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Derrière le mur de pierre [J17][solo]
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Serpe (PNJ)
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Serpe (PNJ)
Messages : 52

Jour d'éveil : Jour 2
Race : Echoué
Métier : Sculpteur (2)
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Mer 17 Aoû 2016 - 23:32

Serpe ne s'attendait pas à grand chose en passant le mur de blocs de granit. Mais il ne s'attendait particulièrement pas à rencontrer trois regards avides se poser sur lui. Trois regards qui appartenaient à trois personnes armées, se tenant à quelques pas de l'entrée du mur. Ils avaient du les entendre arriver. L'Echoué entendit Okha lever son arme derrière lui. Il y avait deux hommes et une femme. Ils pouvaient sans doute se débarrasser de deux d'entre eux mais face à trois assaillants ils n'avaient que peu de chances. Trois? Ou quatre?
Santre s'avança vers eux l'air calme et, alors qu'elle parvenait au niveau d'un imposant racine armé d'un pieu taché de sang, celui ci s'avança brusquement vers Serpe et Okha. Mais elle l'arrêta d'une main sur la poitrine. Surpris il fronça les sourcils et de sa bouche épaisse s'échappa une voix caverneuse.

- Qu'est-ce que ça signifie?

- On ne peut pas.


- Pardon? Tu étais censé ramener de quoi manger. Tu préfères te sacrifier à leur place?


Serpe jeta un rapide regard au deux autres. La femme élancée restait en retrait mais l'autre homme à l'étrange morphologie se rapprochait imperceptiblement, une large pierre au creux de la main. L'échoué sentait son regard viser son crâne. Il ne savait pas à quel jeu jouait Santre mais il ne comptait pas se mettre plus en danger.

- Ni l'un ni l'autre. J'ai repéré plusieurs terriers de lapins au sud, à l'orée de la forêt, la ou la montagne rentre dans le sol. J'ai même réussi à en tuer un moi-même, ça ne devrait pas poser de problème pour toi.


Le ton montait, Okha avait raison, ils auraient du se méfier davantage. Il recula et avisa la sortie qui se trouvait juste derrière eux. Fuyants ils auraient l'avantage de pouvoir affronter leurs assaillants uns par uns dans les espaces exiguës que créait le dédale de pierre, mais eux avaient l'avantage de connaître le terrain.

- Santre, encore un mot et je vous égorge tout les trois!

Le rire de la Cime s'échappa d'entre ses lèvres et... quelque-chose se produisit.

-S'il y a bien quelqu'un que l'on devrait égorger ici, ce serait plutôt toi. Après tout, n'est-ce pas ce que tu avait dit? "Si l'on ne trouve pas de nourriture avant la tombée du soir, je me donnerais en sacrifice", ce sont bien tes mots n'est-ce pas?

Les yeux du Racine se firent vague et pendant un instant il sembla vaciller.

- Je, heu...


- Tu ferais mieux de te mettre en route alors. Remonte vers le bois et longe la lisière jusqu'à une pierre ronde, chargée de mousse sur le flanc qui fait face aux montage, prend alors à l'est sur une vingtaine de pas et tu trouveras les lapins. Fait vite avant que le jour ne tombe.


Son interlocuteur resta un instant immobile puis, marmonnant un discours incompréhensible il baissa son arme, dépassa Serpe et Okha et disparut derrière le mur. Les deux autres avaient également baissés leurs armes. La deuxième cime regardait Santre d'un air craintif tandis que son congénère jetant un dernier regard dépité à Okha partait s'allonger à l'intérieur de la grotte, à même la pierre.

- Voici Leora! Celui qui vient de partir s'appelle Tusk et le flemmard en train de s'allonger c'est Meoram. On ne sait pas son vrai nom, il est muet, mais il réponds à celui-là la plupart du temps. Nous...


- Vous êtes cannibales?


La question était sortie de la bouche de Serpe sans qu'il y pense. Dénuée d'agressivité ou de dégout elle interrompit Santre dans sa présentation, les bras levés au niveau de son visage. Sa bouche se ferma et elle poussa un soupir léger.

- Eh bien... Non. Nous n'avons pas d'appétit particulier pour la chair humaine... mais nous n'en avons pas non plus pour la famine et la mort douloureuse qu'elle suppose. J'espère que ça répond à ta question. Voulez-vous vous asseoir près du feu en attendant le retour triomphant de notre chasseur?


Et sans attendre leur réponse elle s'y dirigea, suivie de près par Leora qui commença à lui parler de façon animée. Serpe se tourna vers Okha, interrogateur. Son visage était fermé et elle semblait regarder dans le vide; elle tremblait. Doucement, l'Echoué lui pris la main. D'abord surprise elle se laissa finalement faire et ils se dirigèrent tout deux vers le foyer. Santre les regarda s'approcher avec un sourire que Serpe commençait à connaître et interrompit sa conversation d'un geste. Elle s'assit ensuite sur l'une des pierres disposée près du foyer et ils firent tous de même. Le silence se fit. Okha regardait toujours dans le vague et l'Echoué ne s'en plaignait pas. Elle n'aurait sans doute pas aimé voir la forme des os qui se trouvaient au fond du foyer.

- Je ne crois pas avoir entendu le nom de ta camarade.


- Elle s'appelle Okha.


- Et toi Serpe, Serpe du Reflet. Pourquoi ce nom?


- Eh bien, je crois en l'existence de passages...


L'Echoué savait qu'il devait être méfiant, il jouait à un jeu dangereux. Néanmoins il ne pouvait s'empêcher de ressentir une attraction profonde pour Santre. Quelque-chose de profondément... spirituel?

- Ce monde n'est que le reflet de quelque-chose d'autre, ailleurs... Pas le reflet exact cependant, quelque-chose de plus s'y trouve, je crois. N'avez vous jamais eu l'impression de vous sentir observé? Par une entité immense?

Tout les yeux étaient tournés vers lui, y compris ceux d'Okha, elle l'écoutait, il en était heureux.

- Je pense que nous ne sommes pas condamnés à rester ici. Ces monstres au visages blancs ne sont que des agents pour nous pousser à agir, pour nous forcer à trouver...

-... une sortie.

C'était la première fois qu'ils entendaient la voix de Leora. Ses yeux brillaient maintenant d'espoir.

- Tu sais comment sortir d'ici?

Serpe soupira.

- Non. Mais je compte le découvrir.

Leora hocha la tête et ses yeux se perdirent dans les braises laissées à couver au sein du foyer.

- Tu... saurais nous montrer l'une de ces portes?


- Peut-être... si vous savez ou regarder.


Un sourire barrait maintenant le visage de l'échoué.

- Nous pourrions descendre au lac et...


- Oh nous avons un lac ici.

Serpe et Okha levèrent simultanément les yeux vers Santre. Celle-ci était déjà debout, un tison à la main. Le secouant pour en ranimer la flamme elle se dirigea vers la grotte. Une fois sous l'arche elle se tourna vers eux en souriant.

- Je vous montre?

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Sam 20 Aoû 2016 - 22:45

L'obscurité était quasi totale, la torche improvisée de Santre n'éclairait pas bien loin et leur suffisait à peine à ne pas percuter les aspérités des murs et les stalactites qui pendaient du plafond. Ils voyaient à peine leur pieds. Leora les avait accompagnés, il semblait qu'elle ne tienne pas à rester seule avec Meoram. Elle marchait proche de Serpe qui lui même suivait Santre, Okha fermait la marche. Ils évoluaient prudemment, l'étrange Cime leur indiquant les obstacles à éviter alors qu'ils progressaient dans le tunnel qui se réduisait petit à petit.

Une bourrasque de vent s'engouffra dans la grotte et, de ses profondeurs, surgit un grondement frôlant l'infra-basse, doublé d'un souffle plus aigu étrangement modulé. Le groupe s'immobilisa, comme tétanisé par l'étrange son. Serpe sentait la respiration rapide de Leora derrière lui. N'était-elle jamais rentrée dans cette grotte? Au vu de son comportement il n'était pas impossible qu'elle n'ait rejoint les Cavernes que récemment. Santre se tourna vers eux. Malgré l'obscurité Serpe était sur qu'elle souriait.

- Si vous vous demandiez D’où venait le nom, vous avez votre réponse.

- Tu sais ce qui cause ce bruit?

C'est Okha qui avait posé la question, sa voix était plus éteinte qu'à l'accoutumée mais de l'intérêt y filtrait malgré tout.

- On ne sait pas vraiment. Sans doute le vent qui s'engouffre dans un goulot minéral? Ou peut-être que c'est autre chose.


Santre avait prononcé cette dernière avec un amusement certain, ils reprirent leur progression. Peu à peu de nouveaux sons leur parvenait... des gouttes d'eau? Mais il ne pouvait pleuvoir sous terre? La Cime qui menait la marche s'immobilisa soudain. L'échoué manqua de lui rentrer dedans et au grognement gêné que laissa échapper Okha il sur que Leora n'avait pas eu autant de chance qu'elle. Pourquoi s'arrêtaient-ils? Serpe se fit la réflexion qu'il serait incapable de retrouver le chemin du retour, combien de temps avaient-ils marchés? La cime qui se trouvait derrière lui le fixait intensément, le tison tenue par Santre faisant danser d'étranges formes sur son visage. L’Échoué regretta de ne pas avoir emporté son arme. Les bruits de goutte semblaient plus proches Après être restée un moment immobile, Santre finit par se baisser et ramassa quelque-chose au sol qu'elle lança d'un large geste devant elle.

L'objet s'enfonça dans l'eau dans un « plouf » sonore qui se répercuta à travers un espace immense. Serpe laissa échapper un souffle, pas de surprise, mais d'ébahissement. Son cerveau évaluait maintenant à toute vitesse la taille possible de l'espace qui s'étendait devant lui, dans l'obscurité. Il s'avança et dépassa Santre. Son pied frôla l'eau alors que la main de la Cime venait retenir son bras, il manqua de perdre l'équilibre. Sa jambe s'était enfoncée jusqu'au mollet sans toucher le fond, et il n'était qu'à quelques centimètres du bord.

- Je ne sais pas si tu as pieds, même ici.

L’Échoué sentait sa main chaude, son majeur doucement appuyé contre l'intérieur de son bras, chaude. Étrangement il l'avait imaginée glacée. Mais son attention se reporta vite sur le lac souterrain, ou plutôt sur ce qu'il pensait qu'il était. Il devait le voir, il devait le sentir. Ses genoux se plièrent et sa main s'enfonça dans l'eau. Presque instantanément ses doigts s'engourdirent au contact du froid mais il ne les retira pas. Lentement, il approcha son visage plus près de la surface pour finalement l'y enfoncer. Son système nerveux sursauta en subissant le changement de température et il crut qu'il allait s'évanouir. L'eau lui entrait dans les oreilles et transperçait l'intérieur de son crâne comme deux lances de glace alors qu'un profond grondement parvenait à ses tympans. Il n'arrivait plus à penser, tout ses sens hurlaient, hors de contrôle. Alors que la douleur devenait intolérable, il se redressa finalement, ruisselant. Le calme qu'il perçut, au delà du sifflement virulent qui sortait de ses oreilles le surprit presque autant que le reste. Les autres n'avaient pas bougé, il pouvaient entendre chacune de leur respiration. Alors que ses alarmes corporelles se faisaient plus discrètes, un souffle de vent s'engouffra de nouveau dans la grotte. A la surface du lac, le rugissement était décuplé. Le goulet qui devait provoquer cet étrange son se situait sans doute de l'autre côté du lac.

- Il semblerait que tu aies un auditeur attentif, Serpe du reflet.


Il n'y avait pas que de l'amusement dans la voix de Santre.

Alors qu'ils ressortaient de la grotte la lumière avait décru. Moeram et Tusk étaient accroupis près du feu. Le premier leva ses large yeux gris à leur approche mais Tusk ne bougea pas, absorbé par son travail de dépeçage sur deux des rongeurs qu'il avait attrapés. Il eut un mouvement de recul alors que la Cime à la chevelure blonde passait à côté de lui l'air satisfait.

- Une journée de gagnée en plus Tusk, bravo!

Le racine resta muet. Leora vint l'aider dans sa tâche et mit les peaux de côté.

- Nous allons chercher plus de bois pour le feu avec Okha.

Personne ne semblant vouloir s'y opposer, ils se dirigèrent en dehors de l'enceinte.
La lumière filtrait différemment dans ces bois, comme si l'inclinaison des contreforts était suffisante pour se rapprocher de la hauteur du soleil. Ils ramassèrent quelques branches mortes en silence, puis  Serpe s'approcha d'Okha et ils s'immobilisèrent tout deux. Ce silence avant chaque conversation semblait être devenu un rituel entre eux, Serpe l'appréciait beaucoup.

- Tu veux rester.


- Oui, je veux revoir ce lac, il y a forcément quelque-chose en dessous, la dedans.

- Il y a autre chose.


- Oui.

- C'est elle?

- Oui. Elle aussi possède... des pouvoirs? Elle est capable de changer les choses.


- Elle est dangereuse.

- La fuite n'a jamais été une solution.


- Et la témérité un moyen de survie ici.

Un oiseau nocturne poussa un cri précoce. Ils restèrent encore un temps immobiles.

- Je n'aime pas ces gens. Ils sont bien trop proches de ceux qui nous ont attaqués cette fois dans la forêt. Je resterais à tes côtés, vigilante. Et peut-être que, demain, dans cinq, dix jours, je te demanderais de partir d'ici.

Ils se turent à nouveau, la conversation étaient finie, ils prirent le chemin du retour.
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Mar 6 Sep 2016 - 22:40

- Qu’y a t-il derrière ?

- Je ne sais pas.

- Comment sais-tu qu’il y a quelque-chose alors?


- Je le sens, j’ai vu des choses, les signes sont là… tu les as vus aussi.

Santre ne dit rien, son regard plongé dans le feu. Les flammes se reflétaient étrangement dans ses yeux azurs, comme de furieux serpents ardents disparaissant inexorablement dans une mer vorace.

- C’est comme un appel, constant, il est là, nous le sentons tous. Il se fait seulement plus clair quand nous sommes proche de ces… portes.


Ils n’étaient plus que tout deux autour du feu qui crépitait sauvagement. Tusk, Leora et Okha n’étaient pas loin, leur silhouettes allongées autour d’eux projetaient leurs ombres immobiles jusqu’à l’entrée de la grotte ou la lumière se perdait. Meoram avait quitté le camp une fois la nuit tombée. Santre s’étira et ferma les yeux un instant. Ses bras restèrent un temps levés vers le ciel alors qu’elle rompait de nouveau le silence.

- Tu me proposes une bien étrange route, Serpe du Reflet. Je ne doute pas de ta sincérité, pour tout te dire, que ce que tu avances décèles une part de vérité ne m’étonnerais pas.

Ses bras retombèrent et elle rouvrit les yeux. L’Échoué ne cessait d’être fasciné par l’agilité avec laquelle la Cime se mouvait en dépit de sa morphologie peu élancée.

- J’ai besoin de voir certaines choses de mes propres yeux.

Serpe hocha la tête. Il se redressa et s’approcha d’elle, il pouvait lui montrer. Il était encore incapable de savoir ce qu’elle verrait cependant. Santre se redressa à son approche, un défiance attentive dans son regard. Il s’accroupit en face de la Cime mais, alors qu’il allait poser ses main sur ses épaules il surprit, derrière elle, les yeux attentifs d’Okha qui les fixaient tout les deux. Il s’immobilisa dans son geste.

- Allons plus loin.

Santre se tourna, suivant son regard, les yeux de la Racine se tournèrent vers elle.

- Je connais un endroit parfait.

Serpe n’était pas sûr que la Cime se soit adressée à lui ou à Okha, mais il n’eut pas le temps de s’interroger davantage. Santre était déjà debout et se dirigeait vers le mur. Il chercha son arme des yeux mais ne l’aperçut pas, la silhouette blanche de l’étrange femme disparaissait déjà entre les lourdes pierres, il se précipita à sa suite, sans un regard en arrière.

Elle se faufilait déjà entre les rocher, sans se presser mais avec une fluidité hypnotique. Une euphorie soudaine s’empara de Serpe alors qu’il s’appliquait à la suivre en silence. Il aimait se déplacer dans l’obscurité sans être vu. Okha était une compagnonne plutôt douée en la matière mais son corps imposant les empêchait d’emprunter un rythme soutenu. Alors qu’il suivait la chevelure blonde qui semblait danser entre les flocons qui tombaient de nouveau du ciel, l’échoué avait le sentiment qu’en cet instant sa place n’était nulle part ailleurs.

Ils s’arrêtèrent sur un promontoire rocheux qui, d’après le chemin qu’ils avaient pris, devait se situer en surplomb des cavernes. Santre s’arrêta, son regard tourné vers le sud. La nuit était noire et on ne voyait quasiment rien. Pourtant son corps à elle semblait encore luire, comme captant le peu de lumière qui filtrait à travers les épais nuages.

- Montre moi.


Attrapant avec précaution son bras il la fit doucement pivoter vers lui. Elle n’était finalement pas beaucoup plus petite que lui. Était-ce l’impression qu’elle désirait faire transparaître ? Serpe tenta de se concentrer, de sentir le fluide qui lui permettait de faire apparaître les choses autrement, mais rien ne vint. Un oiseau nocture fit entendre son cri. Il sentait les yeux de Santre le fixer alors que les siens plongeaient vers le sol. Peu à peu il sentit son corps se tendre. Le bras qu’elle lui avait abandonné se crispait peu à peu et, finalement elle se dégagea de son étreinte. L’oiseau ulula une nouvelle fois.

- Tu mens.

L’Echoué leva les yeux vers elle troublé. Il y a quelques instants la Cime dégageait un confiance presque palpable. Désormais, alors que les yeux verts de Serpe fouillaient son regard, voilé par quelques mèches blondes qui lui barraient le visage, il n’y trouvait qu’un mépris froid, sans appel.

- Depuis le début, tu n’as fait que mentir. Tu n’es pas un visionnaire, ni un prophète, tu as seulement peur.


Santre recula, vers le bord de l’a-pic sans se détourner de l’échoué. Des sentiments violents d’incompréhension assaillaient ce dernier, de ceux qu’il n’avait jamais ressenti avant. Frustration, désillusion, détresse même… Il lui semblait que son être était aspiré par un gouffre sombre qui venait de s’ouvrir à l’intérieur même de ses entrailles.

- J’ai cru voir quelque-chose en toi. Quelque-chose de clair, de pur, qui pourrait nous sauver, me sauver. Mais ce n’était que des fariboles maladroites, utilisées par un animal effrayé pour ne pas finir dans le ventre de plus gros que lui.

Son regard le quitta, Serpe sentit quelque-chose se briser en lui, quelque-chose qu’il ne savait pas intact avant d’en éprouver la brutale fêlure.

Santre regardait de nouveau l’horizon trouble, le dos tourné vers lui. Le silence se fit, tétanique. Puis…

- N’essaie pas de prévenir ta camarade, elle sera dévorée de toute façons. Si tu te risques à cette entreprise, vous périrez tout les deux. Demain si tu es encore au camp, nous te mangerons aussi.

- Non !


Un frisson électrique, glaçé, s’élança le long de la colonne de Serpe. C’était donc à cela que ressemblait le désespoir ? Il bondit vers la silhouette blanche et d’un mouvement brutal la fit chuter à terre.

- NON.

Alors qu’elle se débattait, la cime se retourna et lui fit face, ses yeux lançaient des éclairs de rage. Il sentit ses ongles s’enfoncer profondément dans sa joue mais il maintint sa prise et lui immobilisa les bras. Quelque-chose se produisit. La bouche de Santre, comprimée par la rage se relacha soudain et ses paupières s’écarquillèrent soudain. Elle cessa de se débattre. L’échoué maintint sa prise, interdit, il sentait le courant passer, encore. Il ne lui était jamais arrivé de le maintenir aussi longtemps. La Cime s’abandonnait désormais entièrement à son emprise. Ses lèvres s’étaient refermées mais ses yeux ne se détachaient pas de la surprise qui s’était emparé d’eux. Il faisait trop sombre pour que l'échoué décèle, dans ses prunelles,  les traits que son visage avaient désormait pris.

- Tu… tu es…

Serpe la relâcha et se releva, la sensation disparut. Après un temps ou ils ne se quittèrent pas du regard, Santre se redressa sur les coudes. Dans son regard la surprise laissa place à autre chose, de plus doux, de plus fort. Alors, doucement, elle se mit à genoux et appuya doucement sa joue contre l’abdomen de l’échoué.

- Pardon. Pardon, ô cher être, pardon mon roi.

Doucement elle leva la tête vers lui.

- Montrez-moi encore, s’il vous plaît.

- Une autre fois.

Serpe ne reconnut pas sa voix, comme étouffée, comme si un autre parlait à sa place. Les yeux de Santre se bordaient maintenant de larmes mais il lui semblait que c’est lui qui était prêt à éclater en sanglot. Doucement, il lui prit la main et la fit se relever ; ils prirent le chemin du retour.

Alors qu’il descendait doucement entre les rochers, sans un mot, l’Échoué, maîtrisant avec peine les tremblements qui l'assaillaient se demandait s’il venait de sortir d’un gouffre ou d’y effectuer une chute abyssale.
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