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Santre [j17][Solo][Commun][clos]
AuteurMessage
Serpe (PNJ)
Membre
Serpe (PNJ)
Messages : 52

Jour d'éveil : Jour 2
Race : Echoué
Métier : Sculpteur (2)
Fiche de présentation : ¢
Journal : ¢
Santre [j17][Solo][Commun][clos] Empty
Mer 17 Aoû 2016 - 19:05

Le terrain se faisait de plus en plus escarpé alors qu'Okha et Serpe progressaient vers le nord. Le soleil était bientôt à son zénith et ils ne s'étaient pas arrêtés. Au fond d'une ravine aux pentes particulièrement ardues Okha s'immobilisa pour reprendre son souffle. Son camarade échoué scruta rapidement les alentours. Ce n'était vraiment pas le meilleur endroit pour faire une halte. Si quelqu'un les attaquait de l'un des surplombs il détiendrait un avantage certain. Tout en continuant de jeter un œil autour de lui il posa la main sur l'épaule de la Racine. La respiration de cette dernière se fit peu à peu plus légère et elle se tourna enfin vers lui.

- Qu'est-ce que c'était là-bas, près du lac?


Serpe ne s'attendait pas à ce qu'elle pose la question aussi rapidement. Une moue contrariée s'afficha sur ses traits. Il lui devait la vérité, mais elle n'aimerait pas ça.

- Un groupe de guetteurs, quatre, peut-être cinq.

Les yeux d'Okha s'agrandirent alors que l'information et ce qu'elle impliquait lui parvenait.

- Quoi? Sur la berge? Nous aurions du retourner à Terre-Rouge pour les prévenir! Pourquoi tu n'as rien dit?


- J'avais réussi à t'en faire partir. Si nous y étions revenus pour les aider les guetteurs n'auraient peut-être pas attaqué avant plusieurs jours... peut-être même jamais. Je ne voulais pas prendre le risque que tu changes d'avis.

L'Echoué voyait une détresse teintée de désillusion parcourir le regard de la Racine et il ressentit un pincement au coeur. Les mots qu'il ajouta ensuite n'arrangèrent rien.

- J'ai besoin de toi. Et toi de moi. Nous devons rester ensembles.

Avant qu'Okha ait pu avancer quoi que ce soit d'autre il se releva avec un regard d'excuse.

- Nous devrions sortir de ce ravin avant que l'on nous y surprenne. Nous pourrons nous reposer une fois que nous aurons trouvé un endroit plus sûr.


Ses rapports avec Okha n'avait jamais été réellement hiérarchisés, mais maintenant qu'il étaient de nouveau sur la route, il était difficile pour lui de lui laisser une quelconque marge de manœuvre tant son empressement était fort. Mais vers quel but? Serpe se disait qu'ils le trouveraient en route, qu'un signe leur indiquerait la voie à suivre. Maintenant que la faim et la fatigue se faisaient plus pesante et qu'il sentait le regard rancunier de sa camarade sur ses épaules, l'échoué commençait à douter.
Ils sortirent du ravin et continuèrent leur progression. Les arbres évoluaient alors qu'ils prenaient de l'altitude désormais et les aiguilles brunes se mêlaient peut à peu aux feuilles mortes sur le sol. Après un certain temps le sol cessa de grimper vers les hauteurs et ils s'arrêtèrent au pied d'un large conifère. Le tapis d'aiguille qui l'entourait n'était pas aussi confortable que la mousse mais avait l'avantage d'être moins humide. Okha sortir de sa sacoche les quelques baies qu'ils avaient pu trouver durant leur progression. Face à l'effort qu'ils venaient de fournir ce repas semblait ridicule. Tenant les petits fruits rouges dans sa main ouvert la Racine les contempla un temps en silence.

- Tu as raison, j'ai besoin de toi et tu as besoin de moi. Et c'est justement pour cela qu'il faudra que tu apprennes à ne pas agir seulement comme il te convient petit homme.


Sa main se referma doucement sur les baies, comme une plante carnivore cueillant doucement l'insecte qui a eu le malheur de se poser sur elle.

- Tu vois des choses que je ne vois pas. Mais que cela ne t'aveugle pas trop, sans moi tu ne saurais survivre plus de quelques jours ici.


Serpe hocha la tête. La Racine tendit le bras et fit tomber quelques fruits dans sa main ouverte, ils mangèrent en silence.

La neige s'était arrêtée de tomber, désormais un vent frais faisait osciller les cimes des arbres au dessus d'eux. L'air était bien plus sec ici. Okha, en tailleur, avait les yeux fermés et semblait écouter la brise glisser sur les aiguilles. Serpe lui s'était appuyé contre le tronc d'arbre et travaillait avec lenteur sur un os de brise-crâne. Il parvenait petit à petit à créer un angle sur sa longueur en utilisant un éclat de galet. Le coupant ne serait pas aussi tranchant qu'un silex mais serait sans doute moins friable. Peut-être pourrait-il le denteler?
Un son incongru vint briser la mélopée lancinante du vent. Okha ouvrit aussitôt les yeux et sa main s'enroula sans bruit autour de son arme. Serpe lui n'avait pas bougé. Le son provenait de derrière l'arbre. Ils se levèrent de concert en silence, sans se quitter du regard. Serpe n'avait pas réussi à identifier le son mais il ne semblait pas provenir d'un monstre quelconque. Pas de ce qu'ils connaissaient en tout cas. A la suite de la Racine, les muscles tendus par la fatigue nerveuse il contourna le tronc.

Un corps blanc gisait à leur pied, comme encastré entre deux larges racines de l'arbre au torsades sombres. Au dessus d'elles, le tronc imposant de l'arbre faisait l'effet d'une chute d'eau figée, venant percuter avec force un rocher blanc, poli par l'eau et le vent. Ils restèrent immobiles, attentifs, tendant l'oreille pour tenter de percevoir d'autre présences humaines dans les parages. Rien.

Serpe s'avança lentement. Après quelques secondes d'observation attentive il s'avéra que c'était bien un être vivant qui était étendu là, une respiration légère soulevait ses côtes saillantes. Des projection de boue couvrait tout son dos et vrillaient la ligne de sa colonne vertébrale. De son crâne s'échappait un flot de cheveux blonds, enmellés et parcourus de débris de branches.

Okha s'approcha à son tour, impatiente. Tenant fermement son arme, elle rejoignit Serpe en rendant sa démarche ostensiblement bruyante. Ses yeux fauves eux continuaient de scruter les alentours.

Alors elle s'éveilla. Ses épaules furent les premières à se mouvoir, faisant paresseusement rouler ses omoplates alors que sa conscience lui revenait. Puis, sans presque un bruit, elle se redressa et leur fit face.

Serpe la trouva jolie, d'une beauté étrange. Il lui semblait contempler une oeuvre dont on aurait tout voulu qu'elle soit hormis une caricature. Un visage légèrement rond pour des lèvres figées dans une moue pensive, le tout piqueté de deux yeux bleus clairs, s'extrayant doucement du sommeil. Quand leur prunelles se posèrent sur lui, son coeur manqua un battement.
Ce n'était pas de l'extase, ni de la peur, ni de l'amour. Il lui semblait qu'il venait d'entrer en présence de quelque-chose qu'il cherchait depuis le début, encastré dans deux globes couleur de glace qui le jaugeait maintenant sans rien laisser transparaître.

- Qu'est-ce que vous attendez?


Okha fronça les sourcils mais ne dit rien, son camarade échoué se tint silencieux lui aussi. La petite silhouette continua à les fixer de ses yeux inexpressifs. Son ton n'avait pas été mordant ni teinté d'inquiétude, comme si elle avait posé une question destinée à alimenter une conversation ennuyeuse. Voyant que ses interlocuteurs ne répondaient pas, elle haussa les épaules avant de s'étirer. Au bout de son court bras un morceau de silex tranchant apparut. Elle finit par pousser un soupir de contentement et leur décocha un sourire rêveur. De son côté, la Racine poussa un grognement sourd et regarda autour d'elle de plus belle, en abaissant légèrement son centre de gravité. Ce ne pouvait être qu'un piège. Pourquoi autant de flegme provenant de la part d'une personne en position évidente de faiblesse? De son côté, Serpe ne cessait de la fixer, comme s'il essayait d'imprimer ses traits au fond de sa rétine. Il brûlait d'envie de s'approcher davantage d'elle, mais quelque-chose lui intimait de ne rien en faire.

- Qui est tu? Est-tu seule?

La voix grave d'Okha vint se perdre entre les arbres, un rire cristallin lui répondit.

- Ce serait plutôt maladroit de ma part de vous donner ce genre d'information.


Sa tête se pencha imperceptiblement de côté sans que son sourire disparaisse.

- Ceci dit, vous avez l'air d'avoir toute votre tête... Santre.

Les deux compagnons se dévisagèrent sans comprendre, et il ne fallut pas plus que cet instant d'attention pour que la Cime se mette sur pied. Alors qu'ils reculaient tout les deux d'un pas et qu'Okha levait son arme dans un réflexe brusque elle rit de nouveau. Son rire n'était pas joyeux, ni triste, et pourtant il semblait chargé d'une vague d'émotion. Quelque-chose proche de la déception, de l'abandon.

- Santre, c'est mon nom.

Ils se tirent coi. La désinvolture de la dénommée Santre ne la faisait parraître que plus dangereuse. Son corps de petite taille ne semblait pas taillé pour la course ni l'effort, et pourtant elle se déplaçait avec une assurance troublante. Serpe s'apprêtait à lui donner leurs noms mais elle n'attendit pas et se pencha pour ramasser quelque-chose coincé sous les racines devant lesquelles elle someillait. Se tournant vers eux elle leur tendit le cadavre d'un lapin.

- Vous avez faim.


Elle leur jeta l'animal qui atterit dans les bras de Serpe pour ensuite se retourner vers les profondeurs de la forêt.

- Je vais chercher du bois pour le feu.


- Non.


Surprise, la Cime fixa Okha, ses sourcils clairs légèrement levés. La Racine avait utilisé un ton abrupt. C'est avec une voix plus douce mais ferme qu'elle se justifia ensuite.

- Je m'en occupe, tu peux rester avec Serpe.

Le sourire de Santre réapparut sur son visage et elle hocha la tête, comme si elle ne faisait que concéder de bonne grâce ce droit à la Racine qui s'éloignait déjà. Elle jeta un regard en biais à Serpe qui lui n'avait cessé de la fixer.

- Serpe hein?

L'échoué ne dit rien, qui était-elle? Il lui était difficile de percevoir ce qu'elle voulait d'eux. Mais il n'y avait aucun doute, elle aussi sentait, elle aussi savait... quelque-chose.

- Serpe. Serpe du Reflet.

Le regard de Santre cilla imperceptiblement.

* * * * * *

Une léthargie profonde s'empara de l'échoué alors qu'il finissait son repas. Certe l'animal était plutôt maigre mais, partagé entre deux bouches, il constituait un repas plus consistant que ce qu'il avait pu manger ces derniers jours. La Cime les avait regardés dévorer leur viande avec un air satisfait.

- Reposez vous encore un peu, je veille. Ensuite, si vous le souhaitez, vous pourrez vous joindre à notre camp?


Les deux compagnons restèrent silencieux. Finalement Okha prit la parole :

- Je dois consulter mon compagnon.

Comme si elle savait à quelle réponse s'attendre Santre hocha la tête sans surprise mais, au lieu de s'éloigner, attendit qu'ils s'éloignent du feu qui crépitait bruyamment en dévorant les branches de conifères. En grommelant la Racine se leva, suivie par Serpe et ils firent quelques pas avant de se retourner l'un vers l'autre.

- Je ne lui fait pas confiance, elle cache beaucoup de choses. C'est parfaitement dans son droit mais si nous devons rejoindre ce soit-disant camp, nous nous devons de rester sur nos gardes.


Serpe hocha la tête. Il était évident qu'ils devaient faire attention. Mais il devait en savoir plus sur cette femme, c'était impératif.

- Je suis d'accord. Il vaut mieux malgré tout la suivre. Si nous déclinons son offre il sera tout aussi facile pour ses compagnons de nous tomber dessus une fois la nuit tombée. Autant tenter le tout pour le tout, elle semble savoir ce qu'elle fait.


Pourquoi s'interdisait-il de lui parler du trouble que lui inspirait la Cime? Bah, il n'était même pas sûr de pouvoir encore mettre des mots dessus. Ils auraient le temps de s'expliquer plus tard. Les yeux d'Okha le scrutaient, en attente d'un plan un peu plus élaboré.

- Nous n'avons qu'à la suivre prudemment et en restant proche d'elle, au moindre mouvement brusque ou anormal, je lui mettrais un silex sous la gorge.


La racine soupira, elle n'avait rien de mieux à proposer. Alors qu'ils s'approchaient de nouveau du feu, Serpe s'approcha de son baluchon et  se mit à empaqueter de nouveau son travail.

- Nous viendront avec vous.

- Rien ne presse! Le jour est encore long, pourquoi ne pas...

- Nous nous sommes déjà assez reposé.


L’Échoué cru percevoir une lueur d'agacement sévère briller dans le regard de Santre. Okha avait de nouveau utilisé un ton brusque et lui avaient coupé la parole. Mais elle finit par hausser les épaules et se mit debout avec une moue presque enfantine.

- Ainsi soit-il.

Grattant le sol pour en extraire quelques poignées de terre, elle étouffa le feu puis, sans un regard derrière elle s'engagea d'un pas assuré entre les arbres, vers l'est et l'orée de la forêt, son corps menu, dénué de vêtements dansant entre les troncs. Un fois de plus pris de court, Serpe et Okha rassemblèrent leurs affaires en hâte et durent courir pour rattraper son pas vif.

* * * * * *

Ils ne leur fallut pas longtemps pour rejoindre le camp. Après avoir longé une forte déclivité coïncidant avec la disparition des arbres, ils s'engagèrent dans une ravine accidentée qui, passant sous de lourds rochers, était presque invisible pour qui ne la savait pas ici. Serpentant entre de lourds blocs de pierre, parsemés de mousse et d'herbe rase, ils finirent par faire face à deux murs de pierres qui, de taille humaine sur les côtés, voyaient leur hauteur décliner pour laisser un passage libre à un homme de taille large au centre. De la fumée montait de derrière les murs et, plus loin, Serpe entrapercevait une vaste forme sombre, bardée de stalactites, l'entrée d'une grotte. Son corps entier fut parcouru d'un frisson. Santre se tourna vers eux en leur adressant une fois de plus son étrange sourire.

- Bienvenue aux Cavernes Rauques.
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