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Chemin de traverse [Solo - J24 - Important]
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Salim
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Salim
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Jour d'éveil : Jour 6
Race : Cime
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Groupe : Le Clan des Oubliés
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Notes et Idées

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Mer 24 Jan 2018 - 14:56


Sans la neige, le paysage n’était plus tout à fait le même, mais mes souvenirs étaient encore bien trop vifs dans mon esprit pour que je me trompe. Je repensais à la première discussion que j’avais eu avec Ka, qu’en avais-je retenu quelques jours après ? Le feu, l’eau, je me rappelais bien, mais les formulations se perdaient déjà un peu. Cela ne m’inquiétait pas, lorsque je me comprendrais réellement, je me souviendrais, mais pour le moment, j’avais encore besoin d’entendre la voix du vieil homme.

Il avait dit de ne pas se préoccuper des créatures noires, et j’avais du mieux que je le pouvais suivi son conseil. Mais elles devenaient difficiles à ignorer, et plus qu’une sensation de danger et de détresse, elles provoquaient en moi des questionnements incessants. J’avais songé au beau, regardé le paysage, profité de mes amis ces derniers jours, malgré la menace, la faim, la chaleur et le froid. J’avais planté des graines avec Daedwyg, j’avais porté Néphara, j’avais souri à Shabh, j’avais écouté Kahraman, j’avais raconté aux Oubliés les histoires de mon tour du Lac. J’avais parlé de Ka et des belles choses, de l’étrange être aux grillons, de notre vie sauve. Mais la nuit, lorsque tous dormaient, je ne pouvais faire taire mes interrogations, mes hypothèses et mes constructions mentales. Tout cela formait une jolie histoire dont je n’avais que des fragments.

J’avais conscience d’être impatient, mais je ne demandais pas toute la vérité, toute l’histoire d’un coup, je voulais seulement que Ka me désigne le chemin une nouvelle fois, ou à défaut, un chemin.

Saurais-je retrouver la cabane dans la forêt ? Je pensais en être capable, je prêtais toujours attention aux itinéraires que j’empruntais, et à pleins d’autres choses à vrai dire. Je voulais tout retenir, ne rien oublier. Quelle ironie qu’Ard nous appelle de la sorte. Je marchais entre les troncs d’un pas décidé, je n’avais aucune envie de passer une nouvelle nuit seul dans la forêt, je ne maîtrisais pas l’environnement, je m’étais habitué aux terrains plus découverts. Le soleil était encore haut, j’espérais que Ka serait chez lui.


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Jeu 25 Jan 2018 - 16:35

Important:

La cabane était juste là, un peu plus loin. Le jeune homme qui marchait dans sa direction n'avait que quelques pas à faire pour la voir de nouveau.

Un soleil de plomb couvrait la clairière de ses mille bras de lumière. L'atmosphère était lourde, chaude, pesante. Paresseusement, les branches des arbres vibraient avec la brise, les plantes du potager montraient leur belles couleurs, et la petite maisonnée qui se tenait là soufflait la chaleur accumulée par sa porte restée ouverte.

Sous les rayons, la cabane de Ka pouvait paraître plus joyeuse encore. Et il va de soi que la vue des décorations, des fourrures, des sculptures, des pots, des ornements, des outillages, éparpillés autour de cette petite maisonnée accueillante, étaient encore plus visibles qu'à l'habitude.

Mais l'euphorie dont Salim pourrait être gagné en redécouvrant la maison sous l'astre du jour, devrait rapidement être piqué de nuances plus sombres, avant de s'effondrer peu à peu vers l'effroi.
Quelque chose n'allait pas.

Cela se situait peut-être là, quelque part entre ces plantes, sur ce potager. Elles semblaient moins bien entretenues qu'à l'habituel. Elles avaient l'air abandonnées. Des pissenlits poussaient autour d'elles.
Cela se situait peut-être ici, quelque part autour de la cheminée qui ne fumait pas, et au niveau de cette porte ouverte qui grinçait mollement. Il n'y avait que ce son là, n'indiquant d'autre signe de vie que celui du vent.
Cela se situait peut-être partout, dans les arbres de la forêt qui restaient inexpressifs, et dont la présence oppressait, tout autour comme une prison.

Mais non. Cela se situait ailleurs. Derrière la maison.

Derrière la maison, prenant presque toute la surface de la clairière, sur une grande zone rocheuse, se trouvait un énorme cercle noir, rempli d'inscriptions géométriques sombres et étranges. Quiconque avait déjà visité la maison de Ka pourrait reconnaitre ce cercle et ces symboles, ils n'avaient pas changé.
Au milieu du cercle, des mouches et des fourmis tournaient autour du cadavre d'un grand homme. Il avait le crane ouvert, et son sang séché s'étendait sur les inscriptions. Ses yeux noirs étaient vides, et ses cheveux courts blonds partiellement plaqués contre sa tête par le liquide pourpre. Il ne portait qu'un pagne en peau, sa nudité partielle montrait qu'il avait dû être affamé avant de mourir, la peau sur les os. Son corps sans vie, étendu de tout son long sur la roche, répandait une odeur nauséabonde. La brise n'était pas suffisante pour l'évacuer.

Après avoir vu le cadavre de cet étranger, Salim pourrait se demander où était Ka.
Il le saurait en rentrant par la porte ouverte.

Dans la petite cabane parmi les meubles de bois et les décorations esthétiques, se trouvaient deux hommes. Le premier, visible dès l'entrée dans la maison, parce qu'il se trouvait assis sur une chaise à côté de la porte, était un homme silencieux aux cheveux noirs et aux yeux verts. Ses habits étaient étrangement riches pour le climat. Son regard était piqué de colère, peut-être de tristesse et de dégoût. Il ne parlerait pas.
Ce vers quoi ses yeux colériques étaient tournés, c'était le lit, à l'autre bout de la maigre pièce.
Là se trouvait Ka. Le visage légèrement moins souriant et plus blême qu'à l'habitude. Il restait allongé, le torse légèrement redressé, et regardait autour de lui sans dire quoi que ce soit, habillé d'un simple tissu blanc.
On pouvait remarquer sa main gauche, se plaquer régulièrement sur son flan gauche, et son visage être piqué d'un signe de douleur.

Si Salim choisit d'entrer dans la maison, Ka tournera la tête vers lui et le verra. Il lui adressera un sourire franc, qui sera moins long que ceux qu'il adressait habituellement à leur retrouvailles. Le deuxième homme ne parlera pas, se contentera d'un coup d’œil dans sa direction, mais Ka, lui, pourra dire :

- Quelle bonne surprise, jeune Salim. Je suis heureux de te voir.

Avant de grimacer imperceptiblement, et de redevenir silencieux. Son regard ne montrait pas de véritable joie.

Quelque chose n'allait pas.

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Ven 26 Jan 2018 - 10:58


Je ne m’étais pas trompé et bientôt je vis la maison se dessiner, toujours debout, jolie. Tout semblait calme aux alentours, et pourtant, quelque chose flottait dans l’air. Je connaissais cette sensation, l’impression que quelque chose clochait dans le tableau, ce n’était pas la première fois qu’elle s’imposait dans la vallée, mais je ne m’attendais pas à la trouver ici. Je ne voulais pas que quelque chose aille de travers ici, je m’étais imaginé, bêtement sans doute, que la demeure de Ka était un refuge, et que le vieil homme était immuable.

Je refusais de céder à la peur avant d’en avoir eu le cœur net et je m’approchais, vérifiant les environs de la maison. Une odeur écœurante et douceâtre régnait dans l’air et je compris d’où elle venait en apercevant le corps. Avec la chaleur, difficile de dire s’il était là depuis longtemps, mais les insectes qui se promenaient et les pissenlits dans les rangées laissaient penser que la scène datait d’au moins la veille. Mes yeux balayèrent le cercle noir et j’eus brièvement l’impression que de la neige coulait le long de ma nuque. Était-il là avant ? Je n’arrivais pas à être certain, je n’avais pas regardé le jardin, et la neige le recouvrait en partie. Cela me dérangeait, de ne pas être sûr de ce que j’avais pu voir, je me sentais idiot. Mais peu importait au fond, aujourd’hui le cercle était là. Je songeais à m’agenouiller pour l’observer de plus près, mais il y avait plus important et je me dirigeais d’un pas pressé vers la maison.

Un homme que je ne connaissais pas était assis à l’entrée. Avant même d’avoir passé la porte, je lui lançais, parlant sans doute un peu plus vite que je ne le voulais :

- Qui êtes-vous ? Où est Ka ?

Il ne me répondit pas, mais je n’eus pas à attendre longtemps, et sentis mon cœur redescendre à sa place habituelle dans ma poitrine en entendant la voix du sage en passant la porte.

- Ka ! Je suis content de te voir aussi.

Je remarquais la distance de son expression.

- Tu es blessé ? Que s’est-il passé ?

Je m’approchais doucement du lit en demandant cela, oubliant presque l’autre homme. Et tandis que je me taisais pour le laisser parler, la phrase de l’Être aux grillons résonnait dans mon crâne.

"Toi aussi, Salim, tu es un optimiste ? Et tu le resteras à jamais ? Même lorsqu'un jour, allant chez Ka, tu découvriras sa maison gorgée de sang ? Même lorsque tu verras, à nouveau, les musaraignes te dominer ?"

Et je me demandais alors si c'était vraiment au sang de Ka que l'être noir avait fait référence.
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Ven 26 Jan 2018 - 14:07

Lorsque Ka ne sourit pas, il paraît profondément sérieux, grave, voire terrifiant. La force de ses traits et de son regard semble demander le silence, autour de lui. Il n'a pas l'air gentil, simplement sévère.
Et ce contraste pourrait être troublant, surtout pour quelqu'un qui a l'habitude de le voir sourire souvent.

Parce que cette fois Ka ne souriait pas.

Il écouta les deux questions de Salim, planta ses yeux dans ceux du jeune homme, puis regarda ailleurs. Un silence suivit cette demande. Quelqu'un qui ne connaissait pas Ka pourrait croire qu'il n'avait pas envie de répondre, Salim, lui, n'aurait pas de mal à comprendre que le vieil homme cherchait une formulation.

- Il y a des hommes dont l'esprit est encore trouble, ici-bas. finit-il par expliquer. L'un d'entre-eux, un jeune homme perturbé, a cru que je lui avais volé quelque chose. Il disait que je lui avais volé sa mémoire, sa maison, ses vivres, son passé.

Ses lèvres ne s'élevaient toujours pas, et sa tendance à les laisser baissées en une expression faciale neutre devenait sensiblement visible. Après quelques instants, il plaça une main sur son flanc gauche, et poursuivit :

- Tu sais, jeune Salim, lorsqu'on s'en prend à toi injustement, il est normal de te défendre. Tu dois le faire. Jouer le rôle du martyr, qui accepte les coups sans riposter, n'accomplira rien d'autre que la victoire de l'injustice dont tu es victime. C'est pourquoi je ne lui en veux pas de m'avoir attaqué, parce qu'il pensait sincèrement que je m'en prenais à lui. J'aurais aimé, certes, que nous ayons une discussion calme, j'ai essayé d'en parler avec lui, mais je n'ai pas pu.

Un instant passa, Ka fronça les sourcils et hocha la tête lentement, avant de reprendre d'une voix caverneuse :

- De son point de vue, je l'avais attaqué injustement, alors il a choisi de m'attaquer. Mais alors, de mon point de vue, il m'attaquait injustement, donc j'ai riposté. Et il en est mort. C'est aussi crétin que cela.

Il se redressa encore davantage, en plissant les yeux sous l'effet d'une douleur.

- Ne bouge pas trop. trancha brutalement l'homme silencieux qui était resté dans un coin de la pièce.

Ce jeune homme, plutôt grand, la peau très blanche, avait une force cassante au sein des yeux. Il ne doutait pas de lui. Ka sourit alors, un court instant, et dit à Salim :

- Et puis, mon ami que tu vois là, qui est assis sur sa chaise, est intervenu quelques instants après. Il est guérisseur, alors il a très bien refermé ma plaie... Mais...

Le vieil homme releva légèrement le tissu le long de sa jambe gauche, et, sur sa cuisse, environ deux pouces en dessous de l'endroit ou Ka posait régulièrement sa main, un spectacle terrifiant se montrait. D'horribles cloques noires étranges suintaient très faiblement un liquide sombre, et des nervures noires labyrinthiques liaient ces cloques et s'étendaient plus loin, plus bas. Elles donnaient l'impression d'une plante en train de pousser, lentement. Une plante ancienne et immonde, que l'on ne pouvait retirer sans tuer le vieil homme.

Ka reprit :

- Mais ça n'est pas une blessure normale, malheureusement. Pardonne moi, c'est plutôt laid.

Et il sourit, enfin, avec une réelle sincérité, avant de replacer sa tunique correctement. En cet instant précis Salim pourrait deviner, au delà de tous les songes qui pourraient lui passer par la tête, que ça n'était ni cette blessure, ni l'idée de la mort, qui attristait Ka. Contrairement à ce que l'on pouvait croire, le fait qu'il sourie moins n'avait rien à voir avec sa santé.

L'esprit naïf penserait sans doute que, si le vieil homme ne s'en préoccupait pas, c'est qu'il était en train de guérir. Espérer, quelques instants, tant que rien n'avait affirmé le contraire.
Jusqu'à ce que la voix de l'homme du fond de pièce tombe à nouveau, comme un coup de marteau :

- On ne peut pas le soigner. Il ne lui reste qu'un jour ou deux.

Son ton avait été brutal, mais franc. Et en tournant le regard vers lui, on aurait pu voir de la colère et de la déception, au fond de ses yeux verts. Il ne doutait pas de lui, et il n'aimait pas l'échec.

Devant cette annonce, Salim devait être déboussolé, tétanisé, voire anéanti. Mais c'est alors que la main de Ka se posa sur le bras du jeune homme, et que sa voix douce et chaude parla :

- Ne t'en fais pas, jeune Salim. Ça ira.

Et il lui sourit, très franchement, pour lui communiquer quelque chose.

Peut-être cherchait-il à le rassurer. Peut-être voulait-il lui dire qu'il ne fuyait pas la mort. Peut-être cherchait-il à faire comprendre qu'il n'avait pas de regret.

Mais la voix du jeune homme aux yeux verts résonnait encore entre ces murs trop proches. Ka n'était pas en train de prétendre qu'il n'allait pas mourir.

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Lun 29 Jan 2018 - 11:49

J’écoutais la réponse de Ka dans un silence de mort. Il me semblait que même ma respiration s’était arrêtée, que rien, rien ne résonnait d’autre que les paroles du vieil homme. Il souleva le drap et à cet instant je compris ce que nul n’avait eu besoin de formuler dans la pièce. La plaie était noire, suintante, monstrueuse. Personne ne pourrait la guérir avec quelques plantes, l’inconnu ne pouvait rien faire pour Ka. Comme s’il avait lu dans mes pensées, il confirma presque sèchement.

Un jour ou deux.

Le silence qui suivit fut assourdissant, insupportable, il s’immisçait dans mon esprit, il l’empêchait de penser, de parler, ma voix restait bloquée dans ma gorge, et peut-être mon cœur s’était-il arrêté dans ma poitrine car j’y sentis un poids qui n’était pas présent quelques instants auparavant. Ce fut la main de Ka qui m’arracha au gouffre, me ramenant face à lui.

Ça irait. Ça irait. Il fallait accepter l’eau, il ne fallait pas hurler pour chasser la mort, on ne le pouvait pas. Tout cela n’était pas un mal, ce n’était qu’un fait. Les idées glissaient sur moi sans s’attacher, et si toutes me semblaient raisonnables, rien n’en moi n’aspirait à la raison à ce moment. Je m’aperçus qu’une larme roulait lentement le long de ma joue. Je ne fis rien pour la chasser, et elle continua sa trajectoire jusqu’au sol, suspendue. Pourtant, je ne parvenais pas réellement à ressentir de la tristesse, pas consciemment en tous cas, je ne réalisais pas, tout semblait si impossible ! Comment Ka pouvait-il mourir ? Il devait y avoir une erreur, peut-être avais-je mal vu la plaie, peut-être n’était-ce qu’un mauvais rêve ?

Mais le sourire de Ka était vrai.

- Je ne comprends pas.

J’avais dit cela comme on prend une inspiration, pour briser le flot de tout ce qui me traversait l’esprit, me rallier au monde extérieur.

- Comment un homme peut infliger une telle blessure ?

Ce n’était pas cela que je ne comprenais pas, mais peu m’importait. Je m’étais juste forcé à poster une question pour redevenir moi-même, pour être juste Salim, et demander conseil à Ka, comme l’ordre logique des choses le voulait. Je me moquais que ce soit hors de propos, que mon interrogation semble une réaction froide à ce que je venais d’apprendre.

Je ne voulais pas remettre en question la parole de l’inconnu, mais j’espérais encore pouvoir faire quelque chose. Je passais mon temps à chercher des explications au bizarre et à l’impossible mais j’étais incapable de croire l’évidence, comme si elle était trop laide pour que je l’accepte, comme si j’avais besoin de mettre cette maudite étincelle d’optimisme n’importe où autour de moi. Comme si je pouvais être épargné par la douleur et la peine simplement en souriant. Comme si le feu était ma seule arme.
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Mar 30 Jan 2018 - 16:10

Le sourire du vieillard ne dura pas éternellement. Son visage retomba en une expression faciale neutre, indiquant encore et toujours que quelque chose d'autre n'allait pas.

Encore une fois, il laissa le silence régner avant de répondre. La chaleur à l'intérieur de la bâtisse était étouffante. En tendant l'oreille, on pouvait entendre des mouches.
Ka parla enfin :

- Je sais qu'il n'est pas facile de l'admettre, jeune Salim, mais il est bien plus aisé de faire tomber la maison que de la faire tenir debout. Si un homme a du mal à sauver sa propre vie, ça n'est pas pour autant qu'il peine à détruire celle des autres. Mais il est plus facile d'en juger correctement lorsqu'on ne se débat pas. Celui qui va mal, lui, ne comprends pas toujours comment bien agir.

Le vieillard avait peut-être conscience de ne pas se faire comprendre parfaitement, mais pour une fois il ne cherchait pas à passer plus de temps à s'expliquer. Ses yeux se voilaient d'ombre, il soupirait. Regardant lentement à côté de lui, il prit un tabouret qui résidait contre l'une des commodes - ce dernier était presque invisible parmi toutes les choses de bois qui pullulaient dans la cabane. Il incita Salim à s'asseoir sur ce petit tabouret, auprès du lit. Puis il grimaça de douleur et posa sa main sur son flanc.

Une fois que Salim fut assis, il regarda le jeune homme et lui sourit brièvement. Contrairement à ce que l'on aurait pu croire, le vieillard ne dit rien du tout, il se contentait de profiter de la présence de son ami dans le silence. Au bout d'un moment, Ka demanda :

- Mon ami, peux-tu m'amener la pierre plate sur laquelle figure le visage d'une jeune femme ? Au-dessus de cette commode, entre le pot et la sculpture.

L'appelé était le guérisseur du fond de la pièce. Inutile de le regarder pour comprendre que la requête lui déplaisait, il soupira bruyamment, deux fois, se leva lentement, prit avec dédain la petite pierre, et la posa sur lit avec autant de délicatesse qu'un coup de hache.
Puis il s'écarta à nouveau.

- Je te remercie. dit le vieil homme en souriant.

Le remercié ne répondit rien du tout, il se contenta de marcher à pas lent et de sortir par la porte sans la fermer.
Ka ramassa le galet, le regarda affectueusement, et le montra à Salim. La jeune femme était dessinée en noir, elle avait un visage doux, un air paisible.

Un voile humide couvrit ses yeux et sa voix buta lorsqu'il dit :

- Cela fait déjà deux-cents jours qu'elle nous a quittés.

Il déglutit, lentement, et on put voir ses doigts trembler légèrement. Puis il sourit, mais cette fois son sourire sonnait faux, et il retomba rapidement. Le vieil homme gardait ses yeux plantés sur le galet, on sentait qu'une pensée l'habitait. Une pensée lourde, dure, qu'il avait besoin d'exprimer en cet instant.

On voyait que cela restait en travers de sa gorge, que ça n'osait pas sortir. Comme s'il avait honte, voire que le fait qu'il puisse penser ça le dégoûtait. Comme s'il avait un secret intime, profond, qu'il n'avait jamais osé avouer.

Mais cela avait besoin de sortir. C'était la raison pour laquelle il n'arrivait plus à sourire.
Pour la première fois, sa phrase n'eut rien de sage, elle n'avait rien de rationnel. Ce n'était que du ressenti, et sa voix chavira avant même de l'avoir terminée :

- Je pensais voir éternellement les autres mourir, sans jamais avoir le droit de les rejoindre.

Et il fondit en larmes, lâchant la pierre, et porta ses mains à ses yeux. Tout son corps tremblait, il respirait fort, et pleurait. Mais l’aveu n'était pas terminé. Ses sanglots étaient bruyants, il s'en voulait véritablement. C'était difficile de parler, il n'y arriva qu'à voix basse, interrompu régulièrement par ses larmes.

- C'est pour cette raison... que je me suis écarté de toi. Je suis désolé, Salim.

Son corps était secoué, il se recroquevilla tout en pleurant, encore et toujours.

- Je suis, vraiment, désolé.

Et la petite maisonnée de bois vibrait avec les pleurs du vieil homme. Quelque chose était suspendu dans l'air, une ombre morbide planait.
N'importe qui aurait pu imaginer que tous ces visages, sur ces galets qui débordaient de sa commode, avaient été des amis proches de Ka. Mais qui aurait pu raisonnablement se dire que si l'immense majorité d'entre-eux n'étaient jamais présents, c'était simplement parce qu'ils se trouvaient ailleurs ?
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Jeu 1 Fév 2018 - 14:05

J’écoutais Ka en silence, ne répondant rien à ses déclarations, un air absent sur le visage. Ses mots avaient du mal à trouver leur chemin jusqu’à mon esprit, qui s’était retranché je ne sais où en moi. Nulle eau ne coulait plus sur mes joues, mais le poids dans ma poitrine s’était alourdi.
Je regardais le visage sur le galet sans que ses traits m’évoquent quoi que ce soit, comment l’auraient-ils pu ? Alors, Ka s’excusa. Et je ne compris pas immédiatement ce dont il parlait. Ce furent ses larmes qui me firent réagir.

- Ka.

Ma voix se brisa. Comment pouvais-je lui en vouloir ? Je n’étais ni déçu, ni en colère, juste profondément triste, affecté par la vision de la vie solitaire de Ka. Voir les autres mourir, un à un, perdre espoir, continuer d’essayer, cesser d’y croire et puis tenter encore. Je ne pouvais pas considérer l’aveu du vieil homme comme une preuve de faiblesse, à mes yeux, ce n’était qu’une marque d’humanité.

Je fuyais à ma manière, toujours sur les chemins à chercher, à suivre, à questionner. Je n’avais pas pu rester plus de quelques jours aux côtés de mes amis, n’avais-je pas fui moi aussi ? Mes interrogations justifiaient-elles que je les abandonne sans cesse ? Que je me convainque que tout cela valait mieux que tenter de les protéger ? L’Être Noir avait accusé Ka d’être une plante verte, qui regarde les jours passer dans sa jolie maison, mais dans ce cas, moi je n’étais qu’un oiseau stupide, qui volait à tout va dans la vallée sans jamais rester à son nid.

Mais je refusais de leur donner raison. Et je refusais de croire que nous étions tous constamment en danger, parce que j’étais un optimiste, un imbécile et que pour moi, c’était comme cela que la vie se vivrait. Je ne les laisserai pas prendre ceux que j’aimais, et je serai là quand il le faudrait, mais je continuerai de chercher, encore et encore, sans jamais abandonner, parce que sinon, tout cela était vain. Ka mourrait en vain, les Oubliés resteraient oubliés, Merga m’aurait sauvé moi au lieu de Corwall en vain. Et je n’accepterais pas cela.

Je pris la main du vieil homme.

- Je ne peux pas réparer ce qui a été brisé, trouver quelque chose à dire qui changerait les choses. Mais sans Merga, sans Shabh, sans toi, je serai mort déjà. Et peut-être que cela arrivera tout de même bientôt, peut-être pas. Mais aujourd’hui peu m’importe, parce que grâce à toi et à tous les autres, j’ai ri, j’ai pleuré, et je vis. Staz aussi. Et d'autres sans doute. Alors ne t’excuse pas s’il te plait, pour moi en tous cas ce n’est pas la peine.

Et comme je disais ça, l’eau coulait à nouveau de mes yeux. Elle coulerait longtemps sans doute.
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Jeu 1 Fév 2018 - 17:24

- Merci, jeune Salim. répondit Ka, suite à la réponse du jeune homme.

Il essuyait ses larmes d'une main, l'autre restant dans la paume du Cime en la serrant davantage. Le regard toujours triste et abattu.
Une brise fit bruire les branches des arbres. Le vieil homme déglutit en soupirant, ses yeux revenant sur le galet.
Un temps passa, puis il dit :

- Tu sais, je crois comprendre aujourd'hui, en te voyant, que je me suis fourvoyé pendant longtemps.

Il réfléchit, inspira avec force, et dit en fixant la pierre :

- Il y a une vérité, lourde, que je ne voulais pas lui dire. Je lui ai menti pendant très longtemps pour l'en protéger. J'ai cru qu'en la faisant perdurer dans l'ignorance, je pourrais lui permettre de vivre dans le bonheur.

Aucun sourire ne figurait sur son visage. Il fronça les sourcils et poursuivit sa réflexion. On voyait que ses yeux étaient perdus dans le vide, il était en train de penser, il avait compris quelque chose, et il cherchait à le formuler. Ses mots redevenaient lents, il recommençait à les choisir avec soin, cherchant à se faire comprendre au mieux.

- Mais on ne peut voiler l'ombre.

Il prit la pierre dans sa main, et la porta devant lui.

- Elle a découvert que je lui mentais, et m'a demandé de lui révéler ce que je n'avais pas voulu lui dire. Je me suis d'abord braqué, puis, voyant qu'elle se mettait en danger inconsidérément, j'ai fini par lui dire, pour qu'elle arrête d'agir de manière insensée.

Il fit une pause et secoua lentement la tête. Puis d'une voix caverneuse, la mâchoire serrée, il dit :

- Elle est morte dès qu'elle a su. Elle est morte sous mes yeux, sans que je n'y puisse quoi que ce soit, à cause de la vérité que je venais de lui avouer.

Sa pomme d'Adam remonta dans sa gorge, il serra le galet dans sa main, et on put voir une autre larme couler le long de sa joue. Sa voix était émue, affectée.

- Et tu sais, quelle a été la seule chose qu'elle m'ait reproché, avant de mourir ? Quelle a été sa seule véritable réaction à propos de mes agissements ? Elle m'a reproché de lui avoir menti jusqu'ici. Elle m'a reproché de lui avoir caché cette vérité qui a fini par la tuer.

Il fronça les sourcils, et laissa un blanc. Son discours n'était pas terminé. Il poursuivit son cheminement :

- Je crois comprendre, aujourd'hui, en cet instant précis, que ma réaction de l'époque a été aux antipodes de ce qu'elle aurait dû être. En la voyant mourir sous mes yeux, je me suis promis de ne plus jamais dire la vérité à qui que ce soit, de la garder pour moi. Je me suis dit que je ne devais plus m'attacher aux autres hommes, car je ne pourrais jamais sauver quelqu'un qui ne peut s'aider lui-même, et que la vue de mes sempiternels échecs allait finir par me tuer moi aussi.

Un nouveau soupir émana de ses lèvres. Il ne souriait pas.

- Mais... pourquoi partir du principe, alors que je sais que je suis un homme, que les autres hommes ne pourront pas survivre comme je le fais à ce que moi je sais ? Pourquoi suis-je en train de manquer de confiance aux autres ? En cherchant à les protéger du savoir, je ne fais que montrer mes doutes sur leur capacité à s'en sortir seuls. Ce n'est pas pour rien, si elle m'a reproché de lui avoir menti, parce que cela montrait que je ne lui avais pas fait confiance, et cela a altéré, par la même, la confiance qu'elle me prêtait.

Un hochement de tête lent, une étincelle brillait dans ses yeux.

- Lorsque l'oiseau laisse l'oisillon prendre son envol, il sait que celui-ci pourrait tomber et en mourir. Mais il sait aussi que voler est, pour l'oisillon, le seul moyen de vivre heureux, parce qu'il ne pourra pas le couver éternellement, et que, de plus, vivre couvé n'est pas vivre.

Ka releva son regard vers celui de Salim. Et c'est alors que le jeune homme put voir comme ses yeux étaient forts. Une volonté brute, insensible, colossale, immobile, un roc de détermination inébranlable et inaltérable résidait au fond de ses pupilles. On ne la voyait pas toujours lorsqu'il souriait, on ne la croisait pas toujours lorsqu'il regardait le paysage, qu'il mangeait, ou qu'il parlait. Mais lorsque ses yeux la montraient, on comprenait immédiatement comment le vieillard était capable de survivre seul dans une cabane, au milieu d'une vallée couverte d'ombres mangeuses d'hommes. Il était d'une force mentale probablement impossible à égaler pour qui que ce soit. Cela le rendait profondément imposant.
Il parla alors :

- Je dois vous dire, à toi et aux autres, la vérité que je connais. Je dois vous faire confiance, croire en vous, et vous pousser hors du nids que j'ai construit. Je ne peux pas éternellement vous protéger, la mort est sur le point de me prendre, et si elle emporte avec moi mon savoir, alors toute ma progression sera perdue avec moi, et il faudra attendre un autre coup de chance comme celui que j'ai eu, pour vous permettre de vous en sortir. Vous risquerez de mourir en sachant ce que je sais, mais si vous y survivez, alors vous pourrez vivre pour de vrai, et profiter des beautés du monde. Vous pourrez prendre votre envol.

Il fronça les sourcils, ses yeux forts communiquant sa détermination dans ceux du jeune homme, et répéta :

- Salim, je te fais confiance. Je te dirai la vérité.
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Ven 2 Fév 2018 - 14:00


Le silence nous enveloppa pendant un bref instant, et je n’osais le briser, ne sachant pas à quelle rêveries tristes l’esprit de mon ami s’abandonnait. Je fus presque heureux de l’entendre parler à nouveau, même si la nature de son discours jeta bientôt sur moi un effroi que je n’aurai su imaginer. Je comprenais ses réactions, mais aussi les reproches de son amie, mais surtout, surtout, je m’étais senti irrémédiablement, attiré par cette vérité qu’il mentionnait.

Ma première pensée avait été qu’ainsi, il y avait des réponses, et j’avais négligé la mort, négligé le risque, agissant comme un envieux jaloux de protéger ses intérêts et d’acquérir toujours plus de connaissances, à n’importe quel prix. Je fus effrayé par ma réaction et dégoûté par la fascination que la nouvelle avait eu sur moi. Mon regard assombri pouvait aisément être interprété comme de la mélancolie ou de la crainte, et je n’avais aucune envie d’expliquer à Ka la véritable raison de mon inquiétude, aussi ne fis-je aucun commentaire.

J’étais toutefois revenu à moi en une fraction de secondes et ma lucidité sur ma curiosité un peu macabre me rassura. Et si ce que disait Ka était vrai, si cette vérité pouvait à la fois nous tuer et nous permettre de mieux vivre, alors j’étais d’accord avec lui. Autant vivre pleinement ou mourir.

- Salim, je te fais confiance. Je te dirai la vérité.


Je ne souris pas en réponse à sa déclaration, mais quelque chose dans mon regard refléta la volonté du vieux sage, un petit éclat de rien du tout, une étincelle à peine face au feu des yeux de Ka, mais quelque chose tout de même.

- Alors je l’écouterai.

Je ne craignais pas de mourir. Si mes amis voulaient l’entendre aussi, je l’écouterai avec eux, sans craindre, seulement en espérant.

- Il faut rassembler les autres dans ce cas, j’imagine.

L’hésitation dans ma voix laissait clairement comprendre que je n’avais nulle envie de quitter Ka, aussi j’espérais qu’il avait une autre solution que mon voyage à proposer.
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Lun 5 Fév 2018 - 22:47

C'est au moment où Salim donnait sa réponse que le le guérisseur choisit de faire son retour dans la cabane. Il avait les mains pleines de sang et les essuyaient sur un chiffon en tissu, indifféremment, un peu comme si c'était sa routine. Ses habits riches, de couleurs variées, avec une dominante de marron et de vert, étaient quant à eux resté intacts. Il avait le visage majoritairement impassible nuancé d'une pointe de colère, et c'est sur un ton cynique qu'il demanda :

- Quand vous dites "les autres", vous parlez de crétins dans le genre de celui dont je viens de déplacer le cadavre ?

Ka n'eut d'abord aucune réaction, puis il tourna les yeux vers lui, et enfin il lui sourit chaleureusement. On pouvait effectivement remarquer que l'odeur désagréable s'était écartée de la cabane. Mais la chaleur étouffante la faisait perdurer.

- Je te remercie de t'en être chargé, mon ami. dit le vieil homme.

Puis il prit un temps pour réfléchir, un temps suffisant pour laisser le jeune colérique aux yeux verts s'asseoir sur sa chaise, au fond de la pièce, en soupirant, tout en gardant l’œil fixé sur le nettoyage de ses doigts.
Après un silence, Ka reprit :

- En effet, je pense qu'il existe des hommes incapables d'entendre ce que je vais dire. Il me serait plus facile de vous demander de rassembler les plus braves des hommes, mais je ne crois pas qu'il vous serait possible de les distinguer aisément des autres. Autant rassembler tous ceux qui voudront bien venir, et juger de leurs aptitudes une fois sur place.

L'homme leva les yeux au ciel un instant puis fit revenir ses pupilles sur une tâche de sang qui perdurait sur son index gauche. Il la frotta avec son chiffon. Ka le regardait faire. Et c'est après un instant de blanc, que le guérisseur releva ses yeux sur le vieil homme et Salim. Il fronça les sourcils, souffla encore une fois, et dit, d'un air exténué :

- Attendez, vous voulez dire que c'est à moi que vous allez demander de faire ça ? Crapahuter partout pour aller chercher deux guignols afin que tu leur chantes tes conneries, Ka ?

Un temps passa, puis les yeux verts foudroyants devinrent encore un peu plus sombres en fixant le vieil homme. Il reprit :

- Tu te fous de moi ?

- Je pourrais y aller moi-même, mais je pense que tu t'énerverais encore davantage, je me trompe ? répondit Ka.

En cet instant, l'opposition entre les hommes était palpable. L’œil du guérisseur ne transportait pas que de la colère, il renfermait également un orgueil phénoménal, qui s'opposait à la volonté considérable de Ka.

- Je ne suis pas stupide comme toi. certifia l'homme. Je ne sors pas tant que je peux éviter de sortir. Peut-être que tu n'en es pas aussi conscient que moi, mais je peux t'assurer qu'il faut être suicidaire pour se promener seul dans la vallée comme si de rien était. Je n'ai pas envie de mettre ma vie en jeu pour tes caprices.

Ka baissa les yeux, puis hocha la tête en signe de compréhension. Il s'apprêtait à dire quelque chose, Salim pouvait le voir, mais il fut surpris que le guérisseur reprenne la parole avant qu'il ne l'ai fait :

- Bon, d'accord. soupira l'homme qui avait changé d'avis en quelques instants, sans raison apparente. D'accord je veux bien le faire, mais c'est parce que c'est ta dernière volonté, à toi, Ka. Je me contre fous des cons que je vais ramener ici, je veux que ça soit bien clair. Je ne fais ça que parce que je te respecte, vieil homme, rien d'autre.

De la joie pétilla dans l’œil de Ka, à nouveau il ouvrit la bouche pour parler, mais fut encore interrompu par l'homme aux yeux verts :

- Et, aussi, je ne vais pas au sud.

Le vieil homme plissa les yeux, intrigué, et demanda :

- Je te remercie mais... Je ne comprends pas cette dernière exigence.

S'étant déjà levé, le guérisseur se dirigea vers la porte tout en ajustant ses vêtements pour qu'ils apparaissent bien droits. Une expression étrange demeurait sur son visage, lorsqu'il s'expliqua, tout en regardant l'en dehors :

- Tu n'as pas conscience des ombres qui règnent sous ce monde, vieil homme. Tu connais bien mieux que moi sa surface radieuse et éclairée par les rayons du jour, mais tu n'aimes pas regarder dans les profondeurs. Moi, j'ai habitué mon œil à la pénombre, j'ai passé ma vie dans les tunnels noirs, et je peux t'assurer que je n'irai jamais au sud de cette vallée, parce que j'ai vu ce qu'il s'y trouvait.

- Staz, un de mes amis, est au sud. intervint Ka.

- Et bien ton ami Staz a intérêt à bouger de lui-même vers le nord s'il veut me rencontrer. De toute façon, vu qu'il est au sud, il est très probablement mort, donc pas d'inquiétude.

Et c'est sans attendre davantage que le guérisseur sortit. Ka sourit en secouant la tête, et regarda Salim. Ses yeux étaient expressifs : lui aussi, il trouvait que ce guérisseur n'était pas comme les autres. Mais il en était sans-doute moins étonné.
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Ven 9 Fév 2018 - 10:33


Je n’ajoutais rien lors du dialogue des deux hommes, trop occupé à écouter attentivement et à me faire oublier. J’étais content que Ka ne me demande pas d’y aller, car j’aurai eu toute la difficulté du monde à refuser, et je ne voulais absolument pas laisser le vieil homme, comme si, tant que j’étais là pour le voir, rien ne pouvait réellement arriver, tout cela n’était qu’un rêve étrangement réaliste. Ce n’était pas de la vanité, je n’avais pas l’impression que j’avais le pouvoir d’arrêter les choses, mais il n’y avait rien de très rationnel dans mon acharnement.

J’hésitais à la mention de Staz. Peut-être devrais-je aller le chercher ? Et le Bosquet ? J’ouvris presque la bouche pour ajouter quelque chose, et puis je me ravisais. Quoique que Ka nous dise, je pourrais toujours leur répéter plus tard… Si j’y survivais, car apparemment cela ne coulait pas de source. Cette pensée me laissait de marbre, comme si j’avais toujours pensé naturel que cela fut possible. Enfin, était-ce vraiment si aberrant dans cette vallée ?

Lorsque le guérisseur fut sorti je me tournais vers Ka, n’ajoutant rien sur ce le Sud, bien que la question me brûle les lèvres. Le sage ne pourrait sans doute pas me répondre.

- Comment s’appelle-t-il ?

L’inconnu avait beau me traiter comme si j’étais transparent, il m’intriguait, il y avait dans son regard une sorte de colère qui ne s’éteignait jamais, comme la détermination qui animait l’œil de Ka.

Qu’avait-il voulu dire par « passé sa vie dans les tunnels noirs » ? Ceux dans lesquels naissaient les Racines ? Y avait-il beaucoup d’hommes là-dessous ? J’interrompis le flot de questions qui déboulait dans mon esprit. Un jour, il faudrait vraiment que j’apprenne à me taire mentalement, juste pour voir si je tenais plus de deux minutes en place. Je regardais Ka en face de moi, et j’ajoutais, dépité :

- Je ne voulais pas l’accompagner car je préfère rester à la cabane avec toi, je suis désolé. Est-ce qu’il y a quelque chose que je peux faire ici pour aider ?


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Ven 9 Fév 2018 - 13:45

Non loin de là, dans la forêt, on pouvait voir un homme aux yeux verts avancer avec détermination. Sa démarche était rapide, et ses grandes jambes lui permettaient de passer les obstacles sans difficulté. Il fixait devant lui, une hargne caractéristique dans le fond des pupilles. Son poing gauche restait constamment fermé, comme s'il avait besoin d'exprimer une colère sourde qui ne voulait pas s'échapper.

Ka répondit à la question de Salim :

- Bien sûr, tu m'aideras à ramasser les plantes du potager, pour préparer un bon repas pour nos invités.

Un sourire crispé s'éleva sur son visage, alors qu'il touchait son flanc gauche avec sa main.

Ce que l'on pouvait voir de l'homme, c'est que ses vêtements verts et marrons, confectionnés avec soin dans un tissu raffiné, étaient amples. Ils volaient autour de lui sans se salir, et malgré cette couche considérable d'habit sous une chaleur écrasante, aucune goutte de sueur ne perlait sur le front du guérisseur. Son souffle n'accélérait pas avec l'effort, son visage gardait la même teinte blanche.

Après un temps de silence, le vieil homme expliqua :

- En ce qui concerne le nom de cet homme, je ne le connais pas.

Il n'avait pas l'air de prendre de points de repères, ni d'hésiter dans son avancée. Il n'avait ni l'air perdu, ni l'air de penser pouvoir se perdre. Sa seule préoccupation semblait résider dans le côté ennuyeux du fait de marcher.
Et peut-être dans la pensée qui lui faisait fermer le poing, encore et toujours.


- Mais il a un surnom. affirma Ka, tout en hochant la tête.

Ses yeux verts fixèrent un coin du bois, et en un instant, humant l'air, écoutant la brise, il changea de direction.
Il contournait quelque chose que personne d'autre que lui ne voyait.


Le vieil homme laissa un blanc, comme s'il cherchait dans sa mémoire.

- On l'appelle "le mulot gris". finit-il par révéler.

Et le mulot gris soupira en levant les yeux au ciel. Tournant vivement sur lui-même, il s'adressa directement aux arbres en cherchant à parler aux hommes :

- Bon, vous êtes où ? J'ai pas que ça à foutre.




RP CLOS. La suite du RP sera un RP événementiel : Attendre la mort.
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