Prénom : R
Surnom : S’il en possède un, il lui est étranger

Éveil : Jour 4
Sexe : Masculin

Race : Échoué
Métier : Cueilleur (3), Pêcheur (1)
Groupe : Errant
Croyance : Le monde a sans doute vu le jour par peur du vide

Magie :
R est doté d’un potentiel magique disparate, capable d’exécuter à la fois le tourment et l’apaisement, deux sorts dont il ignore proprement l’existence et ne maîtrise en aucun cas.

Tel un réflexe musculaire, il utilisera en réponse à toute stimulation anxiogène un sort d’illusion active, ayant pour effet de provoquer des sentiments, voire des sensations irrationnels de malaise et d'hostilité à son égard. Si ces sentiments peuvent être légers pour certains individus, d’autres les vivront d'une force insoutenable.
Des phénomènes que le jeune échoué ne parvient pas à expliquer et qui lui ont déjà causé plus de tort qu’il ne saurait l’admettre.

À l’inverse, lorsque ses convictions -souvent infondées- dissipent ses appréhensions, ses indéfectibles élucubrations agissent tel un puissant envoûtement. Du moment que R s’adresse à des êtres potentiellement réceptifs, ceux-ci lui témoigneront une confiance et une docilité contre nature, comme des insectes irrésistiblement attirés par une source de lumière. Il serait difficile de décrire plus précisément les effets de cette incantation subconsciente puisque l’échoué n’en a encore jamais fait usage sur un être humain, une créature violente et belliqueuse qu’il redoute tout particulièrement.

Capacités physiques : R ne s’est pas montré capable de grand-chose depuis son éveil sur le plan physique. Il ne parcourt que peu de distances dans la journée, marchant au rythme de son vieil ami.
Plutôt que de perdre son temps et son énergie à la chasse, le jeune échoué préfère se concentrer sur la cueillette, voire le charognage lorsque l’opportunité se présente. Cherchant à diversifier son alimentation, il s’exerce également à la pêche, un jeu de patience et de réflexes qui l’aide à combattre cette angoisse absurde que lui impose le lac depuis son éveil.

Talents divers :
C’est auprès des bêtes que R se sent le mieux considéré. Qu'il s'agisse d'un écureuil, d'un moineau ou d'un loup, ceux-ci l’approchent sans s’en méfier le moins du monde, comme s’il faisait naturellement partie de leur biotope. Ils ne lui feront aucun mal non plus, il en est persuadé, du moment qu’il les traite comme ses alliés, des êtres sur qui il peut compter. R leur parle, se confie, leur offre une identité, partagent sa nourriture et jouent avec eux.

C’est ainsi qu’il s’est acoquiné avec Greska, un vieil ours égrotant et renfrogné devenu, par la force des choses, son compagnon de route.
Il a croisé son chemin une nuit particulièrement capricieuse. Trempé jusqu’aux os, R s’était réfugié dans une tanière aux pieds des plateaux montagneux, non loin de la lisière boisée, pour échapper au déluge. Il n’était pourtant pas le seul à avoir choisi cet abri. Un long et redoutable grognement résonna à travers le dédale rocheux. Un cri de faim primitive, de souffrance et de fatigue. En s’approchant, il distingua la silhouette d’un ours se détachant de la pénombre. Il semblait vieux et affamé mais, aussi efflanqué fût-il, il devait bien peser encore le triple du poids du jeune homme. Une véritable abomination que tout être sensé aurait fui sur le champ.
Mais R ne se laissa pas impressionner par cette rencontre vraisemblablement mortelle, bien au contraire. Il s’annonça d’une voix douce tout en avançant prudemment, ses pieds nus glissant sur la roche ruisselante. Lucide quant à la condition critique de la bête, il fit encore quelques pas pour pouvoir poser une main apaisante sur l’épaule de l’animal. Sa fourrure était galeuse, sale et emmêlée, et R distingua une blessure sur sa patte antérieure droite. La gorge de l’échoué se serra, ému par la détresse de la créature, et son regard s’attarda tour à tour sur cette triste carcasse malmenée puis sur son propre corps cachectique, écorché et couvert de boue. À cet instant, il le trouva aussi misérable qu’il ne l’était lui-même, et se jura que ce malheureux n’aurait plus jamais à supporter la solitude.
Depuis, R le suit partout où Greska se rend, prenant soin de lui tout en profitant de sa grande expérience, et de sa protection.

Il comprit bien vite que c’est en observant, puis en imitant la faune qu'il apprendrait à discerner la flore comestible de la toxique, trouver des points d'eau potable, appréhender et échapper aux dangers environnants, nourrissant par la même occasion sa méfiance à l’égard de la nature humaine.


Équipement :
Jamais on ne prendra l'Échoué sans ses précieux acolytes, pendus à son dos : Brathu, une infecte peau de chevreuil, rêche et puante, percée aux quatre coins, enfilés et rassemblés en baluchon par une liane. Quoique passablement antipathique à bien des égards, elle s’avère toujours être de bon conseil et lui sert à la fois de contenant et d’abri contre le froid ou les intempéries.
À l’intérieur, aux côtés de ses nombreuses collections en tout genre, de quelques victuailles, brindilles et autres éléments (in)utiles collectés sur le chemin se trouve Zàrys, un long silex effilé, vestige tangible de son premier contact avec ses semblables. C’est un ami bruyant mais amusant, même s’il lui arrive parfois de se montrer blessant. R a apprit à ses dépens à se méfier de ce gredin.
Leur compagnie lui est devenue indispensable et sont autant de merveilleux outils qu’un réel soutien moral.

Apparence physique et charisme :
Que ressentez-vous en présence du jeune R ? Du mépris, du dégoût ? Une colère sourde, une douleur lancinante, des nausées peut-être ? Quoi qu’il en soit, un malaise certain, bien qu’irrationnel.

Comme un trou dans le monde, il est répugnant à côtoyer et douloureux à toucher, sa seule présence fait grincer les dents comme des ongles raclant l’ardoise.
Sa silhouette décharnée, sa peau grège au teint cireux, ses mimiques grotesques, sa multitude de crocs acérés … Son être tout entier dérange, ce qui rend tout jugement de valeur redoutablement tendancieux.

Pourtant, s’il semble accablé par nombre de faix, le dos voûté par l’inflexion d’une invisible charge, sa démarche souple et leste s’en vient trahir une légèreté et une mobilité qu’aucune forme d’entrave ne saurait saisir.
Tout autant que peut l’être son esprit, ses traits sont aigus. L’échoué a le nez long, pointu, les pommettes hautes et saillantes ; Les cicatrices ceignant sa mâchoire, ses lèvres légèrement cyanosées et le pourtour de ses orbites semblent magnifier cette structure acérée.
Sur le sommet de ce cap foisonne une crinière anthracite, tombant paresseusement devant son regard éteint ; En aval, ne demeure rien d’autre qu’une étendue glabre, à l’image du reste de son corps.

Caractère et personnalité :
R … Voilà tout ce qui surgit des tréfonds de son subconscient, au premier jour. Rrr… Il a beau se concentrer, rien ne vient compléter le grognement qui lui sert de patronyme. Une sérieuse source de frustration qu’il dissimulera aux yeux de ses pairs au moyen d’un simple artifice. Ère. Succinct, mais entier.

La vie était pour lui, dès son éveil, un immense champ de ruine. Il avait poussé tordu et creux, comme une souche gangrenée. Il en était persuadé, mais ne pouvait l’expliquer.
Un gouffre sans fond ravine son esprit, réclamant un sacrifice de chaque instant, et ce, par tous les moyens qu'il jugera nécessaires. Sa manière à lui d'apprendre à survivre.

Il peut sembler un peu étrange, un pauvre être esseulé, farouche et soliloque qui aurait basculé la tête la première. Mais ne vous y méprenez pas.
Résigné, R observe le monde et dans ses iris d’un gris délavé, fallacieusement figés, fardés d’incertitude, brille la flamme d’une malice, d’un intellect et d’une lucidité telles, que les esprits les plus malveillants s’empressent de l’oublier. Son masque est fait de chair. Et rien n’est plus vide qu’une âme encombrée.


Histoire :
«J-je dois … Il le faut. Je n’ai pas le choix, tu comprends ? Je dois le faire.» répétait frénétiquement Redarth, tant pour soulager sa conscience que de se persuader lui-même.

Entre ses mains calleuses secouées par la nervosité, le vieil homme tenait un morceau de silex acéré qu’il suspendait à quelques centimètres de la cuisse rachitique de R. Celui-ci gisait contre la paroi humide de la grotte, à peine conscient de ce qui était entrain de se passer.

«Ça va bientôt faire deux jours que t’as capturé cet avorton au lac, et t’as pas encore trouvé les couilles d’y toucher. T’as faim pourtant, pas vrai ? Tu crèves la dalle. Alors fais-le Redarth, maintenant ! C’est une pièce de choix après t...»

Son estomac se souleva sans crier gare. Le vieux Racine eut tout juste le temps de tourner la tête sur le côté avant que la bile ne jaillisse de sa gorge en une giclée incontrôlable.

«Ce ne peut être au-dessus de mes forces ! aboya le pauvre diable en abattant ses deux poings sur le sol. Crois-moi que si tu ne me donnais pas littéralement la gerbe, charogne, il ne resterait pas grand-chose de ta sale gueule !»

Le garçon n’eut pas le temps d’ouvrir les yeux avant que les doigts de son bourreau ne se referment  sur sa chevelure charbonnée, tirant comme un forcené et l'arrachant de sa paillasse nauséabonde. Aussitôt, les insultes avaient fusées à l'attention de ce «foutre bleu de chien galeux» et la morve, crachée au visage, présageait d'un déchaînement imminent. Plaqué contre le sol terreux, le jeune homme se remettait à peine de sa stupeur -encore moins de la douleur-, écrasé par le poids du vieillard, au-dessus de lui. Son haleine puant les relents gastriques soufflait le râle furieux d'une bête sur le point de vous éviscérer vivant et R, que l’adrénaline avait ranimé, tenta de se soustraire à son emprise oppressante, en vain. Tout juste parvînt-il à pivoter de moitié, mais déjà les coups tombèrent. Du plat de la main tout d'abord, gifles cinglantes, puis les coups de poings en une rage peu commune. Les insultes n'avaient pas cessées, à demi-avalées par ses hoquets de démence, chaque fois plus brutales à mesure que l'émulation le possédait. Un filet de bave répugnant s'échappait au coin de sa mâchoire serrée où s'épinglait un sourire carnassier. Son corps s'était penché, donnant plus de force à ses bras, plus d'impact à ses coups. Le sang, sur ses phalanges, l'émoustillait. Il en voulait plus. Il le voulait mort.

L'était-il ? Les bras meurtris du jeune homme, repliés devant son visage, avaient cédés sous la pluie de heurts incessants et les larmes, sur ses pommettes, se teintèrent rapidement de rouge. Mais le vieillard ne s'arrêtait pas pour autant, frappant de plus belle, s'excitant chaque fois que la tête du gamin valsait sous ses poings, réduisant au passage la tendre chair de ses joues en charpie. Mort. Mort. Il le voulait mort !

«Sale petit merdeux.»

Redarth s'était redressé, sa frustration dépassée. Tout à coup, il était épuisé. Il essuya ses mains sur son pagne en peau de chevreuil d’un geste négligent et cracha une dernière fois un mollard qui atterrit au coin de son nez ensanglanté avant d'aller s'écrouler plus loin, essayant tant bien que mal de maîtriser son rythme cardiaque affolé. Il avait poussé son corps à bout, ce soir.  Essuyant la sueur qui coulait dans ses yeux du revers de la main, son regard s’attarda sur le foyer à l’entrée de la caverne, faisant danser les ombres sur les parois rugueuses de son abri. Il avait passé une bonne partie de la journée à faire prendre les herbes sèches, puis à l’entretenir avec des branches mortes et de grands morceaux d’écorce. Le feu est tellement vorace … Une dépense d’énergie qui ne sera pas vaine, pensa-t-il. Redarth mangera, ce soir. Il suffisait qu’il souffle un bon coup, qu’il plante son silex dans cette jambe qui n’est pas la sienne et qu’il s’y découpe une belle tranche de quadriceps.

Les pensées du vieillard se figèrent soudain. Au-dessus de lui, debout, R le toisait d’un œil brillant de haine. Comment avait-il trouvé la force de se mettre debout après la correction qu'il venait de subir ? La posture était menaçante. Pas grand-chose à voir avec le corps douloureux d'un gamin aux os brisés. Le sang perlait sur son visage contusionné, liquide aqueux ruisselant paresseusement jusqu'à la pointe de son menton ouvert avant de s'échouer sur le sol.

Les muscles de ses bras frêles, ses jambes, ses doigts osseux, ceux-là même qui venaient de saisir Redarth à la gorge. Sûr de lui ou trop altéré pour réagir, le vieillard tenta de se défaire de l'emprise de son agresseur, sans succès. Son sourire s'effaça. Privé d'oxygène, et de la majorité de ses autres facultés, il se débattit brièvement à son tour ... en vain, lui aussi.

«Tu n’as pas le choix, tu comprends ? Je dois le faire …» souffla le garçon au regard vitreux.

Redarth écarquillait les yeux, sans comprendre. Peu à peu, son visage bouffit et rouge se détendit et lorsque son regard s'éteignit, il fixait toujours le crépitement des flammes avec étonnement.

Il ne se laissa pas le temps de réaliser ce qu’il venait d’accomplir et dépouilla le cadavre de ses maigres possessions avant de quitter cette maudite caverne, filant comme vif argent à travers l’épais voile nocturne. Il couru ainsi, aussi loin que ses jambes chétives et encore engourdies purent le porter, ses deux nouveaux amis serrés contre son cœur.

Cet événement s’est passé il y a vingt-trois jours. R le sait, il les a comptés.
Depuis lors, le jeune échoué choisi de prendre ses distances avec les clans humains, mais ne pu échapper à quelques malheureuses rencontres fortuites, que la présence de Greska avortait bien souvent. Il vit reclus et, après des jours à se cacher, il commença à observer ses semblables, camouflé dans les fourrages, épiant leurs coutumes sociales et comportementales, parfois durant des heures.
Malgré une introduction peu encourageante et une terrible appréhension, les rituels de ses congénères fascine R, notamment l’évocation de Majak, l’être le plus radieux qu’il lui ait été donné de contempler, l’ultime otage du vieux Racine qu’il ne parvint à secourir, une vive morsure ayant réprimé chacune de ses tentatives de s’en saisir.
Aucun autre animal n'est capable de ce prodige, comme bon nombre d'autres secrets que les humains ne veulent partager avec lui.
Rongé par ses ressentiments et l'aigreur de la convoitise, R s'étrangle et exhibe ses frustrations au monde, submergé, l'esprit hanté par l'ombre de Redarth et de cette sinistre nuit. Ce souvenir le tourmente, ce souvenir le remplit.
Et le fragmenté sourit.

En ce qui vous concerne :
Prénom / pseudo : Shell
Age : Vingt-quatre ans
À quelle fréquence serez-vous présent(e) sur le forum ?

Aussi souvent que faire se peut.

Comment avez-vous découvert le forum ?

Après de longues recherches.

Avez-vous des remarques à propos du forum ?

Passablement intrigant.

• Tu parles de "pouvoirs extraordinaires" qui seraient réservés aux échoués. En fait tous les êtres humains (et même certains monstres) peuvent connaitre certains "sorts", les échoués ont simplement plus de prédispositions dans le domaine. Il ne s'agit pas de pouvoirs, il s'agit bien de "sort", j'insiste sur le terme parce qu'il s'agit d'un effet magique précis qui se manifeste de manière précise.

• Tu parles ensuite de "résonance psychique", ou encore d' "âme", pour donner une explication à la particularité de ton personnage. Je ne veux pas donner d'indice, mais je me contente de te poser la question : Pourquoi la magie ne pourrait-elle pas marcher autrement ? Comment savoir comment la magie fonctionne, d'où elle vient et si elle peut vraiment être annulée de la sorte ? Je sais que tu n'as pas ces informations malheureusement, mais je ne peux pas t'en dire plus... Cela fait partie des tristes contraintes liées au fait que nous ne pouvons pas tout vous révéler pour le moment !

• Ainsi tu comprendras que lorsque tu dis que "R est immunisé" contre la magie (en fait tu dis "immunisé contre tous les effets psychiques directs" (le terme 'effet psychique' est à revoir)), je ne peux pas l'accepter en l'état. De la même façon, je ne peux pas accepter le fait qu'il puisse réduire le pouvoir des échoués, ou des êtres humains, ou des créatures sachant manier des sorts... Simplement parce que... Décris comme tu l'as fait, cela ne peut pas être accepté.