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Histoire de liens [J23-25][Solo][Clos][Important]
AuteurMessage
Okha
Membre
Okha
Messages : 108

Jour d'éveil : Jour 7
Race : Racine
Métier : Tisserande (3)
Groupe : Cavernes Rauques
Fiche de présentation :
Journal :
Histoire de liens [J23-25][Solo][Clos][Important] Empty
Dim 11 Fév 2018 - 17:52

Sans grande surprise, Okha avait ressenti un certain soulagement lors de son départ du Bosquet aux Lucioles. Ce n’était pas tout à fait la faute d’Aël et de sa morgue de plus en plus hargneuse, ni d’Halya qui la tenait très clairement pour responsable du comportement de la chasseuse. Ce n’était pas non plus la distance soudaine qu’Hiss avait sans le vouloir créé entre elles, suite au retour de son compagnon, comment aurait-elle pu lui en vouloir ? A dire vrai ces retrouvailles lui avait fait chaud au coeur. Depuis son éveil, elle n’avait en fait jamais aperçu deux êtres aussi proches, aussi heureux de se voir. Apercevoir l’éclat de leurs regards alors qu’ils se croisaient l’avait touchée. Mais elle devait repartir. Confusément, elle sentait que si elle n’était pas auprès de Serpe, et des autres, elle n’avait pas non plus le droit de rester avec des étrangers. L’ambiance qui se détériorait, phénomène dont elle était une cause indirecte, n’avait fait que presser son départ. Et puis elle avait envie de revoir ces bêtes, galopantes au creux des vallons, plus au nord.

Elles n’étaient plus là ou elle les avait trouvées, il y a deux jours. Rien de surprenant mais la racine fut un peu déçue. Elle doutait que les bêtes se soient orientées vers le plateau, son chemin pour les Cavernes Rauques. D’agacement, elle fit vrombir sa nouvelle arme autour d’elle. L’idée de retarder son retour d’encore un jour lui déplaisait. Mais alors, quand aurait-elle l’occasion de redescendre dans le sud ? Au delà des falaises, un écho distordu par la distance lui parvint et une bordée d’oiseaux s’échappa des frondaison qui surplombaient la barre rocheuse. Le son se reproduisit encore une fois, puis deux, plus proche ?

Okha se rendit compte en grognant qu’elle était à découvert. Elle courut jusqu’à l’arbre le plus proche et s’accroupit contre son tronc. Et ce n’est que lorsqu’elle posa sur son écorce que l’histoire de Staz lui revint en tête, son cœur fit un bond. Le souffle court, elle parcourut du regard chaque branche et contours du tronc pour essayer d’y apercevoir un visage, un liquide noir y suintant, mais rien. Tentant de regagner un semblant de calme, la Racine inspira profondément et reporta ses yeux sur la falaise. Elle était un peu trop loin pour en être sûre, mais il semblait que plus rien n’y bougeait. A l’est, les montagnes se dressaient, immobiles, leurs sommets plongeant dans un ciel bas, qui semblait comprimer l’air de la vallée qui, depuis le départ de la nuit, s’était fait de plus en plus lourd. Après une courte pause qu’elle passa à mâcher un bout de viande que lui avaient laissé ses hôtes, Okha décida de rejoindre les contreforts montagneux. Seule, elle préférait encore moins voir pour mieux se cacher.

C’est peu avant le soir qu’elle retrouva une trace du passage des chevaux. S’approchant de la falaise depuis les hauteurs, le vent lui avait apporté l’odeur de tas de crottins qu’elle avait rapidement trouvé en redescendant, entourés de traces de piétinement. Impossible de savoir s’il s’agissait des même que ceux qu’elle avait rencontré auparavant. Mais la vallée n’était pas si grande et le nombre de traces correspondait. Celles-ci se dirigeaient curieusement vers la falaise. Elle les suivit jusqu’au surplomb et, alors que la lumière commençait à décliner encore davantage, découvrit derrière un chêne de nouvelles traces de passage. L’herbe couché ou largement broutée, les traces sur le tronc de l’arbre et la quantité plus importante d’excrément plus ou moins vieux supposait que les animaux avaient passé plusieurs nuits ici. Son évolution difficile au travers des pierriers et failles qui découpaient le flanc des montagnes l’avait exténuée et elle décida de passer la nuit ici.
Par peur que l’odeur des bêtes attire d’éventuels prédateurs, elle se décida malgré tout à passer la nuit entre les plus larges branches du chêne. Le sommeil ne lui vint que tardivement et la plongea dans une succession de songes agités.

* * * * * *

C’est une série de martèlements sourd mais régulier qui la réveilla. Prenant le temps de se rappeler ou elle était et ou se trouvait son arme, elle jeta un œil en contrebas. Ils étaient revenus. De là ou elle était elle ne pouvait compter que quatre chevaux. Immobile, elle resta quelques instants à les observer sans bouger. Deux d’entre eux présentaient des traces de luttes et des plaies qu’elle jugea superficielles.
Depuis quand étaient-ils là ? Okha n’avait pas espéré pouvoir s’approcher à moins de dix pas d’eux, et maintenant ils étaient portée de main. De là ou elle était, elle pourrait sans doute en abattre un par surprise, mais l’idée la rebutait. Après réflexion, elle ne pourrait de tout façons pas emporter beaucoup de viande avec elle, et n’avait pas de quoi la dépecer.

La lumière croissait encore et les animaux ne semblaient pas vouloir bouger. Parfois, les naseaux de l’un des chevaux se tournait dans sa direction et elle tâchait de rester totalement immobile. Agitant sa crinière, l’animal finissait par se détourner. Alors que ses congénère semblaient avoir pris leurs aises l’un des chevaux semblait particulièrement agité. Sa croupe était bardée de deux longues entailles desquelles un peu de sang avait coulé, dessinant deux longues lignes écarlates sur sa robe pommelée. Il passait régulièrement sous la racine, faisant naître en elle une envie de plus en plus pressante.
Bien sûr c’était absurde ; et dangereux. Mais quelles chances avait-elle de pouvoir tenter à nouveau une expérience pareille ? Si elle se contentait de simplement redescendre de l’arbre, ils s’enfuiraient tout simplement et il lui faudrait au moins une nouvelle journée pour retrouver leur trace. La perspective de pouvoir monter l’une de ces bêtes lui emplissait maintenant entièrement l’esprit, comme une évidence. Elle s’étonnait de ne pas y avoir pensé avant. Ce qu’il lui faudrait en revanche, c’est quelque-chose à passer autour du cou de la bête…
Se mouvant le plus silencieusement possible, la Racine fit l’inventaire de ses possessions. La plupart des tressages enroulés autour de ses poignets n’étaient ni assez longs ni assez résistants pour lui assurer une quelconque prise. En dessous d’elle, le cheval repassa encore une fois pour s’immobiliser juste en dessous de la branche sur laquelle elle s’appuyait.
Se défaisant avec agilité de sa peau de daim, Okha s’appliqua à la prendre dans toute sa longueur. Le mouvement était simple, elle devait glisser sur le dos de l’animal, lâcher la branche d’une main tout en envoyant la peau s’enrouler autour de son cou de l’autre, se saisir de la dernière extrémité et voir ce qu’il allait se passer.
Alors que son corps se déplaçait déjà, la Racine se demanda d’où lui venait ce désir de provoquer le  danger lorsque celui-ci ne venait pas à elle ?
Au moment ou elle s’élançait un craquement sec se fit entendre sous son pied. Poussant un hennissement aigu, le cheval s’élança droit devant lui. Désorientée, Okha se réceptionna lourdement au sol dans un grognement. Elle se redressa malgré tout à temps pour observer les quatre animaux s’élancer vers les montagnes. L’un d’eux boitait.
En jurant sur sa propre stupidité, La Racine grimpa de nouveau dans l’arbre pour récupérer sa lance avant de se mettre à leur poursuite.


Ce n’est que bien plus tard qu’elle parvint à les retrouver. Elle fut immobilisée pendant une grande partie de la journée par une meute de créatures noires qui rôdaient le long de la falaise. Il ne semblaient pas avoir perçu sa présence, mais dès qu’elle tentait de se déplacer, il lui semblait que les phrases insensées qui s’échappaient de leurs bouches distordues se faisaient plus fortes. La journée était bien avancée lorsqu’ils se décidèrent à partir.

Okha ne retrouva que l’une des quatre bêtes. A l’endroit ou le corps de la falaise se fondait dans la montagne, une pente accidentée, sans doute créée par une imposante avalanche. Se guidant grâce à ses hennissements terrifiés, la racine finit par trouver le cheval coincé entre la paroi d’un a-pic et le bord d’une plateforme de blocs instables que les sabots de l’animal menaçait de faire céder à tout instant. Se rapprochant autant qu’elle le pouvait, Okha tenta d’utiliser à nouveau des sonorités douces et apaisantes. Tremblant, ses grands yeux roulant dans leurs orbites, l’animal semblait déchiré entre l’envie de s’éloigner d’elle, et la peur de la chute.
La racine ne put déterminer combien de temps dura la scène. Alors qu’elle n’était plus qu’à quelques pas du cheval, celui-ci se dressa soudain sur ses sabots arrière et elle se vit emportée par ce corps épais qui devait peser quatre fois son poids. Mais la roche tint bon. Okha poussa un soupir de soulagement qui sembla surprendre l’animal dont les deux oreilles se tournèrent soudain vers elle. S’accroupissant, elle se mit à lui parler lentement, à lui murmurer des choses et d’autres, à lui raconter ce qu’elle savait pensait, avait vécu. La bête ne comprenait bien évidemment pas un traître mot de ce qui sortait de sa bouche, ça elle en était certaine. Mais elle écoutait. Sa robe était beige, tirant sur le gris, et sa crinière légèrement plus sombre luisait de sueur.
La racine finit par se rapprocher. Les muscles de l’animal frémirent alors qu’elle posait sa main sur son poitrail. Laissant ses doigts parcourir les muscles de l’animal, elle continuait à lui parler, écoutant son souffle prendre un rythme plus lent.

Une fois calmé, il fallut le faire redescendre. Ce ne fut pas une mince affaire et Okha usa tout ce qu’elle détenait de patience pour parvenir à faire reculer, avancer ou se retourner l’animal. Une partie de ses rations déjà maigres passa dans de maigres cadeau, visant à l’encourager suite à un gage de docilité particulièrement bienvenu. Peu avant qu’ils parviennent de nouveau sur le sol plat de la vallée, Okha lui passa de nouveau son harnachement de fortune autour du cou.

- Désolé, mais toi tu ne t’enfuiras pas.


Elle n’osa pas le monter ce soir là. L’attachant comme elle pu à un arbre, au milieu d’un bosquet, Okha tenta de confectionner une corde plus épaisse, mais elle manquait de matériel, ses dernières réserves de chanvres ayant servi à confectionner une partie des habits du camp qu’elle avait quitté la veille. Dénouant une partie de sa tunique, elle fit passer un tressage grossier dans les attache de sa peau, ça devrait faire l’affaire.
N’osant pas laisser la bête attachée seule, elle se confectionna une couche à côté de lui, restant malgré tout à distance de ses lourds sabots.

* * * * * *

Au matin, elle retrouva son attache pendant le long du tronc auquel elle l’avait accrochée. Le nœud était encore en place, mais il semblait que le cheval ait réussi à s’en libérer.

Alors qu’elle parcourait les alentours, le cœur empli de déception, elle finit par le retrouver le nez dans une mare, s’abreuvant bruyamment. Le soleil, légèrement voilé, parcourait son pelage d’éclats blonds, elle sourit. Il tourna lentement la tête à son arrivée et la jaugea avec intérêt. Elle attendit patiemment qu’il ait finit de boire pour s’approcher.

Cette fois-ci, il refusa qu’elle lui passe le lien autour du cou. Dans un grommellement menaçant, il dégagea sa tête et s’éloigna de quelques pas pour brouter de nouveau. Ce n’est qu’après un long monologue apaisant sur les bienfaits des relations entre hommes et animaux, agrémenté d’un massage appliqué de son long cou qu’il se laissa finalement faire.
Sans le quitter des yeux, Okha se désaltéra rapidement elle aussi, en profitant pour faire une toilette sommaire, avant de se remettre sur pied. Le ramenant jusqu’à son camp, Okha le laissa brouter à proximité et consomma elle-même le reste de ses provisions. Il fallait qu’ils avancent, cela faisait trop longtemps qu’ils était dans le coin et, si quelqu’un ou quelque-chose rôdait dans les parages, il n’avait sans doute pas manqué de découvrir leurs traces… Peut-être était-il temps pour un second essai ?
S’approchant de ce cheval qu’il n’avait pas encore de nom, la racine se mit de nouveau à le caresser  et à lui adresser des paroles réconfortantes mais, à sa grande surprise, la bête parut cette fois-ci réticente, comme si elle commençait à comprendre les pièges d’affection utilisés par celle qui la tenait captive, pour arriver à ses fins. Okha soupira.

- Allez, s’il te plaît.


Cherchant un semblant d’approbation dans les yeux de l’animal, la racine finit par hausser les épaules. Sans tenter de le cajoler davantage, elle se hissa d’un bond sur son dos.
Le cheval resta immobile. Encore allongée sur son dos, Okha se sentit un peu ridicule, elle ne savait pas exactement que faire maintenant qu’elle avait réussi à le monter. Se redressant avec lenteur tout en s’agrippant comme elle pouvait à la crinière et à son lien improvisé, elle finit par oser un léger mouvement du bassin.

Une fois qu’elle eut fini d’essuyer la boue qui lui couvrait le visage, la Racine ravala sa fierté et, tirant l'animal derrière elle, se mit route, en direction du lac.
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