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Attendre la mort [Événementiel][Libre][Jours 24, 25 et matinée du jour 26][CLOS]
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Ven 9 Fév 2018 - 16:01

Important:

Dans une clairière, non loin de la lisière ouest de la forêt et à mi-chemin entre les montagnes et le lac, était une petite cabane. Son allure pittoresque animée par la chaleur du bois, la beauté des fourrures et des statuettes qu'elle avait en décoration, mettrait en confiance n'importe qui.
Sous le soleil brûlant de ce vingt-quatrième jour, l'herbe, la verdure, les feuillages, prenaient une teinte plus sèche. Et c'était d'un air las que les branchages qui cernaient la maisonnée s'agitaient en rythme.

A part le potager et ses légumes murs, la cheminée qui ne fumait pas, ou la porte qui était restée ouverte, un visiteur qui viendrait pour la première fois à la cabane de Ka serait étonné par le grand disque de roche qui couvrait le sol, à l'arrière de la bâtisse.
Ce dernier faisait plusieurs pas de rayon, et était couvert de symboles géométriques noirs étranges.
En son centre, on pouvait voir une flaque de sang séché, qui semblait avoir effacé, dans sa large étendue, un certain nombre de ces inscriptions mystérieuses.

Non loin de là, déjà, approchait une jeune femme étrange nommée Néphara, accompagnée d'Aladar, son fidèle chien. Elle approchait avec discrétion, et, semblerait-il, essayait de le faire prudemment.
Mais il n'y avait nul besoin de prudence pour le moment, l'heure était au deuil.

Ka, un vieil homme présent à l'intérieur de cette petite cabane, allait mourir. Il avait au flanc une blessure qu'on ne pouvait guérir. Et même si sa vie n'était pas encore terminée, il était difficile en sa présence de penser à autre chose qu'à la mort. On cherchait déjà à l'accepter, à l'apprivoiser, à faire le deuil de cette vie qui s'éteindra d'un moment à l'autre.

Et c'est Salim, un jeune homme présent à ses côtés, qui pourrait y penser en cet instant.
Il était le seul présent à son chevet.

Mais d'autres arriveront bientôt. Déjà, un mouvement était en marche. Un homme aux yeux verts que l'on nommait "Le mulot gris" parlait, dans la forêt, dans les plaines, dans les grottes. Il parlait à tous les hommes qu'il voyait, pour leur demander de rejoindre le mourant. Car ce dernier avait une vérité importante à dire, et il ne la dirait pas tant qu'il n'y avait pas assez d'oreilles pour l'entendre.

Pour l'instant, auprès de Salim, sa préoccupation était autre.
L'intérieur de la cabane était constitué de centaines de babioles en tout genre, reposant sur des meubles en bois de belle facture. Il était accueillant, et rassurant, mais étroit. Et en cet instant, le vieillard ne put que demander une faveur au jeune homme :

- Peux-tu m'aider à me mettre debout s'il te plait ? J'aimerais aller dehors, pour regarder le ciel. Il fait beau aujourd'hui. dit le vieillard.

Et son sourire était sincère. Lui n'était pas triste.

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Ven 9 Fév 2018 - 23:38

Avant-propos hors RP:


Définitivement, quelque chose clochait. Tanquée à quelques mètres de la cabane, Néphara hésitait. Elle avait l'impression que plus elle avançait, plus elle était étouffée par quelque chose de terrible. Aladar avançait devant elle, reniflant toujours le sol avec ferveur. Il savait désormais d'où provenait l'odeur mais il semblait qu'il essayait de comprendre ce que c'était, avant de le découvrir vraiment. Faisant encore quelques pas vers la cabane, la jeune femme identifia elle aussi la provenance de l'odeur. Il y avait quelque chose sur le côté de la petite maison, quelque chose d'étrange, que Néphara n'avait jamais vu, jamais soupçonné. Elle se sentait attirée, fascinée, sans oser s'approcher, par peur de l'iconnu : toutefois, tiraillée par l'envie de découvrir et de comprendre, elle s'avança significativement, prenant toutefois soin de s'approcher par le côté pour ne pas apparaître aux personnes à l'intérieur de la cabane. Malgré ses précautions, elle était déjà reperée depuis un certain temps.

C'est ainsi qu'elle découvrit, se trouvant encore à bonne distance cependant, les étranges signes à l'extérieur de la maison. C'était noir, et ça donnait l'impression de suinter, de chuchoter, d'essayer de dire ou de montrer quelque chose. Néphara avait beaucoup d'imagination, et une envie vorace de découvrir le monde, qui naissait lentement en elle. Aladar eut plus de courage qu'elle, et s'approcha davantage du cercle : il renifla l'étrange matière noire et couina. Un couinement d'incompréhension et de peur. Il ne demanda pas son reste et se précipita de retour près de son amie. Prenant le temps de s'agenouiller, elle le caressa un moment, en gardant son regard sur les cercles. Il y avait une énorme tâche de sang, et Néphara savait que c'était d'elle que provenait l'odeur nauséabonde qui les gênait. Mais ce n'était pas celle-ci qui avait profondément intrigué Aladar. La réponse à cette question était à l'intérieur, elle en était convaincue.

L'Échouée ne put se retenir de sursauter lorsque Salim apparut à la porte. Il était accompagné d'un étrange vieil homme que Néphara n'avait jamais vu. Ils marchaient doucement, comme si Salim soutenait les pas du vieil homme. Il était vêtu, avec les cheveux longs, il semblait se fondre parfaitement au décor de la maison. C'était sa maison ? La jeune femme pensa que oui. Elle s'était fait surprendre, son coeur avait accéléré, et elle ne bougea pas de là où elle était, tandis qu'Aladar s'approchait, curieux de rencontrer une nouvelle personne.

Aucune peur n'étreint Néphara lorsqu'elle vit le vieil homme aux côtés de Salim. Pas concernant le visage doux, bien que fatigué par la douleur de l'homme, en tout cas. Ce qui lui fit peur c'est l'aboiement que poussa Aladar. Ce n'était pas un cri agressif, ni vraiment apeuré. Il manifestait son intérêt pour quelque chose qui se trouvait sur le corps de l'homme. C'était ça qui le troublait, depuis le début. La jeune femme ne sentait rien cependant, l'odeur n'était percéptible que par son compagnon. Mais elle comprit que ce qui l'opressait depuis qu'elle s'était rapprochée de l'étranger et de son ami, c'était cette chose terrible qui jonchait le corps du vieil homme, bien qu'elle n'avait aucune idée de ce que ça pouvait être.

Elle n'osa plus bouger, elle était encore agenouillée non loin du cercle et de la porte. Aladar la rejoint, penaud, inquiet, perdu, il avait atteint un palier par dessus lequel il n'arrivait pas à passer. Pour lui, c'était trop complexe, pas assez instinctif. Il se glissa entre les petits bras de Néphara pour chercher du réconfort, et elle le caressa un moment, détournant son attention de Salim et de son apparent ami, pour s'occuper du sien. Elle lui parla très doucement, espérant que cela leur échappe.

« Tout ira bien, ne t'en fais pas. »

Puis elle se releva, et les observa un moment en silence. Elle se sentait mal. Salim avait le visage cassé par une émotion forte et difficile. Il semblait que tout le monde était inquiet. L'Échouée avait du mal à supporter autant d'appréhension et de tristesse d'un seul coup. Elle se tritura les mains, la gorge nouée, elle ne savait pas ce qu'elle devait faire. Mais elle avait juste envie que quelqu'un lui dise ce qu'elle devait redouter, ce qui la rendait triste elle aussi. Encore une fois, cette sensation comme si le temps s'était arrêté, lui rongea les sangs. Elle détestait ça.

Elle déglutit, inspira longuement, la tête baissée, avant de prononcer à demi mots, comme si elle avait peur qu'on l'entende.

« Il s'est passé quelque chose... Je voudrais aider... »
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Dim 11 Fév 2018 - 13:09


Je m'étais approché de Ka pour le soutenir dans sa démarche autant que possible. J'essayais de ne pas regarder le flan de la blessure ou de penser à la plaie qu'il m'avait montré quelque temps auparavant. J'essayais de ne pas penser tout court à vrai dire. Je voulais croire que cette journée pourrait durer encore longtemps, que le soleil était beau et que nous allions parler de tout et de rien comme si la mort n'en dépendait pas. Ka ne semblait déjà plus y penser et seule sa marche hésitante laissait deviner la vérité. Quand je repensais au poids de l'eau qu'il avait porté depuis le Lac, le jour où je l'avais rencontré, le voir dans un tel état m'affectait plus que je ne l'imaginais.

Nous franchîmes le pas de la porte sans que je n'ai rien ajouté, et  je fus surpris par l'apparition d'une silhouette. Je n'eus même pas le temps de m'inquiéter que je reconnus Néphara et Aladar. Un faible sourire apparut sur mon visage, j'étais content de les voir, mais c'était là toute la joie que j'étais en état de donner.

- Néphara.

Je n'ajoutais rien d'autre que son nom en guise de salut, c'était suffisant pour faire comprendre à Ka qui se tenait en face de nous. Il saurait mieux que moi expliquer les événements. Une bouffée d'air lourd et brûlant glissa sur nos visages. La puanteur du cadavre n'était pas tout à fait dissipée, mais elle n'était plus entêtante comme à mon arrivée. Le soleil semblait avoir asséché le jardin et après avoir aider Ka à retrouver son équilibre en s'asseyant à l'extérieur, je repris la parole, à son intention :

- Néphara et Aladar sont mes amis.

Et j'ajoutais pour Néphara :

- Pardon d'avoir disparu sans prévenir, j'ai voulu éloigner une bande de guetteurs de la grotte hier et le détour a pris plus de temps que prévu, alors j'ai décidé devenir ici voir mon ami Ka.

Ma voix s'était faite hésitante en prononçant ces derniers mots, un peu cassée. Je peinais à ravaler ma tristesse devant le vieil homme, mais au fond, je n'osais pas l'afficher devant lui, comme si c'eut été un manque de respect de ne pas suivre son comportement, de ne pas faire comme si de rien était.

- Je peux peut-être aller chercher de l'eau. Aladar a l'air assoiffé et avec cette chaleur nous en avons tous besoin.

J'avais juste besoin de quelques minutes seul pour sauver les apparences.

H-RP:
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Dim 11 Fév 2018 - 14:51

Ka n'eut pas l'air surpris par l'apparition de Néphara et d'Aladar, il se contenta d'en sourire avec franchise. La réaction du chien, qui s'approchait, inquiet par la blessure sombre du vieil homme, le fit sourire encore davantage. L'homme ne bougea pas pour autant. Ses yeux sages se tournèrent vers Salim lorsque ce dernier parla, et il le laissa faire, tout en ramassant contre la maison un bâton de fière allure dont il s'aida pour se tenir debout.

- Tu as raison, jeune Salim. Je te remercie. dit Ka pour laisser Salim se diriger vers la cabane.

Puis il s'approcha des deux arrivants, le visage doux et chaleureux.
Il semblait bienveillant, et ne laissait transparaître aucunement la douleur qui l'habitait en cet instant.
Ses yeux se tournèrent vers le ciel entièrement bleu, et les branches des arbres aux feuilles tremblantes. Il prit une grande inspiration, bruyante, avec plaisir. Puis il répondit à Néphara alors qu'il se tenait à quelques pas.

- Il est bon de se fier à son flair. Il nous aide à savoir quoi faire, et il y a bien des choses qui ne se comprennent qu'en les sentant, et non en y pensant.

Le vieillard se baissa, tourna son visage vers Aladar, et lui sourit avec franchise, tout en s'asseyant sur le sol d'herbe.

- C'est pour ça que les animaux sont souvent bien plus intelligents que les hommes. Certains hommes pensent trop, et en oublient leurs sens. Comment trouver sa place sur le monde si on ne connait pas son odeur ? Si, jamais, on n'a pris la peine de simplement regarder ce qu'il y avait tout autour ? Vous le savez de nature, vous, Aladar et Néphara, vous êtes comme frère et sœur, cela se voit.

Il étendit ses jambes, plaqua ses mains sur le sol derrière lui pour soutenir son buste, et regarda le ciel, en recevant le soleil sur son visage avec bonheur.
Puis il tourna à nouveau ses yeux vers Néphara.

- Tu as dit vouloir aider. J'ai dit la même chose, un jour, à un homme qui était à terre. Il ne pouvait plus se relever. Cet homme semblait si mal que je croyais que je devais souffrir devant lui pour montrer que je ne prenais charge de sa douleur.

Il pencha son corps en avant, ramena ses paumes devant lui et expliqua en joignant les mains et en plissant les yeux. Ses paroles étaient lentes, coupées de longs silences parfois, il semblait vouloir bien s'expliquer.

- Mais il m'a tout de suite fait comprendre, que si je voulais l'aider, tout ce que j'avais à faire c'était de lui apporter mon sourire.

Et il sourit, tout en continuant :

- S'il pleut et que vous apercevez un homme trempé jusqu'aux os, sous la pluie battante, alors que vous êtes au chaud dans votre grotte auprès d'un feu, il y a trois manières d'agir. Soit vous l'ignorez en estimant qu'il pourrait se débrouiller seul, soit vous l'invitez à venir se réchauffer dans votre grotte avec vous, soit vous estimez que vous devriez partager sa souffrance et donc vous choisissez d'éteindre votre feu et de marcher sous la pluie avec lui. Bien que ça soit la plus noble, et la plus humaine, la troisième alternative est de loin la plus stupide. Le fait que vous souffriez n'aide pas celui qui souffre. Il ne faut pas avoir honte de sourire et d'être heureux, jamais. Jamais.

Il fit un clin d'oeil à Aladar, puis conclut avec une voix très légère, portant une simplicité presque enfantine :

- Au contraire, il faut tout faire pour sourire, même lorsqu'il pleut !

Il ne bougea pas. Fronça les sourcils et ajouta.

- Et puis, en plus, il fait beau aujourd'hui. Quel sens donner à tout cela, pourquoi sommes nous là, pourquoi avoir pris ces chemins et qu'est-ce qui fait de nous des hommes, si nous ne sourions pas aujourd'hui ? Essaye d'y penser avec ton flair.

Puis il sourit encore une fois à Néphara en la regardant, l’œil pétillant. Il avait l'air de se sentir mieux depuis qu'il était dehors, il respirait avec bonheur le vent qui glissait sur son visage. Ka était à sa place.

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Dim 11 Fév 2018 - 19:27

Ni Salim, ni le vieil homme ne sembla contrarié par la présence de Néphara : cela la rassura. Elle n'avait pas envie de se sentir nuisible à cet endroit, à cet instant, alors qu'elle était persuadée qu'elle devait être aux côtés de Salim, aux côtés de cette journée importante.

Comme à son habitude, Salim se montra d'une grande gentillesse, il pensait même à Aladar. Celui-ci se frotta contre la jambe du jeune homme, heureux de le voir, et le suivit quelques instants, tandis qu'il se dirigeait vers l'eau. Elle le remercia avant qu'il ne s'éloigne, à l'instar de son ami Ka, dont elle venait de découvrir le prénom.

Ce dernier arborait un sourire qui se sentait profondément sincère, et il semblait au moins aussi bienveillant que Salim. Il se mit alors à parler, un certain moment, et Néphara prêta une grande attention à ses paroles. Aladar était revenu vers elle quand Ka se mit à parler, il semblait attentif lui aussi.

Lorsque le vieil homme évoqua qu'elle et son compagnon étaient comme frère et sœur, son cœur s'emballa. Elle comprit qu'il la considérait telle qu'elle était, plus, il comprenait sa nature. Néphara était bel et bien une créature de flair.

Les mots de Ka n'étaient pas évidents pour l'Échouée, car il exprimait une pensée, une réflexion. Elle fit cependant un effort, prit sur elle-même, de réussir à comprendre. Sans trop savoir pourquoi, elle buvait ses paroles, et ressentait le besoin de ne pas les oublier, qu'elles étaient importantes. Elle ne se rendait pas compte de qui pouvait être Ka, au vu de ses vêtements, de sa maison, de ce qui l'entourait. Mais son importance ne lui avait pas échappé.

Et en l'espace de quelques minutes, Ka semblait avoir cerné Néphara mieux que personne. Elle saisissait petit à petit ce qu'il disait.

Depuis la veille, elle s'était refermée. Le gris avait noyé son regard, d'inquiétude et de questionnements. Elle avait contemplé la noirceur de la vallée, alors qu'elle l'avait ignoré jusque là. Car jusque là, Néphara avait vécu de façon insouciante, elle avait évolué paisiblement comme un animal sauvage, avec son compagnon. Elle se sentait à sa place, elle n'avait pas peur. Mais depuis quelques jours, elle avait oublié tout ça, et elle devait s'en rappeler. Voilà ce qu'elle comprit des mots de Ka, et de son souvenir. Elle ne devait pas se laisser envahir par cette angoisse étouffante, qui l'étranglait, car elle se laissait faire.

« Et puis, en plus, il fait beau aujourd'hui. Quel sens donner à tout cela, pourquoi sommes nous là, pourquoi avoir pris ces chemins et qu'est-ce qui fait de nous des hommes, si nous ne sourions pas aujourd'hui ? Essaye d'y penser avec ton flair. »

Cette conclusion la ramena à l'instant présent. Suivant la suggestion de Ka, elle leva les yeux vers les hauteurs, vers le ciel, et observa autour d'elle. Il faisait chaud, et l'odeur était encore encombrée de mort, mais Néphara parvint à surpasser cela. Elle contempla la nature autour d'elle, et se rappela à quel point elle était belle. Peut-être qu'il y avait des monstres, peut-être que Salim pleurait en lui, peut-être que Cécil était mort... Mais la nature était toujours là, insouciante, inchangée, elle perdurait malgré l'adversité, envers et contre tout. C'était ça qu'elle devait retenir de la sagesse de Ka. Même si elle voulait comprendre et savoir, elle ne devait pas oublier le reste.

Reportant son attention sur l'homme, qui s'était assis tranquillement dans l'herbe, elle décida de le rejoindre. Elle se rapprocha enfin, et s'assit à son tour, en face de lui, les jambes croisées, en tailleur. Elle encouragea Aladar à la rejoindre, et le chiot, bien qu'il quittait petit à petit cet âge, trottina vers eux. Il se mit alors à renifler Ka, curieux, et joueur. Il sentait lui aussi, qu'il était face à quelqu'un d'important.

« Il était déjà là quand je me suis réveillée tu sais... » Elle le caressa doucement dans le cou tandis qu'il faisait le pitre devant Ka. « Il était assis au bord du lac, il a attendu que je le rejoigne. »

Elle ne savait pas vraiment pourquoi c'était ça qu'elle lui avait dit en premier. Elle avait l'impression qu'elle ne pourrait pas lui dire tout ce qu'elle aurait envie de lui dire, alors elle laissa faire son instinct.

« D'accord, je ne peux pas souffrir avec toi... » dit elle presque en murmurant. « Enfin presque pas » et elle montra l'énorme balafre sur sa jambe, qui avait enflé avec la marche et la chaleur. « Alors je n'oublierai plus la nature et la pluie, et je continuerai à leur sourire, promis. »

Néphara soupira longuement, puis osa enfin regarder Ka en face, avant de lui sourire.

Son sourire grandit malgré elle en voyant Aladar se coucher près de la cuisse de Ka, et poser sa tête dessus, le regard illuminé, le souffle rapide et joyeux. C'était sa façon à lui de sourire.


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Lun 12 Fév 2018 - 13:29

Pour quelqu'un qui aurait connu Ka avant sa blessure, tel que Salim, il n'aurait pas été difficile de noter que le sourire du vieil homme était tout de même un peu moins soutenu qu'à l'habitude. Et que malgré son enchantement devant le soleil et l'air de la forêt, une pointe d'ombre résidait dans ses yeux de pierre.

Néphara et Aladar, quant à eux, auraient du mal à ressentir autre chose qu'une once de mélancolie dans un paysage radieux.

Peut-être était-il normal, pour la plupart des hommes, de montrer une pointe de réserve dans son sourire, de laisser une légère tristesse prendre une place, aussi infime soit-elle.
Mais il va sans dire que pour Ka ça n'était rien de normal. Pour ceux qui l'auraient connu avant sa blessure, cette once de mélancolie résonnait comme un océan de chagrin.

Car Ka, surtout lorsqu'il voulait le redonner aux autres, ne devrait montrer rien d'autre qu'un sourire sans failles.

D'une main douce il caressa la fourrure d'Aladar et gratta le haut de sa tête. Le vieil homme restait paisible comme un grand arbre, il n'avait pas bougé et s'était contenté de sourire en voyant le chien jouer auprès de lui. Il va sans dire qu'il appréciait la présence de l'animal, mais qu'il ne comptait jouer auprès de lui un autre rôle que celui d'un ancien chêne bienveillant, dont la lenteur des mouvements contrastait avec la vivacité du jeune chien joyeux. Tout en caressant sa tête il reprit la parole :

- Les animaux occupent une place singulière sur le monde. Je pense qu'ils en sont la stabilité. Nous autres, sommes trop irréguliers. Nos songes nous conduisent dans des couloirs tortueux et lugubres, dont seuls la terre et le ciel pourraient nous sortir, alors que ces couloirs nous en écartent peu à peu.

Il réfléchit un instant, hocha la tête, puis fixa Néphara en disant lentement :

- Les animaux ne se perdent pas. Ils ne regardent pas le noir ou le blanc. Ils restent, toujours, au sein du gris. Dans la simplicité de ce que devrait être la vie, ils restent exactement là où ils sont. En tirant du bonheur de ce qui parait anodin, et en restant pragmatiques devant les obstacles qui nous terrassent. Car le monde est très simple, tu sais, et eux le savent mieux que nous. Le monde n'a rien de tortueux, il n'a rien de lugubre.

Il fit une pause et ajouta :

- C'est l'esprit trop pensant qui le fait lugubre.

Pendant un moment, il fit silence. On put entendre des oiseaux chanter, sur une branche non loin de là. Un minuscule nuage blanc coulait lentement sur le ciel azuré. La chaleur des rayons frappait sur le front de l'homme à la peau mate, et ses yeux n'en étaient que plus brillants.
Il sourit encore, puis reprit la parole :

- Le réveil de tous ces hommes, depuis une vingtaine de jours, est un véritable mystère pour moi. Je croyais avoir compris tout entier le monde qui m'entourait, mais je dois admettre qu'il réserve encore des trésors de lumière dont je n'avais pas imaginé l'ampleur. C'est formidable de voir ainsi tant de mes semblables s'éveiller, parler, et me dire leur nom.

Il soupira de bonheur, et avança légèrement sa tête vers Néphara, tout en lui mettant la main sur le bras :

- Jeune Néphara, je compte sur toi pour montrer à certains d'entre-eux le chemin à suivre pour ne pas se perdre. Je compte sur toi pour leur montrer que les animaux font partie de notre monde, et que nous faisons partie du leur.

Sa voix restait franche alors qu'il se mit à évoquer le sujet qui pour certains était la raison de l'ombre qui planait sur cette journée de lumière, et on pouvait voir dans ses yeux que ça n'était certainement pas ça qui, lui, l'attristait :

- C'est un homme qui m'a infligé cette blessure. Un de mes semblables, qui bêtement, s'est égaré loin de sa nature. N'oublions jamais qu'au-delà du doute, au-delà des douleurs, au-delà des besoins, des catastrophes et des musaraignes, nous jouons un rôle sur la terre que nous foulons.

Il hocha la tête.

- Nous sommes un morceau du monde. Alors si nous voulons que le monde soit bon, essayons de l'être nous-mêmes.

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Lun 12 Fév 2018 - 14:41

Me souvenant de l’endroit où j’avais vu Ka poser le large pot dans lequel il portait l’eau, je rentrais dans la maison et je profitais du bref instant où le passage de l’ombre au soleil soulage la peau. Sur le lit se trouvait toujours le portrait de la femme inconnue. Je tentai de balayer l’émotion qui s’agrippait à ma gorge à sa vue et je me contentai de servir de l’eau dans des petits pots que je devinais prévu à cet effet.

Ka allait mourir, et il n’y avait rien que je puisse faire. Ka allait mourir, et il n’y avait rien que je puisse faire. Ka allait mourir, et il n’y avait rien que je puisse faire. Ka allait mourir, et il n’y avait rien que je puisse faire. Ka allait mourir, et il n’y avait rien que je puisse faire…

Je soupirais. Je savais qu’il était inutile, et malsain sans doute, de retourner la pensée dans tous les sens. J’avais assez de raison et de courage en moi pour ne pas craindre le moment venu, mais c’était la première fois que je me sentais aussi vulnérable. Je regrettais soudain que le mulot gris n’aille pas chercher Staz. S’il était au sud, et qu’il allait bien, peut-être saurait-il mieux que moi quoi faire désormais, peut-être était-il plus habitué à ce genre d’épreuve que je n’avais imaginé l’être.

Le soleil dessinait des rayons de lumières dans l’embrasure de la porte. C’était une belle journée. C’était déjà ça.

Peut-être que tout cela était mieux pour Ka. Il pourrait enfin se reposer, sans songer à ses amis perdus. Peut-être serait-il moins seul. Mon chagrin n’en était que plus égoïste. Presque tout le monde ici avait perdu quelqu’un un jour, et souvent dans des conditions affreuses. Et moi, face à mon premier ami condamné, je me laissais submerger ? J’avais la chance d’avoir un peu plus de temps avec lui, une belle journée et même d’autres amis présents. Que fallait-il de plus ? Je pris une longue respiration. Les problèmes de demain seraient réglés plus tard.

En sortant de la cabane, je me forçais à ravaler mon abattement avant de m’apercevoir que ce n’était pas aussi difficile et douloureux que je ne l’aurai cru. J’étais resté quelque temps à l’intérieur et je constatais que Néphara et Ka étaient en pleine conversation.

- Nous sommes un morceau du monde. Alors si nous voulons que le monde soit bon, essayons de l'être nous-mêmes.

Si j’avais encore l’impression que mon visage mentait, il se détendit un peu en entendant la dernière phrase du vieil homme. Pas étonnant que l'apprécie. Je posais un des pots par terre à l’intention d’Aladar, et tendit le reste à Néphara. Il y en avait suffisamment pour elle et Ka.

- Est-ce Aladar ou toi qui m’a retrouvé ?

Il y avait sans doute un éclat d’amusement dans mes yeux, à l’idée que les deux m’aient filé sans que je m’en rende compte.

Mon regard glissa sur le jardin ensoleillé, se posant finalement sur le cercle sombre. Depuis que le mulot gris avait retiré le cadavre, une tâche de sang y demeurait. Quelque chose là-dedans retint mon attention sans que je parvienne à mettre le doigt dessus, et puis le parallèle m’apparut.

Une blessure de sang dans le cercle noir, une blessure noire dans la chaire d’homme.

Je tressaillis et mes yeux se posèrent sur Ka. Je savais qu’en me regardant il pourrait y lire mon interrogation, mais je ne formulais rien de plus devant Néphara.

- Pense-tu que le Mulot Gris saura convaincre les autres ?

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Lun 12 Fév 2018 - 15:59

Comme à l'issue d'un rêve, où il manque des images, où certains souvenirs sont brouillés, où le rêveur a l'impression d'avoir oublié un moment clé, une vérité depuis toujours dissimulée, Néphara se sentait petit à petit se perdre dans la sagesse de Ka. Elle continuait de l'écouter attentivement, et malgré son trouble, elle le comprenait, elle comprenait le premier sens de ses mots, mais elle n'avait pas encore le recul nécessaire pour vraiment tenter d'en comprendre toute la profondeur. Elle ne savait pas encore comment interpréter ses paroles, comment en sortir un fragment de réponse à ses questions. Mais peu importait pour le moment, elle absorbait toutes ces choses qu'il disait, toutes ces choses qu'elle n'aurait jamais penser entendre un jour. Il avait parlé tout en caressant Aladar, ce dernier s'était roulé sur le dos, les quatre pattes en l'air, il avait l'air de somnoler à présent. Néphara n'avait jamais vu son ami comme ça, il donnait presque l'impression de connaître Ka, comme s'il retrouvait un ami, ou comme s'il l'avait toujours connu.

Évoquer le réveil des hommes la troubla profondément, soudainement. Une rafale balaya son esprit, tandis que la voix de Ka virevoltait à travers le vent de sa pensée. L'espace d'un instant, le monde autour d'elle disparut, et elle imagina toutes ces personnes qui s'éveillaient, qui vivaient et mourraient, qui étaient comme elle, comme Salim, comme Daedwyg, comme les autres... Lorsque Ka saisit son bras, se rapprochant d'elle, elle réprima un sursaut. Elle était perdue dans ce tourbillon de questions et de sensations, d'odeurs et de pressentiments, presque à en oublier que physiquement, elle existait toujours et était face à une autre personne bien réelle.

« Jeune Néphara, je compte sur toi pour montrer à certains d'entre-eux le chemin à suivre pour ne pas se perdre. Je compte sur toi pour leur montrer que les animaux font partie de notre monde, et que nous faisons partie du leur. »

Grave, elle hocha la tête, l’œil déterminé, tout en soutenant son regard. Son corps s'affaissa légèrement, tandis que Ka évoquait sa propre blessure. Néphara comprit que c'était ça, depuis le début, cette ombre qui planait, c'était une blessure. Elle ne comprenait pas tout dans le bon ordre, Aladar l'avait déjà comprit lui, c'est pour ça qu'il avait aboyé. Il avait aboyé après cette blessure dont l'odeur le perturbait, le gênait, l'inquiétait. Cette idée lui parut terrible, lorsqu'elle fit le rapprochement avec la tristesse débordante de Salim. Mais elle s’efforça de maintenir son effort, de demeurer insouciante en ce jour, comme le lui avait dit Ka. Aussi, elle étouffa sa réaction.

« Nous sommes un morceau du monde. Alors si nous voulons que le monde soit bon, essayons de l'être nous-mêmes. »

C'est sur ces mots qui disparurent comme un écho en elle, que Salim réapparut : Aladar ne s'embêta d'aucune politesse et se rua sur l'eau dès que Salim eut lâché le pot qu'il avait déposé pour lui au sol.

« Est-ce Aladar ou toi qui m’a retrouvé ? »

La jeune femme tressaillit avant d'apercevoir que le regard de son ami ne sous contenait aucun agacement. Elle mordit sa lèvre inférieure, ce qui lui donna un air un peu amusant.

« Moi j'ai demandé à Aladar de te chercher, et lui, il t'a trouvé... »

Néphara remua un instant, pour se rehausser, elle s'appuya sur ses jambes, comme si elle s'asseyait sur ses pieds. Elle tendit le pot que Salim lui avait donné à Ka, avant de reporter son attention sur ce que disait son ami. Il avait l'air soucieux, tout en tachant de paraître calme.

« Pense-tu que le Mulot Gris saura convaincre les autres ? »

Sans réellement d'inquiétude, l'Échouée comprit que désormais, elle devrait se contenter d'écouter, d'être là tout en ne l'étant pas. Elle ne savait sûrement pas la moitié de ce que savait Salim, et sûrement pas un grain de sable de ce que savait Ka. Elle n'avait d'ailleurs aucune idée de qui était le Mulos Gris. Elle n'avait encore moins aperçu l'inquiétude qui avait traversé le regard de Salim, qu'il avait ignoré, comme pour éviter d'aborder cette inquiétude alors que Néphara était là, dans toute sa naïveté et son ignorance.

Aladar se rapprocha d'elle, et se coucha entre elle et Ka, les yeux à demi clos, il était épuisé. Il était temps pour eux d'apprendre, de prendre, réellement, le chemin des mystères de la vallée. Elle se sentait à la fois inquiète et apaisée. Peut-être parce que la vérité sur le sort de Ka ne s'était pas encore entièrement imposée à elle. Pour cet élément, Néphara demeurait encore dans le déni. Mais elle était tout de même prête à vivre cette journée, et les suivantes, l'esprit ouvert et le cœur encore davantage.


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Mar 13 Fév 2018 - 11:09

Ka regarda Salim attentivement, il vit que le jeune homme avait regardé du côté du cercle noir. Il lui sourit un instant et hocha la tête lentement en entendant sa question, tout en plissant les yeux. Machinalement, il fit tourner sa main, comme s'il voulait attirer l'attention, assister sa pensée par le geste, ou bien illustrer ses futurs propos par un mouvement quelconque. Et il finit par dire :

- Le mulot gris est un homme mystérieux. Je ne pense pas le comprendre bien mieux que toi : je ne saisis pas ses intentions, ni sa manière de penser.

Il fit une pause, un vent siffla entre les troncs. Après réflexion, Ka reprit son discours, il y avait une idée qu'il voulait faire passer.

- Lorsqu'il m'a porté secours pour me guérir, j'ai bien vu qu'il me connaissait déjà. Nous avons dû nous rencontrer par le passé, et il doit être éveillé depuis longtemps pour avoir de tels vêtements. Cela dit je n'arrive pas à me souvenir de lui, comme si j'avais tout oublié à son sujet.

Alors il joignit les mains et appuya sur ses mots en les prononçant lentement pour indiquer qu'il parlait de quelque chose d'important :

- Je sais que certaines magies permettent de faire oublier des choses...

Puis il tourna très lentement le regard vers le cercle noir tout en disant :

- ...Parce que je suis moi-même un magicien de l'oubli.

Il fit une pause pour permettre à Salim et Néphara de digérer cette information, avant de faire revenir ses yeux sur Salim, et de sourire. Il détacha ses mains et les écarta, ses gestes tentaient de mimer ses paroles :

- Je ne sais pas si le mulot gris est la victime ou le responsable d'un sort qui l'aurait caché jusqu'à maintenant, mais lorsque je le regarde, j'ai l'impression de voir un certain potentiel magique en lui. Je ne sais pas comment le décrire, cela se situe quelque part autour de sa confiance en lui, dans ses yeux et dans le fait qu'il se déplace sans arme ni bagage. Son comportement me fait penser à celui d'un échoué, un échoué qui serait sur cette terre depuis un long moment.

Ka précisa alors :

- Les échoués ont davantage de prédispositions magiques. Moi, même pour un racine, je n'en ai pas beaucoup, et je vois pourtant que j'ai été capable de maîtriser un sort avec une relative habileté.

Son visage se leva à nouveau vers le soleil, et il sourit à ce dernier. Un temps passa, puis le vieil homme conclut son monologue par un constat simple :

- Je ne sais pas quoi penser de lui, précisément, mais j'ai la certitude qu'il a des ressources qu'on ne soupçonne pas. Il a du survivre longtemps, et un bref coup d’œil me permet de comprendre qu'il ne l'a pas fait sainement et simplement comme moi. Cette force insoupçonnée pourrait peut-être lui permettre d'être fiable peu importe la tâche qu'on lui confie. D'autant qu'il avait l'air déterminé, je n'ai pas de doute sur sa bonne volonté. On voit rapidement que les relations humaines ne sont pas son point fort mais...

Ka sourit. La brise souffla à nouveau.

- A première vue, je crois qu'il ne vaut mieux pas le sous-estimer. Ça ne m'étonnerait pas que ce garçon nous surprenne plus d'une fois.

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Mer 14 Fév 2018 - 13:54


J’écoutais Ka avec curiosité. De la magie ? L’idée ne me choquait nullement, après ce que j’avais déjà pu observer dans la vallée, mais le mot faisait résonner drôlement les possibilités qu’il évoquait. Ce cercle que Ka désignait était… un sort ? Un sort d’oubli ? Qu’est-ce que le vieil homme avait pu faire oublier et à qui ? S’était-il soustrait au reste du monde ? Non, l’Être Noir que nous avions rencontré avait dit nous avoir vu dans son jardin. Avait-il, comme il le suggérait pour le mulot, occulté la mémoire de ses amis ? J’avais du mal à assimiler calmement toutes les questions qui m’assaillaient soudainement et le regard rivé sur le sage, je m’assis à même le sol en réfléchissant.

J’étais attentif à tout ce qu’il disait mais mon regard se perdait dans le vague tandis que je construisais et détruisais mille idées. Le Mulot Gris faisait surement de la magie, je n’avais aucun mal à le croire. Et Ka était un magicien de l’oubli. Combien de choses ignorons-nous de ce monde encore ?

- Ka, cette magie enfin ces magies, il y en a d’autres ? Ce que l’Être Noir a fait, quand il nous a séparés de Staz, ce n’était qu’un sort ? Des hommes seraient capables d’en faire autant ?

Je m’arrêtais avant de le noyer sous les questions, mais il était clair à mon regard que la liste ne s’arrêtait pas là. Je restais un moment silencieux avant d’ajouter.

- A propos d’oubli, tu crois que c'est possible que tu l’aies connu... Avant tout cela ?

Je ne détaillais pas plus que cela ma pensée, cette dernière question était presque une réflexion faite à moi-même, mais je l'avais prononcé à voix haute. Il m’avait toujours paru étrange d’apparaître de la sorte au milieu de nulle part, avec un nom et des idées. Alors peut-être que cet Avant avait un sens. Peut-être.
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Jeu 15 Fév 2018 - 1:30

Plusieurs questions ont été posées par un jeune ingénu. Un vieillard, plus averti, pourrait les comprendre de différentes manières. Sa réponse dépendra nécessairement de l'attention qu'il prêtera à ces quelques interrogations, au hasard de son intérêt ainsi que du flot de ses pensées.

Seul le sort pourra déterminer quel qualificatif décrira le mieux l'attitude du vieil homme suite à ces questions.

1 : Le pédagogue.
2 : L'expérimenté.
3 : Le curieux.
4 : Le devin.

***

Ka est le curieux.

- J'ai entendu tes interrogations, jeune Salim, commençons par la magie si tu le veux bien. dit le vieil homme en souriant.

Ka semblait amusé du flot de questions que lui posait le jeune homme. Bien entendu il s'y était habitué, mais il avait une nostalgie dans les yeux en faisant face à la curiosité du Cime. Après s'être redressé, il entama une explication simple, tout en montrant le chiffre "trois" avec ses doigts.

- J'ai connaissance de l'existence de trois magies en dehors de celle de l'oubli. Il y a la magie de la confusion, qui dérange et rend fou ses victimes. Il y a la magie de l'illusion, qui fait apparaître des choses qui ne sont pas là. Et enfin il y a l'alchimie, qui permet de mieux comprendre ce qui existe pour de vrai.

Puis le vieillard haussa les épaules et sourit en poursuivant :

- Il n'y en a pas d'autres à ma connaissance.

Et son œil se plissa alors qu'il touchait sa blessure de la main gauche. Il fronça les sourcils un instant, ferma les yeux en serrant les dents. Son bras droit se leva pour faire halte aux éventuels mouvements d'aide qui pouvaient venir vers lui, comme pour dire qu'il allait très bien. Son souffle fut un peu plus fort, l'espace d'un instant, puis il rouvrit les yeux.
Ses lèvres se mirent à sourire à nouveau. Sa voix était un peu plus faible.

- Bien, en ce qui concerne les êtres noirs...

Il se racla la gorge, et reprit :

- Les êtres noirs utilisent soit la magie de l'illusion, soit celle de la confusion, soit celle de l'oubli, à ma connaissance. Chacun d'entre-eux est totalement spécialiste de l'un des ces domaines, et n'utilise presque que des sorts provenant de ce dernier. Ils ont une maîtrise telle que les humains, du moins ceux que je connais, sont totalement incapables de rivaliser avec eux. Mais en effet certains humains, comme moi, peuvent en utiliser aussi, à un niveau moindre. Souvent les sorts des hommes sont des sorts plus simples et qui ont moins de conséquences.

Le regard de Ka revint vers celui de Salim, il se nourrissait avec bonheur de l'enthousiasme qu'apportait la curiosité du jeune homme. C'est avec un air joyeux qu'il s'expliqua encore :

- Évidemment, tout ce que nous avons vécu avec l'Être Noir, en compagnie de Staz, était un florilège de sortilèges ! L'arbre, le grillon sur sa tempe, la mer de grillons qui se tenait à nos pieds, les bruits des grillons autour de nous, mon bras qui se décompose sous forme de grillons, Staz qui disparaît dans la mer de grillons, toutes ces choses étaient des sorts d'illusion. De la même manière il a affirmé avoir pratiqué sur nous un sort d'illusion pour se faire passer pour un arbre de la forêt en nous espionnant ici-même. C'est un Être Noir spécialiste des illusions, et ces dernières ont pour thème général les grillons et les arbres. Comprends-tu ?

Ses yeux se plissèrent alors qu'il conclut, un certain entrain dans sa voix, qui faisait contraste avec son état physique.

- Essaye de bien comprendre le monde qui t'entoure, d'en saisir les subtilités et surtout l'arôme. Essaye de rester secrètement en paix au fond de ton cœur, respire un instant, et regarde le ciel d'un œil calme et serein. Alors tu sauras lorsque tu es victime d'un sort et lorsque tu ne l'es pas.

Il hocha la tête un instant en souriant, il semblait réfléchir. Ses doigts vinrent à ses lèvres, et c'est avec une pointe d'hésitation dans sa voix qu'il dit :

- Enfin, pour répondre à ta question concernant le mulot gris, que j'ai bien entendue, et que j'imagine comprendre... Je pense que, je peux sans doute te répondre que je n'y crois pas. Même si l'idée me semble très intéressante, je ne crois pas l'avoir connu avant... tout cela. Ou bien, même si tu avais vu juste, je ne pense pas que ça soit cette raison qui puisse expliquer pourquoi lui me connait et pas moi.

Son visage restait perplexe. Une forme d'intérêt résidait dans ses pupilles, la curiosité de Salim l'avait définitivement contaminé.
Il releva les yeux, vers le jeune homme et expliqua sa pensée en souriant :

- Je ne l'imagine pas venir vers moi de cette manière, après tout ce temps. Pourquoi aujourd'hui, alors qu'il aurait eu tant d'occasion de le faire ? Moi, à sa place, et je sais ce que c'est... A sa place je n'aurai pas agi de cette manière, simplement parce que je me pose...

Il s'arrêta subitement, ouvrit grand les yeux. Ses pupilles se perdaient dans le vide, alors ses lèvres murmuraient lentement la suite de la phrase.

- ... la question... à chaque fois.

Quelque chose était en train d'émerger dans l'esprit de Ka, on pouvait le sentir, c'était presque palpable. Depuis quelques phrases, il était davantage en train de parler pour lui-même que pour être compris. Sa voix chuchota :

- Le mulot. Le mulot gris.

Et il sourit à pleines dents. Ses yeux malicieux revinrent vers Salim, quelque chose pétillait en eux. Il rit un instant, puis fit non de la tête lentement.

- Le mulot gris ! s'exclama-t-il.

Et il rit de bon coeur, des larmes perlaient au coin de ses yeux, alors qu'il continuait à secouer la tête. Le vieil homme s'était souvenu de quelque chose, ou du moins, semblait avoir eu un élément de compréhension. Mais sa curiosité retombant peu à peu, il calma son rire, son regard reprit son noir de roche, et il dit :

- Bon. Chaque chose en son temps. Inutile d'imaginer quoi que ce soit, notre ami finira par se présenter de lui-même.

Le visage de Ka était radieux, mais il ne souhaitait pas s'avancer davantage sur le sujet.
Suite à cela le vieil homme fut pensif, et demanda à rester seul un petit instant, alors qu'il s'allongeait entièrement dans l'herbe, les mains derrière la tête, en regardant le ciel.

***

L'après-midi chaude passa comme une brise. Faisant marcher le temps vers la mort du vieillard, indifféremment.

Le soir commençait à approcher, le soleil passait sous certaines branches hautes, et deux hommes s'avançaient vers la cabane.

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Jeu 15 Fév 2018 - 13:32


Grar et N'Dhal s'entendaient bien. L'ours n'avait rien à redire à l'attitude du cendré et ne semblait pas se plaindre du caractère peu tempéré de ce dernier. Gràr lui-même appréciait assez le tempérament calme et soumis de l'autre. C'est pour ça qu'ils restèrent ensemble. En silence, ils avaient tous les deux compris l'intérêt de l'autre pour leur propre personne.

Leur rencontre avec le mulot avait été une opportunité de plus. Gràr ne cessait de penser à retourner à sa caverne pour travailler son nouveau bijou de métal, mais la faim était forte. N'Dhal non plus n'avait rien mangé de consistant depuis un bout de temps. Alors, une fois de plus, Gràr décida que l'opportunité en vallait le coup, et serait une manière comme une autre de s'amuser. Le mourrant avait un cabane, il ne devait pas être si faiblard que ça, et donc avoir des ressources qu'il pourrait voler après sa mort. Mort qui n'allait pas tarder, selon les dires de Monsieur Énervé.

Ils avaient donc pris la route de la dite cabane, en espérant être accueillis par des victuailles, ou, au pire, un petit homme musclé avec un peu de graisse pour rendre la viande moins sèche. Histoire de mettre un peu de viande de côté.

Ils arrivèrent en fin d'après-midi. Le soleil descendait petit à petit, et la température était des plus agréables. Les deux hommes marchaient, Gràr en tête, d'un pas assuré. Et, le sourire jusqu'aux oreilles, il s'avança à grands pas au milieu du potager, les yeux plissés à la recherche de nourriture. Il s'avançait avec un air enjoué clairement pas dissimulé.

- Bonjour ! C'est ici qu'on veux nous parler ?
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Jeu 15 Fév 2018 - 15:27


Ka expliquait, et je notais mentalement tout ce qu’il disait, tâchant d’en graver le plus possible dans mon esprit. Oubli, Confusion, Illusion. Alchimie. Cette dernière me faisait penser à l’attitude étonnante de Daedwyg vis-à-vis des plantes, sans doute en maîtrisait-elle certains aspects. Je hochais la tête quand il me demanda si je suivais.

- Je comprends. Au fond ils sont très spécialisés dans quelque chose, et donc très puissants, mais ils ignorent le reste.

Et je ne pensais pas qu’à la magie en disant cela.

Je réfléchissais à la sensation que j’avais ressenti devant l’Être Noir. Je me pensais capable de me calmer et de chasser les visions en cet instant, mais saurais-je le faire dans une situation extrême ? Je n’avais pas l’impulsivité de Staz, mais parfois, il fallait savoir réagir vite pour survivre, les monstres comptaient sans doute là-dessus pour nous avoir.

J’assistais à la révélation de Ka avec intérêt, amusé par l’idée que j’ai pu l’aider à saisir un souvenir ou une idée. Je mourrais évidemment de curiosité, mais je commençais à le connaître suffisamment pour deviner qu’il n’en dirait mot pour l’instant. Comme il demanda par la suite à ce qu’on le laissa seul, je m’éloignais aussi.

- Néphara, tu n’étais pas encore arrivée lorsque j’ai raconté aux autres ma rencontre avec Ka. Je te dirai tout cela plus tard, mais là le moment est mal choisi…

Je n’avais aucune envie de mentionner l’Être Noir et ses menaces à nouveau.

- J’ai dormi accroché à un arbre cette nuit, si ça ne te dérange pas, je vais me reposer un peu pour être en forme si d’autres arrivent.

Le soleil avait baissé vers l’horizon lorsque j’ouvris les yeux. Il me fallut quelques instants pour me rappeler où j’étais et puis tout revint en un éclair. Je me sentis las et triste, mais mon humeur n’eut pas le temps de prendre le dessus que deux silhouettes se dessinaient devant nous, dans le potager. Je rejoignis Ka en quelques enjambées pour les accueillir.


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Jeu 15 Fév 2018 - 16:38

Bien que perdue, Néphara s’évertuait à rester concentrée et attentive à tout ce qui se disait devant elle. Elle se disait qu’elle pourrait demander à Salim de lui expliquer les choses qu’elle ne comprenait pas, il y en avait tant. Un sentiment de vertige se fit sentir, discret mais bien présent, face à tout ce savoir dans l’ombre, et même dans la lumière, mais que pourtant, elle ne voyait pas. Aladar s’était soudainement relevé, et avait couru un peu plus loin, les oreilles redressées, la langue dehors, le souffle rapide. La jeune femme avait froncé les sourcils, gardant un œil sur l’horizon, tandis qu’elle continuait d’écouter les paroles de Ka.

De la magie, un Être Noir, voilà des mots qui n’avaient aucun échos pour l’Échouée, mais attisait encore davantage sa curiosité pour le monde. Elle tourna lentement la tête tout autour d’elle pour observer les alentours, et elle parvint à apercevoir, bien plus loin, qui disparaissait à l’instant dans des buissons, une famille de lapins. Elle sourit et reporta son attention sur Ka et Salim. Ce dernier ne semblait pas perdu, il écoutait, répondait, posait des questions. Néphara était-elle la seule à flotter dans le brouillard ?

Ka sembla même comprendre subitement quelque chose. Alors, même lui ne savait pas tout ? Un soupir lui échappa à cette idée : y avait-il quelqu’un qui savait tout ?

« Néphara, tu n’étais pas encore arrivée lorsque j’ai raconté aux autres ma rencontre avec Ka. Je te dirai tout cela plus tard, mais là le moment est mal choisi… »

C’était Salim qui s’était rapproché d’elle.

« J’ai dormi accroché à un arbre cette nuit, si ça ne te dérange pas, je vais me reposer un peu pour être en forme si d’autres arrivent. »

Lui et Ka semblaient vouloir se reposer tandis qu’ils n’étaient encore que tous les quatre, mais Néphara sentait déjà que ça ne servirait à rien. Aladar avait senti quelque chose, quoi ou qui que ce soit, bientôt, le calme serait troublé. Finalement, Salim s’en rendit compte lui aussi assez rapidement, tandis que deux silhouettes apparurent à l’horizon, tirant un aboiement à Aladar. Le ciel s’était assombrit, et Néphara avait la curieuse sensation que ce n’était qu’un reflet de la noirceur qui s’avançait vers eux.

Inquiète, elle se releva, et émit un petit sifflement à l’attention de son compagnon, il revint vers elle bien volontiers, et s’assit à côté de ses pieds. Lui aussi, était en alerte. Elle ramassa sa lance, qui devenait petit à petit une extension de son bras, et serra fermement le manche.

Elle ne dit pas un mot, durant tout ce temps. De toutes façons Salim savait bien mieux qu’elle parler avec les autres humains. Cependant, avant qu’il ne retourne vers Ka, elle lui avait lancé un regard qu’elle voulait explicite, et elle espérait que son ami avait comprit. Elle couvrait leurs arrières.
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Ven 16 Fév 2018 - 12:22

Le vieil homme, qui s'était positionné un peu plus loin pour regarder le ciel, pensif, sembla étonné par l'arrivée des deux individus, qu'il remarqua en entendant l'aboiement du jeune chien. Il suivit des yeux l'un d'eux qui entrait dans le potager et se mit debout en souriant. Ses paupières se fermèrent sous la douleur alors qu'il poussait sur ses jambes, aidé de son bâton. Inutile de dire que son mal semblait s'être étendu et s'être aggravé. Son teint était encore légèrement plus blême, il affichait les signes d'une souffrance plus aiguë encore, et sa démarche était lente.

Après s'être approché des deux hommes, il fut rejoint par Salim.

Ka hocha la tête en souriant à l'individu, pour répondre à sa question.

- Oui, mon jeune ami, ton cap était le bon.

Le vieil homme regarda les légumes qui semblaient tenter Gràr, amusé. Il n'avait pas l'air de se douter que son interlocuteur était un cannibale nourri de peu de bonnes intentions, son regard saisit néanmoins la méfiance de Néphara, et il lui adressa un air intrigué. Puis il parla à Gràr à nouveau :

- Ces quelques aliments vous font envie ? Vous devez avoir faim, nous n'avons qu'à en préparer quelques-uns à manger.

Et c'est en tournant l'oeil vers Néphara qu'il ajouta :

- Inutile de nous précipiter. tout en fronçant les sourcils.

Puis il sourit encore.

- Salim, tu veux bien aider ces gens à récolter des légumes qui plairaient à tout le monde. Lequel te ferait envie Néphara ? Il me reste un peu de viande cuite pour Aladar.

Il y avait des artichauts, des choux, des carottes, de la betterave, des poireaux, des courges et des radis qui semblaient mûrs.

Ka s'approcha tranquillement de Gràr, tourna ses yeux vers son compagnon, puis leur dit de sa voix grave et douce :

- Je suis là depuis plus longtemps que vous sur cette terre, c'est pourquoi j'aurais envie de vous livrer mon expérience avant de m'en aller. Nous allons attendre qu'il y ait davantage de monde pour le faire, mais sachez pour commencer qu'il faut être fort pour entendre ce que j'ai à vous dire. Si vous ne vous sentez pas prêt à cela, il vous suffira de ne pas m'écouter.

Et il fit un signe de tête aux deux individus, en leur souriant.

La petite communauté se mettait déjà en mouvement pour saisir les aliments qu'ils désiraient. Pendant ce temps, Ka ira faire un feu en prenant, non sans difficulté et douleur, des bûches dans un tas de bois, et en les entreposant sur le sol de roche couvert de signes noirs.

On pourrait être surpris de le constater, mais Ka utilisera effectivement cet emplacement pour faire son feu. Il n'avait pas envie d'utiliser sa cheminée, et ce sol de roche couvert d'inscriptions, sur lequel il avait interdit à Staz de marcher, lui semblait à présent dénué d'intérêt.

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Ven 16 Fév 2018 - 14:38


Il y avait un bien beau monde, auquel Gràr ne s'était pas entendu. Le malade était un vieux croulant massif, qui se traînait au moyen d'un bâton jusqu'à eux. Un autre homme s'approcha du vieillard, aux cheveux châtains courts et à l'air presque enfantin. Il était presque mignon, avec ses yeux aux couleurs étranges, presque changeantes. Dommage qu'il soit un peu trop grand et mince ... Et puis, il avait l'air un peu con, mais aussi très faible.
Aussi, il y avait une femme, dernière, à l'air animal. Elle était très grande, et tout son corps transpirait un instinct animal mauvais, puant. Si tous les hommes ici n'avaient rien de vaillants, elle, elle n'avait pas grand chose d'humain. Ce n'était qu'un vulgaire rat des marais. D'ailleurs, sa lance des plus moches et sales n'en était que la plus simple expression. Quelle puanteur ...

Mais ce qu'il y avait de plus intéressant, c'était qu'il n'y avait pas que des humains. Il y avait un chien. Ce fut la première chose qu'il entendit, avec son aboiement loin d'être discret. C'était un vulgaire chien sale, comme la femme vers qui il se dirigea. Pourtant il n'avait pas l'air très maigre, contrairement à toutes les personnes autour ... Même ce petit amas de viande était plus doué que les autres pour se dégoter à bouffer, visiblement. C'était un comble. Peut-être était-ce le repas prévu pour ce soir. Cela aurait clairement ravi Gràr.

N'Dhal, lui, resta relativement silencieux, en retrait derrière Gràr. Il l'observait d'un air malicieux, s'attendant à tout de sa part. Alors, quand le vieillard prit la parole, un sourire mesquin grimpa petit à petit sur son visage, que seuls des yeux très attentifs auraient su détecter, peut-être même comme un sourire heureux.

Aux premières paroles de ka, un grand sourire grimpa sur les lèvres de Gràr, qui salua le mourant d'une vague courbette élégante. Il écouta avec une expression presque polie sur le visage, si ce n'est que son sourire, lui, n'en restait pas moins radieux. C'était incroyable. Ces gens étaient vraiment si cons ? Lui offrir à bouffer, lui qui ne venait que pour ça. C'était trop beau. Vraiment trop beau.

Alors, quand l'autre eut finit de proposer à manger, la moue du cannibale devint plus triste. La dernière fois, ça avait marché, alors peut-être que cette fois encore, cela pouvait être efficace ... Il posa ses deux mains sur son ventre et grimaça.
- Cela doit faire des jours que je n'ai rien mangé d'autres que des pauvres criquets ... Ce serait trop aimable de votre part, mon cher ami, de partager avec nous, si faibles que nous sommes, vos humbles victuailles ...
Ses yeux se plissèrent légèrement, et il haussa les sourcils d'un air innocent. Si son jeu d'acteur marchait une fois de plus, il finirait peut-être même par faire mine, de temps en temps, de n'être qu'un ver parmi les vers. Berner les agneaux est si simple pour les loups ... Intérieurement, il riait aux éclats, mais sa mine ne paraissait sans doute qu'assez étrange pour les autres.

La suite des paroles du vieillard lui plu moins. Comment ça, la viande cuite pour le chien. Le chien mangeait ? Et la viande ? Cela lui paraissait une énormité absolue. En quel honneur ce pauvre cabot avait le droit à un meilleur repas que lui, loup parmi les loups ? C'était absurde ...

De plus, le vieux croûton croulant semblait insinuer qu'il était plus fort que lui, et plus courageux que lui, aussi. La mine de Gràr se déconfit une seconde. Il plissa des yeux et dévisagea ouvertement le vieux fou. Il le fixa longuement, la mine teintée de sévérité et d'une pointe de dégoût que seuls les plus attentifs pouvaient détecter. A qui croyait-il avoir affaire, au juste ?
- Je ne fais pas parti de ces stupides moutons d'élevage.
C'est à ce moment-là que N'Dhal passa devant lui en le bousculant pour rejoindre Ka, dont la carrure rivalisait avec la sienne. Il avait toujours ce sourire niais sur le visage, celui qu'il portait à toute heure du jour et de la nuit.
- Reposez-vous, mon bon ami, cela va empirer votre état de vous déplacer ainsi !
Puis il aida le vieil homme à organiser le feu de camp. Pendant ce temps, Gràr attendit patiemment que Salim s’exécute, et, s'il le fit, il lui arracha les quelques carottes et radis qu'il venait de déterrer pour aller s'exiler nonchalamment à l'intérieur de la maison. Il s'allongea sur le lit du vieillard, et dévora ses quelques victuailles sans demander son reste. Qu'ils se démerdent pour le reste.

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Lun 19 Fév 2018 - 11:27


Je regardais les nouveaux venus avec curiosité. Les deux semblaient assez opposés, et ils dégageaient chacun à leur manière une étrangeté que je ne parvenais pas à identifier. Je laissais Ka les accueillir, quel que soit les circonstances, nous étions chez lui après tout. Le grand avait un sourire qui faisait vaguement écho à celui du vieux sage mais sa constance le rendait impossible à lire. Le deuxième semblait plus perturbé, il bafouilla quelques explications dans un langage bizarrement complaisant qui me déplut, mais je n’y répondis rien. Le pauvre était sans doute affamé.

Je me dirigeai vers le potager, observant la situation. Je préférais m’effacer le temps d’en apprendre plus sur les autres et leur fonctionnement. Tandis que je revenais vers Ka les bras pleins de carottes, l’Etonnant se rapprocha de moi. Pensant qu’il venait m’aider, je lui laissais volontiers ma récolte et le regardai d’un air sidéré partir vers la cabane.

J’oscillais entre rire et indignation pendant quelques instants, et puis, tandis que je regardais Ka, l’hilarité prit le dessus et mes yeux se mirent à pétiller d’une sorte de moquerie bienveillante. Toute cette agitation me faisait presque oublier la situation. Je m’adressai au géant.


- Eh beh, il n’a pas menti quand il disait avoir faim votre ami. Je suis Salim au fait, et vous deux ? De quel coin vous venez ?

Pendant que je m’occupais du jardin, Néphara avait apporté de quoi nourrir Aladar. Elle avait protesté que la viande pouvait être partagé mais Ka avait argué avec raison que le chien ne pourrait pas avoir sa part de légumes.

Tout en discutant je retournais vers le potager ramasser de quoi nourrir les autres. Je me doutais que Ka ne nous en tiendrait pas rigueur. Ce ne fut qu’en revenant que je remarquais qu’il avait allumé le feu sur le cercle noir. Cela m’étonna un instant, et puis je me dis que le sort était sûrement déjà brisé par le sang, comme je l’avais imaginé, et que le dessin n’avait donc plus aucun pouvoir désormais.

Amenant les légumes à Ka je l’aidais distraitement à les préparer avant de rejoindre Néphara. L’air de rien, je lui dis à voix basse, pour que Ka et l’inconnu qui étaient quelques pas plus loin ne m’entendent pas.

- Je ne sais pas trop combien d’autres arriveront cette nuit. Beaucoup j’espère. Mais parmi beaucoup, je ne sais pas à combien on peut se fier. Si l’on doit se reposer, faisons le chacun notre tour, et gardons l’œil ouvert.  

Je vis à son regard qu’elle était d’accord avec moi, et je ne précisais pas que mon inquiétude venait aussi de l’état de Ka. S’il venait à mourir sans que je sois à ses côtés, je ne me le pardonnerai jamais.

Je me levais alors pour passer une tête dans la cabane où l’inconnu affamé s’était réfugié. Je n’avais nullement l’intention de lui dire que les légumes cuits étaient meilleurs, il en avait eu assez comme ça, mais j’étais curieux de ce qu’il pouvait ruminer tout seul là-dedans.


- Eh tout va bien là-dedans ?  



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Lun 19 Fév 2018 - 13:49

Toujours sur le qui vive, Néphara s’apaisa cependant en voyant que Ka et Salim n’étaient pas inquiets outre mesure. Ils avaient tous les deux comprit ce qu’elle essayait d’exprimer, et l’avaient prit en compte. C’était le principal.

La jeune femme se laissa porter par l’agitation nouvelle, ne sachant pas trop quoi faire d’autre. Aladar se léchait les babines en regardant passer la nourriture de bras en bras, cela la fit rire. Elle lui tendit la viande que Ka avait sorti pour lui : elle avait voulu partager mais ce n’était pas nécessaire selon le vieil homme.

Elle aida du mieux qu’elle put, avant de rejoindre son compagnon qui grignotait sa viande. Elle remarqua qu’il avait ignoré un morceau, intact, comme s’il l’avait laissé volontairement de côté. L’Échouée n’en fit rien, attendant de voir ce qu’Aladar allait faire.

Salim revint de nouveau vers elle, et lui parla à voix basse. Néphara ne bougea pas, se contentant de tendre l’oreille, le visage figé dans une expression soucieuse.

« Je ne sais pas trop combien d’autres arriveront cette nuit. Beaucoup j’espère. Mais parmi beaucoup, je ne sais pas à combien on peut se fier. Si l’on doit se reposer, faisons le chacun notre tour, et gardons l’œil ouvert. »

Elle hocha la tête, et le regarda quelques secondes. Il s’éloigna alors pour s’adresser à l’étrange homme qui avait fait s’alarmer l’instinct de Néphara. Il lui demandait si tout allait bien, comme toujours dans sa bienveillance. Elle se demanda si elle devait elle aussi faire comme lui, mais elle se sentait plus à sa place, dans la discrétion et l’observation.

Aladar choisit ce moment, pour se relever et s’ébrouer joyeusement. Bien qu’il parvenait à se nourrir régulièrement, la marche avait été longue, et il avait dévoré la viande avec bonheur. Il se saisit alors du morceau qu’il avait laissé et trottina vers Salim. Il le déposa à ses pieds, et se frotta contre sa jambe en faisant son petit couinement habituel.

Néphara fronça les sourcils, elle ne savait pas vraiment s’il avait apporté ça pour Salim ou pour l’homme, qui semblait contrarié. Aladar ne manifesta rien de plus, il avait la tête levée vers Salim, la respiration enjouée, et remuait la queue. Encore maintenant elle était parfois étonnée de voir à quel point il était intelligent, et avait sa propre façon d’agir. Attendrie et un peu rassurée, car il ne s’était rien passé d’inquiétant suite à l’arrivée des deux hommes, elle se releva et rejoignit Ka avec une idée en tête.

Elle hésita un instant lorsqu’elle fut à ses côtés, mais prit son courage à deux mains, et essaya de se montrer aussi bienveillante et investie que Salim l’était.

« Merci pour la viande… Aladar avait faim » dit-elle dans un premier temps. Elle se tourna vers le concerné qui était resté près de Salim, tournant, reniflant ses pieds, trottinant aux alentours. « Il est content de voir du monde je crois, il est toujours curieux. » Il se passa un court instant de silence avant qu’elle parvienne à s’exprimer de nouveau. « Il y autre chose qu’on puisse faire en attendant les autres ? »

Elle espérait qu’elle avait utilisé les bons mots, le bon ton. Son regard se porta sur Salim, il était une source de courage importante pour elle, il lui apprenait sans même s’en rendre compte, comment faire avec les autres. Elle n’aurait jamais été capable de tout ça s’il n’avait pas été là.

Elle reporta son attention sur Ka, dans l’espoir qu’il répondrait par l’affirmative. Elle demeurait attentive et sur ses gardes, mais elle n’aimait pas rester sans rien faire.
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Mer 21 Fév 2018 - 18:53

Le soleil lourd qui avait accablé les corps et les songes, en ce vingt-quatrième jour, sombrait déjà derrière les montagnes. La maigre communauté, partiellement rassemblée autour d'un feu, mangeait le repas chaud préparé par un vieil homme souffrant.
Le visage de ce dernier s'obscurcissait avec le jour, on voyait la maladie progresser en lui lentement, un sablier qui s'écoulait grain par grain vers une mort certaine.

Le feu fut bientôt la seule lueur permettant d'y voir, au milieu de l'ombre.

Ka semblait se forcer lorsqu'il souriait, rien en lui ne paraissait heureux. Il était silencieux lorsqu'il préparait le repas, toujours bienveillant, toujours aimable et serviable, mais renfermé. Même avec son ami Salim qu'il connaissait bien, il restait plus fermé qu'à l'habitude.

Les étoiles brillaient entre les branche qui embrassaient la clairière, les quelques bols de bois étaient vides, et on mettait déjà des bûches dans le feu pour la troisième fois, lorsqu'un bruit se fit entendre dans les fourrés. Ka tourna un œil vers l'endroit d'où le son était venu, et on put y voir un grand homme aux yeux verts et aux vêtements colorés, qui s'extirpait d'un buisson dans un juron.

Le mulot gris.

Cet homme avait été chargé de trouver le plus d'être humains qu'il le pouvait pour leur demander de se rassembler à la cabane de Ka. Pour l'instant sa recherche n'avait abouti qu'à l'arrivée de Gràr - dit le Cendré - et de N'Dhal. Puisqu'il avait passé la demi-journée à faire ça, il semblait exténué d'un résultat si faible.

- Bon, je n'ai trouvé que des abrutis, et pas de trace de votre ami Staz. dit le mulot gris, suffisamment fort pour que chacun puisse l'entendre. J'y retournerai demain, il a intérêt à se pointer, moi j'irai pas dans le sud.

Ka sourit aimablement et hocha la tête. Sa voix était un peu plus faible que celle de son interlocuteur lorsqu'il demanda :

- Veux-tu un peu de carotte ? Nous en avons encore quelques-unes.

- Non. refusa le mulot gris, tout en s'approchant du feu avec un regard dédaigneux. Montre-moi ta blessure plutôt. C'est tout ce qui m'intéresse.

Les yeux verts de l'homme mystérieux ne prêtèrent aucune attention aux gens qui étaient rassemblés là, hormis au vieil homme. De ce fait, il ne parut même pas remarquer la présence de Néphara et d'Aladar, pourtant  absents avant son départ.

Les gestes du guérisseur furent plutôt brutaux et peu respectueux de la pudeur de Ka, lorsqu'ils relevèrent sa tunique du côté gauche devant tout le monde, sans prévenir. Mais le vieil homme ne s'en préoccupa pas, il avait le regard perdu, lointain, alors qu'il tournait le visage vers sa blessure.
Cette dernière suintait un liquide noir visqueux, des nervures partaient dans tous les sens de son centre, et se rassemblaient en des cloques immondes. Elles s'étaient étendues bien plus loin que ce midi.

- Ça va jusqu'au genou. constata indifféremment le mulot gris. Cette nuit tu ne pourras plus marcher.

Son ton était froid, impartial. Il remonta le vêtement encore un peu plus haut.

- Pour ce qui est du dessus, ça semble avoir atteint ton estomac. Tu as ressenti une douleur en mangeant ?

- Non. dit Ka en souriant.

- Je pense qu'il vaudrait mieux éviter de manger, ça ne sert à rien de toute façon, tes intestins ne fonctionnent plus.

- Je préfère manger. affirma Ka.

- Bon. Quand ça aura atteint ton cœur tu seras mort. Je pense que ça se fera demain matin, il ne te reste donc qu'une nuit à vivre. Par conséquent, je suppose que ça ne sert à rien d'aller chercher Staz.

- Je ne vais pas mourir demain. dit Ka en souriant. Je vais attendre qu'il y ait plus de monde.

Le mulot gris leva les yeux au ciel, soupira, grogna, serra les dents, soupira à nouveau, et siffla en tournant ses pupilles colériques vers le vieil homme :

- Ça n'est pas vraiment toi qui choisis.

Ka plissa les yeux. Sa tête fit un hochement lent, il regarda le mulot gris et lui affirma avec calme :

- Je pense que si.

Son interlocuteur secoua la tête, puis se releva, en soupirant une énième fois. Comme si sa frustration et sa colère avaient encore besoin d'être exprimées d'une certaine façon, il lâcha un brutal :

- Mais t'es qui, toi ?

Lorsque ses yeux passèrent sur Néphara. Puis, sans attendre sa réponse, il fit plusieurs pas dans la clairière pour retourner dans l'ombre. Son pied donna un grand coup dans un cailloux.

La blessure encore visible aux yeux d'un alchimiste pourrait être identifiée plus clairement.

En effet, N'Dhal ou Néphara, s'ils ont la chance d'avoir suffisamment d'intuition pour le voir, sauront comprendre que ces nervures et ces cloques ne sont rien d'autre que le fruit d'un poison particulièrement puissant, confectionné à partir d'une plante mortelle relativement rare.
Cette plante redoutable avait un effet dans l'organisme humain qui était impossible à combattre sans prise en charge immédiate par un antidote. Antidote dont la confection se trouvait au delà des compétences de tous les alchimistes de la vallée.

En réalité, tout cela partait d'une simple plante.

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Mer 7 Mar 2018 - 17:01

La soirée s’éternisait et bientôt seul resta le Feu. Le Feu et Ka. Mon corps était peut-être fatigué, mais je restais éveillé et alerte. Quelque chose ou quelqu’un approcha alors, je ne fus pas le seul à m’en rendre compte : nous nous étions tous tourné vers les arbres.
C’était le mulot gris qui revenait, seul.

J’écoutais ce qu’il disait à Ka, et la brusquerie de ses propos me frappa, presque comme si c’était à moi qu’il l’annonçait. Je ne lui en voulais pas, mais il me semblait sentir la douleur de Ka le long de la jambe, puis dans le ventre. Il ne pourrait plus marcher, voir la vallée et le Lac et porter l’eau sur son dos. Et bientôt, à en croire le mulot, il ne pourrait plus rien du tout d’ailleurs.

Je me levais pour les rejoindre quand l’inconnu de la cabane sortit en grommelant. Mes yeux se posèrent alors sur son compagnon qui posait un regard intéressé sur la scène qui se déroulait sous nos yeux. Qui étaient ces deux-là ? Ils formaient un duo si improbable que j’en vins presque à me méfier, mais je balayais l’idée rapidement.

Je m’adressais au mulot en le regardant dans les yeux pour la première fois :

- En as-tu croisé beaucoup ? Viendront-ils tous ? Ou bien par « abruti » tu voulais dire qu’ils ne veulent pas venir ?

Je posais ma question doucement, mais comme pour toutes mes interrogations, il était toujours trop trop simple de lire la curiosité étinceler dans mes pupilles.

Je vis que Néphara s’était rapprochée de Ka elle aussi. J’avais l’impression que plus par intérêt pour sa blessure, c’était un geste inconscient pour le réconforter. Mais peut-être m’inventai-je des histoires.
J’ignorais totalement les deux autres, mon attention restant accaparée par mon ami et le mystérieux mulot gris.

Ka avait dit qu’il ne mourrait pas demain matin, et moi, comme d’habitude, je le croyais.





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Mar 13 Mar 2018 - 21:17

Le mulot gris rendit le regard de Salim, en fixant ses pupilles avec une intensité et une colère déplacée. Sa réponse vint immédiatement après l'interrogation du jeune Cime, et l'homme aux yeux verts s'emporta dans un monologue enragé, peu habituel pour lui qui parlait peu :

- Par "abruti" je voulais dire qu'ils refusaient de venir, mais aussi qu'ils étaient simplement stupides, dans le sens purement fondamental du terme. En somme ils n'étaient pas faits pour vivre, ces gens-là, leur manque de bon sens allait de toute façon les conduire à mourir beaucoup plus vite que Ka lui-même, puisque leur bêtise les conduisait directement à se projeter dans leur propre tombe. Ils étaient suicidaires en puissance, tu comprends, sans le vouloir en plus ! C'était prodigieux. L'homme dans toute la splendeur de l'arc-en-ciel de sa connerie.

Suite à cela, il soupira, se gratta la tête, haussa les épaules et dit :

- Mais oui, j'en ai croisé beaucoup. Les débiles ce n'est pas ce qu'il manque dans le coin.

Et non loin de là, Ka se mettait sur ses jambes. Le vieil homme s'élevait de toute sa grande taille, prenant dans sa main son bâton de marche, plissant légèrement les yeux avec la douleur. En réalité, à part ce léger plissement, rien ne pouvait témoigner de son affaiblissement en cet instant précis. Il semblait fort.

Le mulot gris fronça les sourcils en le voyant faire. Il se tourna vers Ka et lui demanda :

- Qu'est-ce que tu fous ?

- Je vais dormir à la belle étoile. répondit le vieil homme en souriant.

- Et bien allonge-toi ici.

- On voit mieux les étoiles dans la plaine. C'est une belle soirée. affirma Ka en hochant la tête.

Et il se mit à marcher, son bâton accompagnant ses mouvements. Ses pas le conduisaient à sortir de la clairière, vers la lisière de la forêt, là où l'on pouvait rejoindre la plaine en quelques centaines de pas. Il souriait.
Le mulot gris soupira et gronda :

- Plus tu bouges, plus tu aides le poison à se répandre. Continue comme ça et tu mourras cette nuit. De plus, si tu te rends là-bas, tu ne pourras pas revenir à la cabane. Ta jambe gauche est à la limite d'être morte.

Ka ne répondit pas aux recommandations au mulot gris, il se contenta de se tourner vers les quelques hommes présents, et d'ajouter :

- C'est une belle soirée. Je vous conseille d'en profiter.

Et il sourit à nouveau. Son regard invitait à le suivre, et il invitait tout particulièrement Salim, en baissant la tête vers lui.
Le mulot gris soupira, sans insister, et sans chercher à suivre Ka. Il se retourna et s'assit sur la chaise, dans la cabane.

Pendant ce temps, le vieil homme avança. Depuis l'intérieur de la clairière, on voyait sa large silhouette s'enfoncer dans l'ombre avec détermination. De dos, rien ne trahissait l’altération de sa force physique. On pouvait de nouveau assimiler sa stature à celle d'un arbre imposant.

Il marcha jusqu'à la plaine sans faiblir. C'est uniquement lorsqu'il se baissa pour s'asseoir dans l'herbe, qu'un rictus de douleur fendit son visage.

Le ciel était dégagé, il faisait encore chaud. On voyait les étoiles couvrir le ciel d'encre, et une large lune éclairer les montagnes et le lac. Un vent doux soufflait sur les brins d'herbes.

Ka s'allongea sur le sol, les mains derrière la tête, proposant à ceux qui avaient pu le suivre de le faire. Puis après un moment de silence, il dit :

- Vivre c'est s'autoriser à contempler la beauté du monde. Celui qui ne s'y autorise pas ne vit pas.

Il sourit, inspira avec force l'air de la nuit, et conclut :

- Moi, tant que j'en aurai le choix, je vivrai.

Et la nuit passa.

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Ven 16 Mar 2018 - 10:12


Bien allongé sur le lit, à détailler les meubles de la maison et leurs babioles ridicules du regard, Gràr se disait que finalement, il pourrait se plaire dans ce genre d'habitat, si on lui enlevait tous les trucs inutiles comme toutes les choses qui reposaient sur les meubles à peu près. Le lit était même confortable. Il avait remonté les peaux qui servaient de couvertures pour les caresser un peu et apprécier leur douceur. Si ce vieux con venait à mourir rapidement, peut-être Gràr aurait-il le temps de s'emparer de quelques trucs discrètement pour ramener tout ça chez lui. Après tout ... Un mort n'a plus besoin de rien. Et puis, ce n'était pas comme si dépouiller les miséreux et les pauvres pouvait impacter d'une quelconque manière le fait que Gràr voulait tout pour lui seul. En tant qu'unique Grand de ce monde.
Après avoir dégusté ses petits légumes qu'il avait secoué pour en retirer la terre et en faisant tomber beaucoup de poussière dans la petite maison, et avoir complètement ignoré l'autre abruti qui avait osé se soucier de lui -comme s'il n'était qu'un faible comme eux, c'était ridicule à souhait-, une nouvelle voix l'avait attiré dehors. Une voix étrange, mais qui surtout avait prononcé le nom de ... Staz.
Staz devait venir ici ? Staz le miséreux, cet avorton chétif et méprisable qu'il avait envie d'égorger. L'image de la tête blanchâtre de cet autre minable, dont le sang colorait la terre de rouge lui arracha un grognement, et il sortit dévisager un peu plus le nouvel arrivant, qui, visiblement, connaissait bien les autres. Si ce n'est la pouilleuse au bâtard de cabot.
Que Staz vienne, et Gràr lui arracherait le gorge à grands coups de dents.

En voyant l'inconnu examiner la plaie du vieillard, et N'Dhal s'en rapprocher d'un air passionné, Gràr s'approcha lui aussi légèrement, les mains posés sur les hanches et l'air sévère. Il avait encore faim. Et il y avait encore beaucoup de légumes dans ce fichu potager. Dommage qu'il n'y ait pas de viande. Peut-être que demain, il y en aurait au menu. Un peu de Staz grillé, ou bien de sa salope de copine. Ou peut-être même tout leur petit groupe de corniauds.

Finalement, le vieux fou stupide et complètement con, décida d'aller jouer au con ailleurs. "Voir les étoiles", qu'il disait. Pff. Vraiment, pour une fois, Gràr était d'accord avec les dires d'un autre. Les débiles étaient courants, ici bas. Manquait plus que ça : vouloir voir ce qui est beau. Bien des idées de con, ça. Qu'il crève, ça leur ferait à tous des vacances. Plus de charabias abscons et plein de ressources à disposition. Alors, laissant ceux qui le souhaitaient s'éloigner avec eux, puisqu'ils semblaient tous avoir décidé d'opter pour un suicide collectif, lui-même se dirigea vers N'Dhal qui les regardaient s'éloigner d'un air satisfait.
- J'ai déjà vu un rat mourir à cause d'un poison comme celui-ci. La plante est assez étrange, avec des aiguilles purulentes où perlent un liquide noirâtre épais. Je l'appelle la Griffe Noire. Une petite griffure, et l'animal était mort en à peine deux heures. Ce gars est un costaud, pour y survivre aussi longtemps.
Gràr balaya ces propos d'un revers de la main. Ce vieux n'était rien de plus qu'un gros rat. Et il mourrait, comme le rat que N'Dhal avait vu.
- J'ai encore faim. Cuisine-moi un de ces choux.
Il désigna du doigt un gros chou qui poussait dans un coin. N'Dhal sourit, à sa manière, égal à lui-même.
- Quelle bonne idée, cela nous réchauffera !
Et, Gràr adressant un dernier regard mauvais en direction de l'inconnu fraîchement arrivé, il tourna les talons et regagna la cabane, où il passa le reste de la nuit confortablement allongé dans le lit, après avoir dégusté à lui seul plus de la moitié du légume que N'Dhal lui avait cuisiné.


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Ven 16 Mar 2018 - 12:43

Le lendemain matin, le temps s'était rafraîchi. La rosée tomba à l'aube accompagnée des rayons du soleil. Le vieil homme, allongé dans l'herbe de la plaine, ne fut pas perturbé par ces quelques gouttes.
Des cernes un peu plus prononcées s'affichaient sous ses yeux ouverts. Son teint demeurait blême. Il n'avait pas l'air d'avoir dormi.

En étant attentif à sa silhouette, on pouvait percevoir des bosses sous ses vêtements, qui filaient le long de son corps jusqu'au bas de sa jambe gauche. Sa manière de serrer la mâchoire, de plisser les yeux de temps en temps, indiquait une douleur. Mais il ne s'en plaignait pas.

A peine le soleil était-il levé que le mulot gris fit son apparition, sortant du bois. Il s'approcha de Ka sans mot dire, celui-ci lui confia :

- C'était une belle nuit. en souriant.

Le mulot gris s'accroupit près de Ka, prêt à le consulter. Et c'est alors que le vieil homme eut un mouvement doux de la main, pour demander à l'homme aux yeux verts de se tenir à l'écart, comme s'il ne souhaitait pas que le guérisseur lui donne son diagnostic.

- C'est inutile. dit le vieil homme avec calme. Je vais mourir je le sais.

Le mulot gris soupira longuement, puis répondit en un sifflement :

- Je veux juste savoir si tu vas mourir ce matin ou ce midi, pour que je ne te trouve pas mort en rentrant si je dois encore crapahuter dans ta plaine de merde.

Ka sourit, hocha la tête et dit :

- Je mourrai demain.

- Si ça atteint ton cœur tu es mort, je vois d'ici que c'en est rendu à ta cheville, ça veut dire que de l'autre côté ça doit presque atteindre le cou. Et on ne peut pas aller au cou sans passer par le cœur donc tu vas mourir d'un instant à l'autre !

- Je mourrai demain.

Le mulot gris grommela, jura, pesta, grogna, se mit debout et par une succession de mouvement brutaux, se dirigea vers le lac. Il disparut rapidement de la vue des quelques personnes réunies auprès de Ka.
Suite à cela, le vieil homme prit son bâton, le mit à la verticale, et s'appuya dessus pour se lever lentement. Son pied gauche touchait à peine le sol, le pied droit et le bâton maintenaient tout son corps.
Puis il entreprit de marcher, en boitant. A peine le pied gauche se posait que le droit prenait la relève. Et le vieil homme restait souriant.

Ainsi, non sans difficulté, il rentra à la cabane, pour venir se reposer en s'allongeant dans le jardin. D'habitude bavard, le vieil homme parlait peu à présent. Et même s'il restait chaleureux et aimable avec chacun, et qu'il ne se plaignait jamais de la douleur, on voyait clairement à présent que sa plaie agissait sur son humeur, ce qui n'était pas le cas la veille.

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Ven 16 Mar 2018 - 18:06


Ils avaient arrêté de courir depuis quelques minutes, après que Hiss se soit stoppée et aie décrété qu'ils avaient besoin de se reposer un peu. Elles s'était assise à même le sol avant que Staz ne dise le moindre mot. Même si la cime avait quelques scrupules à agir de la sorte, elle s'inquiétait pour l'échoué. La forêt était presque là. Hiss observa les alentours avec une pointe de nostalgie. Il y a encore quelques jours, elle avait rencontré Staz, pas très loin de là, et ils avaient aussi été sauvés par Aël et Halya. Il lui semblait que ça s'était passé il y a une éternité, dans une autre vie. C'était bizarre. Elle eut une pensée pour son Arbre, et la Cité, et ses cheveux qu'elle pourrait retrouver, si elle le voulait. Hiss n'en avait aucune envie.

Ils se remirent en marche, d'un pas pressant, Staz la guidant toujours, sa main dans la sienne. Il était blême, avait les sourcils froncés, et ne disait rien. Le silence les emplissait, sans que ce fait ne les dérange foncièrement. Les oiseaux chantaient, au dessus de leurs têtes, ignorant les drames qui pouvaient se dérouler sous leur ailes.

Et tout d'un coup, une cabane apparut, dans une petite clairière. Hiss frissonna, appréhendant tout d'un coup le simple fait de se retrouver devant Ka. Son appréhension s'approfondit en constatant qu'en dehors du vieil homme, d'autres personnes étaient présentes. Elle ne s'attarda pas trop à les détailler. Un aboiement vint à leur oreilles, et Hiss vit un chien venir vers eux, sans pour autant sembler agressif. Elle le quitta des yeux pour suivre Staz qui s'avançait vers quelqu'un, et malgré le fait qu'elle ne l'ai jamais rencontré auparavant, elle sut directement qu'il s'agissait de Ka. Il était allongé dans l'herbe, et son visage avait une expression chaleureuse, bien que son teint soit pâle et que ses yeux soient parés de cernes.

Hiss se sentait prise au dépourvu, et elle lâcha la main de Staz, tout en s'approchant quand même de l'homme. Elle ne savait pas quoi dire, mais elle gardait un air fier quoi qu'intrigué sur le visage. Ce fut lorsqu'elle aperçut le chien, qui vint les renifler en battant de la queue, qu'elle se détendit légèrement, et lui sourit en lui présentant le bout de ses doigts.
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