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[J21] [Libre] Le pêcheur nu [important]
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Kiev
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Kiev
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Jour d'éveil : 21
Race : Echoué
Métier : Pêcheur
Groupe : Non
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Ven 29 Sep 2017 - 13:14

Le vieil homme restait planté là. Il avait bien marché une heure, longeant l’eau par la droite, vers ce qu’il supposait être le sud, à voir la pâle tache de lumière qui se détachait derrière la grisaille des nuages. A présent fatigué, la plante des pieds meurtrie par les petites roches qui bordaient la surface stagnante du lac et quelque peu refroidi par la redondance du paysage, formé majoritairement d’herbe rase, si ce n’est de rocaille et ponctué à longueur de vue de collines broussailleuses, Kiev avait décidé de faire halte pour reprendre ses esprits. D’abord hébété par sa « naissance » en eaux troubles, il s’était mécaniquement mis à errer sans but, suivant le seul chemin évident à ses yeux, découvrant le monde pour la première fois. Et manifestement cela ne lui plaisait pas.

Le fond de l’air frais et la brise qui ridait le lac faisant ressortir l’humiliante morsure de sa nudité, Kiev gardait les yeux dans le vide, la poitrine enserré de ses deux bras maigres dans une vaine tentative de se réchauffer. Le vieil homme grommela.

- « Un bien foutu pays, ouais. »

Ayant repéré un pauvre arbre à moitié déplumé, le vieux s’ébroua et s’en alla s’installer à son pieds pour reposer les sien. Le menton posé sur ses genoux, sa barbe sèche se déroulait jusqu’au sol où elle ramassait la poussière. Kiev en attrapa le bout et s’en entoura le cou, improvisant une écharpe de fourrure.
Alors en observant la plaine morne qui le cernait, le vieil homme se prit à redouter la venue de la nuit, sa fraîcheur et ses bêtes. Exposé comme il l’était, dans ce monde à perte de vue, Kiev n’avait aucune envie de s’endormir dans un lieu si peu abrité. Les environs proposaient peu de ressources, du moins à première vue et la vue régulièrement bouchée par quelque colline, il ne voyait de notable que le lac, les montagnes au loin, des arbres solitaires entourés souvent d’amas de buissons secs et dont l’apparence des feuilles lui était tout à fait étrangère. Du peu dont il s’était approché, ils ne portaient pas de fruits et la faim le gagnait.

Quand il eut finit de gamberger, le bonhomme se remit sur pied en un craquement de genoux et balançant son bras par dessus son épaule, se saisit d’une branche basse et fragile. Si l’apparence de son corps avait d’abord alarmé Kiev, il s’était rapidement rendu compte qu’il n’était pas aussi fragile qu’il ne le craignait et payait d’un manque d’endurance du sans doute à sa vieillesse une certaine agilité dans ses mouvement. Agrippé à la branche, il opéra une très rapide traction des bras pour se soulever de quelques centimètres du sol, pesant de tout son poids sur le bois pour le faire plier. Tordue à l’extrême, la branche céda en un craquement un peu trop bruyant à son goût et lui resta entre les mains un morceau d’un bon mètre de long, pas assez pour s’en fait un bâton de marche mais qui lui inspira un peu de baume au corps en cela que son poids en faisait un parfait gourdin. Kiev espéra simplement ne pas avoir à s’en servir dans l’immédiat.

Le bonhomme reprit à nouveau sa route, toujours le long du lac donc il n’osait en vérité pas encore s’éloigner, de peur de se perdre, sans doute, mais aussi parce qu’il y était « né » et qu’une partie des réponses aux questions qu’il se posait devaient sans doute, d’une manière ou d’une autre, y reposer.
Au bout d’un moment, Kiev découvrit depuis une maigre hauteur, un bosquet un peu plus conséquent, cinq ou six arbres, eux garnis de feuilles larges, qui offriraient ombre et protection contre la pluie. A leurs pieds, comme attirés par la fraîcheur, un bosquet touffu s’étalait sur plusieurs pieds de long, comme une flaque de broussailles, d’épines et de plantes grasses.
Kiev écarta la végétation du bout de son bâton, et n’y trouvant rien d’étrange, décida de s’en faire un point de repaire pour passer la nuit, puisqu’il pourrait se dissimuler un minimum dans les buissons où, il l’espérait, aucune grosse bête ne viendrait mettre son museau de peur de s’y blesser.

Quelque peu réconforté, Kiev s’en retourna au lac. Une très maigre écume venait se heurter selon les remous anarchiques de l’eau, à quelques rochers plats. Le bonhomme s’y installa en tailleur, bu un peu dans une cuvette de pierre et, les yeux fixés sur l’étendue, médita sur la suite des événements.

Il tendait à s’endormir quand un léger mouvement attira son œil. Dans les eaux peu profondes, à quelques pas de lui, circulaient vivement une troupe de petits poissons, guère plus grands que la main et qui réveillèrent immédiatement son estomac trop vide. Glissant sur la roche, sans bruit, Kiev s’approcha de ses proies. Mais à peine avait-il glissé une main dans l’eau que celles-ci s’enfuirent aussitôt, disparaissant dans des eaux plus sombres et lointaines. Déçu, le vieil homme ne baissa néanmoins pas les bras. Ces poissons étaient les seuls animaux qu’il voyait depuis sa naissance, hormis quelques lointains oiseaux inatteignables.
Le bonhomme s’allongea donc sur le ventre, la tête au dessus de l’eau et laissa baigner ses mains dedans. Il attendit longtemps, du moins pour un homme que la faim tiraille et le froid dérange, au contact de la pierre nue. Puis les poissons revinrent, l’alerte étant retombée, ils se nourrissaient des insectes si petits qu’on n’en voyait que le bruissement à la surface de l’eau et couraient sur les rives. Habitués à la présence de ses mains, les poissons s’aventurèrent même à se glisser entre ses doigts, y découvrant d’étranges cavernes de chaire. Kiev attendait, fasciné par leur ballet. Puis la faim prit le dessus et il referma sa poigne sur l’un d’eux. Frémissant entre des doigts, Kiev prit grand soin pour que la bête ne lui échappe pas et s’empressa de lui écraser le crâne, mettant fin au frétillement.

C’était une maigre nourriture, le poisson était maigre et plein d’arêtes, mais qui calma un peu Kiev, autant de corps que d’esprit. Il y avait à manger ici, de l’eau à boire et une forme primitive d’abri, au moins pour cette nuit. Peut-être survivrait-il quelques temps, finalement, assez espérait-il pour comprendre mieux les raisons de sa présence.

Ayant quasiment gobé le poisson, le vieux reprit la pause, de nouveau allongé sur la roche et bien décidé à en capturer encore trois ou quatre avant qu’il ne fasse trop noir pour voir quelque chose.
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Mar 3 Oct 2017 - 14:35

L'homme, tel les poissons qui nageaient paisiblement entre ses doigts, se sentait en sécurité. Mais peut-être, au fond, aurait-il mieux fait de se redresser pour regarder autour de lui. Une brise effleurait les arbres alentours, mais les arbres n'étaient pas les seuls qui se mouvaient. Le Sort seul décidera ce que cette erreur coûtera au vieillard.

1 - 2 : Quatre de Carreau.
3 : Sept de Carreau.
4 : Huit de Pique.

***

Le huit de pique est tiré, et la sanction s'impose.

Kiev était trop concentré sur sa chasse. Peut-être était-ce la faim, ou le semblant d'espoir qu'avait constitué son maigre repas. En tout cas, il ne remarqua pas la silhouette humanoïde qui émergea des fourrées, marchant d'un pas étrange dans sa direction. Si l'homme à la barbe folle qui chassait les poissons, les mains plongées dans l'eau, s'était redressé à cet instant, il aurait aperçut la silhouette au regard fou qui s'approchait de lui, un air déterminé sur le visage. Il aurait pu voir le corps trapu et les yeux révulsés, il aurait pu voir l'arme que le vagabond portait à la main, et le sang séché qui le maculait. Alors, il aurait pu se méfier.

Mais Kiev ne fit rien de cela. En fait, il entendit avant de voir. Au dessus du bruit de l'eau, au dessus des battements de son propre coeur, s'éleva une voix. Une voix grave, et très proche.
- Laid.
Alors, s'il se retournait, il pourrait voir cet homme, un racine au corps noueux, aux larges épaules, aux traits anguleux, et aux yeux fuyants, encore à quelques mètres de lui, le silex ensanglanté levé au dessus de sa tête qu'il fixait d'un air inquiet. Et qui marchait, toujours, dans sa direction. Et il pourrait voir l'étrange expression, mélange de folie et d'angoisse profonde, qu'il portait tel un masque sur son visage.
- Laid. C'est laid. Laid. Si laid.
Puis les yeux de l'homme égaré, aliéné, tombèrent sur le corps de Kiev, qui se tenait près de l'eau.
- Tu es si laid ...
Un sourire étrange apparut sur les lèvres du fou, rendant visible ses dents noires comme le charbon. Alors, dans un hurlement, d'un bond, le basculé se rua sur Kiev, l'arme levée, alors que celui-ci avait juste le temps de réagir, pour éviter d'être blessé, ou pire.


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Mar 3 Oct 2017 - 14:35

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Kiev
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Ven 6 Oct 2017 - 13:29

1 - coup de silex dans le foie
2 - coup de silex dans l'épaule
3 - éraflure au visage
4 - esquive
5 - esquive et se jette à l'eau
6 - esquive et s'empare d'une pierre dans l'eau
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Ven 6 Oct 2017 - 13:29

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Kiev
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Ven 6 Oct 2017 - 14:09

Kiev piquait un peu du nez à présent, si bien qu’il en laissait presque tremper sa moustache dans l’eau clair. D’intrigant, le paysage était bien vite devenu assez morne et bien que passablement troublé par ses premiers pas dans ce monde, le bonhomme n’était pas du genre à se laisser aller ni à la contemplation lyrique, ni aux questionnements existentiels. Oh bien sûr, il trouverait vite le temps de ruminer les tenants et aboutissants de sa présence ici bas, mais pour le moment, il fallait être pragmatique. On se gratterait la cervelle plus tard.
Pragmatisme veut, donc, Kiev s’endormait doucement sur place, bercé par le clapotis de l’eau, le vent dans la broussaille, le claquement de langue... Kiev était vieux, mais pas sénile, abandonnant son piège sans hésitation, il plongea ses mains dans la vase et touchant le fond, s’y appuya de tout son poids pour s’envoyer rouler dans l’eau. Le coup de silex le manqua d’un cheveux mais il était donné avec tant de fureur que son adversaire se trouva un instant déséquilibré, laissant à Kiev le temps de se redresser sur ses genoux, tout dégoulinant de vase.

- « T’en as d’ces façons d’me saluer, p’tit con... » grogna-t-il.

Maintenant qu’ils se retrouvaient face à face, le vieux prit le temps de détailler son agresseur. S’il avait un instant cru à un animal, tant le démon avait chargé avec puissance, Kiev reconnaissait à présent un semblable, un humain, quoi que par bien des points fort différent de lui. Le type était trapu quand Kiev était fin, musclé quand il était frêle, mais c’était son expression qui le convainquit immédiatement qu’il n’y avait plus grand chose à tirer d’un tel être. Le sourire crispé et l’œil fixe, son regard tendu comme un arc vers lui, sa proie, en déduisit le vieil homme.
Kiev tremblait comme une feuille, autant à cause de la fraîcheur du lac que de l’état de stress dans lequel il venait de tomber en un instant. S’il avait jusqu’alors considéré le monde avec une certaine naïveté, pas un instant il n’en avait imaginé la dangerosité. L’événement le ramenait soudainement à la réalité, il s’en était fallu d’un instant que l’homme ne lui ait pas enfoncé son caillou dans la nuque.

- « Tu es si laid ... » répéta-t-il à nouveau.

- « Tu t’es vu, mon cochon ? » Car laid, il l’était, nu, couvert de sang et de crasse, les cheveux fous, il ne devait plus se soucier de son apparence depuis un bon moment.

Kiev se demanda un instant si c’était le sort qui l’attendait, lui aussi, mais juste un instant parce que son agresseur s’élança dans l’eau en riant.

- « C’est ça, ça va te laver... » balança-t-il tout en se jetant en arrière lui aussi, vers le centre du lac. Il ne fallu que quelques pas de courses dans l’écume pour atteindre une profondeur suffisante et Kiev s’immergea immédiatement dans l’eau froide, se faisant violence pour ne pas jeter un coup d’œil en arrière. L’oreille aiguisée, il lui sembla au bout de quelques brasses en apnée gagner un peu de terrain sur son agresseur dont les mouvements plus rustres et désordonnés ne facilitaient pas la nage. Immergé, tout était soudain plus calme. Et plus noir. Kiev s’accorda quelques secondes de plus dans les profondeur avant de remonter prendre son souffle.

Écartant les cheveux dégoulinant qui lui masquaient la vue, il constata que son agresseur se trouvait maintenant à une petite quinzaine de mètre, et se débattait avec les flots. Visiblement moins habitué à la nage que Kiev, qui était né dans l’eau, il devait fréquemment sortir la tête des flots pour se repérer et reprendre son souffle.
Tout en recouvrant lui aussi sa respiration et sans quitter la menace des yeux, le vieil homme déglutit difficilement. Alors voila où il en était ? Un univers grisâtre et morne où erraient des humains en colère...?

- « Oh, et puis merde... » que l’autre se noie, Kiev s’en fichait bien. Mais s’il était capable de parler, il pouvait peut-être au moins lui donner quelques indications cruciales à sa survie des prochains jours. Tout en maintenant une distance respectable entre eux-deux, le vieil homme l’apostropha à nouveau.

- « Dis moi mon gars, qu’est-ce que j’t’ai fait pour qu’tu veuille m’trouer l’dos comme ça ? » Il commençait à grelotter sérieusement et son élocution se fit plus difficile mais tout en parlant, le vieil homme se rapprochait doucement et recouvrait ses forces. « Si c’est la solitude qui t’a tourné l’esprit, tu s’rais bien couillon d’me zigouiller ici, petit. » D’ici quelques minutes, l’autre serait épuisé et il aurait l’avantage...
Kiev
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Kiev
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Jour d'éveil : 21
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Dim 8 Oct 2017 - 2:21

Lancé de dé:

Kiev barbotait simplement, à présent, se contentant de faire du sur-place dans le calme de l'eau. A une demi-douzaine de mètre de lui, le basculé s'agitait avec de moins en moins d'ardeur et n'avançait presque plus. Malgré la vive fraicheur de l'eau qu'avait exacerbée son immobilité, le vieil homme restait patient, attendant de voir son adversaire tout à fait épuisé pour agir. Quiconque n'a pas l'habitude de la nage perd bien vite ses forces à s'agiter dans l'eau. Le mauvais côté, c'était qu'à force de le voir boire la tasse, Kiev avait abandonné l'idée d'obtenir de lui une réponse à ses questions. Peut-être se montrerait-il plus docile une fois maîtrisé ?

Quand le vieil homme eu l'impression de voir le basculé remuer avec moins d'énergie, il passa à l'action. Plongeant complètement dans l'eau, les yeux plissés pour distinguer les formes à travers les eaux troubles du lac, il prit son adversaire par surprise en lui saisissant la jambe et le projeta sèchement vers le fond. Alors que l'autre s'enfonçait, Kiev lui passa au dessus et, de manière un peu désordonnée, appuya ses mains sur ses épaules pour l'empêcher de remonter. Un coup de coude le prit toutefois par surprise, et l'atteignant à la bouche, colora l'écume d'un peu de rouge. Il n'avait presque rien senti, anesthésié par l'eau froide, mais la force du basculé fit perdre ses appuies à Kiev qui laissa échapper son adversaire. Tour deux remontèrent chaotiquement à la surface, pour y reprendre leur souffle.
La suite n’attendit pas que chacun ait récupéré son souffle, son adversaire se jeta sur lui. Toutefois ralenti par la résistance de l'eau il ne parvint pas à attraper le vieil homme mais ses doigts lui lacérèrent douloureusement le torse, à la recherche d'une prise.

Kiev se rendait bien compte qu'il avait sous-estimé les forces de l'autre. Plus massif, plus jeune et surtout très déterminé, chacune de ses attaques lui faisait l'effet d'une charge d'animal et il fallait maintenant au vieil homme sans cesse battre en retraite pour s'éviter un mauvais coup.
Il tenta bien, au début, de reprendre le dessus, comptant sur sa vitesse, mais le basculé n'était pas plus lent qu'un autre, ni moins agile et son peu d'aisance dans l'eau se compensait largement par sa vigueur. Au cour d'une mauvaise passe, Kiev prit le poing de son adversaire dans l’œil, ce qui lui troubla un instant la vue et l'empêcha d'esquiver une seconde attaque : le basculé le saisit à la taille et entraînés par leur propre poids, ils s'enfoncèrent tous deux dans l'eau. La panique les gagnait sans que chacun ne parvienne à faire lâcher l'autre, craignant de se retrouver en position de faiblesse. Par un coup de genoux hasardeux, Kiev réussi finalement à s'extraire des griffes du fou et sans perdre un instant, alors que celui-ci remontait à la surface pour le chercher des yeux, le vieil homme glissa dans l'eau sous apnée, creusant la distance avec son adversaire.

Kiev n'osa pas se retourner, de peur d'y perdre de précieuses secondes, et comprenant à peine où il se dirigeait, brassa frénétiquement pendant une dizaine de minute jusqu'à ce que l'épuisement le contraigne à regagner la rive. Le paysage n'avait gère changé, quoique plus rocailleux, nota le vieil homme avant de s'écrouler sur la plage. Il resta là à fixer le ciel pendant un long moment, ayant à peine la force de trembler à cause du froid, l'esprit rythmé par sa respiration rauque qui peinait à revigorer son corps. Si un autre fou lui tombait dessus maintenant, il n'aurait pas la force de lui faire face.

Heureusement, cela n'arriva pas. Kiev finit par se relever et scruta le lac. Il n'y vu nul trace de son agresseur qui avait aussi bien pu se noyer que regagner la rive. Cette idée le mit mal à l'aise et désireux de se mettre à l'abri pour reprendre ses esprits, il se saisit d'une pierre de la taille du poing comme arme et se remit à longer le lac vers le nord à présent, trempé et perdu, comme avait débuté sa journée.
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Dim 8 Oct 2017 - 2:22

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Abh
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Abh
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Jour d'éveil : 15
Race : Racine
Métier : //
Groupe : Terre Rouge
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Lun 9 Oct 2017 - 17:06

La journée était bien avancée, et cette constatation déplu fortement au chauve. Ils marchaient depuis des heures, et étaient loin de Terre Rouge maintenant. Rentrer au camp allait mettre du temps, bien qu'ils aient gardés le lac comme repère. Dula n'avait pas parlé depuis des lustres, et ils évoluaient en silence, guettant le moindre mouvement dans l'étendue de caillasses morne.

La température s'était bien radoucie, à leur grand soulagement. Le froid qui avait persisté ces derniers jours était devenu intolérable, ils peinaient à s'y faire. Ils n'avaient pas eu grand chose à se mettre sous la dent, et Dula s'était proposé d'aller chasser avec Abh, la veille. Ils avaient embarqués avec eux Konol, qui se débrouillait bien à la chasse, et déambulaient désormais tout les trois, lances à la main, les pieds écorchés par le sol dur et caillouteux. Abh ne connaissait pas cette partie de la vallée. Elle était très inhospitalière, comme morte. Ils avaient été obligés d'escalader des pentes abruptes, par moment. Lui n'était pas fait pour grimper. Son corps lui semblait lourd, pataud, alors qu'il tentait d'assurer ses prises. Tandis que ses partenaires escaladaient avec une agilité déconcertante, il peinait à les suivre.

Il y avait eu cet animal, qu'il n'avait encore jamais vu avant, ressemblant à un gros chat, le pelage beige et les pattes énormes. Un lynx. Mais il était déjà trop loin lorsqu'ils l'avaient aperçu, et la bête avait disparue bien vite pour qu'ils puissent la poursuivre et avoir une chance de l'abattre. Abh l'avait trouvé beau, cet animal. Même de loin, l'envie de passer ses doigts dans sa fourrure était palpable.

« On aurait pu manger pendant un bout de temps avec un bétail pareil... »

Les chasseurs étaient déçus. Alors ils avaient redoublé de vigilance, et faisaient encore moins de bruits qu'avant. Évoluer ainsi était fatiguant, et Abh avait les yeux qui commençaient à fatiguer, tout comme son dos le blessait. Même en tentant de se faire petit, son corps immense était repérable à des lieues. Peut-être n'était il pas fait pour la chasse. Dula lui lançait parfois des regards en coin, lui souriait de temps à autres. Konol parlait peu, ne s'occupait pas spécialement de lui. Peut-être que le géant n'était pas là pour chasser, mais pour intimider. Qui voudrait s'attaquer à un homme pareil, effrayant par sa carrure autant que par son visage mutilé ?

Les monstres n'hésiteraient pas, il en était certain. Ils étaient comme fous, ils ne pensaient pas comme les humains. Dans la journée, ils en avaient suivis du regard, au loin. Des visages blancs apparaissaient, et disparaissaient, des silhouettes noires ondulaient au loin. C'est pourquoi ils évitaient de quitter le lac. C'était leur seule chance, si jamais les bestioles s'amassaient pour les attaquer.

« N'y pensez pas. »

C'est Dula qui avait parlé, alors qu'ils s'étaient cachés derrière un gros rocher, une meute de guetteurs au loin.

« Ça te va bien de dire ça, comment veux tu qu'on n'y pense pas ? »

« J'en sais rien, démerdes toi. Tu ferais mieux de penser à la bouffe qu'on doit ramener au camp. »

Konol avait grogné, et Abh hocha la tête, les sourcils froncés en une expression incertaine.

Et maintenant, ils marchaient, ruminants en silence. Abh fermait la marche, Dula l'ouvrait. Ses cheveux blonds-blancs ondulaient dans l'air, et Abh s'attacha un moment à cette vision. C'est là qu'il le vit : une sorte de cochon sombre, en train de se rouler dans une flaque de boue que la neige puis le redoux avaient créés. Le chauve tapota l'épaule de Konol, se baissant instinctivement, tandis que leur marche s'arrêtait pour observer le porc. Il était petit, pas bien épais. Peut être à une soixantaine de mètres plus haut. Le relief était encore irrégulier, ce qu'il leur permit de se planquer assez facilement derrière un pan de roche ocre.

« Abh, tu restes ici. Moi je vais le prendre à revers. Konol, viens avec moi, on va le rabattre ensemble. Abh, tu te tiens près à l'embrocher. »

Dula avait dit ces phrases avec une lueur étrange dans les yeux, et un ton entre l'excitation et le calme du chasseur. Ils hochèrent la tête, et Abh se retrouva seul. Il passa sa tête discrètement derrière l'angle de la roche, pour observer leur proie. Elle n'avait pas vu les chasseurs. Abh la fixait du regard, de peur qu'elle se volatilise d'un coup. Il tentait de refréner les pensées qui lui venaient en tête. Imaginer des pièces de viande en train de cuire au dessus du feu, à Terre Rouge, ne l'aidait pas. Son ventre criait famine.

Puis, tout d'un coup, la bête cria et se releva avec précipitation. Elle glissa un moment dans la boue, peinant à se mettre sur pattes, puis commença à détaler, alors que Abh apercevait Konol qui courrait vers elle. Dula fit son apparition aussi, et sa lance se ficha juste à côté de la bête. Abh aurait pu entendre le grognement mécontent de son amie, s'il n'était pas aussi concentré. Il attendait le bon moment pour sortir devant le porc et éviter qu'il s'en aille par un autre endroit. Pour l'instant, il venait dans sa direction, mais il y avait d'autres voies pour disparaître. Le poing serré sur sa lance, ce ne fut que lorsqu'il était sûr que le cochon ne pourrait l'esquiver qu'il se plaça au milieu de sa course, pointe devant lui, muscles tendus.

L'animal cria fort et tenta de faire demi tour, mais Abh n'hésita pas à planter son arme dans son flanc, assez profondément pour que l'autre ne puisse que se débattre. Le géant eut juste le temps de s'écarter pendant que Konol lui même plantait sa lance dans l'animal, Dula sur les talons. La bête hurlait dans leurs oreilles, sans mourir, gigotant toujours un peu bien qu'incapable de se remettre sur pieds. Il fallait l'achever, elle faisait beaucoup trop de bruit. Abh joignit ses mains et dans un grand geste, les abattit violemment sur le crâne du cochon. Pas sûre qu'il soit mort, Dula planta sa propre lance à dans le thorax de l'animal, comme mesure de sécurité. Ils restèrent ainsi, bras ballants, à regarder le cadavre chaud et sanglant de leur proie, puis ils poussèrent un long soupir, presque tous ensemble.

Et ils rirent doucement, leurs épaules se soulevant dans des mouvements chaotiques. La tension de la journée venait de se relâcher d'un coup, et c'était comme s'ils étaient ivres. De loin, un observateur lambda aurait trouvé la scène étrange, ces trois humains riant en cercle autour d'un cadavre de porc.

« Tu penses que tu peux le porter, Abh ? »

Le géant repris ses esprits et attrapa les pattes arrières de l'animal, pour le soulever à bout de bras. Il devait peser un peu moins de quarante kilos, et Abh hocha la tête. Il posa un genou à terre et avec ses deux mains, cala le porc sur ses épaules. Konol l'aida à positionner la carcasse, puis ils se remirent en route, vers la forêt. Ils ne la voyaient pas encore, perdus dans le relief du plateau, et décidèrent de bifurquer vers les rives du lac, pour éviter d'être surpris par la nuit au milieu des rochers.

Abh se sentait bien. Il était fier de leur trophée, et avait hâte de revenir à Terre Rouge pour montrer que lui aussi, était utile. C'était ce qui le harassait le plus, depuis qu'ils étaient arrivés. Le principe d'être inutile. Il n'arrêtait pas de réfléchir à la meilleure façon d'aider le groupe. Tout en soufflant sous l'effort, faisant attention ou il mettait les pieds, un grand et affreux sourire barrait son visage.

Dula s'arrêta d'un coup et pointa son doigt devant elle, vers les rives qu'ils avaient presque rejoint. Un homme marchait le long de la berge, sans les avoir vus. Suffisamment loin d'eux, mais assez près pour qu'ils puissent l'observer, il semblait vieux et maigre. Il semblait errer sans avoir vraiment de but, et Abh se demanda s'il faisait partie de ces humains devenus fous par la vie dépeuplée de sens qu'ils connaissaient. C'est à peu près à ce moment là que l'homme se tourna de leur côté et les aperçus.

Aucun ne bougea pendant quelques secondes, avant que Konol ne finisse par faire un signe de la main au vieux. Dula claqua de la langue, et ils marchèrent à sa rencontre.
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Jour d'éveil : 21
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Mar 10 Oct 2017 - 17:54

Kiev était toujours humide alors que le soir commençait à tomber. Frissonnant, vulnérable et accroché sans s’en rendre compte à son galet comme un naufragé à sa planche, il avait bien envisagé d’avancer un peu plus dans les terres pour y récupérer une meilleure arme de fortune, mais quelque frisson viscéral le dissuadait de quitter trop les rives du lac. Pour ne rien arranger, il lui avait semblé percevoir des formes se mouvoir dans le lointain, de manière plus animale qu’humaine, sans qu’il sache bien si c’était les ombres du soir qui lui jouaient un tour.

Il faudrait toutefois bien finir par trouver un abri, ses jambes se faisant de plus en plus lourdes et ses pieds blessés, Kiev commençait mentalement à se résoudre à se dissimuler derrière les imposantes roches qui perçaient parfois le sable. Une maigre protection contre les éléments, mais qui lui assurerait au moins la proximité de l’eau, bien que l’idée de devoir une nouvelle fois s’immerger dans le lac, de nuit qui plus est, ne l’enchantait guère. Dans ces parages, le paysage avait rapidement évolué, troquant les collines d’herbe rase et de garigue pour une terre plus rocailleuse, aride et accidentée dont les hauteurs lointaines cachaient parfois jusqu’aux montagnes elles-mêmes.

Régulièrement, le vieil homme se retournait pour vérifier que son agresseur n’avait pas émergé quelque part et le suivait à présent. Heureusement, il semblait que ce dernier ait perdu sa trace au milieu du lac, ou y ait disparu définitivement, car Kiev n’en avait pas vu signe depuis une bonne heure qu’il marchait à présent. Cela ne l’empêchait pourtant pas de scruter avec la même anxiété les alentours, son champ de vision se rétrécissant à mesure que le ciel s’obscurcissait.

Il avançait au bas d’une petite colline, quand, entamant un nouveau tour de garde sur lui-même, il les aperçu. Trois silhouettes se détachaient nettement sur le ciel. Trois personnages aux carrures détonantes, armés de lance et dont le plus grand portait sur son dos ce qui semblait être une carcasse. Trop petite, celle d’un animal probablement.
Kiev mis sa paume en visière pour les observer. Il ne faisait aucun doute qu’ils l’avaient aperçu et se dirigeaient tranquillement vers lui, sans hostilité apparente, contrairement à sa précédente rencontre. Kiev n’en était néanmoins pas dupe et décidé à ne plus se faire surprendre, calmant sa respiration et ses esprits, il prit le temps de les détailler.
Une foule de détaille lui semblaient aller dans le bon sens. Premièrement et malgré la crasse naturelle que pouvait déposer la chasse sur eux, leur entretien physique n’avait rien à voir avec celui du basculé. Relativement propres, les cheveux entretenus inspiraient à Kiev comme un sentiment d’humanité, de civilisation qui le rassénit. De plus, et c’était important, ils avaient à manger. Même s’il souhaitait ne pas laisser ce détail entrer en ligne de compte, le vieil homme n’aurait pas craché sur une bouchée de viande au feu.

Les bras croisés, Kiev les laissa s’approcher un peu mais, alors que ceux-ci se trouvaient à une petite quinzaine de mètres de lui, lança vers eux un caillou préalablement ramassé.

« Restez à distance, les jeunes. » La pierre formait une frontière invisible, sorte de zone de prudence qu’imposait le vieil homme. Il s’agissait là d’un test important, s’il était possible d’engager une conversation avec eux, alors on pourrait s’entendre. Sinon, il s’agirait de ne pas perdre de temps et plonger dans le lac. « Déclinez-moi vos noms, ‘voir qu’vous êtes pas des bêtes. »
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Mer 11 Oct 2017 - 10:33

Le caillou tomba près des pieds de Konol, et ils s'arrêtèrent tous en silence. Dula avait haussé les sourcils, d'un air légèrement méprisant, mais personne ne se formalisa de cet accueil. Les mots du vieillard confirmèrent qu'il n'était pas complètement cinglé, du moins il n'en avait pas l'air.
Abh l'observa un moment, grand, les cheveux et la barbe hirsutes, la main serrée sur sa pierre. Fërt aurait pu lui ressembler, s'il avait été plus vieux et moins malade.

« Du calme papy, on te veux pas de mal. Moi c'est Dula, le gros bétail ici c'est Abh, il est muet. »

« Konol. Et toi, c'est quoi ton nom ? »

Abh était tassé par le poids de la carcasse, sur ses épaules, mais n'en ressentait pas vraiment de gêne. Il lança un regard vers la forêt, que l'on apercevait au loin. Il ne fallait pas trop traîner.
La nuit serait bientôt là, et avec elle, les terreurs obscures et les sueurs froides. Même à trois ou quatre, ils déchanteraient vite. Le géant avança d'un pas, la tête tournée vers la cime, et gronda doucement.

« Oui, je sais, grand. »

Elle se retourna vers le vieux, dans un demi sourire encore adressé au chauve.

« Mon ami a raison, on a pas vraiment le temps de s'attarder. On crèche là-bas, dans la forêt, et la nuit arrive. Tu ferais mieux de venir avec nous, les bestioles sont de sorties aujourd'hui, tu tiendrais pas la nuit. »

Elle fronça les sourcils légèrement, puis ajouta :

« M'enfin, c'est toi qui vois, papy. En tout cas on risque pas de te bouffer, on a prévu mieux pour ce soir. »

Et elle se mit sur la pointe des pieds pour donner une tape sur le cochon mort, du haut des épaules de Abh. Konol sourit, de son visage calme et halé. C'était lui qui semblait le moins rude des trois, le grand s'en rendit compte. Dula ressemblait à ce lynx qu'ils avaient aperçus plus tôt, mais en beaucoup plus sauvage et offensif. Tandis que lui, il devait être une image de la violence elle-même. C'était idiot de constater qu'il était aussi beaucoup plus calme que la cime.

Quant au vieux, il avait cette aura posée et intrigante. Abh voulait encore entendre sa voix, elle lui avait plu. Il se contenta de donner un coup d'épaule dans la carcasse pour qu'elle reprenne une place plus confortable, puis gronda légèrement en se détournant. Derrière eux, les roches prenaient une couleurs plus éclatante, malgré les nuages. Une partie du ciel s'était teint de couleurs étranges et douces. Abh se rendit compte qu'il n'avait jamais vu un ciel bleu depuis son éveil. Jamais non plus de coucher ou de lever de soleil. Au dessus de sa tête, le ciel avait toujours été une mer de nuages plus ou moins sombres. Il soupira doucement en observant les alentours.

« Bon les gars, en route ? »

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Lun 16 Oct 2017 - 20:35

Au moins eux parlaient-ils, et Kiev se surprit du grand soulagement que ces voix apaisées procurèrent à son esprit. Depuis sa naissance, un fort sentiment de solitude l’avait toujours accompagné et semblait soudain se faire plus lointain, plus plaintif aussi. Quand ils eurent fini de se présenter, Kiev les dévisagea pendant une bonne trentaine de seconde, sans parler. Ils étaient tous trois fort différent les uns des autres, et de lui-même d’ailleurs. Le grand muet, physiquement, s’apparentait assez à son agresseur, quand la pâleur des cheveux des deux autres lui rappelaient les siens. Au-delà de ça, aucun des trois ne lui avaient paru ni agressif, ni intéressé, ils s’étaient contentés de lui proposer de se joindre à eux, comme si s’entraider était bien une chose toute naturelle ici-bas et cela rasséna un peu le vieil homme qui s’était demandé si la violence n’était pas la seule règle de ce monde.
Il finit par leur décrocher un petit sourire.

- « Ba, je n’sais pas pourquoi j’m’membête à creuser les méninges, de toute façon j’ai aucune envie d’rester tout seul ici. »

Se disant, il s’avança vers, se demandant s’il y aurait moyen de récupérer un morceau de viande d’ici la nuit.

- « J’me suis réveillé c’matin, pour être honnête, autant dire qu’j’ai quequ’questions à vous poser, les jeunes. »

Il leur emboîta le pas, engageant une conversation au premier abord quasi monoloquesque, mais c’était sa façon à lui de leur montrer sa sympathie et parce qu’il était suffisamment content de croiser d’autres êtres vivant à peu près sains d’esprits pour casser le bout de gras sans complexe. Autant en profiter.

- « J’croisé un type louche, du genre violent tout à l’heure, s’en est fallu d’peu qu’le bougre m’troue la nuque. Vous en avez beaucoup d’ce genre dans l’coin ? Et ces créatures dont’y cause, là, c’est du même type ? Comment ça s’fait que’ça tourne pas rond comme ça chez ces type ? »

Alors qu'il terminait sa phrase, dans le souffle des autres qui s'apprêtaient à lui répondre, une nouvelle pensée s'imposa à lui. Plus étrange, étrangère presque à ses pérégrinations habituelles... " Tu es grand, tu es haut, tu les écraseras. " Kiev fronça les sourcils, jeta un oeil à celui qui se prénommait Abh, sa taille, sa msculature, souffla pour lui même...
« Mouais, ç'reste à voir, ça... »
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Ven 27 Oct 2017 - 12:54

Le petit groupe avançait, le grand chauve un peu en retrait, l'oreille tendue vers les conversations mais les yeux scrutant le moindre mouvement autour d'eux. Il soufflait un peu, suant plus que les autres. La carcasse sur ses épaules commencerait bientôt à se raidir, mais pour l'instant les muscles morts s'adaptaient encore à ceux bien vivants qui les portaient. Abh sentait cette odeur si particulière de fer, de fauve, de terre. Elle ne le dérangeait pas pour le moment, mais une fois qu'ils seraient à Terre Rouge, il voudrait probablement s'en dépêtrer.

Konol répondait aux questions du vieux, et le chauve se concentra sur ses réponses.

« Ça fait longtemps que j'en ai pas croisé, mais oui, c'est fréquent. Les gens deviennent fous ici. Ils veulent manger leur semblables. C'est pour ça qu'il t'a attaqué. »

Dula fit un bruit de bouche étrange, avant de prendre la parole.

« Mais t'as eu de la chance, papy, t'aurais pu tomber sur une meute de monstres. Et la t'aurais pas fait un pli, crois moi. Abh à failli crever comme ça, dès son réveil. Si on l'avait pas trouvé il aurait même pas connu un rayon de soleil, il aurait fini en bouillie pour guetteurs. »

L’intéressé grogna profondément et hocha la tête. Les images de son éveil étaient à la fois nettes et complètement désordonnées. La terre avait faillit l'étouffer, refusant qu'il sorte de son ventre, puis les monstres l'avaient accueillis, terrifiants, prêts à le démembrer sans manières. Son visage exprimait cette tension particulière qu'il avait appris à connaître dès l'éveil. Dula lui fit une tape sur l'avant bras, en souriant.

« Fais pas la gueule, t'aurais pu tomber sur pire sauveuse, avoue. »

Konol ria légèrement, et Abh fit un de ses sourires affreux. Il aimait que la blonde le charrie.

« Bon tu coup, toi aussi t'es bien tombé, l'ancêtre. J'sais pas à quoi tu va nous servir, t'es pas bien épais, j'espère que t'en as dans le crâne. C'est quoi ton nom, au fait ? »

Abh fut absorbé un instant par un mouvement à leur droite, vers la lisière de la forêt qui commençait à barrer l'horizon. La lumière déclinait, mais il était sûr d'avoir aperçu quelque chose bouger. Les roches du plateau s'écharpaient entre quelques arbres, le relief accru disparaissait petit à petit, et au milieu d'une sorte de couloir rocheux, une ombre avançait.

Abh se stoppa en donnant un coup de coude à Dula, puis pointa le doigt vers la forme lointaine qu'il fixait de ses yeux noisettes.


Lancer de dés :

Abh aperçoit :

- Une dizaine de guetteurs, qui semblent attaquer quelque chose, ou quelqu'un : 1-15
- Cinq ou six guetteurs, qui s'approchent lentement : 16-28
- Une dizaine de guetteurs, qui les suivent à distance : 29-40
- Trois humains qui viennent vers eux : 41-65
- Trois brises-crânes apparaissent au loin et s'approchent : 65-70
- Un rampant vient vers eux : 71-85
- Un rampant attaque quelqu'un ou quelque chose au loin 86-100




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Ven 27 Oct 2017 - 12:54

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Mar 7 Nov 2017 - 23:49

Au loin, des ombres rampent, d'abord en retrait, observant les humains sans trop s'approcher. Elles les suivaient depuis un moment, peut être même depuis le début. Finalement, alors qu'ils repartaient vers la forêt, elles commencèrent à s'agiter. Il suffit d'un détail pour que la situation dégénère.

1-5 : Feuille de chêne
6-49 : Feuille d'érable
50-85 : Feuille de hêtre
86-100 : Feuille de marronnier


Dans un bruissement sourd, les cinq guetteurs dévalent le goulet de pierre d'où elles étaient tapies. Alors que Abh les repère, au loin, il est déjà trop tard. Leurs longs membres foulent la terre et les rochers, dans une fluidité ignoble, comme une coulée d'ombre.

Les humains ont suffisamment de temps pour fuir vers le Lac, dans une tentative désespérée de s'en sortir. L'eau est leur seule échappatoire. Cependant, avant qu'ils n'arrivent au bord de l'étendue noire, deux monstruosités ont réussies à se dépasser, et fondent sur le petit groupe. L'une d'entre elle, moins chanceuse, peut-être moins rapide à cause de ses cinq pattes désordonnées, tombe pendant un instant, laissant l'autre la distancer. Les humains pourront tenter d'en blesser, de les esquiver, mais Konol ne réussit pas à parer le coup de griffe du guetteur. Avec de l'aide, il en réchappa de justesse. Le reste de la meute arriva trop tard pour blesser le groupe d'humain, réfugiés dans l'eau froide. Les guetteurs n'osèrent pas plonger dans l'eau suffisamment pour les atteindre, mais tentèrent quand même quelques essais.  

Et les murmures jamais ne cessaient, laissant les humains en plein chaos.
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Mar 7 Nov 2017 - 23:49

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Ven 10 Nov 2017 - 20:43

Et ils se mirent en route, s’éloignant toujours plus de l’endroit où il avait pour la première fois émergé, vers le nord du lac à en juger par la courbe du soleil. Pendant qu’ils échangeaient, le vieux hochait machinalement la tête, notant soigneusement les informations nouvelles, mais faisait aussi attention à tout un tas de petits détails, sur les uns et les autres. Si aucun n’avait de cicatrice apparentes, chacun arborait sur son corps dénudé les innombrables blessures superficielles que devait procurer une vie au grand air, dans ces régions sauvages. Heureusement, aucun d’entre eux n’avait l’air fou. Bien entendu, il était impossible de leur faire confiance à ce stade et sans doute eux-mêmes devaient se méfier de lui, mais Kiev avait décidé de s’en soucier peu jusqu’à ce qu’il ait enfin quelque chose dans le ventre et un peu de chaleur sur les épaules.

Alors qu’ils pressaient le pas, une part de l’attention de Kiev restait fixée sur le rythme de ses pas. A présent qu’il venait de rencontrer de nouveaux compagnons, il se montrait soucieux de faire un minimum bonne figure et ne pas ralentir leur marche. Heureusement, le poids que transportaient les chasseurs compensait sa fatigue et aucun de ces braves jeunes gens n’avaient osé lui demander de porter quelque chose.

Celle qui se faisait appeler Dula semblait entretenir une relation particulière avec le géant muet, qu’elle avait apparement sauvé à sa « naissance ». Kiev se demanda quelles sortes de créatures pouvaient ainsi mettre en péril un tel gabarit, alors monologuait tranquillement sur les dangers que lui-même avait encouru à se promener ainsi seul et sans arme, le vieux en vint à se demander si elle n’essayait tout simplement pas de lui filer la frousse. Au fond, Kiev savait pertinemment qu’il faisait une cible bien plus facile et toute désignée que l’armoire à glace qui leur servait de chariole. Le vieux se tourna vers Abh, le fixant avec insistance du regard, comme s’il cherchait dans ses mimiques la confirmation de l’improbable récit de son amie.

Puis ils apperçurent la forêt. Bien que cet amas d’arbres denses ne surpris pas le vieil homme, il trouva dans leur découverte un sentiment étrange, de crainte et d’excitation mêlée. La forêt ne le laissait pas indifférent et il eut le net pressentiment qu’une telle formation ne pouvait que cacher d’étranges choses. Il était si concentré qu’il manqua presque la petite pique moqueuse qu’on lui adressait.
- « J’m’appelle Kiev, les jeunes… » et tandis qu’il prononçait ses mots, il réalisa qu’il n’avait jamais encore eu l’occasion de formuler son nom. Celui-ci retentissait pourtant clairement dans son esprit, comme un son familier, ce qui fit se dire au vieux qu’il y avait peut-être matière à chercher sur la trace de ses innés, des explications à sa présence ici.
« Pour sûr qu’j’en ai dans l’crâne, preuve, un type a essayé d’me l’vider tout à l’heure. Tu parles d’un jaloux. » Il allait ricaner quand le groupe se figea. Kiev plissa les yeux dans la direction qu’indiquait Dula et aperçut en contre-jour d’étranges mouvements à l’orée de la forêt.

« Bizares les maboules… » Kiev se tu. Les formes qui se rapprochaient à présent n’avaient clairement rien d’humain. Il mit une seconde de plus que les autres à se retourner vers le lac, comme un instant fasciné par l’étrange et grotesque jeu des jambes monstrueuses qui se croisaient et s’entrelaçaient jusqu’à chuter parfois, prises au piège de leur propre rythme.
« Merde… »
Le vieux se précipita à la suite de ses compagnons mais deux bestioles semblaient avoir réussi à les contourner par le lac. Foutre qu’elles allaient vite. Ne pouvant les distinguer clairement, à la panique qui avait saisi le groupe et la démarche grotesque des bestioles, Kiev ne pouvait douter qu’il s’agissait de créatures hostiles. Le doute ne subsista pas longtemps quand Konol qui fermait leur flanc droit dut pris à parti par l’une d’elles. Le chasseur esquiva un premier coup ce qui fit perdre l’équilibre son agresseur mais pris par surprises reçu un coup de griffe à la poitrine par la seconde qui arrivait. Une fine gerbe rouge monta dans les airs et colora la barbe de Kiev qui passait à côté.

Il en fallu plus heureusement pour déstabiliser le chasseur qui se remit sur pieds et fut attiré par Dula jusqu’au lac. Sans doute plus maigrichon, Kiev était passé entre les mailles du filet et retrouva en grimaçant l’eau, désormais bien froide. Il esquissa quelques brasses, surveillant du coin de l’œil que personne ne restait derrière.

Les guetteurs rodaient sur les rives à présent et Kiev eut tout le loisir de les observer. Leur corps sombre et désarticulé semblait rouler sur lui-même à chacun de leurs mouvements et le visage quasi humain, blanc comme la crai, ne quittait pas les chasseurs des yeux.

- « Nom d’une… » Le vieux ne pouvait s’empêcher de fixer en retour les yeux vides de la meute, étrangement fasciné par leur terrible humanité. Il mit quelques minutes à s’en détacher pour finalement brasser vers Konol dont la blessures teintait le lac d’un pourpre sombre de mauvais augure.
« Le sang aura du mal à coaguler dans l’eau, mes’avis. » glissa-t-il à ses deux compagnons qui se pressaient autour de lui. Ne sachant trop comment gérer cette situation, Kiev les rejoignit et se contenta de passer la tête sous l’épaule de Konol pour l’aider à se maintenir hors de l’eau sans trop d’effort. « Positive, gamin, le froid va limiter l’hémorragie. L’mauvais côté c’qu’il  nous tuera avant d’main… »

Le vieux jeta un nouveau regard aux créatures qui semblaient heureusement assez frileuses à l’idée de faire trempette pour les rejoindre. « Merde… c’toujours comme ça les journées ici… ? »
Abh
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Mer 29 Nov 2017 - 11:04

Abh surveillait les guetteurs, amassés au bord de l'eau. Il gronda doucement, de colère, de peine, de frayeur aussi. Au moins, ils ne les suivaient pas dans le lac, ce qui était en soi une petite victoire. Mais Konol perdait beaucoup de sang, et Abh ne pouvait s'empêcher de fixer son regard sur les volutes sombres qui se mouvaient autour d'eux, sous la surface. Le vieux esquissa une question, mi-sérieuse, mi-ironique. Le grand ne voulait pas vraiment penser à la réponse, et se fut Dula, la seule apte à parler, qui la lui donna.

« A ton avis, papy ? Ce monde est un enfer. Ces trucs nous tuent. Il faut qu'on se démerde pour rentrer, ou Konol va nous claquer dans les doigts. »

Elle avait de l'eau jusqu'à la gorge, petite qu'elle était. Le chauve eut envie de la prendre dans ses bras, de la porter contre lui. Il soupira, avant de s'avancer minutieusement vers la carcasse de cochon qu'il avait lâché, peu après être rentré dans l'eau, et qui commençait à dangereusement revenir vers la berge. Les guetteurs s'avancèrent légèrement, tandis qu'il attrapait son trophée de chasse. L'un deux, plus téméraire peut-être, tenta de mettre une patte, puis deux, dans l'eau. Leur phrases résonnaient contre la surface du lac, et rendaient Abh complètement fou. Le guetteur courageux semblait dans un dilemme, mais continuait de venir vers lui. L'homme le laissa faire, observant le mouvement de ses pattes griffues qui se jetaient en avant, ne rencontrant que le vide.

« Abh, qu'est ce que tu fous, abruti ? On a assez d'un blessé, va pas les chatouiller de trop près ou ils vont venir nous cueillir ici ! »

Il grommela, sans pour autant se retourner, puis ajusta sa lance dans sa main, et frappa le monstre au niveau de son visage blanc. Il n'aimait pas cette arme, trop légère, trop cassante. Le coup porté ne fit pas énormément d'effet, hormis celui de surprendre le monstre. Abh en profita pour prendre a deux mains le cadavre porcin, et de l'éclater au niveau de la tête du guetteur. Celui-ci bascula et tomba dans l'eau, sous le choc violent. Le grand lui sauta dessus en écrasant ses poings contre la matière noire et flasque qu'était le corps de son ennemi. A trois reprises, les griffes du guetteur lui lacérèrent la peau, mais pas assez profondément pour être vraiment blessé. Le visage blanc plongé sous l'eau disparu bientôt dans une bouillie noire, s'écoulant ignoblement sous la surface du lac. Le monstre ne bougerait plus. Abh l'attrapa et le lança du plus fort qu'il le pouvait sur la berge, ou les guetteurs s'étaient tus. Et il leur hurla dessus, dans un long cri, de toute cette rage contenue en lui, qui n'attendait que de sortir.

« T'as finis ton numéro, ducon ? Tu peux venir nous aider, maintenant ? J'ai dit qu'il fallait se casser de là, pas s'acharner sur un putain de guetteur maigrichon. »

Le chauve grogna, reculant pour attraper le porc, fixant des yeux la meute de guetteurs qui tournait autour du cadavre de leur congénère. D'autres marchaient le long de la berge, les regardant toujours de leur yeux vides.

« On va éviter de repasser par la terre ferme, du moins pas tout de suite. L'eau est gelée, mais on a pas le choix. Faudrait réussir à semer ces saloperies, et nager vers Terre Rouge. Vieux, tu nous suis toujours ? »

Elle se tourna vers Abh, qui avait les yeux baissés vers le corps inconscient de Konol.

« Toi, tu le prend sur ton dos, et on te suis avec la barbaque. Merde, Abh, grâce à toi on a du sang noir autour de nous, c'est dégueu... »



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Mer 28 Fév 2018 - 0:19


Avancer. Ne pas s'arrêter, ne pas réfléchir, ne pas ralentir. Ses bras puissants semblent brûler sous l'effort, alors que l'eau doit toujours être aussi froide autour de lui. La vérité, c'est qu'il ne ressent plus rien. Il serait même incapable de dire depuis combien de temps il nage ainsi, concentré sur la surface du lac devant lui, focalisé sur le corps de Konol sur son dos.

Abh sait qu'il ne va pas aussi vite qu'il l'imagine, mais pourtant, il continue inlassablement de lancer ses bras plus loin, vers ce point qu'il ne quitte plus des yeux. Soudain, une main lui attrape le poignet, et il lève le visage, clignant vivement des paupières, chassant de ses gros doigts les gouttes d'eau qui s'insinuent dans ses yeux, le chemin laissé libre par l'absence de cils.

« Arrête. On ne les voit plus, je pense qu'ils ne nous suivent pas. »

Dula était pâle comme la mort, tout comme l'homme barbu et maigrichon qui les accompagnaient. Ils claquaient tous des dents, sans vraiment pouvoir se contrôler. Le géant se tourna pour regarder la rive qu'ils avaient quittée, trop loin pour être visible maintenant. Konol aussi, claquait des dents. Lui n'avait même pas eu la possibilité de se réchauffer en nagant, il devait être gelé.

« On a plutôt intérêt à se grouiller de rentrer, ou bien il va crever. »

Le chauve hocha la tête lentement, et ils entreprirent de se diriger vers la rive la plus proche, qui ne semblait pas si loin de la lisière de la forêt. Ils seraient bientôt rentrés. Cette pensée rassura un peu Abh, malgré qu'il fut incapable de mettre de côté la peur, la colère, le dégoût et la culpabilité qu'il ressentait. Il se sentait de nouveau inutile.

….

Ils s'échouèrent sur la terre ferme, à bout de souffle, grelottants. Ils voyaient la forêt, elle semblait si proche, mais ils avaient encore une bonne heure de marche à faire avant de rentrer à Terre Rouge. Dula passa un moment a frictionner le dos de Konol, qui tremblait dangereusement. De fines nervures de sang s'écoulaient de ses plaies, sur son torse, et la peau semblait translucide au bord des blessures. La chair était ouverte profondément à certains endroits. Il leur fallait rejoindre le campement le plus rapidement possible.

Abh finit par secouer Dula légèrement, avant de la regarder dans les yeux en jetant un signe du menton vers la forêt.

« Ouais, bon. Tu le portes, on traîne la bouffe. T'es sûr que ça va aller, Abh ? »

Le colosse fronça ses sourcil et grogna, avant de passer son épaule sous le torse de Konol, et de se relever avec force, soufflant sous la charge. Le blessé poussa un cri de douleur, et le grand serra la mâchoire.

Il allait falloir être concentré et ne penser à rien. Ça irait. Ça irait forcément.

….

Et ce mantra fonctionna. Ils arrivèrent à la lisière de la clairière de Terre Rouge à la tombée de la nuit. Ils étaient tous éreintés, suants, éteints par la fatigue. Ils avaient vus des ombres se glisser autour d'eux, à un moment, mais ils s'étaient contentés d’accélérer, sans rien dire. Peut-être était-ce de la chance, ou bien peut-être que les ombres n'en étaient pas, mais elles disparurent soudainement.

Abh était incapable de comprendre quoique ce soit à ce que disaient ceux qui les accueillirent, avec joie en voyant le cadavre de porc, avec frayeur en apercevant le corps de Konol. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il se retrouva devant le feu, les yeux dans le vague, les papières lourdes, et la tête de Dula posée sur son épaule. La chaleur était comme une hypnose, et leur corps se relâchèrent enfin devant elle.

La chauve ne savait même plus s'il devait être heureux de ramener à manger au camp. La seule chose qui perçait le nuage épais de son esprit était qu'il était toujours en vie, et que Dula l'était elle-même.

C'était peut-être le plus important, après tout.
FIN


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