Toute vérité…


Au détour d’un sentier Chioné m’a échappé,
Éprise de liberté et d’un azur bleu.
Vainement ai-je fouillé l’horizon des yeux :
Dis-moi, mon amie, où se trouve mon aimée ?

Je la vis partir, tantôt dans les collines,
Cueillant pour ses cheveux des fleurs d’aubépine.
Je la vis pensive, marchant dans les bois,
sentant le parfum d’une fleur de lilas.
Je la vis perdue, cherchant dans les roseaux
Le reflet de la lune, au milieu des flots.

Hélas, les berges du lac sont silencieuses,
La forêt noire et sans âme. Les plaines au
Loin sont sinistres ; mais tu paraît soucieuse,
Dis-moi, mon amie, qu’as-tu vu sur les plateaux ?

Je ne vis rien, hormis le vent mordre les pierres.

Des silhouettes dansent pourtant autour d’un feu,
N’est-ce pas sa fumée, s’élevant dans les airs ?

Je ne vois qu’un corbeau s’envoler, au milieu
D’un désert de rocs nus et tranchant, solitaire.

Mais que fuis-tu pour rester aveugle à ce point ?
Nier l’évidence ne te mènera à rien :
Parle, ou de moi-même, je saurai la fin.

Je la vis mourir, entraînée et dépecée,
Sa chair nourrissant les flammes et ses meurtriers.

Me serais-je fié à tes mensonges retors,
Jamais son sort ne m’aurait été dévoilé ?
Dis-moi sans ambages, pourquoi m’as-tu trompé ?

Ton ignorance et tous les reproches à mon égard
M’auraient été plus doux que la douleur dans ton regard.