, se cachant derrière un tronc. Je stoppai subitement ma marche et leur intimait avec force :

- Venez vous battre. Venez m'attaquer moi.

L'un d'eux s'enfuit rapidement, il semblait s'en être allé. L'autre restait derrière son arbre, me regardait de son visage blanc.

- Aller ! Viens ! Criai-je. Vous ne vous attaquez qu'aux affaiblis, qu'aux hommes en détresse ! Vous êtes minables !

De la rage sortait de mes yeux. Mon esprit était flou. J'avais l'impression d'être extérieur à mon propre corps, de ne pas contrôler mes propres mouvements.

- Essaye de m'attaquer, moi ! Viens te battre ! Saloperie !

La chose me regarda encore, quelques instants, puis elle finit par dire :

- La pourriture coule.

Alors je me vis hurler, à pleins poumons :

- Non elle ne fait que pourrir !

Et le guetteur s'enfuit, peut-être intimidé par mon cri. Je regardai la forêt, scrutant entre les troncs. Plus rien. Plus rien du tout. Le bruissement des feuilles, les ténèbres vides de vie.

Alors je me retournai, je vis que tous les habitants de Terre Rouge s'étaient levés suite à mes cris. Je vis Sevin s'approcher et tendre sa main vers l'arrivante agressive, tentant de lui demander de se calmer, affirmant que nous n'étions pas méchants.
Pendant ce temps Jey s'approcha du corps inanimé de la jeune femme évanouie, il passa ses bras sous elle et, non sans difficulté, il la souleva pour l'amener vers le milieu du campement. Galline disait qu'elle ne voulait pas la soigner, Jey lui demandait de ne pas faire l'enfant.

Alors je retournai dans le campement, et, l'esprit encore un peu perturbé, je dis tout haut :

- Nous devons faire notre entrainement du matin, sans trop tarder.

Konol me dit :

- Attend, Telod, une chose à la fois.

Avant de s'approcher de la jeune arrivante à l'apparence faible et agressive, souhaitant l'apaiser, lui aussi. Moi, je me contentais de soupirer, de m'asseoir sur un rocher et de prendre mon silex et un bout de bois, alors que je voyais, du coin de l'oeil, Galline s'asseoir à côté de la blessée et commencer à l'ausculter. Un corbeau surveillant, visiblement, lui-même, l'oeuvre de la guérisseuse avec un air dubitatif.

Couleurs:
Sylve
Membre
Sylve
Messages : 11

Jour d'éveil : Jour 17
Race : Racine
Métier : Chasseuse
Groupe : Errant
Fiche de présentation : Ø
Silences et réflexions. [Important | Libre | J19][CLOS] Empty
Lun 12 Juin 2017 - 23:37

Des cris. C’est ce que j’avais pu entendre dans les ténèbres qui m’envahissaient. Les cris d’une personne. Un mâle. La colère déformait sa voix et quelque chose lui répondit vicieusement. Parlant de pourriture.
Puis ce fut le vide. Néant comme l’appelle certains. Je n’entendis plus que mon coeur, bourdonnant, battant dans mes oreilles.
Néanmoins, la lumière finit par fendre les ténèbres. D’une manière plus terre à terre, le soleil passait au travers de mes paupières closes, me procurant une sensation de malaise qui me fit froncer les sourcils. Je finis par me résoudre à ouvrir prudemment les yeux. Le soleil m’aveuglait à moitié et me força à mettre la main devant mes yeux, blessés par sa morsure.
Après un moment d’accoutumance à la lumière environnante, je distinguai des branches autour et au-dessus de moi. J’étais allongée dans une sorte de tipi précaire, probablement réalisé avec ce que les constructeurs avaient sous la main… C’est à dire pas grand chose en fait. Je mis un moment avant de me rappeler les événements survenus plus tôt dans la journée - Celle-ci n’était pas finie, à en juger par la course du soleil, et je n’avais pas dormi plus de quelques heure, j’en étais certaine -.
Les silhouettes noires. Je me redressai en sursaut et tentai de me relever. Une douleur cuisante à la cuisse mis un terme à ma tentative. Au moins, aucune de ces créatures n’étaient ici… Je reposais sur un tapis de feuilles mortes, étrangement confortables. En prêtant une oreille plus attentive à ce qui m’entourais, je pus discerner des voix venant de dehors.

« Bon…. Je suppose qu’il va falloir affronter la meute un jour ou l’autre. »

Je me redressai tant bien que mal en m’accrochant aux branches tu tipi et finis par sortir de mon antre.
Il y avait…Pleins de bipèdes. C’était étrange de voir autant de ses semblables d’un coup après en avoir croisé seulement trois - dont deux déments - en plusieurs jours. Je cherchai Bestiole des yeux, mais ne la vis pas.
J’entendis une femme échanger quelques mots brefs avec quelqu’un. Elle semblait donner des ordres avec une certaine arrogance dans la voix. Je me dirigeai d’un pas décidé vers celle-ci, sans prêter attention aux regards qui se tournaient vers moi. Arrivée à la lisière d’une clairière - certainement celle par laquelle j’avais fait mon entrée fracassante - je vis une femme à la peau bien plus blanche que la mienne et aux cheveux couleur de cendre. Elle conversait avec un homme aux cheveux de jais, semblables aux plumes d’un corbeau.
Par association d’idées, je me mis à chercher cet imbécile de piaf du regard. Un croassement au-dessus de ma tête me confirmait que la bête ne m’avait pas abandonnée, et qu’elle se moquait de moi. Après un sifflement de mise en garde, je reportai mon attention sur les humains. Le croassement de l’animal avait dû les interpeler également puisqu’ils nous regardaient maintenant, l’une avec une méfiance teintée d’agressivité, l’autre avec une curiosité amicale.

« Tiens, la voilà réveillée. » Dit la femme avec dédain.

« Bonjour, moi c’est Jey, et l’aimable personne là, c’est Galline ».

L’homme était souriant et essayait manifestement de calmer l’agressive. Je sourit à l’homme et hochai la tête, mais ne pris pas de pincettes avec l’autre. Je lui renvoyai son regard de dédain en haussant un sourcil. Il semblerait qu’elle n’ai pas été habituée à telle provocation puisqu’elle ouvrit de grands yeux, avant de les froncer en déclarant :

«T’as un problème ? »

« Peut-être…. ça va dépendre de ta langue. Il vaut mieux pour toi qu’elle reste derrière tes dents. » Déclarai-je avec un sourire narquois.

Elle pris un air de poule courroucée et se mit à m’incendier de noms d’oiseaux, mais j’avais déjà fait demi tour. Cette femme n’était pas la chef. Jamais autant d’humains ne pouvaient survivre avec quelqu’un d’aussi faible qu’elle. Je voyais bien que cette hargne n’était qu’un masque. Quelque chose d’effrayé se cachait à l’intérieur. Quelque chose que j’aurais pu aisément déloger… Mais ces gens m’avait soigné et je n’allais pas torturer l’une des leur. La femme n’inspirait pas le respect que le chef de meute reçoit si naturellement, or ce que je souhaitais, c’était parler au chef directement.

Je continuai ma route dans le petit campement, suivie du corbeau… Et de Galienne ? Gallia ?…. non…. Galline ! qui me courait toujours après, espérant me faire réagir à ses insultes.
Pratiquement tous les gens que je croisais avaient la même morphologie. Frêles, avec des cheveux fins et clairs, avec pour certains, de petites dents pointues…
La seule humaine frêle que j’avais croisé jusque là c’était Bestiole, et je ne la voyais toujours pas.
Je poussais un soupir las, et me retournai vers cheveux gris.

« Écoute trésor, j’ai pas de temps à perdre avec toi, alors du vent. »

«Espèce de sale… »

Elle n’avait pas eu le temps de finir sa phrase que j’étais déjà sur elle, mes dents sur sa gorge.
Elle failli hurler de peur mais se retins de justesse. Mes dents faisaient de plus en plus pression sur sa jugulaire.

« Sang… Jugement… » Murmuraient les esprits. Ou un esprit. L’esprit Damné.

Je paniquai. Il avait encore pris le contrôle, mais cette fois de façon totalement imprévisible. Dans mon corps, mon esprit tentai de reprendre le contrôle, écrasé par cet Autre. Ma conscience commençait à se retirer lentement, laissant place aux ténèbres… aux ténèbres assoiffées de sang.
Comme si mon esprit avait quitté mon corps, je me vis avec horreur, lécher le cou de la femme et lui susurrer avec une douceur sadique :

« Mmmmhhh… Ta chair doit être délicieuse ma chérie… »

Soudain je revins à moi, la langue toujours sur le cou de la femme, qui avait eu l’intelligence de ne pas faire un geste.
Je m’éloignai presque en sautant, comme piquée par un insecte venimeux. Entre-temps, plusieurs personnes s’étaient attroupées et je ne vis que des visages arborant la peur ou la colère. Certains avaient pris des armes.
Je me redressai avec écoeurement, avant de partir d’un pas rapide vers la clairière. Je croisai sur mon passage un géant chauve qui me lança un regard indéchiffrable, et continuai ma route.
Je m’assis sur un rocher. Seule.

« Quelle magnifique façon de faire connaissance… ». L’amertume de ce que j’avais fait me restait en travers de la gorge. Je n’avais pas eu la force d’empêcher l’esprit de prendre le contrôle… Pour ça, il était fort probable que je sois bannie de ce clan.
Je tentai de me calmer face à cette idée déplaisante et repris mon expression interdite. Quelqu’un approchait.
Abh
Membre
Abh
Messages : 17

Jour d'éveil : 15
Race : Racine
Métier : //
Groupe : Terre Rouge
Silences et réflexions. [Important | Libre | J19][CLOS] Empty
Mar 25 Juil 2017 - 13:58

Ses sourcils froncés peignaient un air étrange sur ses traits, tandis qu'il observait le chef du groupe s'enrager contre les créatures, les faisant fuir devant ses cris. Abh ressentait parfaitement les sentiments qui découlaient des yeux et de la voix de Telod. Et il savait que tout le monde les comprenait et les percevait autour d'eux. Ces monstres ne faisaient que leur pourrir la vie, semant la terreur et la mort sur leur passage. Il se souvenait de son éveil sous terre, et de l'accueil que les guetteurs lui avaient réservé une fois sorti de son tombeau. Les marques à peine cicatrisées dans son dos le démangèrent à ce rappel, et il soupira légèrement en continuant d'observer le reste de la troupe, qui sortait peu à peu de sa torpeur. Son regard resta ancré un long moment sur la plus menue des deux femmes, avec son air agressif et ses postures de chat sauvage. Le chauve ne savait pas exactement quoi faire, tandis que le reste du groupe reportait son attention sur la blessée musculeuse et la brune hostile. Sans la parole, tout lui semblait complexe, et son visage n'aidait en rien à le rendre amical. Il commençait à se rembrunir lorsque une main se posa sur son avant bras. Sans même tourner la tête, il sut que c'était Dula, et ses lèvres en charpies esquissèrent un sourire effrayant.

« Alors gueule d'ange, heureux ? Ça fait deux minettes de plus dans ton harem, ça devrait te rendre tout fou, pourquoi tu fait cette gueule de déterré ? »

Son ton était d'un sarcasme évident, et étrangement cela le rassura plus qu'autre chose. Il mit un léger coup de poing dans l'épaule de son amie, et tout deux se dirigèrent vers les autres. Instinctivement, il s'avança vers celle qui semblait plus animale qu'humaine, tout en gardant ses distances. Une dizaine de pas seulement les séparaient, lorsqu'il mis sa main sur son torse et articula de sa drôle de voix son nom. Puis il leva sa main en salut, et inclina légèrement la tête. Ces gestes se voulaient rassurant, et il espérait qu'ils soient perçus comme tels. A côté de lui, Atalant soupira, puis sourit légèrement.

« N'ai pas peur, nous ne te voulons pas de mal. Je pense que c'est ce qu'il essaie de te faire comprendre. »

Abh lui lança un regard puis hocha la tête, avant de tenter lui même de sourire à l'inconnue. Il était frustré de ne pas réussir à communiquer, alors il inclina encore la tête en salut vers la brune, puis se détourna et marcha vers le reste du groupe, qui avait déplacé la blessée vers un abri. Dula les observait de loin, tout en remettant du bois dans les flammes. Il faisait un froid de canard. Le chauve se pencha pour se réchauffer, tandis que d'autres venaient faire de même. Il se perdit dans ses pensées, tout en écoutant le reste du groupe discuter calmement. Beaucoup jetaient encore des regards vers la forêt et l'endroit d'où étaient arrivés les guetteurs, surveillant les alentours avec assiduité. Il ne revint à lui qu'en entendant Konol proposer de faire un groupe pour aller au lac se désaltérer. Il leva la main pour signifier qu'il les accompagnait, et ils se mirent en route. Kaely, Sevin et Dula faisaient partie de la petite troupe, Konol ouvrait le chemin, tandis que le chauve le fermait.

Boire lui fit un bien fou. Ce ne fut qu'à ce moment qu'il se rendit compte d'à quel point il avait soif. L'eau était glaciale, et quelques fines plaques de gel étaient encore présentes à la surface de l'eau. Il contempla longtemps l'immensité du lac et les montagnes au loin, avant de suivre les autres sur le chemin du retour. Dula parlait peu, se contentant de quelques réflexions sarcastiques de temps à autres. Kaely riait légèrement à ces sorties, et tout le monde semblait apprécier. Abh sourit en se rendant compte qu'il allaient vraiment se faire adopter par ce groupe hétéroclite. Et surtout en s'apercevant qu'il n'avait pas du tout envie de partir d'ici.

De retour au campement, il perçut du mouvement au niveau de l'abri et observa de loin l'échange électrique entre la nouvelle blessée et Galline. La première semblait chercher quelqu'un, et passa près d'eux, l'échouée énervée dans son sillage. La plupart du groupe avait repéré le drôle de comportement des deux femmes, et tous se levèrent lorsque la situation s'envenima drastiquement, Galline plaquée au sol par la racine sanguine. Tous retinrent leur souffles. Sevin et Jey étaient près à sauter sur l'inconnue, lorsque celle ci se releva en vitesse et marcha vers un rocher, en retrait du campement. Abh s'écarta lorsqu'elle passa devant lui, et la regarda avec un mélange d'incompréhension et de stupeur. Pourquoi agir ainsi ? Il ne comprenait pas. Tout le groupe avait poussé un soupir de soulagement en la voyant se défaire de Galline, et celle ci tremblait légèrement, un air dur sur le visage. Andorah l'aida à se relever, tandis que Abh s'asseyait un peu plus loin. Des murmures parcouraient le groupe, et il savait que tous restaient dans un état d'incompréhension vis à vis de la scène qui venait de se dérouler sous leur yeux. Cependant, tous avaient aussi à l'esprit les comportements violents de certains de leur congénères, qui n'étaient plus que l'ombre d'humains et la clameur de leur folie. Abh soupira longuement en cherchant l'autre femme des yeux, tandis que Dula prenait place près de lui, observant les autres avec un drôle de regard.

« Galline ne va jamais l'accepter. Déjà qu'avec son caractère de merde c'est pas gagné, mais alors là... »

Abh gronda doucement son approbation, et ils se turent en écoutant les discussions animées de leur hôtes.

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Ven 4 Aoû 2017 - 15:42

Un flot frénétique de paroles s'échappa soudainement de la bouche d'un Homme ; elle ne se sentait comme eux. Des cris, rugissements d'une hargne, d'une haine terrible, qui envahirent les sous bois jusqu'à percuter les êtres aux pensées si noires qu'elles avaient contaminé leur épiderme sale et malsain. Des provocations sincères et directes, s'en allèrent heurter le ciel ; c'est ce que la famélique silhouette ressentit, dans le silence aussi lourd que les montagnes qui s'était instauré entre les âmes et les enveloppes charnelles. L'être au sang bouillonnant, sitôt qu'il termina de s'époumoner, de rendre plus méfiant le cœur et l'esprit de la sauvage créature, s'en retourna tout simplement. Le vent souffla, pinçant presque l'oreille blafarde, portant ses mots de méfiance à cette chose si fragilement constituée, dans l'eau du lac.

Déjà mort avant son corps, son regard se figea sur la grande silhouette qui osait s'avancer, précédent celui qui venait, fou d'espoir, fourvoyé, rassurer sa pensée. Trop, trop de monde qui l'entourait. Trop, trop de choses à appréhender. Trop, trop humain pour cette âme déchirée entre la sauvagerie et la bien heureuse humanité, qui, de toute évidence, n'avait effleuré que son corps laid. Trop, trop.

Seule recula de quelques pas, lèvres retroussées. Ils tentaient de la rassurer ; elle n'était que plus inquiétée. Comme un animal : on ne lui veut de mal mais lui le voit, alors il recule. La fille des flots observait, pressée, chaque visage, chaque corps du clan, en s'attardant sur la silhouette dangereuse du hurleur, sur celle imposante du géant. Ce-dernier qui s'était arrêté à raisonnable distance, esquissant des gestes. Un étrange son sortit de sa bouche déchirée ; un mouvement de recul pour la sauvage créature. Alors le chauve inclina la tête ; une étrangeté aux yeux verts de la créature humaine.

« N'ai pas peur, nous ne te voulons pas de mal. Je pense que c'est ce qu'il essaie de te faire comprendre. »

Les épais sourcils de la femme se froncèrent imperceptiblement. Lui-même ne savait ce que signifiaient les signes du géant ? La créature des flots, à la rivière d'ébène encore humide qui seprentait et collait à l'épiderme sélène de son échine, prit le temps de les observer tour à tour. Pourquoi leurs lèvres s'étiraient-elles en une moue rassurante ? Ils étaient dangereux : même ceux-qui-guettent avaient pris peur et déguerpi. Seule aurait déjà dû faire de même : mais elle demeurait là, à l'entrée de la clairière. Réalité était qu'elle était terrorisée. Ses os criaient leur peur à en faire vibrer tout son corps de brindilles. Vera était affolée à l'idée de rencontrer à nouveau ces corps d'ombres et de perfidie. Elle l'était tout autant à la caresse du songe de rester en leur compagnie, assez impressionnante pour faire fuir des abominations. La fille de l'eau n'avait qu'envie de détaler, reprendre sa course en forêt, se noyer encore une fois : mais les silhouettes de ténèbres visqueuses la cueilleraient et ses cris se perdraient entre les fûts austères.

Pour l'instant, ils la protégeaient du repas morbide qu'elle était, aux yeux perçants des êtres vêtus d'ombres. Ceux-ci étaient encore trop près pour qu'elle puisse espérer gagner endroit plus certain ; il y en avait-il seulement un ? Plus tard. Lorsqu'ils ne seraient plus aussi attentifs aux nouvelles silhouettes qui avaient dérangé leur quiétude.

Les hommes, le géant d'abord, se détournèrent pour s'en aller se réchauffer près des flammèches qui rongeaient le bois sec. Loin de Seule. Loin de sa présence animale, son comportement éloigné des humains. Loin d'elle ; cela lui convenait. Seule avait besoin de le rester : lorsqu'ils s'étaient enfin trouvés dos à elle, préoccupés par autre chose, l'invisible main qui étreignait sa gorge avait disparu. Alors, plus en paix mais toujours aussi imprudemment inquiétée, la fille du lac longea un instant le bord de la clairière pour s'accroupir près d'un buisson, un genou posé sur le sol tapissé de rouge ; même les pétales de cruor lui sifflaient de ne pas rester ici.

Elle resta dans cette posture jusqu'à, rapidement, sentir ses jambes frêles lui hurler de ne pas les solliciter autant après son éprouvante course. Elle peinait d'ailleurs à s'en remettre : son cœur martelait inlassablement sa poitrine, prêt à la déchirer. Une partie du groupe s'en était allé en forêt mais elle n'avait pas bougé : ceux qui-guettent n'étaient partis depuis assez de temps pour lui assurer qu'ils ne rôdaient plus ici. Parfois, son imagination se plaisait à lui faire faussement deviner des silhouettes sombres, entre les troncs secs et froids qui bordaient le lieu.

Mais ce fut bien réel, ce qu'elle vit ensuite, alors que la maigre troupe s'en revenait d'une exploration que Vera ne comprenait : la chasseresse blessée à deux doigts de mordre la gorge de celle qui l'avait soignée. Aussitôt, prête à agir, à déguerpir, l'enfant du lac se redressa. Yeux grand ouverts, bouche entrouverte. Et pourtant un visage froid.

"La chasseresse est damnée."

Seule suivit attentivement - attentive pour un signal qui lui ordonnerait de s'effondrer dans les ombres de la forêt - les gestes qui suivirent la folie de celle qui lui avait porté malheur jusqu'à l'emmener ici. Une phrase susurrée que ses oreilles diaphanes ne purent entendre, puis un déclic soudain qui la fit s'en aller, se retirer, s'assoir sur un rocher à son exact opposé.

On regardait d'un air inquiet, effaré, mais en colère, la femme à la peau tannée. Puis on se détourna, mais pas Vera. Vera fixait. Vera se questionnait. Tout était folie, démence en ce bas monde. La folie des créatures drapées de noirceur. La démence du premier visage que ses yeux délavés avaient observé. Elle ne pouvait faire confiance à personne ; tout était construit de manière tordue. Ni à la terre, ni aux plantes qui embrouillaient son chemin. Ni à l'eau, ni aux flots qui avaient tenté de noyer ses peines sitôt qu'elle avait souhaité respirer. Ni au ciel, ni à son temps qui se trouvait austère et capricieux.

Il n'y avait aucun endroit où se cacher.

Vera ferma sa bouche, demeurée entrouverte.

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Jour d'éveil : Jour 1
Race : Racine
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Lun 7 Aoû 2017 - 15:12

Et de deux. Je venais de finir de tailler ma deuxième flèche. Je pris un troisième bout de bois et débutais mon travail pour en fabriquer une autre.

Cela faisait un moment que je ne parlais plus. Je les regardais, de temps en temps, du coin de l’œil. Ils vadrouillaient vaguement autour du feu, ils discutaient maladroitement. L'un essayait de tailler une pierre de manière distraite, l'autre regardait la forêt pendant qu'un groupe s'en allait boire. Certains s'occupaient de la blessée, d'autres de la sauvageonne, péniblement, lentement, mollement.

En réalité, ils ne faisaient rien. Rien du tout.

Ils montraient leur impuissance face au froid mordant à travers leur langueur abominable, qui me sortait par les yeux. J'avais envie de prendre les uns pour frapper sur les autres. Nouveaux ou pas.

Et puis leur discussion n'en finissait plus. J'étais heureux de savoir que tu t'étais réveillé cette nuit, Jey, quelle anecdote passionnante. De même pour toi Althéa qui ne cesse de te plaindre du froid à chaque instant, et Kaely qui nous ventait la beauté du lac gelé, quelle merveilleuse manière d'utiliser sa langue. Heureux de faire ta connaissance, Dula, mais pas de faire celle de ta voix. Heureusement que ton compagnon, lui, n'en était pas pourvu. C'était probablement le seul qui ne m'agaçait pas, en cet instant, avec Atalant qui - lui non plus - ne parlait pas.

Il y avait eu de l'agitation, à un moment donné, la blessée s'était levée. Elle avait du faire quelque chose qui déplaisait à Galline parce que la voix de cette dernière m'énervait encore plus qu'avant.

Arrêtez de vous plaindre, arrêtez de rester planté là à rien foutre.

- Telod ! dit Galline, t'as vu ce qu'elle a fait ?

Elle pointait du doigt la nouvelle blessée au corbeau. Je fronçais les sourcils et levais des yeux fatigués vers celle qui m'interrompait dans mon travail.

- Elle a essayé de me mordre ! se plaint-elle.

Je restais les yeux bloqués dans ceux de Galline. Le visage totalement impassible. Elle réitérait ses propos, le doigt dirigé vers la nouvelle qui était assise sur un rocher un peu plus loin. Je finis par lui répondre :

- Qu'est-ce que tu veux que ça me foute, exactement ?

- Mais...

- Ferme ta gueule. S'il te plait. dis-je, la voix grave.

Et mon regard était suffisamment haineux, je crois, pour qu'elle le fasse effectivement. Beaucoup de gens me regardaient avec des grands yeux, on se demandait ce que j'avais en tête, sans doute. Je recommençais à tailler ma flèche, Galline dit d'une voix sifflante :

- Donc tu vas laisser une fille bizarre venir dans ce camp et me menacer ?

- Si vous êtes en froid vous avez qu'à vous battre. lâchai-je sans quitter ma flèche des yeux.

- De quoi ? demanda-t-elle.

J'écrasai la flèche contre le rocher en dessous de moi, soudainement, puis je me levai :

- Ca sert à quoi que je fasse des flèches hein ? criai-je, tout haut, pour tout le monde, en regardant les membres du groupe les uns après les autres.

On tournait les yeux vers moi, je répétais :

- Ca sert à quoi, d'avoir un arc, des flèches, des armes ? Vous êtes incapables de vous en servir et vous le savez ! Tout à l'heure il y a eu des guetteurs qui sont venus, pas un seul d'entre vous n'a pris un des arcs pour leur tirer dessus. Pas un seul !

J'avançai en contournant Galline, j'allais près d'Andorah qui avait les fesses posées sur le sol près du feu, et je donnais un petit coup de pied dans ses fesses, je passais à côté de Sevin assis également et je lui tirais l'épaule pour le forcer à se mettre debout, je poussais Konol d'une main tout en tirant les cheveux d'Althéa de l'autre, tout en demandant tout haut :

- Aller, debout, bougez-vous, arrêtez de vous prélasser, coupez la tête de cet espèce d'inaction morbide. Levez-vous, merde. Oui il fait froid, oui on a des nouveaux membres, c'est pas une raison pour se la couler douce.

- Tu veux qu'on fasse quoi ? soufflait Althéa, un peu en colère du fait qu'on ne se soit pas organisé face au froid.

- On s’entraîne. On l'a dit non ? Tous les matins, tous les soirs, on s’entraîne. On manie les armes, on devient plus fort, pour apprendre à se battre.

- Il faudrait peut-être avoir de la nourriture, avant tout ! grondait la jeune femme.

- Tu as déjà vu quelqu'un mourir de faim ? rétorquai-je.

Je me tournais vers tous les membres du groupe, je les regardais, les uns, les autres :

- Que celui qui a déjà vu quelqu'un mourir de faim se manifeste.

Les gens se regardaient, et je poursuivais, rapidement :

- On ne meurt pas de faim, ici, on meurt en se faisant manger. Vous le savez, tous. Ce qu'il faut faire c'est apprendre à devenir plus forts. Choisissez un partenaire de combat, et entraînez-vous à vous battre avec. Galline et la nouvelle vous n'avez qu'à aller ensemble, puisque vous avez l'air d'aimer vous taper dessus, ça vous défoulera. Si vous ne trouvez personne, entraînez vous au tir à l'arc, mais ne restez pas, comme ça, démuni à ne rien foutre, alors que vous pouvez utiliser votre énergie pour apprendre à affronter les saloperies qui nous veulent du mal ! Aller, du nerf, on s'entraîne !

J'avais fini mon petit discours en frappant dans mes mains pour les motiver. Je n'avais plus de salive. J'avais l'impression d'avoir utilisé toute mon énergie pour communiquer, chose que je n'aurais jamais fait naturellement. C'était mon besoin profond et pesant d'aider ces gens qui me poussait à utiliser ma voix comme ça. Je devais me faire violence pour eux, mais heureusement cela fonctionnait.
Ils se mettaient petit à petit en groupe de deux, pas très loin du feu pour ne pas avoir trop froid, ils prenaient des lances et commençaient à s'attaquer en essayant de ne pas se faire mal. La nouvelle sauvageonne restait dans son coin, je ne savais pas vraiment comment elle allait réagir. Quoi qu'il en soit je serais heureux si elle osait nous rejoindre, mais j'en doutais légèrement.
Je prenais Jey à part et me mettais face à lui, il me souriait, et nous commencions notre entrainement lui et moi.

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Jour d'éveil : Jour 17
Race : Racine
Métier : Chasseuse
Groupe : Errant
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Mer 9 Aoû 2017 - 19:03

Je n’entendais que des chuchotements derrière moi, mais je me doutais bien de ce que l’on racontait… Pourquoi l’esprit m’avait fait attaquer cette femme ? Certes, elle était incroyablement casse-pieds, mais de là à vouloir lui arracher la carotide… Au début, je m’étais faite à l’idée que je devais écouter les esprits et que s’ils me contrôlaient pour faire du mal, c’était sûrement pour que quelque chose de bien en résulte.
Cette hypothèse n’était pas encore une illusion lorsque la solitude était encore présente, mais ce n’était pas un comportement très social. Je ne pouvais pas à la fois faire confiance à l’esprit et me lier avec des humains. Jamais ils n’accepteraient. Cela dit, je ne pouvais pas non plus vivre seule plus longtemps.

Mes pensées furent interrompues par un croassement familier à côté de moi. Je tournai la tête.

« Alors, on s’amuse du spectacle ? » Dis-je avec amertume.

L’oiseau me regarda avec insistance et commença à marcher dans l’herbe. Le dandinement que cela produisait était ridicule et je me surpris à sourire. L’animal compris assez vite que je me moquais de lui et croassa, indigné, ce qui me fit rire de plus belle.

« T’es pas croyable comme animal toi hein ? »

Un croassement semblable à un doux « va te faire foutre » me répondit.

« Mouais… Pas commode l’animal » dis-je en souriant.

Soudain, des cris retentirent non loin de moi, vers le campement. Je pouvais voir le dos de la femme que j’avais attaqué et devant elle, un homme avec une barbe et une peau de bête sur lui. Il semblait furieux et jetait parfois des regards dans ma direction.
Malgré cela, son énervement ne semblait pas du tout me concerner, ce qui me laissait penser qu’il y avait encore un espoir pour moi ici.
Cet homme était sans aucun doute le chef de cette troupe. Je l’avais cherché un moment, mais maintenant que je le voyais, je n’avais aucune envie de m’approcher de lui. Il ne me faisait guère peur… Cependant, je sentais que ce n’était pas le moment, et pas juste parce qu’il hurlait sur les autres.

Je reportai mon attention sur la plaine bordée d’arbres devant moi. Après tout, même si on me renvoyait, d’autres hommes seraient certainement en mesure de m’accueillir. Qu’elles étaient les chances pour que ce clan soit le seul clan d’humains de ce monde ? Cela m’importait peu maintenant, de me faire chasser ou pas. Je trouverais bien autre chose à faire. D’autres endroits où aller. D’autres gens à rencontrer.

À ce moment, des bruits de pas se firent entendre derrière moi. L’homme avait cessé de hurler depuis un moment mais les gens s’affairent, plus loin derrière.

« Eh ! »

Je ne bougeai pas. C’était la voix de la femme. Il était plus sage de la laisser s’exprimer sans avoir à surmonter mon regard glacial.

« Je t’écoute » Dis-je, pour ne pas qu’elle pense que je l’ignorait royalement - Ce qui, en d’autres circonstances, aurait certainement été le cas -.

« Telod veut qu’on s’entraîne par deux. Il m’a dit de me mettre avec toi… »

Ainsi donc l’homme avait eu l’intelligence d’entraîner les autres, et la stupidité de mettre ensemble deux femmes qui venaient de se battre. Voilà qui prouvait son manque de connaissance sur la psychologie humaine. Je n’en connaissais pas beaucoup non plus sur les humains, je dois bien l’avouer, mais j’étais au moins dotée de jugement.

« Et tu n’as pas catégoriquement refusé ? »

« Je ne suis pas en mesure de refuser. »

« Moi si. »

Je me levai et partis vers le campement. Je ne voulais pas infliger plus de tourments à cette femme, et cela me donnait une excuse pour aller parler à ce chef.
J’avançai d’un air décidé sans me soucier de quiconque, le regard braqué sur l’homme qui s’entraînait.

« Tu ne dois pas perdre ton calme cette fois, sois diplomate Sylve, diplomate. » Essayai-je de me convaincre.

Je repris une fois de plus mon expression interdite et m’approchai doucement dans le dos de l’inconnu à la peau de bête.
Abh
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Abh
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Jour d'éveil : 15
Race : Racine
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Groupe : Terre Rouge
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Jeu 24 Aoû 2017 - 23:13

Abh sursauta en entendant Telod hausser le ton. Il le regarda relever les autres, avec la patience d'un chat qui se brûle et la délicatesse d'un guetteur affamé. Avant que le chef du groupe ne passe à côté de lui, le chauve et Dula s'étaient levés, l'une croisant les bras sur sa poitrine, l'autre se grattant négligemment le haut du dos, tout en écoutant avec une certaine surprise le discours du brun. Le grand n'était pas convaincu d'aimer tout particulièrement le ton de Telod, mais ne pouvait s'empêcher de penser qu'il agissait en réaction à sa lassitude. Et puis, il avait tout a fait raison : ils n'étaient pas la pour ne rien faire, et la plupart d'entre eux n'étaient pas des guerriers accomplis. Si une horde de monstres déboulait à l'instant, ils mourraient bêtement, d'un manque d'organisation et de ne pas savoir se défendre. Dula claque de la langue, une sourire étrange sur ses lèvres, puis se tourna vers lui.

« Bon, tu as entendu le Grand Chef ? Il faut qu'on s'entraîne. »

Elle se pencha pour ramasser sa lance, un peu plus loin, tandis que le chauve la scrutait. Il ne savait pas précisément ce que Dula avait en tête, mais il allait bientôt le savoir. Elle se retourna soudainement et tapa l'épaule de Abh avec le plat de son arme, avant de poser la pointe sur son cou. Il avait juste eu le temps de sursauter, pris par surprise, mais n'avait pas bougé d'un milli-poil. Autour d'eux, les autres avaient commencé à s'entraîner, eux aussi.

« T'es mort. Va falloir que tu esquive mes coups, c'est tout l'intérêt de s'entraîner. »

Le grand dégluti lentement puis grogna, en hochant la tête. La pointe de la lance s'écarta de lui, et il ne fit pas un geste en observant Dula prendre un peu de distance. Il observait chacun de ses mouvements, pour être sûr de ne pas se refaire avoir. Elle fondit tout d'un coup sur lui, et il s'écarta largement devant elle, tout en suivant des yeux les mouvements de sa lance grossière.

Ils continuèrent pendant un long moment, peut-être une heure ou plus, Dula échangeant régulièrement sa place avec celle d'Abh, et finirent rapidement en sueur et couverts de marques rougeâtres et de fines entailles. Ils avaient du mal à arrêter leurs assauts à temps et la lance avait souvent meurtri leur peau. Ce ne fut qu'une fois stoppés d'un commun accord qu'ils lancèrent un regard alentour, pour observer les autres. Essoufflée, la blonde ricana d'une voix tranchée et rocailleuse.

« Abh, je pense que la lance est pas adaptée pour toi. On dirait un gorille avec un cure dent. »

Le grand, penché en avant, un poing sur la hanche, grogna longuement. Lors de leurs échanges de coups, il avait ressenti le désir de foncer sur Dula et de lui briser le crâne à mains nues. C'était une sorte de vague primitive profonde, mêlée à l'énervement de voir la cime tourner comme une souris autour de lui sans qu'il réussisse à esquiver un tiers de ses attaques.

Maintenant, il avait soif, et son ventre gargouillait de façon préoccupante. Abh reprenait petit à petit son souffle, se demandant s'il n'était pas temps de partir chasser. Mais pour l'instant, sa préoccupation majeure était de soulager sa vessie.

Il se redressa d'un coup, avant de s'approcher de Dula et de poser une main sur son épaule, en grondant doucement. Il se dirigea d'un pas lourd vers l'orée de la forêt, vers l'est. N'oubliant pas les guetteurs du matin, il observa attentivement la profondeur des bois, en s'avançant plus doucement. Se faire bouffer par un monstre en pissant était loin d'être son truc. Tout était silencieux, et il entendait quelques oiseaux siffler d'une branche à une autre. Les voix du groupe retentissait encore dans son dos, et il préféra ne pas trop s'éloigner du campement.

Terminant son affaire et soupirant de contentement, il perdit un instant son regard un peu plus loin, entre les arbres lugubres. Et plissa les yeux en se concentrant, réprimant un frisson.


Ce qu'aperçoit Abh :

1-20 : Trois guetteurs, au loin, observent Abh sans s'approcher.
21-40 : Un chien famélique se traîne entre les arbres, l'air malade.
41-60 : Un raton laveur grimpe le long d'un tronc.
61-80 : Une grosse bourrasque fait chuter une grosse branche morte au sol.
81-100 : Deux guetteurs s'approchent du campement doucement, sans l'avoir aperçu.

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Jeu 24 Aoû 2017 - 23:13

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'd100' :
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Vera
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Mer 30 Aoû 2017 - 19:25

Elle fut tirée de sa torpeur par la voix tonitruante du hurleur. Un frisson fit dresser ses poils sombres sur son échine, alors que son corps laissait exprimer une convulsion de surprise. Ses mains tremblantes de froid se figèrent sur la terre qu’elles effleuraient. Ses doigts se plantèrent dans le sol et un noir sale s’insinua sous ses ongles longs. Une crasse en plus sur sa peau encore humide du ventre du lac qui l’avait accouchée.

Son regard se braqua aussitôt sur la peau d’ours, se décrochant de la silhouette damnée qui l’avait trouvée en forêt. L’homme était debout, grondant et râlant des remontrances ; Seule ne se sentait pas un brin concernée par la paresse reprochée. Elle fronçait les sourcils, plissait les yeux. Ses lèvres déjà fines se pincèrent ; les commissures de celles-ci frémirent aux propos véridiques et pourtant dérangeants du chef.

« On meurt en se faisant manger. »

Elle avait failli mourir, se faire dévorer vivante. Elle avait failli se noyer avant même d’avoir pu respirer la vie malsaine. Elle manquerait de mourir demain, ce soir peut-être même. Elle manquerait de mourir dans deux jours, dans trois. A l’heure où les montagnes s’inclineront sous le poids du temps, elle tenterait aussi d’échapper à Mort. Peut-être même qu’elle serait déjà entre ses griffes, comme un pantin désarticulé. Peut-être même qu’elle aurait la gorge arrachée, que sa tête ne tiendrait à son corps qu’avec quelques muscles, des ficelles rouges qui s’useraient. Peut-être même que son ventre aurait été ouvert, qu’on l’aurait dévorée de l’intérieur, comme cette angoisse qui la consumait.

Son propre reniflement la tira de ses pensées macabres. Les yeux légèrement écarquillés, la fille des flots réalisa qu’elle avait été détachée de la réalité assez longtemps et profondément pour ne pas entendre la fin du discours du hurleur. Légèrement perdue, ses yeux s’affolèrent pour comprendre ce qu’il se tramait. Des couples se formaient. Ils se frappaient. Si l’un tentait de se dérober à la trajectoire d’une lance, d’autres paraient à mains nues. Une brutalité qu’elle ne comprit pas. Son esprit si embrumé par la peur ne lui permit pas de comprendre qu’ils ne cherchaient pas à se blesser. Un mouvement de recul pour Seule, et un regard incompréhensif vers l’ours. Ce-dernier se trouvait face à sa victime, et si son regard de roche s’attarda une fraction de seconde sur la sauvageonne, celle-ci ne s’en rendit pas compte.

La chasseresse avait-elle compris ? Les prunelles mortes de l’Echouée avaient trouvé point d’ancrage sur sa chevelure d’ébène, pendant qu’elle se dirigeait vers le hurleur. Des mots qu’elle ne compris pas s’échangèrent, secs et brefs, et la créature à la chevelure d’ébène observa avec anxiété le ballet aussi laid qu’elle. Seule passait de temps en temps le revers de sa main sur le bout de son nez, s’agaçant du liquide qui en coulait, bien que moindre ; l’eau, le froid, l’humidité : la maladie risquait d’arriver. Ce serait un coup de grâce pour son corps si miséreux.

De longs, très longs instants s’écoulèrent. Vera soupira enfin lorsque l’agitation commença à cesser. Machinalement, elle leva le nez vers la voûte céleste, déchirée par les nuages. La fin de journée s’annonçait déjà. Mais à peine avait-elle aperçut les cieux qu’elle retournait déjà à sa contemplation stupide ; surveillance inutile, mais comment le lui reprocher ?

Finalement, la femme bougea enfin. Elle se redressa lentement, comme une danseuse dénuée d’énergie. Une moue douloureuse étira ses lèvres tranchées de gerçures : sa position bancale avait trop usé ses muscles, et maintenant qu’ils se déliaient, ils la blâmaient. Vera avait besoin de s’éloigner, plus qu’elle ne l’était déjà. Oh ! Non. Elle ne quittait pas le campement : elle avait certainement plus peur de retrouver ceux-qui-guettent plutôt que de rester au sein de ce clan étrange.

Peut-être certains se fourvoyèrent à nouveau : elle ne se joignit pas aux autres âmes. Elle se dirigea vers le tronc râpeux du pommier qui obstruait une partie de la clairière, se réfugiant sous ses branches larges. Réfléchir. Mettre en marche cet esprit. Trouver un moyen de s’enfuir loin du danger, alors qu’il n’y avait pas de lieu certain. Un problème, une énigme, qui n’avait pas de solution.

Alors que Seule s’accroupissait près de l’être de bois dans un râle inaudible, elle remarqua des sculptures. Intriguée, quoique sur ses gardes, elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule – elle s’assura de demeurer fantôme – puis s’aventura du côté de ces totems. Presque à quatre pattes, la terre sur ses mains, ses pieds et genoux, la fille rejoignit les œuvres morbides. Sa main décharnée, délavée, et sale, fut tendue vers l’âme d’écorce, peut-être arrachée aux bras du pommier qui couvrait le ciel. Mais Vera n’effleura la surface sculptée. Un relent de Mort vint le premier toucher son nez rougit par le froid. L’odeur, dégagée de la terre, lui porta le cœur au bord des lèvres.

Comme si elle s’était piquée avec une douloureuse écharde, la sauvage recula brusquement. Ce qui était là n’était pas des plus rassurants pour une âme qui voyait le mal partout. Alors, comme si elle demandait quelque justification, Seule tourna la tête vers le reste du groupe. Elle les détailla longuement, cherchant quelque indice dans leur comportement qui l’inquiétait de plus en plus. Si les monstres les avaient happés, il ne resterait plus rien de leur enveloppe charnelle ; voilà qui était une lourde erreur.

Elle se leva, s’écarta des tombes de plusieurs pas prudents.

Comment étaient-ils morts ?

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Jour d'éveil : Jour 1
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Jeu 31 Aoû 2017 - 17:50

Je débutais mon entrainement avec Jey. Je frappais à gauche, il frappait à droite, j'avançais de quelques pas, il avançait également. Aucun de nous ne dominait l'autre, et je voyais dans ses yeux qu'il avait envie de me défier d'une certaine manière. Un air amusé naissait sur son visage lorsqu'il me mettait en difficulté, et je lui rendais son sourire sans être mauvais joueur.

Un peu partout les gens se mettaient à s’entraîner, et j'étais heureux que chacun se soit mis au jeu. Ma mauvaise humeur d'il y a peu retombait petit à petit, et j'étais en train d'espérer ne pas trop les avoir bousculé en leur criant dessus.

En vérité, le rôle de chef n'était pas pour moi. Je n'en voulais pas vraiment, cela me fatiguait en permanence, et j'avais du mal à comprendre comment communiquer aux gens de manière simple, sachant que je détestais parler à l'ordinaire. Mais ils me considéraient comme leur chef par nature, c'était une responsabilité, un rôle qu'ils m'avaient donné, et lorsque je parlais j'avais la sensation que nombre d'entre eux étaient contents que je prenne une décision pour le groupe.
Alors je le vivais comme un poids, mais un poids qu'il me fallait porter, et je me faisais constamment violence pour parler davantage alors que je ne le souhaitais pas. Peut-être qu'un jour ce rôle changera profondément l'homme que j'ai été. Peut-être qu'il a déjà commencé à me changer.

Un chef fait passer l'intérêt général avant l'intérêt particulier, il doit décevoir et bousculer, il doit recadrer et encourager.
J'avais conscience de tout cela. Mais il ne m'était pas naturel de le pratiquer.

Du coin de l’œil je vis la nouvelle un peu sauvage et distante marcher sans partenaire. Cela ne me surprit pas vraiment, elle n'avait pas envie de nous rejoindre. Elle alla regarder les tombes. Je la laissais faire sans la bousculer.

Ensuite, Jey s'arrêta au milieu du combat. Il me fit signe du menton alors que je levais un sourcil, et je me retournais pour voir ce qu'il désignait.
La jeune nouvelle qui s'était battue avec Galline quelques instants plus tôt s'approchait de moi d'un air relativement mécontent, bien que son approche fut douce.
Ayant conscience d'avoir été légèrement trop brutal dans mes directives, et peut-être d'avoir eu un comportement discutable, je lui adressai la parole en premier :

- Tu ne veux pas t'entraîner avec elle, c'est ça ? demandai-je.

Et, voyant que ma question avait quelque chose de rhétorique, je poursuivais sans attendre la réponse :

- J'avais pensé que cela pourrait vous permettre de passer au dessus de vos différends pour vous ramener à l'essentiel. Tu l'as vu toi-même, il y a des priorités, les créatures noires qui nous guettent sont une véritable menace.

Je me fatiguai tout seul en parlant. J'avais envie d'agir, pas de parler, mais je me forçai à étaler ma pensée que je trouvais relativement insipide par son évidence. Décidément je n'étais pas fait pour être chef.

- Mais si vous ne le voulez pas, on peut faire différemment. Entraînons-nous ensemble, toi et moi, si tu le souhaites. proposai-je à la jeune nouvelle. Jey s'entraînera avec Galline.

Puis je fis un signe de tête franc pour montrer qu'il n'était pas dans mon intention de lui manquer de respect, ni d'ignorer sa pensée, mais bien d'agir efficacement pour nous permettre d'aller de l'avant.
Elle ne se considérait peut-être pas encore comme une membre de Terre Rouge, mais moi je la voyais déjà ainsi.
Sylve
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Jour d'éveil : Jour 17
Race : Racine
Métier : Chasseuse
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Dim 17 Sep 2017 - 23:35

Cet homme à peau de bête m’avait laissé sans voix. Ce qui était rare vu mon caractère de merde, prompt à lancer des piques à n’importe qui - et n’importe quoi -.
Je le regardai un moment. Il avait plus ou moins accepté ma demande silencieuse et me proposait de m’entraîner avec lui. Je ne pensais pas que ma requête allait être acceptée sur le champ et je m’étais préparée à défendre mon point de vue. À présent que tout s’était réglé à une vitesse fulgurante, je ne savais plus trop quoi dire…

Je me posais beaucoup de questions sur cet homme. Déjà parce qu’il était l’un des premier à qui je parlais - avec Jey - et en plus parce que je pouvais déceler un malaise chez lui.. Comme si il n’était pas à sa place mais qu’en même temps, on ne pouvait l’imaginer ailleurs.

Voyant qu’il ne voulait pas s’étendre plus longtemps sur le sujet, je décidai d’acquiescer silencieusement et me mis en position.
Il m’attaqua le premier. Son bâton dans les mains, il frappa mon côté gauche et je ne parvins pas à esquiver ou parer le coup. Je poussai un grognement lorsque le bâton toucha mes côtes dans un bruit sourd. Je tentais de reprendre mon souffle mais il attaqua de nouveau, sûr de lui. Sa force physique de mâle m’obligeai à reculer de plus en plus. Je finis par changer de tactique. Je me baissai rapidement et dans une rotation du corps, je balançai ma jambe dans son tibia, le faisant basculer en arrière. L’homme tomba lourdement sur le sol, un peu étourdit. Il me regarda un moment, songeur, pendant que je me remettais en position. J’étais plutôt satisfaite d’avoir réussi à le faire tomber mais je n’allais pas fanfaronner à ce propos.

Il se releva en s’aidant de son bâton et se rua sur moi. Lui aussi avait changé de tactique en optant pour le style « fonce-dans-le-tas », que j’appréciais moi-même beaucoup.
Je l’esquivai de justesse mais me pris les pieds dans une espèce de branche ou racine. Contrôler sa chute n’est pas chose facile, surtout lorsque l’on risque de se faire taper dessus à tout moment. Je me laissai donc rouler sur le sol afin d’anticiper ma chute et de rester loin de mon adversaire.
Celui-ci ne comptait pas me laisser m’échapper comme ça. Il attrapa ma jambe gauche et par réflexe, je lui donnai un coup de pied droit dans la mâchoire. Il recula et je me remis sur les pieds en m’approchant de lui, prête à m’excuser pour ce coup involontaire. Soudain, il se redressa et m’attrapa les poignets, puis, dans un geste brusque, me reversa en arrière.

J’avais le souffle coupé par ma chute et par la rapidité de l’attaque. Pour être honnête, je me sentais trahie. Je n’étais pas préparée à cela, d’autant plus que je m’apprêtais à m’excuser, évènement déjà très rare dans ma courte vie d’éveillée.
Je le regardai dans les yeux en fronçant les sourcils, en une expression du visage à la fois boudeuse et interrogative.
Je cru voir de l’amusement dans son regard, ce qui n’aidait pas.

« Ne jamais baisser sa garde ».

« Je m’en souviendrais » répondis-je, le souffle un peu court.

Nous étions toujours dans une position un peu inconfortable, lui au-dessus de moi, me tenant les poignets. Tout dans ce tableau avait de quoi me rendre furieuse. Un mâle, dans une position de dominance physique vis-à-vis de moi, bien trop près de mon corps. Et pourtant, tout ce que je ressentais était une sensation de gêne inconfortable et le feu qui me montait au joues.
Je ne comprenais pas bien ce qu’il se passait, mais je n’étais pas sûre d’aimer ça.

« Bon, on va rester comme ça longtemps ? ».
Abh
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Jeu 28 Sep 2017 - 0:27

Abh n'eut pas le temps de se retourner, que Dula passait rapidement près de lui, la lance pointée vers l'animal. Il eut le temps de percevoir les muscles du bras de son amie, avant qu'elle n'envoie d'un mouvement souple et puissant l'arme vers sa cible. Il ne tourna pas la tête pour contempler le résultat, mais scruta plutôt la réaction de sa partenaire. Il saurait à ses traits si elle avait eu sa proie, ou pas. Pendant un instant, rien ne sembla bouger, puis la cime poussa un grognement en bondissant vers l'endroit ou le raton laveur avait disparu. Abh la suivit du regard, l'air amusé. Si elle n'arrivait pas à l'attraper, ce n'était pas lui qui réussirait. Il était beaucoup trop lent pour courir après des bétails pareil.

Cependant, il marcha dans le sillon de Dula, observant les alentours et jetant un œil vers le campement de temps à autres. Lorsque Sevin tourna sa tête vers lui, de loin, Abh lui fit un signe rassurant, levant sa main au niveau de son épaule et pointant le doigt vers les arbres sombres. Il entraperçut les cheveux de la blonde, et marcha dans cette direction pour la rejoindre, stoppée entre quelques arbres, le souffle court et les mains sur ses hanches.

« Il s'est fait la malle, l'enfoiré ! J'ai failli l'avoir, c'est pas passé loin. C'est con, ça nous aurait permis d'avoir quelque chose dans le ventre... J'ai faim. »

Le chauve observait les traits de la cime, un sourire léger sur ses lèvres estropiés. Elle semblait à la fois déçu, à la fois hilare. Cette petite course après un furtif raton laveur ne semblait pas lui avoir autant déplut qu'il l'aurait pensé. Il gronda doucement son approbation, sentant son estomac réclamer de la nourriture. Il aurait pu manger deux bestioles de cet acabit, à cet instant.
Ils retournèrent vers la clairière d'un pas léger, souriant bêtement, et ce n'est que quand il tourna la tête vers les profondeur de la forêt qu'il les vit : trois guetteurs, suffisamment loin d'eux, pas franchement résolus à venir les attaquer, les scrutaient. Son sourire tomba, et il donna une légère tape sur l'épaule de Dula, lui montrant les ombres sinistres qui continuaient de les suivre des yeux. Elle grogna, mais s'abstint de tout commentaire. Ils s'étaient stoppés et fixèrent un moment les monstres, avant que ceux ci ne disparaissent derrière des troncs, dans les ombres des arbres.

« Ils ne nous lâcheront jamais les basques... »

Ils continuèrent d'observer les bois pendant un moment, mais ne les virent pas réapparaître, et ils s'éloignèrent vers l'orée de la clairière, retrouvant les autres.
Sevin marcha vers eux, un sourire en coin posé sur son visage sombre.

« Vous nous faites des cachotteries ? »

« On a loupé un petit en-cas, et des bestioles nous surveillent, là-bas. Trois. Mais elles ont disparues. Faut qu'on reste sur nos gardes. »

Le sourire du racine s'était éteint, et son regard -ainsi que ceux de Kaely, Atalant et Konol – s'était tourné vers les arbres, légèrement balancés par la brise fraîche.

« Telod a raison. Il faut qu'on sache se défendre. Et il nous faut des armes. »

Abh grogna en hochant la tête, et se détourna vers le centre de la clairière. Il allait leur falloir tellement de choses. Leur survie impliquait beaucoup d'éléments, et le moindre détail comptait.
Vera
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Jour d'éveil : Jour Dix-Neuf
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Dim 1 Oct 2017 - 22:46

Vides de vie, d’espoir et de bon sens, ses prunelles smaragdines embrassèrent le petit groupe, alors qu’elle se tordait le cou. Certains continuaient de se battre ; la chasseresse prit les poings du hurleur, folle qu’elle était. D’autres déambulaient, s’extrayaient du couvert des arbres : le géant et son acolyte, la mine fermée et les traits tirés, le faciès sale ; comme le sien.
Sans se soucier d’elle, ils vivaient leur passion démente, au milieu de la terre et les feuilles qui respiraient la perfidie autant que l’humus respirait les cadavres.

Son souffle était froid. De la buée menaçait de s’étaler en volutes devant sa bouche fine et tranchée de gerçures profondes. Elle avait froid. Vera mourrait de froid. Elle éternua.
Son nez était rouge, ses cheveux mouillés. Ses yeux morts étaient maquillés d’œillères sombres ; la fatigue de sa noyade.  Ses longues mains décharnées pendaient près de ses cuisses rachitiques, et c’était tout son corps qui paraissait pitoyable.

Trop craintive pour demeurer, mais pétrifiée à l’idée de s’en aller, l’Echouée alla trouver réconfort contre l’écorce rêche du pommier. Elle sentait les tombes surmontées de totems, encore, mais aussi la pourriture des feuilles, et la sève. Sous ses doigts faibles, la peau de l’arbre glissait, parfois agrippait ses ongles coupés sauvagement. Puis, sans qu’elle ne s’en rende réellement compte, Vera se tourna face au fût, leva les bras vers pour tâter la paroi d’escalade.

Elle fut bien ridicule à tenter de grimper sur le pommier, sa manière de gesticuler pour atteindre la plus basse fourche, là où les branches divisaient le tronc. En poussant sur ses bras maigrichons et raclant de ses pieds abîmés le torse du feuillu, Seule parvint à se hisser sur son perchoir inconfortable.
Là-haut, elle se sentit à peine un peu plus en sécurité. La rivière nocturne de ses cheveux collait à sa peau blême et malade, sans jamais la réchauffer ; elle était encore détrempée, et s’emmêlait dans les bourgeons.
La fille de l’eau se recroquevilla comme elle le put, genoux pressés contre sa poitrine inexistante et bras les enserrant.
Ses yeux fatigués baissés vers la vie qu’elle rejetait, Vera veillait. Tant que le soleil ne mourrait pas derrière les dents acérées des montagnes, elle aurait encore l’assurance de sa vue ; lorsque la nuit apporterait ses tourments, l’anxiété la tuerait.

La fille sauvage passa négligemment une main sous son nez, pour l’empêcher de plus couler. Ridicule, et bien puérile, qu’elle paraissait ; frêle au possible.




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Ven 6 Oct 2017 - 19:06

La nouvelle ennemie de Galline avait accepté de s'entraîner avec moi. A sa fougue et sa force je devinais qu'elle était bien une racine, la jeune femme avait de l'énergie à revendre.
Autour de nous les combats s'intensifiaient. J'étais heureux de leur participation, j'avais l'impression qu'enfin notre petit groupe sortait de la paresse qui s'était emprise de lui avec le froid mordant, que nous agissions une bonne fois pour toutes afin de nous réchauffer et de produire quelque chose.

Sonné par la résistance de la jeune femme, j'avais un petit désir de contre attaque. Sans me faire attendre, je profitais d'une ouverture pour la plaquer au sol. Mes mains sur ses poignées, mon corps au dessus du sien, je lui dis de ne pas baisser sa garde. Elle acquiesça.

- Bon, on va rester comme ça longtemps ? demanda-t-elle après un moment de flottement.

Il est vrai que la position avait quelque chose d'étrange, peut-être d'un peu trop intime. Je grognai puis je la libérai et me redressai lentement. Sans tarder je me remis sur mes jambes et tendis ma main pour l'aider à se relever. Ceci fait, je lui fis face à nouveau, un sourire en coin sur les lèvres avant de lancer :

- On continue ?

Et les affrontements se poursuivirent ainsi un long moment.
Cette nouvelle me plaisait bien, elle avait de l'énergie à revendre et une force de caractère qui pouvait faire du bien au groupe à condition qu'elle ne soit pas aussi agressive que Galline.

Une fois les affrontements finis, j'entendis que Abh et Dula avaient failli réussir à chasser un raton laveur pendant que nous nous battions. J'hochai la tête, impressionné, et d'un œil je cherchai la dernière nouvelle. Alors je vis alors Jey, le visage redressé vers le haut, qui fixait quelque part avec un sourire niais le long du visage. Suivant son regard, je vis la nouvelle petite sauvageonne perchée dans le grand pommier. Elle semblait surveiller les alentours.

Décidément, ces dernières recrues avaient quelque chose d'hors norme !

RP CLOS. Sylve et Vera sont ajoutées au groupe Terre Rouge.

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