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Aube blanche [j17][Pv Terre rouge][Commun][Clos]
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Serpe (PNJ)
Membre
Serpe (PNJ)
Messages : 52

Jour d'éveil : Jour 2
Race : Echoué
Métier : Sculpteur (2)
Fiche de présentation : ¢
Journal : ¢
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Dim 14 Aoû 2016 - 18:56

Ça y était. Après une journée d'attente, le ciel qui n'avait cessé de s'éclaircir délivrait enfin le fruit de ses entrailles. Il neigeait. Un vent frais, comme revigorant venait doucement glisser à l'intérieur des huttes de Terre-Rouge alors qu'au dehors, dans la nuit encore sombre, une myriade de flocons chutaient en silence pour venir s'échouer sur le feuillage et le sol de la forêt.

Serpe était éveillé depuis un certain temps déjà. Mais il n'avait pas bougé depuis que ses yeux s'étaient ouverts et que sa conscience avait repris le dessus il n'avait pas fait un geste. Quelque-chose avait changé à l'extérieur. L'air qui lui parvenait, froid et sec était tout à fait nouveau pour lui et il appréciait la façon dont il glissait sur son visage alors que la respiration profonde d'Okha semblait envelopper tout l'espace de leur abri. Leur départ était imminent. Leurs affaires étaient prêtes et Serpe ne tenait pas plus que ça à faire ses adieux à qui que ce soit. Il n'y aurait d'ailleurs même pas pensé si sa camarade Racine de l'avait pas mentionné maladroitement, peu avant qu'ils ne se couchent. L'Échoué lui avait lancé un long regard appuyé, elle s'était retournée et allongée sans un bruit. Il sentait qu'elle était proche de lui et qu'elle comprenait certaines choses. Néanmoins il en était d'autres au sujet desquelles ils seraient à jamais séparés.

Désormais il hésitait à la réveiller. Il savait qu'il lui enlevait quelque-chose en les faisant quitter Terre-Rouge, mais c'était nécessaires et ils avaient besoin l'un de l'autre. Dehors quelqu'un jeta une bûche dans le feu. Ils devaient faire vite, partir serait bien plus difficile à faire et à expliquer une fois l'ensemble du camp sur pied. Serpe se redressa.
Alors qu'il rassemblait ses affaire et qu'Okha s'éveillait à son côté il se fit la remarque que, bien qu'il n'ait passé que quelques jours à Terre-Rouge, ceux-ci lui semblaient une éternité. De leur côté, son éveil et ses premières errance tenaient désormais de la genèse. Quel étrange phénomène que le temps. La Racine s'était elle aussi mise à préparer ses affaires. Son art s'était amélioré et elle leur avait confectionné deux baluchons en prévisions de leur départ. Leur facture n'était pas bonne, le temps leur manquait, mais ils tiendraient au moins pour quelques jours. Elle avait également pris le temps de tresser d'épaisses feuilles de végétaux aquatiques entre elles pour former une sorte de trousse rigide ou il pouvait stocker ses plus petits os et outils. Il l'en avait remercié et avait coincé l'objet dans sa ceinture.

Une fois leurs affaires rassemblées, leurs yeux se croisèrent enfin. Okha hocha la tête et ils se redressèrent en silence pour sortir de la hutte.
Ils restèrent un temps immobiles et silencieux face au spectacle de la neige qui tombait, tout deux émus à leur manière. Puis Serpe déposa avec précaution les affaires qu'ils ne comptaient pas emporter à côté de l'abri (des débris d'os, quelques pierres aiguisées, des morceaux de corde végétale élimées...) puis ils longèrent le bord de la clairière pour se diriger vers le sud. Leur plan était de se diriger vers l'est jusqu'aux abords de la forêt pour ensuite bifurquer vers le nord. Mais ils devaient d'abord passer par le lac pour s'abreuver avant leur marche.

A la main, Serpe tenait l'omoplate d'ours gravée qu'il avait laissée à Terre-Rouge lors de sa première venue. Il ne savait pas vraiment ce qu'il comptait en faire, mais la laisser se faire recouvrir par le sol de la forêt ne lui semblait pas juste. Il ne pouvait pas non plus l'emporter avec eux, elle était bien trop encombrante. Alors qu'il la soupesait avec indécision, Okha qui menait la marche ralentit et ils finirent par s'arrêter. A quelques mètres d'eux, la peau d'ours qui couvrait ses larges épaules piquetée de points blanc, se tenait Telod. De dos, sa tête semblait penchée vers l'arrière, regardait-il le ciel? Était il déjà conscient de leur présence? Serpe pensait que oui, sans pouvoir l'expliquer.
Telod
Administrateur
Telod
Messages : 213

Jour d'éveil : Jour 1
Race : Racine
Métier : Sculpteur (3)
Groupe : Terre Rouge
Fiche de présentation :
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Lun 15 Aoû 2016 - 11:16

Personne d'autre ne montait la garde avec moi. Les autres étaient si fatigués qu'ils n'avaient même pas réalisés qu'ils étaient tous partis se coucher sans qu'un autre veilleur ne soit désigné. Cela ne me gênait pas.
Mes yeux se sentaient simplement obligés de se lever souvent de mes sculptures.

Peu de temps après la tombée de la nuit je finissais la troisième. Elle ressemblait à un tube enroulé, avec de nombreuses lignes courbes à sa surface. Je la posai sur une tombe.

Puis j'entamai la dernière.

Plus la nuit avançait, plus la fraîcheur prenait le pas sur la chaleur. J'eus le curieux sentiment de devoir toujours me rapprocher un peu plus du feu.

Je finis la sculpture un peu avant le lever du jour. J'avais voulu représenter l'idée que je me faisais des plantes. Le calme, la douceur, la simplicité. Ainsi j'ai opté pour une figure lisse, du plus lisse que je pouvais, à la forme simple et complexe. Droite par endroit, arrondie à d'autres, fine et élégante, autant que je l'ai pu.
Alors je la déposai sur la tombe de Fadone, et je pus considérer mon travail accompli.

Regardant alentour, avec la lumière qui revenait, je constatai que la pluie s'était changée en neige. Je contemplai le phénomène avec un intérêt mesuré.

Des images revinrent dans mon esprit. Je me revis debout, pénétrant dans la clairière, avec dans mes bras le corps mort de mon amie Miosselle. A ce moment aussi, il avait plu pour une ou deux éternités. A ce moment aussi, la pluie, au matin, avait laissé place à quelque chose d'autre. Mais cette fois là la clairière s'illuminait de rouge, et j'avais cru qu'elle disait aimer le sang.

Un massacre à chaque pluie. Et une fois que la violence se terminait, la pluie se retirait, et la terre... La terre portait le deuil ? Le rouge représentait bien Miosselle, elle qui aimait tant le feu, elle qui me surnommait "Le taureau" pour me provoquer, elle qui était si vivante, si variante, si chaleureuse. Et la terre s'était parée de rouge à sa mort.
Maintenant, le blanc, lui, il pouvait peut-être représenter Mizore, l'amie d'Atalant, qui était née dans cette neige. Peut-être Fadone, dont le corps n'était qu'une variante de gris, et dont les yeux, d'un gris très clair, rappelaient la douceur et la faiblesse des flocons.
Peut-être tous ceux qui étaient morts.

L'idée ne me déplaisait pas. Bien qu'elle soit un peu stupide.

Après un moment à penser, ou à ne pas penser, seul, dans l'étendue qui devenait blanche, je me levai, pris un gros morceau de bois et je l'ajoutai au feu. Les autres auraient surement envie de se réchauffer en voyant cette neige.

Puis je fis quelques pas dans la clairière, et je levai mes yeux pour apercevoir les nuages.

Petite chose, blanche, tombant. Derrière elle, une immensité noire.

Je revis le corps de Miosselle, appelé par les abysses. Je me revis la tirer, la sortir de la, par mes bras, par ma force.

Et si... Et si il n'y avait pas que la pluie, qui tombait ? Et si tout ce qui était petit, faible, aux yeux du monde, se mettait irrémédiablement à tomber, chuter devant le noir ? Et s'il suffisait de paraître affaiblit pour être immédiatement pris pour cible, happé et s'affaisser en terre ?

Ceux qui avaient l'air forts, alors, seraient les seuls à pouvoir choisir de leur destin, à pouvoir changer les choses. Non pas tous les hommes, contrairement à ce que je disais hier à Jey, mais seuls les hommes qui inspirent la crainte et la force, seraient libres. Seules les brutes stupides, comme moi, auraient ce droit.

Cette idée me semblait tristement vraie. Elle intensifiait ma colère.

La loi du plus fort, et même au-delà de ça, rien d'autre que le plus fort ne peut créer de loi. Le flocon, lui, même s'il est plus pur, même s'il est plus subtil et sage, devra se taire et tomber.

Je détournai mes yeux du ciel, pour me retourner, souhaitant rejoindre à nouveau le feu. Alors je vis Serpe et Okha, debout, face à moi. Je fus d'abord surpris, puis je compris, immédiatement.

Ces deux là, bien que faisant clairement partie de la vie du camp, n'avaient jamais vraiment voulu se mêler complètement au groupe. En particulier Serpe, ce petit homme mystérieux. Il avait toujours l'air d'avoir des idées, des besoins, des attentes qui dépassaient ce que la Terre Rouge lui offrait. Il voulait voir ce qu'il y avait sous nos pieds, au-dessus de notre tête, donner des significations, un sens profond aux choses, aux êtres et aux lieux. Alors que nous, nous souhaitions toujours rester au même endroit, et bouger le moins possible, pour nous permettre de nous stabiliser. Alors que moi, chef de ces terres, je refusais de chercher à donner un sens, et je condamnais les pensées qui s'envolaient trop loin de mon sol.

Son amie, Okha, elle semblait le suivre comme si elle lui devait la vie. Elle paraissait très attachée à Serpe, et leur lien très fort la poussait à rester loin de nous, tout autant que lui restait différent de nous.

Je devinai alors, sans avoir besoin de beaucoup d'effort, que :

- Vous partez.

Sans avoir besoin de réponse, j'hochai fermement la tête, comme pour donner mon accord, mon respect et ma bénédiction. Ils auraient eu besoin de s'en aller, de toute façon, un jour ou l'autre. C'était bien qu'ils le fassent discrètement, sans agiter le reste du groupe, pour ne pas faire de bruit inutilement. Je me souvins de leur présence, à nos côtés, en nous battant contre les monstres noirs. Okha qui m'assistait face à celui qui me donnait du mal, Serpe qui, vaillamment, tenait tête à celui qui nous avait enlevé Fadone. Je m'approchai du couple, et je dis, en regardant Serpe dans les yeux :

- Si, un jour, vous avez des difficultés, n'oubliez pas que nous sommes vos camarades. N'oubliez pas que cette clairière est de votre côté.

Alors me vint une idée. Le blanc pouvait représenter les os de Serpe. Terre Rouge disait au revoir ?
Serpe (PNJ)
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Serpe (PNJ)
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Jour d'éveil : Jour 2
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Lun 15 Aoû 2016 - 14:05

Serpe allait faire un pas vers lui avant qu'il ne se retourne et fut pris de court quand Telod leur fit face. Ils se fixèrent un moment avant que Telod ne prenne enfin la parole.

- Vous partez.


Quelque-chose au fond des entrailles de l'échoué tressaillit. Une part de lui avait appréhendé cette confrontation tout en l'espérant. Mais il ne s'attendait pas à ce qu'elle soit aussi simple.
Il comprenait. Évidemment qu'il comprenait. Il était autant éveillé que Serpe, sinon plus. Les profondeurs de son regard terne n'étaient pas baignés de la simple peur de mourir. Une constante qui résonnait au delà de ce monde absurde et vulgaire y brillait. Et pourtant il restait parmi les ombres.

- Si, un jour, vous avez des difficultés, n'oubliez pas que nous sommes vos camarades. N'oubliez pas que cette clairière est de votre côté.


Serpe frissonna cette fois. L'homme qui lui faisait face lui proposait sans détour de revenir quand il voulait dans ce lieu qu'il abandonnait sans arrière pensée, alors que Terre Rouge comportait désormais plus de malades et de blessés que jamais. Et si ces nouveaux arrivants se montraient plus mal intentionnés qu'ils ne le paraissaient? Il serait plus stratégique pour le chef de Terre Rouge d'essayer de les faire rester au moins quelques jours au camp,  jusqu'à ce que celui-ci retrouve une stabilité relative. Qu'essayait-il de faire? Pensait-il qu'en ne les retenant pas il arriverait à les persuader de rester?

- Merci

Sa réflexion fut interrompue par la voix d'Okha et il se tourna vers elle.

- Nous n'aurions sans doute pas survécu sans vous. Et bien qu'hier l'inverse ait pu être réciproque, nous vous serons à jamais redevables de l'aide que vous nous avez apporté, sans rien demander en échange.


Ce fut ensuite la racine qui se tourna vers lui. Il discernait mieux son visage maintenant, le jour était proche. Elle voulait qu'il s'exprime lui aussi. Ses yeux se baissèrent sur l'omoplate gravée qu'il pendait au bout de son bras. La gravure lui en paraissait rudimentaire désormais. Mais le symbole qui y était inscrit lui semblait plus juste que jamais. Posant son arme il saisit l'os à deux main et le tendit vers Telod.

- Votre aide nous a en effet été précieuse...  Je ne sais pas quel chemin Terre Rouge compte emprunter dans le futur, ni quel sont les obstacles que vous rencontrerez. Mais je vous souhaite de trouver votre voie parmi les ombres, avant que celles-ci ne se fassent trop épaisses.


Il déposa l'omoplate dans les mains du Racine.

- Quelque-chose est en marche, vivant, conscient peut-être. Je crois que tu le sens aussi. Il ne sera peut-être pas possible de l'ignorer pour toujours. Des gens comme toi ont reçu la force d'y faire face, peut-être n'est-ce pas pour rien.


Un silence se fit. Serpe n'était pas sûr de vouloir attendre la réponse du Racine. La neige tombait désormais avec plus d'intensité, couvrant les pierres autour du feu d'une pellicule humide et scintillante.
Telod
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Telod
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Race : Racine
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Groupe : Terre Rouge
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Mar 16 Aoû 2016 - 12:56

Okha me remercia et sembla faire une claire distinction entre les membres de Terre Rouge et eux-deux. Elle semblait voir des relations d'aides mutuelles entre deux groupes bien distincts. Curieux. Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle.
Pour moi le groupe n'est qu'une seule unité, quiconque y entre en fait partie. Par le fait qu'un individu participe à la vie du groupe, il a sa place dans le groupe. Chacun s'entraide puisque chacun accomplit la tâche qui lui est attribuée.

Serpe me tendit l'os qu'il avait sculpté quelques jours plus tôt pour nous passer un message. J'acceptai son présent, en hochant la tête, alors qu'il nous souhaitait bonne chance à sa manière - du moins c'était comme ça que je l'interprétais. Puis il ajouta :

- Quelque-chose est en marche, vivant, conscient peut-être. Je crois que tu le sens aussi. Il ne sera peut-être pas possible de l'ignorer pour toujours. Des gens comme toi ont reçu la force d'y faire face, peut-être n'est-ce pas pour rien.

Je le regardai dans les yeux, ne sachant quoi penser de ses dires. Il évoquait une menace. Effectivement, peut-être qu'un sentiment comparable à de l'oppression et à de la menace résidait dans mes entrailles. Cette oppression tendait à me rendre colérique les jours où pourtant tout était calme. Mais je ne partageais tout de même pas exactement le même sentiment que lui. Qu'est-ce qui lui permettait d'évoquer la vie et la conscience derrière cette oppression ?

Peut-être avait-il compris quelque chose que je n'avais pas encore saisi. Les gens du Lac ont toujours eu une conscience différente, une approche des choses qui les rendait plus ouverts à certains phénomènes. Et parmi ceux qui avaient l'approche la plus unique, Serpe semblait être le roi.

Quoi qu'il en soit, je ne désirais pas réfléchir davantage sur le sujet. Inutile de réfléchir aux menaces tant qu'on ne les voit pas, là était ma façon de penser.

- Je n'ai pas reçu de force particulière. Tout ce que je fais, c'est ne pas m'encombrer de doutes, ne rien lâcher, et garder le cap en vue, lorsque j'ai quelque chose à faire. Vous êtes plus intelligents que moi, et toi, Serpe, tu penses beaucoup. C'est une bonne chose. Mais n'oublie pas que trop penser, lorsque l'obscurité s'avance vers toi et que le temps est compté, te sera forcément néfaste.

Ces deux personnes faisaient partie de mes camarades. C'est pour cette raison que je souhaitais qu'ils s'en sortent. Ils semblaient forts, intérieurement, c'est pour cette raison que je ne cherchais pas non plus à douter d'eux.

- Faites face à vos ennemis. Regardez-les droit dans les yeux. Alors vous serez autant capable de les affronter que je le suis. Bonne route à vous deux, je vous souhaite aussi de trouver votre voie.

Dis-je d'une voix détachée, tout en les contournant, donnant une tape sur l'épaule d'Okha et penchant amicalement la tête vers Serpe. J'allai vers le feu du campement, laissant les deux individus derrière moi.
Serpe (PNJ)
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Mer 17 Aoû 2016 - 16:02

En regardant le Racine s'éloigner, Serpe sentit ses épaules se détendre. Alors que lui-même se détournait pour se diriger vers la forêt l'image du lac lui vint à l'esprit. Telod s'apparentait en beaucoup de chose à un lac. Force massive mais statique, son aspect imperturbable reflétant les désirs et les peurs de ceux qui s'alliaient ou s'opposaient à lui. Finalement c'était peut-être ça son rôle ici. Révéler à chacun la vacuité de leurs peurs et de leur vanité pour qu'ils se tournent vers... autre chose? Une dernière fois l'échoué se retourna vers Terre Rouge. Déjà plusieurs arbres les séparaient de la clairière et il discernait avec peine la silhouette du veilleur. Okha le regardait avec un regard interrogateur.

- Nous devrions avancer, j'aimerais mieux m'approcher du lac avant que le jour ne se lève complètement.


Serpe acquiesça et ils se remirent en route. Alors qu'il marchaient, il sentit une euphorie presque physique s'emparer de lui, comme s'il se réveillait d'un rêve de plusieurs jours. Ils s'éloignaient de la sécurité, d'un certain confort, de la chaleur d'un feu... et pourtant l'échoué se sentait incroyablement bien. Soupirant d'aise il accéléra le pas; amusée Okha s'adapta à ce nouveau rythme sans rien dire. Ils restèrent un peu trop longtemps près du lac. Après s'être abreuvés ils se laissèrent happer par l'écoute de la vie qui s'éveillait dans les bois derrière eux alors que la neige continuait de tomber, s'effaçant à la surface de l'eau.

Alors qu'ils regagnaient le bois une rumeur leur parvint de l'ouest et ils s'immobilisèrent. Alors qu'Okha se rapprochait du sol pour cacher sa haute silhouette, Serpe se coula derrière l'arbre le plus proche et scruta les abords du lac pour tenter de percevoir quelque-chose.
A l'endroit du combat qu'ils avaient mené il y avait deux jours de cela se trouvaient un groupe de guetteurs. A cette distance il était difficile d'évaluer leur nombre mais Serpe l'estima à cinq ou six. Ils semblaient agité, leurs silhouettes sombres se projetant au travers de la plaine dans la lumière de l'aube. Leurs mouvement paraissaient malgré tout s'agencer autour du même endroit. Étaient-ils attirés par la présence des ossements des Brise-crânes? Ce n'était peut-être qu'une coïncidence. Soudain l'un d'eux brisa la courbe de sa course pour se diriger vers la forêt et il disparut au yeux de Serpe. L'échoué recula aussitôt de quelques pas et se retourna vers Okha qui levait vers lui des yeux impatients. Ils ne les avaient pas vus, mais mieux valait ne pas tenter la chance, ils devaient se remettre en route.

- Allons-y.

- Qu'est-ce que c'était?


- Rien qui en vaille la peine, nous devons y aller maintenant, fais ce que je te dis.


Okha, hocha la tête, la mine sombre. L’imminence d'un danger possible l'empêchait de discuter. Ils reprirent leur route vers le nord comme ils l'avait prévu.

La lumière était désormais totalement revenue. Si la neige s'était arrêtée de tomber le ciel restait malgré tout d'un blanc éclatant. Évoluant à la lisière des arbres, les deux voyageurs furent bientôt trempés par la neige s'étant transformée en eau qui imbibait la végétation. Ils continuèrent malgré tout à évoluer à l'abri des arbres. Peu à peu le sol de la forêt s'éleva et à leur droite les reliefs du plateau leurs apparurent. Les yeux clairs de l'échoué découpaient les crêtes qui naissaient d'entre les volutes de brumes, son cœur battant à tout rompre.
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