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Le saule et l'hirondelle [Staz][Fin du jour 19, jour 20][Important][CLOS]
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Sam 26 Aoû 2017 - 10:40

Précisions:

La marche avait été difficile et longue, mais le vieil homme ne semblait pas faiblir. Il plaçait un pied devant l'autre à un rythme soutenu en longeant la lisière de la grande forêt, au nord de la vallée, suivi par Staz qui semblait être emporté par le mouvement sans réellement savoir pourquoi.
La lumière diminuait peu à peu, bien que le soleil ne perce pas à travers les nuages gris et blancs, il était aisé de sentir la nuit arriver. Le froid mordant s'armait alors de ses pires pointes pour les planter dans la chair à la moindre ouverture dans les vêtements de peaux.
Ainsi se couchait le dix neuvième jour depuis ce que nous appelions : le réveil des premiers individus. Étaient-ce bien les premiers ? Ka, le vieil homme mystérieux, qui marchait avec détermination en cette fin de journée, mettait en doute cette appellation. Sans que cela ne soit explicite, il a prétendu être né avant le jour 1, et aucun autre individu que l'on pouvait rencontrer dans cette vallée à l'heure actuelle ne pouvait en dire autant.

Arrivé à un certain arbre que le vieil homme eut l'air de reconnaître - parce qu'il hocha la tête en souriant à sa vue - il bifurqua en allant directement dans la forêt. Après quelques pas, une clairière était en vue.
Une petite maison aux fondations en pierre, murs en bois et toit en une forme de chaume, contenant une cheminée en terre cuite, placée sur le côté de la clairière. Un potager abritant toutes formes de plantes comestibles contre cette jolie maison. La décoration, agréable et esthétique, ornait le lieu de toutes parts si bien qu'on ne voyait presque qu'elle. Des sculptures, des symboles abstraits, des peaux...

Tout était construit pour être beau, mis à part un colossal détail sur l'ensemble du sol de la clairière, à l'arrière de la maison. Il était là une inscription noire monstrueuse, qui repoussait à l’œil tout homme de bon goût par sa singularité et son côté inquiétant, formé de symboles géométriques abstraits épars et rassemblés dans un disque de plusieurs pas de rayon, qui couvrait tout le sol de roche.

Ka ne s'attarda pas à l'extérieur, sans attendre il demanda à Staz de le suivre à l'intérieur, où le vieil homme entreprit immédiatement de faire un feu dans la petite cheminée. L'atmosphère de la pièce était chaleureuse, il y avait tant de choses dans tous les coins qu'on ne savait où regarder, alors que la maison était minuscule. Des meubles aux formes arrondies et rigolotes supportait de nombreuses petites sculptures, en pierre, en os, en cornes, en brindilles parfois, ainsi que des outils, des pots, des vases, qui étaient toujours faits avec esthétique. Des peaux sur le sol en guise de tapis étaient agréables aux pieds. Un simple lit à une place résidait dans l'angle, et alors qu'il plaçait du petit bois dans l'âtre de la cheminée - cette dernière étant plutôt bien fermée pour empêcher la maison de brûler, ce qui obligeait à glisser sa main pour placer le bois - le vieil homme demanda à Staz tout haut :

- Viens, jeune homme. Tu te réchaufferas. Entre, on est à l'aise ici.

Il entreprit ensuite de frapper entre eux deux silex pour former des étincelles. On voyait dans sa gestuelle une expérience certaine, là où beaucoup auraient pris un temps fou, lui faisait tout avec une facilité déconcertante.
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Mar 29 Aoû 2017 - 9:49


                               

Un pas après l'autre, Staz avançait comme si ses jambes ne faisaient plus parties de son corps. Ses pieds traînaient lourdement au sol, alors que ses épaules affaissées trahissaient fatigue et détresse. Ses genoux écorchés, à force de tomber, ne lui faisaient même plus particulièrement mal, tant ses jambes étaient engourdies par le froid. Les nuages semblaient décidés à ne pas laisser le soleil venir réchauffer la peau glacée du jeune homme, qui avait de plus en plus de mal à avancer.

Staz suivait Ka. Pourquoi ? Il n'en avait lui-même aucune idée. Peut-être parce que Ka n'était désormais plus que son unique repaire. Ou peut-être était-ce aussi parce qu'il n'avait nul part d'autre où aller. Il était seul, désormais, et en serrant un peu plus sa peau de bête autour de ses épaules, Staz en était de plus en plus conscient.

Ils avaient marché dos à sa maison, à ses amis. Ca avait peut-être été le plus dur, bien plus difficile pour lui que de découvrir des endroits qu'il n'avait jamais visité, complètement perdu, et un eu apeuré. Le fait d'abandonner ses amis -il était certain qu'il s'agissait d'abandon- sans même pouvoir leur adresser une parole le terrifiait et le blessait plus encore à chaque pas. Désormais, il suivait Ka, peu importe où celui-ci le mènerai.

Désormais, après avoir longé quelques temps la lisière du grand bois, ils avaient bifurqué pour la pénétrer. Ce bois-là n'avait pas grand chose à voir avec le petit bosquet qu'il connaissait. Les arbres étaient immenses, et semblaient tous le juger, lui, misérable insecte qui trébuchait sur chacun de leur racine, avec sévérité. Alors Staz baissait les yeux pour tenter d'ignorer ces regards, eux et ceux de la multitude de guetteurs qui devaient les entourer à chaque instant.

Le froid était tellement violent que Staz tremblait de tout ses membres. Serrant ses bras contre lui, tenant du bout des doigts la peau pour essayer de se réchauffer un peu, il sentait qu'il arrivait à bout de ses forces. De tout le voyage, il n'avait dit un mot, ne cessant de tomber, de se relever, de suivre Ka à une dizaine de pas de distance. Sans jamais trop s'éloigner, de peur d'être à nouveau seul, de peur ...

De retomber sur ce genre de créature ? Il n'y avait pas qu'elle, c'était une certitude, et dans sa folie, finalement, elle avait été plutôt clémente. Elle n'avait tué Staz. Et Staz pensait qu'elle n'avait pas tué, non plus, Hiss. Enfin, il ne pouvait que l'espérer. Il y avait tellement de choses de quoi Hiss pouvait mourir .... Qu'elle croise à nouveau ce sanglier, ou ces loups ... Ou même des humains ... Des guetteurs ... Ou cette chose, cet être noir, s'il n'avait pas tenu parole ... Mais avait-il une parole, au juste ? Il avait juste dit qu'il ne comptait pas le faire, après tout ...


Alors que ses pensées tournaient dans la brume de son esprit, Staz releva les yeux. Ka avait disparu. Mais aucune bouffée ne peur n'envahit Staz. Au contraire. Ses yeux s'écarquillèrent, alors qu'il se retrouva face ... A une maison. Pas juste une grotte, ou un abri ou ... Non. Une maison. Avec des murs, et un toit. Et un potager, et des jolis trucs un peu partout, qui n'avaient pas tous l'air de servir à quoi que ce soit. Enfin, il n'en savait rien. Mais il y avait là, devant lui, quelque chose d'incroyable.

S'avançant d'un pas, puis de deux, il baissa les yeux sur le petit potager. Il savait que c'était un potager, parce qu'il y avait une dizaine de rangées de plantes étranges bien alignées, soigneusement écartées les unes des autres. C'était la première fois qu'il voyait ça. Et alors qu'il s'avançait encore, la petite chanson de Ka lui revint à l'esprit.

Une jolie maison, faite de pierre et de bois. Une jolie chanson, autour d'un feu avec toi.

Il cligna des yeux, s'approcha de la maisonnette avec toujours cet air hébété, effleura du bout du doigt les divers objets qui s'y trouvaient, et arriva sur le porche. A l'intérieur, tout était ... Beau ? Les larmes lui montèrent immédiatement aux yeux, qu'il repoussa du revers de la main. Une pensée blessante lui traversa l'esprit, comme un coup au coeur -l'idée que Hiss aurait pu être près de lui, mais qu'il ne la reverrait peut-être jamais ...-, qu'il repoussa du même revers. Alors, un pied après l'autre, Staz entra. Ses pieds touchèrent les peaux qui recouvraient le sol, si douces qu'il s'arrêta un instant pour recroqueviller ses orteils endoloris, et sourit.

Il y avait une cheminée, et même un lit. Pleins de choses étranges et ... belles remplissaient la pièce unique, donnant un air si chaleureux à ce lieu que Staz ne réussit pas à faire un pas de plus à l'intérieur tant il avait l'impression de découvrir un autre univers. Un ailleurs. Loin des guetteurs, loin des monstres dégoulinants, et même loin du froid, car déjà Ka allumait un bon feu, avec des gestes assurés. Bien loin de ce que eux avaient réussi à faire en si peu de temps ...

Alors, quand Ka l'invita à s'approcher, il ne se contenta que de faire un pas de plus, la mine étrangement tordue. C'était comme s'il pénétrait dans un endroit où il n'avait pas sa place. Le vieil homme avait sa maison et son jardin, sa sérénité et sa joie de vivre. La taille de l'endroit et celle du lit lui prouvait bien qu'il n'y avait de place ici que pour un seul homme, que Ka n'avait jamais voulu y faire vivre quiconque d'autre que lui-même -peut-être n'y avait-il même jamais pensé.
Grimaçant un sourire, et un peu honteux de profiter ainsi de tout ce que cet homme s'était construit pour lui-même, Staz baissa les yeux sur ses pieds à nouveau, savourant pour la première fois un sol vraiment agréable sous ses pieds. Et puis, il faisait presque bon, à l'intérieur, et même s'il n'osa pas desserrer sa peau de bête d'autour de ses épaules, il sentit que son corps se réchauffait.
- Je ne voudrais pas vous déranger ...
Il jeta un oeil un peu anxieux vers le lit, et puis vers ses pieds sales qui risquaient de salir ce bel intérieur. Il avait vraiment l'impression qu'il y avait tout un monde entre lui et ce vieil homme, et que même en toute une vie, il serait incapable d'arriver à faire ne serait-ce que la plus simple de toutes ces choses que cet homme avait accompli. Au final, peut-être qu'il serait un poids même pour ce vieillard.

Mais son corps était épuisé, et un regard en arrière lui apprit que la nuit tombait, et vite. Le froid devenait mordant, passant le pas de la porte comme une furie, tourbillonnant à l'intérieur, sans que Staz n'ose ne serait-ce que fermer la porte. Il ne pouvait plus repartir, il en était sûr, mais en même temps, il était incapable de faire un pas de plus. Il était condamné à rester là, le corps tremblant, debout à l'entrée de cette petite maisonnette. Et le flageolement de ses jambes, lui, ne faisait aucun doute sur le fait qu'il allait bientôt littéralement tomber de fatigue, après cette journée bien trop éreintante.

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Mar 29 Aoû 2017 - 13:24

- Parce que tu crois que je suis rangé ? répondit soudainement le vieil homme à l'inquiétude du jeune.

Il avait tourné des yeux amusés vers lui en lui donnant cette réponse absurde. Son ton n'avait pas été l'habituel, il avait été légèrement plus agressif et taquin. Aussi la phrase ne semblait pas être de lui, ce qu'il confirma sans tarder :

- C'est ce que m'a répondu Phel la première fois que je l'ai vu. Je lui avais dit la même chose que toi. On a toujours peur d'être de trop, de ne pas être à sa place.

Il poussa sur ses jambes et se releva alors que le feu crépitait dans la cheminée. Ka s'approcha d'un meuble, petite commode sur la gauche de Staz, et ouvrit le large tiroir supérieur.
Bruit de pierres qui s'entrechoquent faiblement.
Le vieil homme fit rentrer sa main dans le rangement et en tira un galet de la taille d'une grande main. Sur l'une des deux faces arrondies était esquissé un visage, dans une matière noire étrange - la même que celle qui se trouvait sur le sol de la clairière. Mais contrairement au dessin abstrait et inquiétant qui résidait à l'arrière de la maison, ce dessin là était esthétique et agréable à l’œil.

- Phel. présenta Ka en montrant le galet au jeune homme.

Le visage dessiné était taquin. Un sourire en coin, des yeux perçants, et les cheveux en bataille. Certaines cicatrices sur sa joue gauche, un visage plutôt maigre suggérant qu'il n'était pas d'une carrure imposante. Seul le contour des cheveux était tracé, montrant que ces derniers étaient de couleur claire. Globalement, le dessin était formidablement bien réalisé, on sentait le visage vivre à travers les quelques traits.

- Il plaisantait à chacune de ses phrases, et se fichait bien des bonnes manières.

Ka sourit et ramena l'oeuvre dans le tiroir, en la déposant délicatement. Puis il s'expliqua :

- Tout comme il me l'a fait comprendre à l'époque, sache que, moi aussi, si tu me dérangeais je te l'aurais dit. Et je ne t'aurais pas invité, jeune homme.

Le rangement restait ouvert quelques instants alors que le vieil homme regardait à l'intérieur. Staz ne voyait pas vraiment son contenu de là où il était, le peu qu'il voyait suggérait que le tiroir contenait d'autres galets du même type. Ka constata d'une voix grave et douce :

- J'en ai un de Isandrine, je peux te le donner si tu le souhaites. Mais celui-ci je l'ai dessiné moi-même, il est loin d'être parfait.

Et il mit les doigts sur l'un des galets, sur la droite, pour le sortir et le présenter au jeune homme. Cette fois il lui déposa directement dans la main, comme pour lui offrir.

- C'est elle que tu nommes Hiss n'est-ce pas ?

Non, le galet ne portait en rien les traits de Hiss. Au lieu de ça, il montrait une femme entre deux ages à l'air sévère, les cheveux noirs attachés en de nombreuses tresses, quelques rides et cernes encadrant son regard noir profond. Elle avait l'air profondément forte, inflexible, voire agressive. Encore une fois, c'était la même matière noire qui avait servi de matériau au dessin.
Une incompréhension pourrait naître dans la tête de Staz, alors que Ka poursuivait dans ce qui semblait être un constat erroné :

- J'ai fait de mon mieux pour la dessiner. dit-il. Si tu aimes ce dessin, je crois qu'il te revient de droit, moi je ne le mérite pas.

Puis il sourit, et pourra plonger le jeune homme dans une confusion encore plus profonde, alors qu'il conclut :

- En tout cas, je suis content qu'elle ait pu suivre un autre chemin, et trouver de nouveaux amis. Mais nous en parlerons demain si tu le souhaites, tu dois être fatigué.

L'attitude et le faciès du vieil homme laissait passer un certain engouement, qui trahissait d'une joie certaine à évoquer ces suppositions fausses. Au dessus du meuble dont le tiroir contenait les dessins, un détail pourra attirer l'attention. Initialement presque invisible au regard de celui qui ne connaissait pas les lieux, oublié entre un pot et une sculpture, un galet était disposé à la verticale. Le visage qui s'y trouvait représenté était celui d'une jeune femme au regard doux et à l'allure paisible. Un sourire gentil sur les lèvres.
C'était le seul galet à ne pas être rangé dans le tiroir.
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Mar 29 Aoû 2017 - 14:10


Staz sursauta à la remarque de Ka, relevant soudainement les yeux vers lui, l'air étonné. Il ne s'y attendait vraiment pas. Il cligna des yeux sans comprendre un instant, et un petit sourire naquit sur ses lèvres. Et comme Ka souriait, lui aussi, il se sentit soudainement profondément rassuré. Il n'avait rien à craindre de Ka, définitivement, et ce vieux bonhomme avait quelque chose qui lui donnait un rôle que Staz n'aurait jamais cru espérer trouver ici. Il ne le connaissait que depuis ce début de journée, et pourtant il avait une grande confiance en lui. Il avait quelque chose qui, à la fois à travers son âge et son caractère, lui donnait un air de figure paternel. Staz pensa une seconde qu'il aimerait bien devenir comme lui, aussi sage, mûr et raisonné. Aussi heureux dans ce monde si terrible.

Quand Ka évoqua son ami Phel, le sourire de Staz se ternit légèrement. Car à aucun moment il n'eut l'impression que ce Phel était encore de ce monde.
Alors, quand le vieil homme sortit de sa boite au trésor ce galet si joliment dessiné, il en resta bouche bée, à la fois vis-à-vis du dessin qui était vraiment réaliste, mais aussi au fait que ce galet était sans doute pour Ka un moyen de se souvenir de cette personne disparue. Or, dans ce tiroir, il ne semblait pas y avoir qu'une seule pierre. Il examina le caillou jusqu'à ce que Ka le range à nouveau.

Pinçant les lèvres, Staz s'approcha d'un pas. Sur la pointe des pieds, il regarda dans le tiroir. Il y avait en effet des dizaines de visages, certains retournés par l'ouverture du tiroir, des plus jolis que d'autres, de toutes tailles, d'hommes et de femmes, dessinés sur des pierres toutes différentes. L'encre noire était toutefois toujours identique, et quand Ka parla de cette Isandrine, Staz se redressa comme si de rien n'était, peinant toutefois à cacher son trouble. Ils n'étaient pas tous dessinés par lui ? Par Phel alors ? Non, car il aurait eut du mal à se peindre lui-même ... Il cligna des yeux, et son sourire disparut complètement quand Ka posa le fameux galet dans sa main. Celui qu'il avait fait lui-même. Il analysa la pierre avec une mine perplexe.

C'était une femme, ni belle ni laide, dont il n'arrivait pas vraiment à déterminer si elle était jeune ou vieille. Elle avait visiblement des cheveux très foncés, et son regard était vraiment impressionnant, lui rappelant un peu celui d'Aël. Une Aël brune aux cheveux tressés, qui avait l'air tout aussi forte et agressive. Alors, quand Ka identifia Hiss à cette femme, il fronça imperceptiblement les sourcils. Ah non, ce n'était pas Hiss. Définitivement pas. Il releva les yeux vers Ka, qui continuait à parler d'un air joyeux. Ce caillou ne représentait pas Hiss. Les traits avaient beau avoir l'air moins précis que ceux des autres galets, ce n'était pas juste une erreur de dessin, et ça Staz en était sûr. Ce n'était pas la même personne.

Et quand Ka parla d'un nouveau chemin, de nouveaux amis, là, ce fut le trouble total. Non. C'était impossible. Comme si Ka connaissait personnellement Hiss. Son passé, en tout cas. Ce n'était pas possible. Hiss n'était pas réveillée depuis bien plus longtemps que lui-même, et ils avaient passé le plus clair de leur temps ensemble. Et ça, ce n'était pas Hiss.
Alors, quand il parla, sa voix fut plus tranchante et enrouée qu'il ne l'aurait voulu, manifestant clairement son trouble.
- Non.
Tendant la main, il replaça le galet dans la main du vieillard, faisant par maladresse tomber la peau de bête de ses épaules. Toutefois, il ne parut même pas le remarquer, car son regard profond jaugeait Ka, le fixant droit dans les yeux.
- Je suis désolé, je ne sais pas qui est cette femme, mais ce n'est pas Hiss.
Il cligna des yeux, et parut troublé par tous ces galets qu'il voyait encore dans le tiroir. Passant d'un pied sur l'autre, il secoua la tête.
- Hiss est ... Belle. Et jeune. Et blonde, aussi. Elle s'est coupée les cheveux pour les offrir aux fourmis.
Il secoua la tête, comme si cette seule anecdote justifiait complètement que ce n'était pas elle.
- Hiss est une belette, pas une tigresse.
Il continua à secouer la tête, la mine un peu triste.
- Vous devez vous tromper.
Alors, son regard se posa par hasard sur le galet qui, seul, reposait sur le dessus du meuble. S'en approchant d'un pas, il l'étudia un instant, avant qu'un vrai sourire ne monte sur ses lèvres. Un vrai sourire joyeux, rassuré. Alors, montrant le petit galet représentant une jeune femme, il se tourna vers Ka.
- Oui, Hiss ressemble plus à cette femme, elle est ...
Il parut réfléchir une seconde, avant de dire, les yeux légèrement plissés dans une expression vraiment joyeuse, comme si ce seul mot décrivait profondément sa Hiss :
- Gentille.

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Mar 29 Aoû 2017 - 15:11

Le hasard décidera de la réaction du vieil homme devant les dires du jeune. Suivant le cours des choses, il pourrait être amené à en dire un peu plus, ou un peu moins, sur ce qui semble troubler Staz.

1 - 3 : Valet de trèfle.
4 - 9 : Valet de pique.
10 - 17 : Valet de cœur.
18 - 20 : Valet de carreau.

***

Le valet de pique est tiré.

Ka sembla étonné et perplexe alors que Staz lui rendit le galet. Il ne souriait plus, et dévisageait le jeune homme avec une expression étrange, comme si quelque chose lui échappait. Il l'écouta parler jusqu'au bout, puis il reposa le galet dans le tiroir.
Le vieillard hocha la tête à plusieurs reprises, le regard dans le vague, avant de dire d'une voix profonde et rauque :

- Je vois, oui. Excuse-moi, j'ai fait erreur.

Il avait parlé lentement et semblait réfléchir. Comme le galet posé sur la commode avait été désigné par Staz, Ka regarda dans cette direction et commenta ses dires avec calme, tout en souriant :

- Et en effet tu as raison, cette jeune femme qui est dessinée là était très gentille.

Son sourire redescendit, et il fixa le jeune homme à nouveau. Il ne s'exprima pas davantage sur ce que Staz avait évoqué. Un instant s'écoula, on entendait une bûche rompre dans l'âtre, l'odeur et la chaleur qui s'en échappait donnait un côté paisible et heureux à la scène. Une hésitation semblait planer sur les têtes, il était évident que Ka réfléchissait à quelque chose tout en plaquant ses mains sur le bois du meuble, mais difficile de savoir exactement ce qu'il avait en tête. Comme d'habitude, le vieil homme mystérieux ne laissait rien transparaître, il se contentait de penser lentement et tranquillement. La situation n'était pas angoissante, et ne paraissait pas fondamentalement importante, on voyait juste que le vieil homme cherchait ses mots, et on aurait eu du mal à interrompre le silence pour stopper cette réflexion. La porte, qui était restée ouverte, fit passer le souffle d'un vent glacial dans la demeure, ce qui réveilla le vieil homme de ses pensées. Aussi ce dernier contourna Staz et vint fermer la porte d'un geste doux. Enfin, alors qu'il retournait le visage vers le jeune homme, Ka posa une question très simple :

- Puis-je te demander où tu as obtenu ton collier ?

Et il lui souriait, alors que ses yeux montraient une pointe de curiosité.
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Mar 29 Aoû 2017 - 16:05


Visiblement, Ka était vraiment étonné de ne pas avoir correctement deviné qui était Hiss, mais Staz, plus que tout, était très perturbé par cette révélation étrange. Pourquoi cet homme avait-il pensé reconnaître Hiss ? Tout ce qu'elle partageait avec la personne du galet était ses grands yeux noirs, mais cela ne suffisait pas à en faire deux femmes se ressemblant ! Et puis, où aurait-il vu Hiss, au fond ? Les avaient-ils espionné, de loin, durant leur voyage, ou bien avait-il vu leur début de campement ? Peut-être avait-il même vu Hiss après que lui-même ait quitté la grotte, durant sa chasse. Mais dans ce cas-là, il ne pourrait pas se tromper ainsi, c'était absurde. Alors pourquoi pensait-il connaître Hiss, et quel était le lien qu'elle pouvait avoir avec cette ... Isandrine ?

Ka s'excusa, avec cette mine perturbée qui rassura un peu Staz. Peut-être qu'effectivement, Hiss n'avait rien à voir avec cette Isandrine ... Mais pourquoi, alors ? Il secoua la tête pour lui-même, tentant de chasser toutes ces questions sans réponses.
Mais quand Ka employa le passé pour décrire la jeune fille qu'il avait désigné, le sourire étrange de Staz, qui naviguait naturellement entre la joie d'avoir pensé à Hiss, la peur de l'avoir perdue et le doute de cette étrange suggestion, disparut à nouveau, et il ne put s'empêcher un autre regard à ce petit galet, un petit bout de nature où avait été gravé une image.

Le silence s'allongea encore quelques minutes, alors que Staz fixait toujours le doux visage de la fille avec un air inquiet - Etait-elle vraiment ... décédée ? Et si Hiss subissait le même sort ?-, avant que Ka ne se déplace finalement pour aller fermer la porte. Staz le suivit du regard, les lèvres soudées en une expression perplexe teintée de tristesse. Et revenant vers lui, le vieil homme lui posa la question, à propos de son collier. Son énorme collier, dont le poids pesait lourd sur ses épaules, et les maillons glacials marquaient sa peau à certains endroits, mais dont il avait quasiment oublié jusqu'à la présence durant toute la journée. Mais il était toujours là, intact, ses anneaux abîmés par les eaux et le temps. Il l'effleura du bout des doigts, et releva les yeux vers Ka, en haussant les épaules.
- Je sais bien qu'il est pas très très joli, mais moi je l'aime bien. Mais je veux pas qu'on le touche, j'ai peur que celui qui l'a fait soit mort.
Il finit par s'avancer plus en avant dans la maisonnette, pour venir poser ses fesses près de la cheminée, ramenant ses genoux contre son torse. Le sol était chaud, et les vagues de chaleur qui émanaient du feu lui firent un bien fou.
Il frissonna, les yeux légèrement dans le vague, avant de secouer la tête pour lui-même en regardant à nouveau Ka d'un air légèrement inquiet.
- Je l'ai trouvé dans l'eau du lac. Hier ... ou peut-être le jour précédent. L'eau était froide et ...
Il ferma les yeux, le visage cripsé, comme si une douleur fulgurante avait traversé son corps.
- Sans Hiss, je serais mort.
Il secoua la tête une fois de plus, et regarda à nouveau Ka, un sourire timide sur les lèvres, malgré la détresse qu'on pouvait lire dans son regard.
- Hiss est gentille. C'est une belette.
Puis se rendant compte qu'il l'avait déjà dit, il secoua la tête, et perdit son regard dans le feu.
- J'ai plongé, et je l'ai trouvé. Et après, j'ai failli mourir.
Ses mains saisirent le collier, et sans le regarder, il écouta le cliquetis de ses maillons.
- Il était profond. On a du l'y jeter. Ou alors, le perdre en mourant.
Sa voix se faisait de plus en plus faible, et on ne savait plus désormais s'il parlait toujours à Ka ou bien s'il parlait pour lui-même.
- Je suis sûr qu'il est mauvais. Mais je l'aime bien. Parce que quelqu'un l'a fait.
Mais alors qu'il lâchait la chaîne, qu'il se redressait légèrement et tournait son regard vers Ka, l'inquiétude se lisait sur tous les traits de son visage. Une inquiétude vraie, qui tord le ventre et tourne les questions en boucle dans la tête. Ses grands yeux fixaient Ka, et ses mains tremblaient un peu. Et il y avait au fond de ses yeux de la détresse.
- Tous ces galets ... Les gens ... Ils sont ... Ils sont ... morts ? Et où sont Phel et Isandrine ? Et Hiss, qu'est-ce qu'elle a à voir avec cette ... cette tigresse ?

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Mar 29 Aoû 2017 - 19:04

Ka écouta le jeune homme jusqu'au bout, sans l'interrompre, tout en venant s'asseoir près de lui. Son visage tranquille ne laissait passer aucune émotion alors que celui de Staz s'animait de toutes sortes d'angoisses. Finalement, une fois le discours du jeune homme terminé, un silence se fit. Ka inspira longuement, regardant les flammes quelques instants, puis il souffla :

- Tes pensées sont trop sombres, jeune homme. Elles sont trop dures par rapport au véritable monde, qui, même s'il n'est pas toujours très doux, n'en est pas non plus un amas de ronces.

Il fit une petite pause, puis s'expliqua :

- La mort fait partie de ce qui nous entoure, c'est vrai, mais elle n'est pas omniprésente comme tu le suggères dans tes propos. La mort est une finalité malheureuse, mais nous avons le temps de vivre et de sourire avant de la voir venir. Ce n'est pas parce que je dessine le visage d'une personne que celle-ci est décédée.

Il posa ses mains sur le sol et poussa sur ses jambes pour se mettre debout. Alors il posa la paume sur l'épaule de Staz et baissa légèrement la tête pour lui confier :

- Et je vais te le prouver.

Puis il se retourna vers la commode, ouvrit à nouveau le tiroir des galets, et prit le galet qui était le plus à droite de tous. Il l'examina un court instant puis s'approcha de Staz avec le dessin, une fois arrivé à son niveau il lui présenta.

- Reconnais-tu notre ami ? dit-il.

Sur le galet était dessiné, assez justement pour qu'on le reconnaisse au premier coup d’œil, le visage de Salim. A nouveau, le dessin n'était pas aussi bien fait que celui de Phel ou celui de la jeune femme sur la commode. Celui de Salim était du niveau de celui d'Isandrine, un peu plus grossier, un peu moins précis et moins juste, mais tout de même correct, réaliste et ressemblant.

- Il a simplement choisi de suivre sa route, de son côté, tout à l'heure. Moi, je suis un loup solitaire, j'ère et j'arpente la vallée en rencontrant des visages amicaux qui me marquent et que je choisis d'inscrire sur les pierres. Ne pense pas que ces dessins suggèrent leur mort, ils suggèrent simplement le fait que j'ai des amis, tout comme toi tu en as. Je ne peux pas vivre avec eux, parce que je suis comme ça, je ne peux pas vivre en communauté, mais je pense à eux.

Une pause suivit cette longue tirade. La lenteur de la prononciation de ses mots suggérait le fait que Ka les choisissait soigneusement avant de les prononcer, comme s'il voulait être le plus précis possible. Il rangea le portrait de Salim dans son tiroir, avant de refermer ce dernier. Le vieillard revint alors s'asseoir près du jeune homme.
Sa voix reprit pour répondre à une autre question de Staz.

- Isandrine, par exemple, a choisi de suivre son propre chemin tout comme Salim. D'ailleurs il est normal qu'elle ne vive pas auprès de moi, puisqu'elle ne me supporte pas. Moi je l'aime bien, mais elle, elle me hait comme si elle était chien et j'étais chat. On ne peut pas être aimé de tout le monde.

Il se permit de placer sa main sur le collier de Staz et de prendre le médaillon dans sa main.

- C'est elle qui l'a fait. Ton collier appartenait à Isandrine, j'ai cru qu'elle te l'avait donné, et elle n'aurait pu le donner qu'à un ami très proche, c'est pourquoi j'ai imaginé que tu parlais d'elle en disant "Hiss", je pensais que ce nom était un diminutif de Isandrine, je me suis trompé.

Ka fit un clin d’œil en souriant. Puis il conclut sur le collier en le lâchant délicatement :

- La connaissant elle a du le jeter dans le lac sur un coup de tête.
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Mar 29 Aoû 2017 - 20:37


Quand Ka vint s'asseoir à côté de lui, Staz ne put s'empêcher de sentir les larmes lui monter au yeux. Non pas qu'il se sentait triste, ou même malheureux, mais la présence de cet homme, ce vieillard, qui depuis le début de la journée avait passé son temps à prendre soin de lui, sans compter toutes les misères qu'il lui attirait ... Un instant, Staz sentit son coeur balancer, avec cette sensation profonde d'être à nouveau -ne l'avait-il jamais été ?- un enfant. Il avait envie de pleurer à chaudes larmes, de se précipiter dans les bras rassurants d'un père, et d'oublier toutes les monstruosités de ce monde. Retenant avec difficulté ses larmes, il se contenta de se rapprocher imperceptiblement de l'homme qu'il respectait tant. Un instant, il eut profondément envie de vieillir à l'image de cet homme, de devenir vieux et sage, mûr et rassurant, optimiste et protecteur. Et de construire de jolies choses. Une belle maison, un beau jardin.

Il secoua la tête pour lui-même passant sa main dans ses cheveux, et se frotta les yeux du revers de la main. Ses yeux brillaient étrangement, et même Ka aurait pu s'en rendre compte. Alors, quand Ka lui montra le visage de Salim, aux traits grossiers mais précis, il se demanda si lui aussi, un jour, il ferait parti de la mer de galets. C'était à la fois rassurant et effrayant. Un visage parmi tant d'autres. Il ne voulait pas disparaître ... Ni même prendre un chemin seul, une fois de plus.
Pourtant, le constat tomba, comme un sermon. Il était seul. Cet homme vivait seul, comme il le disait clairement, et demain déjà, Staz devrait reprendre la route. Seul. Personne ne l'accompagnerai, personne ne le rassurerai. Il n'avait plus le droit de se cacher derrière les autres, désormais. Alors, ravalant ses larmes, il se contenta d'écouter ce que Ka lui disait, sentant ses épaules s’affaisser un peu plus encore.

Quand Ka évoqua le collier, et déclara qu'il appartenait à Isandrine, Staz posa un regard étrange sur ses maillons. Elle l'avait fait, cette fille, cette tigresse. Avec son air sévère, et au prix de sa sueur, elle avait forgé ces maillons un à un pour finalement assembler ce large collier. Un instant, il se demanda comment Ka pouvait assurer avec certitude que c'était bien elle qui l'avait forgé, mais il s'abstient de poser la question, et se contenta de rester muet. Finalement, il rompit le silence en relevant de grands yeux vers le vieil homme.
- Merci.
Un instant, il garda le silence, jaugeant calmement le collier, avant de finalement, délicatement, le retirer. Et, en silence, il le posa sur les genoux de Ka.
- Dans ce cas ... Ce collier ne me revient pas.
Il soupira en haussant les épaules, l'air de ne pas avoir l'air concerné, mais Ka ne s'y tromperai sans doute pas, et verrait bien son trouble.
- Puisqu'elle ne l'aurait laissé qu'à un ami proche, alors je ne mérite pas de le porter.
Il détourna les yeux, fixant les flammes. Son regard paraissait peiné, alors que de grandes ombres dansaient sur ses pupilles.
- Je sais qu'elle ne vous aimait pas ... Mais au moins, vous l'appréciiez, vous. Alors que moi, je ne connais d'elle que son nom. Et son visage.
Il haussa les épaules à nouveau, mais détourna les yeux à nouveau vers Ka, avec un air à la fois curieux et inquiet. Se levant, il regagna la commode, qui était fermée désormais, mais fixa la fille sur le galet. Il resta silencieux pendant une longue minute avant de se tourner vers Ka pour lui demander, d'une voix enrouée :
- Vous pensez ... Vous pensez que je peux essayer ? Vous pourriez me montrer ? Comment dessiner sur les galets, je veux dire ... J'aimerai beaucoup ...
Les mots refusant de sortir, il pinça des lèvres. Et, détournant le regard pour éviter de voir l'expression de Ka, continua.
- J'aimerai beaucoup vous la dessiner. Hiss.

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Mer 30 Aoû 2017 - 12:06

Pendant que Staz évitait de voir l'expression de Ka, ce dernier souriait tendrement. Il regardait le jeune homme debout avec un regard lointain, qui pourrait être qualifié de mélancolique. Ses doigts passèrent lentement sur les maillons du collier que Staz lui avait confié, puis il inspira longuement avant de répondre de sa voix grave :

- Cela n'est pas évident de dessiner pour la première fois. Il faut s'entraîner, tout le monde ne naît pas avec cela dans le sang.

Puis il hocha la tête en signe de décision, et se leva de toute sa hauteur, avant d'aller déposer une main sur le bras du jeune homme :

- Oui, je t'aiderai à le faire. Et je veux bien discuter avec toi de quelques autres bribes de savoirs, afin de t'aider à reprendre la route seul.

Il leva calmement un index, pour souligner un point important.

- Mais, dit-il alors, tu ne pourras pas rester ici plus que quelques jours. Et il faut que tu gardes en tête qu'un autre chemin t'attend bientôt.

Son ton était franc, son regard droit, il n'était pas en train de faire une proposition discutable. Puis il lâcha le bras de Staz. A l'extérieur le vent soufflait, on entendait la maison craquer par endroit, mais jamais on ne l'imaginerait trop peu solide pour faire face à ces bourrasques : elle semblait forte comme la roche. Le feu diminuait légèrement, et Ka s'approcha de ce dernier pour rajouter une bûche, et souffler pour le raviver.
Entre deux souffles, il prit le temps de dire :

- Cela dit, ce soir je pense qu'il serait plus sage de dormir. J'aimerai que tu prennes le lit. Moi, je vais me contenter d'une peau de bête par terre.

Et il sourit en affirmant cela. Se souvenant du collier qu'il avait dans la main, Ka parut alors intéressé par autre chose, il demanda :

- Mon jeune ami, tu es un Échoué n'est-ce pas ? Un homme qui s'éveille à la surface du lac ? Bon.

Son regard semblait chercher les mots à nouveau, et il s'exprima calmement et lentement, restant accroupi à côté de la cheminée.

- As-tu déjà fait quelque chose qui a eu un impact étrange, autour de toi ? Comme une force imperceptible que tu aurais réveillé, et qui aurait agi ?

Puis il éleva le collier devant son visage, laissant le médaillon tourner face aux flammes.

- Certains êtres ont appris à enfermer ces forces éphémères dans des objets et des symboles, pour les empêcher de se dissiper comme elles devraient le faire. Comme si tu construisais un barrage pour arrêter l'écoulement de eau.

Une pause. Silence. Ka réfléchissait, il avait l'air d'avoir quelque chose d'important à dire, cette fois. Son visage était grave, et une véritable difficulté paraissait s'introduire dans son discours, ce qui le poussait parfois à parler mot à mot, donnant les lettres au compte goutte.

- Et... Si, toi, tu voulais construire le barrage pour y boire, l'eau à l'intérieur du barrage, elle, n'a pas de conscience ni d'envie. Elle n'est pas là pour être bue, elle est là parce que on a voulu boire. Et même si tu t'en vas, en laissant ton barrage à l'abandon, en cessant de l'utiliser pour boire, l'eau, elle, qui n'a pas de volonté, qui n'a pas choisi d'être là pour être bue, et qui n'est pas faite pour être prisonnière, sera toujours dans le barrage.

A nouveau, Ka patienta un peu. Mais la pause fut moins longue, et il reprit de plus belle. Cette fois sa voix semblait décidée, un peu plus rapide :

- On ne manipule pas un cours d'eau comme on manipule une pioche ou une pelle. Parce qu'un cours d'eau vit. Il n'a peut-être pas de volonté propre mais il vit. Et il peut être plus fort que toi. Alors, si tu laisses ton barrage à l'abandon plutôt que de le détruire toi-même, et de laisser l'eau s'en aller, comment pourrais-tu deviner quelle fonction prendra l'eau alors que tu ne la boiras plus ? Et s'il y a une tempête, et si la terre s'effrite, et si l'eau s'échappe par elle-même, qui dira où elle ira ? Comment croire que l'eau continuera de suivre le chemin qu'on veut qu'elle suive, si nous ne sommes pas là pour nous en occuper. Évidement, s'il y a peu d'eau, ça ne peut pas être grave. Mais s'il y en a beaucoup... Finalement, toutes ces questions dépendent de la taille du barrage, et de la quantité d'eau qu'il contient mais...

Et il leva le collier devant Staz, pour laisser le médaillon pendre face à son visage.

- Moi je ne connais pas la taille de ce barrage. Et je pense que personne ne la connait.
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Mer 30 Aoû 2017 - 13:54


Sans jeter un regard à Ka, et les joues un peu rougies par cette demande particulière, Staz attendait la réponse de celui-ci. Il s'attendait à un "Non", bien évidemment, mais la réponse du vieil homme lui fit tourner les yeux à nouveau vers lui, et un petit sourire un peu inquiet apparut sur ses lèvres. Il lui apprendrait. Ca, et d'autres choses. Son sourire grandit, et il hocha la tête avec énergie, prouvant sa motivation. Toutefois, il essayait vainement d'oublier le fait qu'il partirait seul, et Ka reprit à ce sujet, creusant pour la première fois un peu plus le fossé qui les séparaient.

Un autre chemin l'attendait ... Un chemin qui menait où, au juste ? Dans la gueule de toutes les bêtes du coin, c'était sûr, qu'elles soient normales ou étranges. Ses lèvres se pincèrent et il baissa les yeux en regagnant le feu.

Alors, quand Ka déclara qu'il était l'heure de dormir, et déclara qu'il dormirait sur le sol, Staz se releva.
- Ce lit est le votre, pas le mien. Et puis, une peau de bête, c'est déjà tellement plus confortable que de la roche ...
Mais Ka, contrairement à ce qu'il venait de dire, continua à parler. Et Staz l'écouta, tout du long, en le fixant avec de grands yeux où se mêlaient incompréhension et inquiétude. Oui, il s'était réveillé dans l'eau, mais ... Quelle était cette histoire de barrage ? De choses étranges ? De force imperceptible ? Il ne comprenait pas un mot de ce que disait le vieil homme, malgré tous les efforts du monde pour saisir de quoi il était question. Alors, plissant les yeux, il déclara d'un air déçu :
- Je ne comprends pas de quoi vous parlez ...
Il secoua la tête.
- Oui, je suis un ... Echoué ... mais je ne comprends pas. Il n'y a jamais rien eut ... d'étrange. A part ces bêtes noires, bien sûr ... Moi, il s'est rien passé. J'ai failli mourir tellement de fois ... Et à chaque fois, quelqu'un m'a sauvé. Pas de choses étranges, juste des gens. Des gens gentils. C'est comme ça qu'on a rencontré Aël et Halya, d'ailleurs. A mon premier jour, quand on a failli mourir, avec Hiss. Et elles nous ont sauvé.
Il haussa les épaules, la mine soudainement très triste, et il se rendit compte à quel point elles lui manquaient, toutes. Et surtout Hiss.

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Mer 30 Aoû 2017 - 14:37

L'ironie de la situation, était le fait que Staz se trouvait précisément en train d'évoquer un moment où il avait utilisé la magie du murmure sans le savoir, lorsque Aël et Halya sont venues. Si bien qu'il parlait effectivement au vieil homme de ce que celui-ci évoquait, mais qu'il n'en avait pas conscience, et que, pire encore, Ka lui-même ne parut pas remarquer cela en répondant très calmement :

- Écoute-moi, jeune homme, ne changeons pas de sujet, je voulais discuter avec toi d'une idée qui m'était venue.

Et sa voix devint hésitante, voire troublée, alors qu'il présentait le collier à Staz.

- Ce... Ce que je veux te dire, depuis tout à l'heure, c'est que...

Il fit une pause, chercha ses mots, puis parla lentement à nouveau :

- Certes, tu m'as offert ce collier, et je t'en suis reconnaissant. Mais moi, je considère qu'il ne me revient pas, et en le recevant j'ai cru voir, un court instant, dans ton regard, une forme de regret...

Il fronça les sourcils, et leva la main vers Staz tout en reprenant tranquillement.

- Je me trompe, peut-être ?

Puis il regarda le jeune homme dans les yeux, le laissant éventuellement dire un mot ou deux, mais il reprit immédiatement après :

- Quoi qu'il en soit, je voulais te le rendre, et te faire comprendre qu'il te le revenait, parce que tu l'as trouvé, et que Isandrine t'aurait beaucoup aimé. Je le sais. confia-t-il tout en posant la main sur son propre torse.

Et puis sa voix retomba à nouveau, assez bas.

- Mais au même moment, je me suis figuré l'idée que j'évoquais il y a peu. Je me suis souvenu que cet objet, même s'il était joli, avait été abandonné et non pas légué comme je l'avais pensé jusqu'alors. Dans ces conditions, faut-il se fier au point de vue sentimental que l'on éprouve à l'égard de l'objet ?

Son visage était sévère, il ne souriait pas. L'odeur de fumée agréable adoucissait la scène.

- Ou faut-il plutôt se méfier, et agir avec prudence ? demanda-t-il.

Et, contrairement à ce que l'on pourrait penser, la question ne semblait pas rhétorique. Le ton qu'il avait employé, laissait à penser qu'il doutait lui-même de la bonne réponse, et qu'il souhaitait réellement avoir l'avis de Staz sur le sujet. Enfin, pour finir d'évoquer son point de vue, il dit d'une lenteur excessive pour laisser le temps au jeune homme de digérer les propos :

- Agir avec prudence voudrait dire... Détruire l'objet. C'est de cela que je voulais discuter avec toi.

Et il attendit la réaction de Staz, sans le brusquer. On comprenait d'ailleurs, dans sa manière d'agir depuis tout à l'heure, qu'il avait essentiellement fait un effort pour ne pas heurter la sensibilité de Staz, et ce dernier pourra le ressentir comme cela.
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Mer 30 Aoû 2017 - 18:06


Lorsque Ka le reprit, Staz fit un moue déçue. C'était la première fois que quelqu'un le rabrouait, poliment mais fermement, et c'était un peu vexant. Comme si ... Comme si ce qu'il disait n'avait aucune importance. Il plissa le nez, mais se tut, et continua à écouter, comme on le lui demandait.

Il baissa les yeux, fixant avec attention ses mains, jusqu'à ce que Ka ne lui présente à nouveau le collier. Celui qu'il lui avait rendu. Jusqu'à ce que le vieil homme n'évoque le regret qu'il avait éprouvé en le lui rendant. Avait-ce été si facile à lui sur son visage ?
Ce n'était pas qu'il ne voulait pas le lui donner. Ce n'était pas non plus qu'il croyait le mériter, ou qu'il était si fier de l'avoir trouvé qu'il voulait l'afficher aux yeux de tous. C'était simplement que ce collier était la seule chose concrète à laquelle il pouvait se raccrocher désormais. La seule chose qu'il pouvait garder avec lui, lui rappelant Hiss et ses compagnons. La seule chose qui l'avait accompagné jusque là.
Il pinça les lèvres, résigné, l'expression de son visage légèrement plus terne.

Mais le fait que Ka voulait le lui rendre ne le rendit pas moins triste ou plus rassuré, bien au contraire. Au contraire. L'homme avait l'air trop sérieux, trop inquiétant pour que Staz puisse se dire "Il ne veut que me le rendre". Et en effet, sa voix sembla descendre d'une octave. Et sa parole, lourde de sens, furent telle une sentence aux oreilles de Staz.

Il voulait détruire le collier.

Ca, Staz s'en était rendu compte un instant même avant que Ka ne dise les mots fâcheux. Car fâcheux, ils l'étaient. Le garçon fronça les sourcils, et sa mine changea de couleur. Ses poings se serrèrent légèrement, dans une tension évidente, pourtant bien distincte de la colère. A la fois il comprenait ces mots, et ne voulait pas les entendre. Il grimaça, avant de poser sa main sur le collier, et de s'en saisir.
- Je vous l'ai dit. Il n'a beau ne pas être très joli, je l'aime bien. Si vous n'en voulez pas, je le garde.
Il plissa le nez, et enfila à nouveau le collier, tellement grand qu'il battait à nouveau son ventre. Les maillons cliquetèrent, mais Staz ne leur accorda pas un regard, et continua à fixer Ka. Ses yeux ne transmettaient aucune émotion réellement négative, si ce n'est une pointe d'inquiétude, mais trahissaient une réelle tension. Ses yeux naviguaient désormais suivant les divers stimulus sonores qui l'entouraient, et il se rendit soudainement compte à quel point leur environnement direct était empli de petits bruits insidieux. La bûche qui craquait, le vent qui s'engouffrait sous la porte, faisant vibrer les poutres. Il grimaça, et se leva, comme pour à la fois se canaliser et exprimer inconsciemment sa tension.
- Je savais qu'il pouvait être mauvais quand je l'ai pris. Et je l'ai pris. C'est pour ça que j'ai interdit à Hiss de le toucher.
La tension rendait sa voix brute, légèrement rauque, mais lui apportait une clarté d'esprit inespérée. Ou peut-être était-ce de l'inconscience.
- Je l'ai pris parce que quelqu'un l'avait fait. Isandrine, ou quelqu'un d'autre, je n'avais aucune idée de qui. Mais j'étais certain qu'il était arrivé malheur à ce "qui".
Il grimaça, et rejoignit la porte, avant de faire demi-tour -il n'avait aucune intention de partir, et cela se reflétait clairement sur son visage, où l'inquiétude prenait de plus en plus de place. Ses mains, elles, se tordaient l'un l'autre, et il revint vers la cheminée.
- Alors je ne sais rien de vos "forces obscures" ou de vos barrages contre elles, et je n'en ai pas compris un seul mot ... Mais cette chose pourrait être un couteau sous ma gorge que je l'emporterai avec moi.
Sa voix dérapait dans les aigus, et il se sentit un instant vraiment ridicule, honteux de ses paroles. Le rouge gagna ses joues à nouveau, et il s'efforça d'arrêter de torde ses mains, d'arrêter de faire les cents pas, et s'assit à nouveau, à son emplacement initial. En regardant bien, on voyait son sang battre sa carotide à travers la fine peau de son cou. Son coeur fonctionnait à plein régime, et il s'efforçait de ne pas se laisser gagner par cette panique hystérique qui ne demandait qu'à prendre le contrôle.
- Si c'est un barrage ... Ou si ce n'est rien du tout ... Hé bah pour moi, ça change rien. Je l'aime bien. Comme il est.
Il secoua la tête et ferma les yeux, la mine confuse, essayant visiblement de mettre de l'ordre dans ses idées.
- Et même si c'est un barrage, et qu'elle l'a laissé ... Bah moi je m'en occuperai, de son barrage. Parce qu'elle l'a construit. Je veux pas le laisser se casser.

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Mer 30 Aoû 2017 - 22:37

Ka ne chercha pas à arrêter le jeune homme lorsque ce dernier réagit émotionnellement. Il se contenta de l'observer avec un calme presque étrange tant il n'était pas troublé. Le visage imperturbable se fendit d'un léger sourire lorsque Staz évoqua son intention de garder le collier malgré le danger qu'il pourrait courir, et s'élargit encore aux deux dernières phrases que le jeune homme prononça.

Après un temps de calme, le vieil homme se leva et alla s'asseoir sur son lit. Il baissa le regard vers le sol, un moment, les mains liées devant lui, et le remonta sur le jeune homme.

- A présent tu comprends pourquoi elle ne m'aime pas, et pourquoi elle t'aimerait, toi. dit-il. Vous êtes des jeunes êtres passionnés et combatifs, je ne suis qu'un vieux cailloux raisonnable.

Un sourire tendre et doux soutenait sa voix tranquille. Il retira sa botte gauche, puis la droite, avec lenteur. Ses pieds ne semblaient meurtris en rien.

- La passion est une bonne chose. poursuit-il. C'est pour elle que l'on vit, que l'on avance, que l'on fait. Se tourner vers la simplicité, le confort, la routine, la prudence, la raison, cela n'apporte rien de beau.

Il hocha la tête pour soutenir ses propres propos, puis il émit un léger clin d’œil destiné au jeune homme. Silence, court.

- Vous ne me donnez pas envie de me battre contre vos convictions, parce que vous avez votre conception légitime de l'acte et du réel.

Il retira lentement le crâne de bouc, soutenu dans sa chevelure, pour le déposer sur un meuble à côté du lit. Ainsi relâchés, ses cheveux donnaient l'impression d'être bien plus longs. Ils pendaient sur son buste massif et cachaient davantage son visage souriant.

- Nous en venons souvent à nous confronter, car nos tempéraments divergent, et que nous avons tous les trois la tête dure comme du bois, une certitude d'avoir raison et une volonté inébranlable.

Au même moment qu'il disait cela, le regard de Ka changea légèrement, peut-être sans qu'il ne s'en rende compte. Au fond de ses prunelles noires, une prodigieuse force de caractère, brute et imperturbable, brillait avec tranquillité. A cet instant précis, il donnait l'impression d'être capable de déplacer n'importe quelle montagne. Comme s'il n'était pas juste un homme, mais un titan, que personne n'avait jamais été capable d'atteindre.
Petit à petit, son regard redevint normal, alors qu'il poursuivait :

- Mais je trouve cela important, quelque part. Que la réalité laisse la possibilité à plusieurs vérités, qui coexistent.

Il s'expliqua :

- La variété des pensées des hommes fait leur richesse. Au même titre qu'un paysage fleuri est pourvu de beauté à travers l'ensemble de ses détails, qui ensemble forment une harmonie.

Le vieil homme enleva un de ses grands habits de peaux, restant en une simple tunique de tissu. Toute la sophistication de ses vêtements était enlevée, et pourtant Ka n'en semblait pas vraiment moins compliqué. Le vieillard paraissait lointain et mystérieux, même sans tous ses artifices habituels.
Il s'allongea sur le dos, le regard vers le plafond.

- Je suis un vieux saule, qui reste planté dans la terre, bougeant légèrement son feuillage avec les brises. Vous êtes des hirondelles, qui voguent de leurs ailes sur les brises qui me dérangent, qui chantent le jour durant, aiment la nuit et voyagent toujours, lorsque je me contente de suivre ma routine.

Il sourit.

- Bonne nuit, jeune homme.
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Jeu 31 Aoû 2017 - 11:24


Quand Staz rouvrit les yeux, il fut surpris de se retrouver face à un sourire. Un sourire vrai, qui fendait le visage de Ka, alors que celui-ci le regardait. Il crut un instant que celui-ci se moquait de lui, prêt à s'insurger, mais se rendit vite compte que ce sourire n'avait rien de moqueur. Sans rien dire, lui-même se contenta de le fixer, cherchant visiblement à déterminer comment réagir. Mais Ka finit par se lever, et aller s'asseoir sur le lit.

Il l'écouta en silence, détournant les yeux vers le feu pour le laisser se déshabiller en toute intimité. Son regard reflétait un trouble certain, alors que Ka évoquait clairement les ressemblances qu'il associait à Staz et la fameuse Isandrine. Pourtant, Staz lui-même n'arrivait à faire aucun lien de lui-même avec cette tigresse. Il ne pouvait en rien lui ressembler, c'était impossible. Elle transpirait la fougue et le courage, alors que lui ... Il secoua la tête, pour lui-même.

Alors, quand Ka s'allongea, et termina sa tirade par une jolie phrase si poétique, comme il savait les faire ... Staz resta longtemps à le regarder, une pointe d'admiration dans le regard. Cet homme avait vraiment une aura de sagesse, et dans chacune de ses paroles semblait flotter un nuage de vérité. Pourtant, Staz n'était pas si sûr que lui de tout ça. Peut-être que Ka était le saule, et Isandrine l'hirondelle. Tout comme Hiss. Mais lui ... Lui n'avait aucune volonté, aucun tempérament. Il baissa les yeux.
- Bonne nuit.
Sa voix était faible, et reflétait son trouble et son désarroi. Il resta donc là, un moment, assis sur le sol si doux des peaux de bêtes, écoutant le craquement du feu, le souffle du vent, et la respiration de Ka, avant de se résoudre à s'allonger, à son tour.
Se roulant en position fœtal, en se concentrant sur le doux bruit de la bûche qui se laissait dévorer par le feu, il se laissa aller au sommeil, pensant une seconde à Hiss, priant pour qu'elle aille bien.

Alors, cette nuit-là, il dormit profondément, et même la lumière du jour qui se levait n'arriva pas à le sortir de son sommeil.

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Jeu 31 Aoû 2017 - 17:18

Lorsque Staz pourra s'éveiller, un peu tard au lendemain matin, alors que le soleil filtrera faiblement ses rayons dans le ciel gris, il pourra constater que le temps se sera réchauffé. Alors que depuis le dix-septième jour le sol s'était pourvu d'une teinte blanchie par la neige, à l'aube de ce vingtième jour, nombre des flocons auront fondu. Aussi sur la roche de la clairière de Ka, le symbole sombre inquiétant sera encore plus facile à voir, aucunement masqué alors que la lumière du jour viendra l'illuminer tristement.

La porte sera entre-ouverte, le vieil homme absent - lui et ses habits -, et le feu de la cheminée éteint. Une chaleur agréable, accumulée dans la petite demeure, sera suffisante pour permettre à Staz de se sentir confortable.

S'il lui vient à l'idée de sortir de la pièce, il sera aux premières loges pour apercevoir Ka revenir avec le résultat de la chasse du jour, et pourra lui demander comment il a fait pour obtenir ce résultat. Le hasard déterminera quel sera précisément le résultat de la chasse.

Bien qu'il soit toujours en présence de la maisonnée sympathique, de la proximité du vieillard, ainsi que de la joie de l'éventuel repas qui arriverait bientôt, le jeune homme pourra sentir une gêne, un mal, une absence ou bien une présence non souhaitée. Quelque chose pourra ne pas aller très bien, quelque part dans son cœur, sur ses poumons. Cela pourra l'empêcher de respirer correctement, d'avaler correctement, lui couper l'appétit et peut-être l'angoisser. Une chose le dérangera, et cela sera encore pire lorsqu'il sortira de la maison.

Intuition ou illusion ?
Staz ne pourra le déterminer dans un premier temps.

Mais un air de méfiance pourra s'éveiller dans ses yeux. Et il sera sans doute curieux de savoir ce qui le gêne, au delà de l'éloignement de ses amis, au delà de l'instabilité de sa situation actuelle, au delà de l'étrangeté du vieil homme.

Lancer de dé : Résultat de la chasse


1 - 25 : Rien du tout.
26 - 33 : Un marcassin.
34 - 46 : Un faon.
47 - 58 : Un faisan.
59 - 70 : Un sanglier.
71 - 85 : Une biche.
86 - 94 : Un chamois.
95 - 100 : Un chevreuil.
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Jeu 31 Aoû 2017 - 17:18

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Jeu 31 Aoû 2017 - 17:57


Après une nuit sans rêve, et bienheureux de se réveiller sur un sol plus doux que la pierre et plus chaude que la neige, Staz ouvrit les yeux. Un instant, il ne sut où il était, et ce n'est que quand il se redressa, le dos encore tout engourdi de sa nuit, qu'il reconnu la maison de Ka. Tout était encore comme il l'avait abandonné la veille, et rien ne semblait avoir bougé. La commode était fermé, le galet de la jeune fille reposait toujours seul sur celle-ci, et seul le feu s'était éteint dans la cheminée.
Il faisait dans la maisonnette une température presque chaude, qui rassura le jeune homme : il ne mourrait pas de froid ce jour-là. Toutefois, une lueur d'inquiétude traversa sa pupille quand il se rendit compte que le lit de Ka était fait, et que plus personne ne semblait y être allongé. Ka était parti.
En une seconde, Staz fut sur ses pieds, peut-être un peu trop rapidement, car sa tête se mit à tourner, et il dut s'appuyer sur un meuble pour réussir à garder l'équilibre. Regardant la maison dans son ensemble, il finit par se rassurer lui-même en constatant que le jour semblait levé depuis longtemps. Il se frotta donc le visage à deux mains, pour achever de se réveiller, et s'étira de tout son long. C'était la première nuit qu'il passait où il avait pu se reposer pleinement. Et il se sentait beaucoup mieux que la veille. Certes ses jambes étaient toujours lourdes, et son estomac vide criait toujours famine, mais désormais il avait la tête au clair, et il n'avait plus froid.

De la porte entrouverte filtrait les rayons du soleil, et en entre-bayant celle-ci, il se rendit compte que la neige avait fondu en plusieurs endroit, pour former des flaques irrégulières. Pourtant, son sourire ne dura qu'une seconde. Il referma la porte silencieusement et regarda à nouveau autour de lui. La peau de bête sur le sol était celle dans laquelle il s'était blotti durant la veille, et il ramassa pour la passer sagement autour de sa taille. Son regard fureta à nouveau dans la maisonnée, et il se dirigea vers la commode, dont il ouvrit le tiroir. Grimaçant car il savait que c'était vraiment impoli, il jeta un oeil aux différents galets. Il trouva celui de Salim, à nouveau, tout à droite, et chercha dans les autres s'il voyait des visages qu'il reconnaissait, en vain. A vrai dire, il ne fut pas très précautionneux, se contentant d'en choisir quelques uns au hasard, et après avoir eut la tête remplie de visages inconnus, sans aucun nom à leur associer, il referma le tiroir, aussi doucement qu'il l'avait ouvert.

En fait, quelque chose le dérangeait. Quelque chose qui le rendait méfiant, quelque chose qui tordait son ventre, et lui serrait la gorge. Mais bien évidemment, la réponse ne se trouvait pas ici. Alors, prenant son courage à deux mains, et après un dernier regard au galet de la jeune fille, comme pour ancrer son visage dans sa mémoire, il sortit.

La petite clairière était bien plus jolie qu'elle ne lui avait semblé la veille, et même si tout ce qui l'entourait n'était éclairé que par un ciel trop nuageux, il trouva l'ensemble très beau. Il prit le temps d'examiner le potager, quelques instants, se tourna vers la maison, mais rien à faire, cette impression de malaise ne disparaissait pas. Bien au contraire, sa gorge était plus serrée que jamais, et il sentit son estomac se torde suffisamment pour penser que s'il avalait quoi que ce soit, il le rendrait à Mère Nature sous forme d'une bouillasse informe.

Grimaçant, il se tourna alors vers ce qu'il venait juste de remarquer, une tâche noire dans son champ de vision qui dénotait étrangement avec l'univers presque coloré qui l'entourait. C'était en fait un symbole énorme, colossal. Fait de la même matière que les galets, ça Staz en était à peu près certain. Mais ça ... Ca n'avait rien à voir avec les galets. C'était gros, laid, et ça ne représentait rien que des traits et des cercles. Et surtout, c'était effrayant. Staz regarda autour de lui, et s'avança jusqu'au symbole. Il l'examina un instant, et posa le pied sur la pierre, là sur le trait noir. Puis le retira. Bien évidemment, le trait ne s'effaça pas. Alors, pour mieux l'étudier, et comme cette gêne ne le quittait plus et le poussait à vouloir savoir d'où ce sentiment venait, il s'avança au milieu du cercle, pour examiner les formes complexes.

A cet instant, un bruit le fit sursauter. Ka, à nouveau vêtu de toutes ses peaux, et de son petit crâne de bouc, était à nouveau là, à l'entrée de la carrière, et traînait derrière lui ... une biche. Les yeux de Staz s'écarquillèrent en voyant la taille de l'animal, mais il resta là, sans bouger. La faim n'arrivait finalement pas à dépasser l'anxiété, et il resta sur ce symbole, en son centre, comme si le fait d'avoir ses pieds sur la roche le protégerai de la source de son malaise.

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Jeu 31 Aoû 2017 - 19:35

Le vieil homme se traînait avec l'animal en le tenant avec difficilement sur ses larges épaules. Sa masse devait être conséquente parce qu'on voyait son visage rougit et suant arborer quelques veines gonflantes sur le front. Cependant il ne paraissait pas s'en plaindre, et finit par déposer sa lourde charge au devant de la maisonnée. Au niveau du cou de la bête, dans ses poils blancs qui habillaient sa trachée, on pouvait voir une traînée de sang, qui gouttait lentement au sol.

- Bonjour jeune homme ! Tu as passé une bonne nuit ? demanda Ka en regardant Staz, un sourire aux lèvres.

Puis il passa ses yeux sur le cercle noir où Staz se tenait, et son sourire retomba légèrement, il observa les pieds du jeune homme puis, la voix toujours saccadée par son souffle épuisé il reprit :

- Ne marche pas trop dessus, ça pourrait l’abîmer.

Puis il se baissa pour s'occuper de la biche, et ne s'occupa pas davantage de ce que faisait Staz. Avec un couteau aiguisé, il se mit à l'ouvrir et à en retirer la peau avec des gestes précis. Il n'y avait pas de perte, pas d'hésitation, tout était fait soigneusement et avec compétence. Une fois la bête dépecée, Ka se mit à en extraire la viande avec habitude. L'ensemble des lieux était calme, on ne pourrait pas se douter que le jeune homme ressentait cette gêne en lui.

Mais la gêne était toujours là, encore plus présente, et le jeune homme ne pourrait savoir s'il ressentait cela à propos du cercle, ou bien d'autre chose.
Le cercle pouvait engendrer sa méfiance, mais il n'y avait pas que lui pour le faire. Un doute planait sur le lieu, quelque chose clochait.

Et c'est uniquement en sentant une brise fraîche couler sur son visage, et en voyant les feuillages des arbres tout autour bouger avec lenteur que Staz pourra ressentir un profond malaise constant l'agrippant aux tripes. L'un des feuillages n'avait pas bougé.
Il n'avait pas réussi à voir lequel c'était, mais il le comprendrait pertinemment au fond de lui. Il y avait ici un arbre qui ne bougeait pas du tout.

- Tu veux que je te montre ? dit Ka en direction du jeune homme, alors qu'il découpait la bête. C'est simple à faire.

Et le vieil homme ne paraissait pas dérangé. N'avait-il pas remarqué ?
Ou bien... Est-ce qu'il savait et qu'il faisait comme si de rien était ?
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Jeu 31 Aoû 2017 - 19:53


Ka posa lourdement l'animal devant la maison, et salua Staz, qui ne répondit pas, les lèvres scellées. Il fixait le vieil homme, les sourcils un peu froncés, et s'étonna une fois de plus qu'un homme seul puisse chasser une si grosse bestiole. Pourtant, la remarque de Ka, légèrement moins joyeuse, sur le symbole à ses pieds, le prit de court, et il se renfrogna un peu plus encore. Mais le chasseur s'accroupit, et se mettant ainsi à dépecer l'animal, il se sembla pas remarquer la mine déconfite de Staz.

Loin de prendre en compte la remarque du vieillard, celui-ci de broncha pas. Il resta là, planté comme un arbuste au milieu du symbole, attendant fermement des explications qui ne vinrent pas. Au contraire, Ka se mit à joyeusement vider l'animal et à débiter sa carcasse en larges pièces de viandes. S'agitant d'un pied sur l'autre, il s'offusqua légèrement de ne pas avoir plus d'information alors que le vieillard continuait son manège, comme si de rien n'était, et lui proposer d'apprendre à l'imiter.
- Ce symbole. Qu'est-ce que c'est que ...
Sa voix, qui s'était voulue ferme. Pourtant, sa voix s'échoua en bout de course, sans même terminer sa phrase, alors que ses yeux s'écarquillaient, que son coeur se mit à battre la chamade, la méfiance se transformant peu à peu en peur. Quelque chose clochait. Tout autre chose que ce symbole. La brise lui caressa le visage, et il sut.
A grandes foulées, il rejoignit le potager, s'emparant du premier manche qu'il trouvait, et arracha du sol un outil qui se terminait par trois grandes griffes. S'en armant comme d'une lance, il se tourna face à la forêt, le souffle court. Un des arbres n'était pas un arbre. Comme l'arbre des grillons. Enfin, l'être des grillons.
- Il y a quelque chose ...
Sa voix était basse, presque brisée, alors qu'il ne se trouvait qu'à quelques mètres de Ka. Et, sans vraiment faire attention, il recula de l'orée du bois pour venir coller son dos au mur de la maison.
- Montre toi !
Sa voix se voulait dure, mais n'en raisonna que bien trop aiguë et tremblante, réel reflet de sa peur, à cet instant.

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Ven 1 Sep 2017 - 11:34

En voyant Staz agir, Ka parut surpris. Il fronça les sourcils en regardant le jeune homme prendre l'outil, puis s'éleva lentement de la carcasse de la bête lorsque ce dernier dit qu'il avait vu quelque chose. Son regard se posa sur le jeune homme avec un air dubitatif, puis il se retourna vers la forêt pendant que ce dernier demandait à la chose de se montrer.

Le paysage était calme, la température meilleure, et lorsqu'une brise souffla à nouveau tous les feuillages bougèrent à l'unisson.

Ka scruta rapidement les troncs obscurs à l'intérieur du bois, puis regarda en l'air. Il marcha le long de la lisière, guettant les branchages, et descendant également ses yeux sur les racines des arbres. Enfin, il fit la moue, regardant à nouveau tout autour de lui, en favorisant l'intérieur noir de la forêt, et secoua la tête.

Staz ne pouvait plus rien sentir de la gêne qu'il avait senti jusqu'ici. Même si l'oppression lui laissait un arrière goût d'angoisse, ce qui l'avait poussé à se méfier n'était plus là.

Ka se rapprocha du jeune homme, puis lui demanda d'une voix grave :

- As-tu vu une grande tête sombre et souriante aux orbites creuses, qui t'observait de haut ?

Pendant qu'il disait cela, il montra avec ses deux mains écartées la largeur de la tête dont il parlait, au moins deux ou trois fois la largeur d'une tête humaine. Il hésita, sembla réfléchir quelques secondes, puis demanda :

- Ou entendu une voix, ou plusieurs, hurler. Hurler à l'intérieur de ta tête ?

Et il leva sa main pour interrompre une réaction du jeune homme, son visage donnait l'impression de réfléchir à quelque chose. Il regarda autour, et ramena ses yeux sur Staz. Il pesa ses mots, et expliqua très lentement :

- Pas... Parler. Une voix qui parle, ça n'est pas grave. Moi j'évoque vraiment quelque chose qui hurle. Fort. Très fort.

Son ton faisait son possible pour être calme et rationnel malgré l'étrangeté des questions posées. Alors qu'il s'approchait du jeune homme avec une infinie douceur, Ka posa les doigts sur l'outil, tout en amenant une main calme sur l'épaule de Staz. Sa voix grave devint encore plus douce en lui avouant :

- Moi je ne vois rien du tout.

Et à travers son regard compatissant, on aurait pu y voir l'attention d'un médecin à un malade, celui d'un père à un fils qui a peur du noir, ou peut-être quelque chose d'un peu plus compréhensif et de moins tranché. Mais rien qui ne porte profondément de crédit à la peur rationnelle et justifiée qu'avait ressenti Staz quelques instants auparavant, ce qui pourrait le frustrer.
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Ven 1 Sep 2017 - 12:03


A la manière dont réagit Ka, Staz crut un instant qu'il le prit au sérieux. Il semblait examiner la menace, sonder les fourrées, mais le grisonnant savait qu'il était déjà trop tard. La pression qui lui étreignait la gorge avait cessé, et ne restait plus que dans son corps la gêne affreuse de son coeur frappant ses côtes. C'était parti. Ou mieux caché, en tout cas.
Ka fit une petite ronde, alors que le jeune homme ne bougeait plus, le coeur battant la chamade, prêt à prendre ses jambes à son cou. Il avait beau savoir -il en était presque certain, ce n'était pas juste une intuition, c'était physique- que la chose n'était plus là, il serrait toujours l'outil aussi fort dans ses mains, contre son torse. Lui-même fouillait l'obscurité de ses yeux, cherchait à nouveau cet arbre, sachant pertinemment qu'il ne le trouverait plus.

Quand Ka revint vers lui, et lui parla d'une créature qu'il ne connaissait pas. Un truc si gros que la taille de sa tête donnait l'impression d'être celle d'un ours. Il secoua la tête, sans même lui accorder un regard, les yeux toujours rivé vers les bois. Puis Ka lui parla de voix qui hurlaient dans sa tête, et cette fois, Staz lui accorda un regard et une grimace.
- J'ai toujours eu cette voix qui hurle.
S'abstenant d'en dire un mot de plus, il détourna à nouveau la tête vers la forêt, comme un chien acculé montre les crocs. Ces questions auraient pu le troubler, pourtant après tout ce qu'il avait vu la veille, il n'était plus surpris de rien. Ce qu'il savait, et ce qui ne le lâchait plus, c'était qu'il y avait eu quelque chose, là, dans cette putain de forêt, quelque chose de méchant, et qu'il pouvait revenir à n'importe quel moment.

Mais quand Ka posa ses mains sur lui et son arme, et lorsqu'il croisa enfin son regard, la colère monta d'un cran en lui. Ka ne le croyait pas. Aussi purement et simplement que ça. Il essayait de le rassurer comme on rassure un putain de gosse qui a peur du noir. Il n'avait pas peur du noir, il n'imaginait pas des monstres, il l'avait vu. Son visage se décomposa, alors que du revers du bras, il chassa relativement brutalement la main que le vieillard avait posé sur son épaule. Il le dévisagea un instant, la mine cramoisie, le coeur battant.
- Je ne mens pas !
Sa voix creva le silence, alors qu'il criait sur le vieil homme toute sa frustration. Montrant de son arme de fortune les bois, il se tourna vers Ka, s'adressant à lui avec un grand geste de la main.
- Il y avait quelque chose, que je te dis, putain !
Il s'avança de quelques pas vers les bois, tenant son arme devant lui, sans jamais tourner le dos à la possible origine de la chose.
- C'était là, dans les bois, je l'ai vu merde ! Et maintenant c'est parti ! Pouf, évaporé !
Il s'avança encore, baissant un peu sa garde sous la colère, comme s'il se rendait compte que peut-être cette chose ne reviendrait pas.
- Y'avait un arbre qui bougeait pas ! J'en suis sûr ! Il bougeait pas ! Comme l'arbre avec les grillons ! J'en suis sûr, je te dis !
Et, d'un pas rageur et complètement stupide, pour démontrer qu'il avait raison, il entra dans le bois pour trouver une trace de ce qu'il avançait, arme au poing.

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Ven 1 Sep 2017 - 12:45

Parfois, certaines personnes prises par leurs émotions en viennent à oublier le monde qui les entoure. La réalité n'a d'emprise sur eux qu'à travers leur esprit biaisé par une sensation vive, de colère, de frustration, de panique. Si bien qu'ils l'interprètent mal, la comprennent mal.
Mais, objective, froide et immuable, cette dernière pourra les rappeler à la raison, en les faisant trébucher sur ce qu'ils ont ignoré.

1 - 8 : Deux de trèfle.
9 - 14 : Quatre de carreau.
15 - 18 : Six de pique.
19 - 20 : Sept de cœur.

***

Le deux de trèfle isole.

Staz laissa Ka derrière lui, ne voyant pas ce qu'il faisait, ne sachant s'il était en train de le suivre ou de le laisser seul. Sa colère l'emportait vers l'avant et il franchissait l'orée du bois, il avançait en son sein, il oubliait ce qu'il y avait dans son dos.

Et bientôt les arbres lui sembleraient grands, partout autour de lui, alors qu'il sera plongé dans une obscurité morbide et inquiétante. Seul le son de ses pas lui viendrait aux oreilles, rien d'autre n'existerait, tout semblerait mort. Aucun piaillement, aucun grognement d'animal, aucun bruissement de feuilles, aucun souffle de vent.
Aucun bruit.

L'odeur du bois deviendrait oppressante, et s'il en avait enfin la curiosité, il regarderait dans son dos. Et il ne verrait rien. Rien d'autre que la forêt omniprésente. L'absence de la clairière de Ka se ferait sentir, Staz ne saurait plus où elle se situait, ayant pourtant l'impression de l'avoir quitté quelques instants auparavant.
Et il pourrait courir dans tous les sens, revenir sur ses pas, contourner les arbres, franchir les buissons, rochers. Il pourrait scruter les alentours de fond en comble, jamais il ne parviendrait à retrouver la petite clairière.

Un mal oppressant gagnerait son cœur encore plus fort qu'il ne l'avait gagné jusqu'ici, rien ne répondrait s'il criait, pas même s'il appelait désespérément le nom de Hiss, pas même s'il hurlait le nom de Ka du plus fort qu'il le pouvait.

Et s'il s'aventurait là où il le fallait, s'il parvenait à revenir exactement à l'endroit où se trouvait la maison, sans se tromper, sans ignorer le chemin qu'avaient suivi ses pas, il pourrait effectivement retrouver cette dernière. Des arbres auraient poussé sur l'ensemble de la clairière, la cachant dans une pénombre funèbre, mais la maison demeurerait, vieillie en ruine, au milieu des arbres. Du lierre et des branches pousseraient partout sur son bois et son toit malade, une atmosphère poussiéreuse, lourde et humide planerait sur les lieux sombres.

Et s'il se faufilait, pour ouvrir péniblement la porte de bois, qui grincerait - provoquant le seul bruit entendu depuis des lustres - il sentirait l'odeur. L'odeur de sang et de mort. L'odeur de fin et de désespoir.

Alors, s'il l'osait, il pénétrerait dans la demeure, et verrait le cadavre de Ka tranché ouvert vidé. Ses orbites vides et son visage souriant à la mort, les membres écartés et pendus sur le mur de sa maison, ses boyaux pendant sur son lit. Du sang couvrant tous les murs, le sol, les meubles, la cheminée.

Et rien ne répondrait à ses cris.
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Ven 1 Sep 2017 - 12:45

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Ven 1 Sep 2017 - 14:10


Ses pas le menèrent dans la forêt, alors que ses yeux fouillaient tout ce qui l'entourait. Pas à un seul moment, il ne pensa à se retourner. Pourquoi faire, au juste, jusque Ka ne le croyait pas. Pourtant, il n'avait pas rêvé. Cet arbre ... Cet arbre n'avait pas bougé. N'y en avait-il eu qu'un, au juste ?

Soudain, il s'arrêta. L'atmosphère autour de lui semblait avoir changé. Il n'entendait plus d'oiseaux, ou le vent. Il n'entendait pas non plus Ka, qui pourtant ne devait se trouver que quelques pas en arrières. A peine une quinzaine de mètres. Il s'immobilisa complètement, en se rendant compte à quel point le monde était obscur autour de lui. Il saisit son arme à deux mains, tendant les griffes devant lui, les deux pieds fermement figés au sol. Car la menace était là, à nouveau. Incapable de dire pourquoi ou comment, il sentait physiquement cette angoisse monter, comme si seul son corps arrivait à décrypter les informations qui lui parvenaient.

Alors, il se retourna, et ne vit rien. Rien de plus que les arbres, immenses, bien plus grand que ce qu'il l'avait cru, dont les branches ployaient sous leur propre poids par le chemin qu'il venait d'emprunter. Pour les passer ... Il aurait du se baisser. Pourtant il ne s'était pas baissé ... Son coeur s'emballa, alors qu'il regardait à droite et à gauche. Il aurait du voir la maison, pourtant il ne voyait rien. Plus de clairière, plus de bruit. Tout était incroyablement silencieux. Et son coeur se retrouvait désormais pris dans un étau tel qu'il en eut la nausée. Il cracha par terre, un goût atroce dans la bouche, la gorge si serrée qu'il se la toucha pour vérifier que personne ne l'étranglait. Une fine de goutte de sueur perla sur son front, alors qu'il commençait clairement à s'affoler, peinant de plus en plus à garder son calme. Il n'avait toujours pas bougé, consterné et apeuré, par ce qu'il venait de faire. Plus que jamais, il était seul, et il avait la certitude que plus rien ne vivait aux alentours.
Les larmes se mirent à couler le long de ses joues alors qu'il peinait à reprendre son souffle. Il respirait de manière si saccadée qu'il sentait des fourmis gagner ses doigts. Ses poings serraient tellement fort le manche de l'outil, comme si celui-ci allait s'envoler, qu'il était incapable de desserrer cette étreinte.

Prenant son courage -ou sa lâcheté- à deux mains, il rebroussa chemin. Il n'y avait aucune trace dans les feuilles mortes de ses pas, et il doutait même d'être passé par ici. Il avait l'impression qu'on venait de le téléporter ... ailleurs. Alors, à tâtons, il passa à quatre pattes sous les branches courbées, pour essayer de revenir là où il avait été. Il marcha bien plus longtemps que ce qu'il avait pensé, les larmes brouillant sa vue, la gorge tellement serrée que lorsqu'il essaya d'appeler Ka d'un cri, seul un couinement de souris franchi ses lèvres.

Alors, au moment où il perdait tout espoir, il aperçut la maison. Ou plutôt ce qu'il en restait. La clairière avait disparu, ou plutôt la forêt avait-elle englouti la clairière. Et la maison, elle-même était à moitié effondrée, dévorée par la végétation. Les racines avaient détruit un mur, et les branches percé le toit. Il ne restait plus rien de tout ce qu'il y avait eu, à peine quelques minutes auparavant. Le potager n'était plus qu'une vaste forêt vierge, et d'où il était, Staz n'arrivait même pas à apercevoir le symbole.

L'angoisse fit redoubler ses larmes, alors que le jeune homme essayait de se persuader qu'il ne s'agissait pas de la même maison, qu'il était bel et bien ailleurs. Pourtant, les vieux outils cassés qui traînaient, éparses, et les débris de ce qui semblaient être les sculptures qui ornaient ce beau jardin, ne pouvaient pas lui permettre ce doute.
La peur était telle que désormais, Staz ne tenait plus son arme comme un moyen de défense, mais la serrait contre lui, dans une vaine tentative de se rassurer. Il fit un pas, puis deux, et tomba à genoux devant ce qui ressemblait à une pelle. Ses sanglots redoublèrent, alors qu'il était désormais gagné par une panique sans pareille.
- Ka ..?
Sa voix était faible, comme s'il connaissait déjà la réponse à son appel. Rien, bien évidemment.

Il se releva, essayant vainement d'essuyer ses larmes, renifla bruyamment en tentant de calmer ses sanglots, puis s'avança vers la maison. Au début, il marchait, mais il finit le trajet en courant aussi vite qu'il le put, et, constatant que la porte était bloquée, l'ouvrant d'un grand coup d'épaule -qui fit d'ailleurs tomber une pierre du mur qui faillit l’assommer, il pénétra dans la maison.
L'odeur qui y régnait et la vision d'horreur que ses yeux lui offrirent le fit trébucher, tombant à genou au milieu de la pièce. Il poussa alors un hurlement reflétant toute l'horreur de ce qu'il voyait, fort à en faire trembler les murs, alors qu'il était sur le point de tourner de l'oeil.

Ka était mort.
Il avait été éventré.
Le sang recouvrait tout. Tout.
Et ses intestins, qui pendaient de son lit.
Et ce sourire, sur son visage.
Ka était mort. On l'avait tué.

Staz regarda ses mains, couvertes du sang qui recouvrait encore le sol. Frais. L'odeur de mort était abominable. Ka était mort. Les larmes de Staz redoublaient, alors que s'échappait de sa gorge un gémissement suraigu. Ka était mort. Tout semblait avoir avancé dans le temps, et Ka était mort.
Tremblant, Staz se remit sur ses pieds. Il tremblait de tous les membres de son corps, et ses jambes faillirent lâcher. Il se retint de justesse à un meuble, tombant à genoux. C'était la commode. La commode aux galets. Il frémit, et ouvrit le tiroir, s'efforçant de ne pas regarder le corps, de ne pas s'attarder sur l'odeur, ou le sang qui recouvrait tout. Il espérait trouver quelque chose. Peut-être n'y aurait-il plus rien.

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